AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Paul Zumthor (5)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Essai de poétique médiévale

Paru en 1972, cet ouvrage a été un livre culte pour toute une génération de médiéviste (la mienne !) qui a révolutionné l’approche des textes médiévaux en leur appliquant les théories critiques modernes, pour permettre au lecteur moderne de « décoder le texte médiéval, à la fois selon son propre système et pourtant sans anachronisme ».

Plus encore que ses analyses des genres littéraires spécifiques de l'époque, voire émergents, comme le "grand chant courtois", les "jeux" ancêtres du théâtre, l’épopée, la valeur du livre tient au fait qu’il a attiré l’attention sur les spécificité de cette littérature. Tout d’abord en signalant le fait que cette littérature émerge d’une littérature orale et en s’attachant aux effets de son mode de transmission le plus souvent orale, une « poétique de l’oralité », accompagnée de phénomènes d’oralisation (théâtralisation, inscrite dans le texte même, de cette transmission orale) et en l’opposant à une écriture manuscrite, comme le sont, par essence, les calligrammes de Raban Maur, mais aussi en la caractérisant pas la coexistence d’une culture latine et d’une culture vulgaire, en posant le concept de « mouvance du texte », le fait que le texte n’est jamais fixé et se présente sous une multitude de variantes, l’anonymat de la création qui renvoie à une autre conception de l’œuvre.

Une réflexion littéraire exigeante, qui reste extrêmement stimulante et productive sur l’altérité de la civilisation médiévale.

Commenter  J’apprécie          230
La fête des fous

Dans ce roman magistral et à mon avis, complètement méconnu, le grand médiéviste que fut Paul Zumthor se place à la fin du Moyen Age, aux débuts des temps modernes, qui commenceront dans les dernières années du XVème siècle, avec le départ de Christophe Colomb à la découverte de l’Amérique, à l’un des moments où, dit-il, le temps bascule dans l’espace.

Dans une grande fresque à la fois picaresque et intimiste, ce roman met en scène quelques personnages emblématiques (le soldat, le marin, le marchand, le clerc), « ces chevaliers sans monture à qui il ne reste que la mer » qui viendront, bien avant son départ, se placer dans le sillage du "Maître", Christophe Colomb, enfants perdus du Moyen Age finissant que seule l’ouverture à d’autres espaces pourra rendre à un destin. Convergences de frustrations, truculences picaresques de réjouissances soldatesque, beuveries de marins, du désir brutal des ribaudes et de jeunes garçons

et d’amours élémentaires, menteresses ou interdites, de morts, de misères tout un monde de patriarcat, de misogynie, de violence et de pauvreté ou déception de la quête de l’absolu, vertige final aussitôt perdu que pressenti. Le livre est difficile car la trame narrative ne se dévoile que peu à peu, fort peu addictive au demeurant : visions parcellaires, difractées, kaléidoscopiques, monologues intérieurs noyés dans la brume des consciences. Le style est aussi difficile, somptueux, mais parfois ardu, brèves descriptions éblouissantes et aphorismes mystérieux , « phrases tracées pour cacher ce qu’en moi j’ignore ».

L’idée remarquable, qui émerge lentement, à la fin du livre est le rapport entre cet embarquement et l’expulsion des juifs du royaume d’Espagne. Le 30 avril 1492 - l’auteur cite là une chronique de l'époque - le roi, ayant depuis peu soumis Grenade et chassé les Maures, prit deux ordonnances. « L’une, par bénignité, accordait un délai de trois mois à tous les juifs de son royaume pour quitter à jamais cette terre sacrée. Par l’autre, il instituait don Cristobal Colòn son mandataire sur la Mer Océane et son amiral ‘dans toutes les îles et tous les continents qui, par son industrie, pourraient être découverts ou conquis aux rivages de ladite mer’ ». La coïncidence des deux événements ouvre des perspectives infinies qui donnent à cette œuvre une résonance universelle.

Commenter  J’apprécie          110
La vie quotidienne en Hollande au temps de ..

Critique de "La vie quotidienne au temps de Rembrandt", dans l'anthologie d'Histoire des éditions Hachette, Cercle Historia de 1971.

Je doute que ce petit essai d'une centaine de page corresponde à l'intégralité du travail de Paul Zumthor, sur le mode de vie néerlandais au XVIIe siècle. Une édition de 1991 comporte 368 p.

La présente version, possiblement abrégée, est toutefois instructive et plaisante à lire. L'auteur nous expose les us et coutumes, l'environnement, le contexte historique, selon un découpage simple: la ville, la maison, la toilette, l'alimentation... Il met en scène de manière générale, les caractéristiques des habitants de la Hollande du XVIIe siècle. La description en est plus vivante, plus immersive, mais laisse transparaître la tendance de l'auteur à broder. Il cite d'ailleurs peu de sources et alimente son récit d'anecdotes certes plaisantes mais un peu superficielles.

