Un seul regard à Joseph lui suffit pour savoir que le mieux pour eux serait de passer devant leur fils, de faire demi-tour dans la cour et de repartir par où ils sont venus.
Mais on ne peut pas remonter le temps. Franck ne sait d'ailleurs pas jusqu'où il faudrait le remonter. On ne peut pas remettre un homme adulte dans le ventre de sa mère et oublier qu'il a jamais existé. Il est là. Ils sont là. Il va devoir supporter d'entendre les nouvelles conneries de Joe, quelles qu'elles soient.
« Les hivers sont rudes. Ils le font replonger en lui-même. C’est plus fort que lui. Dès qu’il sent la pourriture de l’automne, il n’est plus bon à rien. L’odeur de bois, d’humus, ça le remplit de trous. Quand l’air de l’automne commence à le traverser, il sait qu’il est temps de se retirer. D’aller se cacher dans son cagibi enfumé s’il veut tenir le coup. Il lâche un petit rire. Questions manques affectifs, cette fille a trouvé à qui parler. Lorsqu’il conduit comme ça, tout seul, il lui arrive de penser qu’il est tellement plein de trous qu’il pourrait se désagréger. »