- Ce n'est pas qu'une impression, Bobette. Agir, ne pas subir, c'est le meilleur antidépresseur ! Face à un danger, nous avons trois attitudes possibles : fuir, réagir, ne rien faire. Écrire vous permet à la fois de réagir en gardant la main sur votre cliente puisque vous la transformez en personnage de roman, ça devient une marionnette, et, en plus, ça vous permet de vous échapper de l'enfer du quotidien. Magnifique !
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- Quand je parle de folie, je parle bien de cela. De déconnexion avec la réalité. Ils sont dans un fantasme qui s'autonourrit. Et c'est la panique à tous les niveaux. Tout le monde a peur de perdre son job.
... les mots, c'est l'arme la plus redoutable.
La vie est douce comme un graves millésimé qui coule dans mon gosier.
- Vous savez que Keynes, le grand économiste anglais, s'est beaucoup référé à Freud.
[...]
- Il a été l'un des premiers à expliquer les liens entre économie et psychanalyse, à utiliser d'ailleurs le même vocable : " dépression, complexe, libido... " Pour lui, l'économie obéit à la psychologie et à l'irrationnel, et pas tant au rationnel !
[...]
- Au-delà des grandes équations, il a su référer aux pulsions humaines fondamentales. Le capitalisme répondrait aux pulsions de mort, Thanatos, à l'autodestruction, au moi et à sa toute-puissance. C'est un peu aussi le mythe de la poule aux œufs d'or. A force de vouloir toujours plus d'or, ou d'argent, on en vient forcément à s'autodétruire.
[...]
- [...] L'homme qui finit par étriper son outil de production, sa poule, pour en gratter encore et encore, et en vient à la tuer. Cela mène à s'entretuer pour obtenir toujours plus, dans cette course effrénée. D'ailleurs pour Freud, l'argent, la monnaie, ont un contenu anal. Ce n'est pas fait normalement pour être stocké ! Mais dépensé, évacué. Pour vivre, et pas pour se tuer !
INCIPIT
C'est une agence de pub, appelons-la "la Bulle", d'une vingtaine de personnes travaillant pour un seul gros client international, la NCC, au sein d'une grande agence de communication, Chabadabada, à ramifications internationales. Je suis la "boss" de la Bulle. Avant moi, la Rousse était aux commandes.
Depuis ce matin, je contemple son fauteuil de bureau ergonomique, vide, qui se sera révélée pire qu'un siège éjectable. Elle a laissé tous ses dossiers, ses affaires personnelles, ses grigris aussi sur les étagères. Je crois même qu'il y a une paire d'escarpins de rechange au fond d'un placard, qu'elle sortait pour les meetings high level . Je viens d'avoir la confirmation par des bruits de couloir qu'elle a fini par craquer, ses vacances se sont transformées en arrêt maladie et en départ tout court. Chabadabada, c'est fini pour elle.
Tu sais ce qui fait un grand roman ? Il y a cinq critères. Le suspense, les rebondissements, la résonance avec le lecteur, le fait que ça parle aux cinq sens et à l'imagination. J'ai l'impression que là tu as toute la matière.
Vous avez, disais-je, fait beaucoup pour moi. Vous m'avez appris notamment comment un homme peut se servir des autres, en tout bon égoïsme et toute mauvaise foi ; comment on peut exploiter la faiblesse et la crédulité à l'aide d'un sermon véreux ou d'une promesse à bon marché. J'ai eu tort, je le confesse, de tenir trop souvent mes promesses envers vous. ....
- Le Prozac, c'est juste un petit amortisseur, pour ressentir un peu moins fort les coups durs. Mais il faut en parallèle faire des choses pour vous, agir, ce doit être ça votre premier antidépresseur.
- [...] Vous connaissez le syndrome d'Hubris ? C'est la version pathologique de la "grosse tête".
[...]
- Hubris, c'était un héros grec qui a voulu se hisser au rang de dieux. Dramatique. C'est une vraie maladie mentale, récemment répertoriée.
[...]
- Le pire, c'est que ça peut atteindre même les chefs d'Etat, avec de graves conséquences sur les prises de décision. Comme le déclenchement de guerres et autres réjouissances. Pensez à Georges Bush, par exemple, ou Blair...