Ce précis d'Histoire de la Hollande est toutefois une lecture agréable est facile, à la portée de tout amateurs du siècle d'or hollandais, qui souhaite pouvoir remettre les oeuvres qu'il admire dans le contexte trivial de la vie domestique ou citoyenne. Les critiques formulées concernant l'aspect un peu romancé de l'exposé sont toutefois à nuancer, car il est possible que l'édition de 1991 soit beaucoup plus étayée.

Sans doute un petit plus, pour le français souhaitant avoir une meilleure compréhension de l'iconographie des peintres hollandais en leur temps.
Commenter  J’apprécie          30
Merlin le prophète ou le livre du Graal

Achat impulsif dans une librairie d'occasion, uniquement basé sur le titre du roman, je n'avais pas prêté attention au fait que les textes qui le composent dataient du XIIIième siècle.



Fort heureusement, ce recueil à été traduit en français moderne, ou du du moins en majeure partie.



En effet, de nombreux passages n'ont pas été traduits. Il s'agit parfois de paragraphes complets, dont la traduction se trouve généralement à la suite, et parfois de simples mots, peut être oubliés, au milieu d'un phrase.



En effet, si la signification de la plupart des mots (comme 'dist' ou 'fist' ) sont triviaux, certains autres obligent à déduire le sens d'après le reste de la phrase, ce qui casse sensiblement le rythme de lecture.



Toutefois, cela ne retire en rien l'intérêt que je porte à ce livre. Cela lui rajoute même un petit coté « déchiffrage de parchemins anciens ».



De plus, les textes sont très intéressants et on y retrouve entre autre l'histoire de Vertigier, le couronnement d'Arthur et surtout la naissance de Merlin (même si à cause des origines du héros, la réplique suivante de Kaamelott me trottait sans cesse dans la tête, ce qui avait tendance à démystifier la lecture:



Arthur : C’est vrai c’qu’on dit que vous êtes le fils d’un démon et d’une pucelle ?



Merlin : Oui pourquoi ?



Arthur (évaluant dans sa tête) : Vous avez plus pris d’la pucelle.



Au final, bien que m'ayant donné parfois un peu de fil à retordre, ce livre m'a beaucoup plu et il dévoile quelques mystères d'un de mes personnages favori : Merlin.
Lien : http://lombredeskarnsha.blog..
Commenter  J’apprécie          20
Guillaume le Conquérant

J'étais intrigué par Guillaume le Conquérant, mes aïeux étant originaires de cette région : la Normandie, et à cela se rajoute la rareté dans l'histoire d'un 'bâtard' devenu l'égal d'un roi en renommée ayant de plus conquis l'Angleterre.

Ce livre retrace la vie de Guillaume, et détaille le contexte politique, social, économique du XIè siècle. Il nous apprend l’extraordinaire épopée du duc de Normandie, redouté par Henri 1er en Franc, et devenu roi d’Angleterre après la victoire retentissante à Hastings, en 1066. Cette vie exceptionnelle a marqué en profondeur l’histoire de l’Angleterre, convertie en royaume anglo-normand.Vingt ans après la mort du Conquérant, ses États seront devenus l’une des matrices de la civilisation européenne « moderne », ayant profité de la science politique de Guillaume déjà éprouvée en Normandie.

L'auteur, Paul Zumtor (1905-1995) est un médiéviste français, qui a été successivement professeur à Bâle, à Groningue (en 1948), à l'université d'Amsterdam (en 1951) et à l'Université de Montréal (1971). Il a également soutenu une thèse sur l'importance de l'oralité au moyen-âge.

Son livre sur Guillaume le Conquérant est riche de détails intéressants sur l'époque, fourmillant d'informations relatives au quotidien des IX, X et X1è siècles (par exemple : les dates sur l'apparition des fenêtres, des cheminées, l'usage des outils agricoles..) mais aussi sur le rythme de la vie (imposé à la fois par les traditions et la liturgie..). Pour un passionné, c'est très instructif. Paul Zumthor apporte aussi beaucoup d'informations sur la vie de Guillaume et sa personnalité. Il n'y a aucune place à l'interprétation hasardeuse des faits, chaque analyse est étayée concrètement par des évènements, dont la Tapisserie de Bayeux dresse la fresque.

J'ai regretté que ce livre, paru en 1964, date. En effet, les détails font perdre au lecteur le cœur du sujet. A mon avis, ce livre est trop détaillé pour un profane comme je le suis. Néanmoins, j'y ai appris beaucoup de choses, mais pas forcément sur Guillaume...

Un dernier mot, le style est facile à lire, tout vocabulaire médiéval étant rigoureusement traduit.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Paul Zumthor (63)Voir plus

Quiz Voir plus

One Piece Quizz I : Tome 1 à 5

Shank confie un objet à Luffy, quelles est-il ?

Une veste
une rame
un chapeau de paille
un couteau

10 questions
383 lecteurs ont répondu
Thème : One Piece, tome 1 : À l'aube d'une grande aventure de Eiichirô OdaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}