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Critiques de Pauline de Préval (40)
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L'or du chemin

Merci aux éditions Albin Michel et Babelio qui, à travers l’opération Masse critique m’a une nouvelle fois accordé sa confiance. Merci de me donner l’occasion d’émettre un avis détaillé.



Ce petit livre ne se lit pas si vite que ça ! L’auteur Pauline de Préval a certainement beaucoup travaillé son texte. Une très belle plume, une culture solide et de très belles idées ! Le sujet ne manque pas d’envergure. Un peu plus d’audace lui aurait si bien convenu !



Nous sommes plongés dans la première partie du quattrocento italien. Toute l’Italie est en effervescence et en particulier Sienne et Florence qui se partagent le cœur de l’Italie. C’est un cœur qui bat vite et fort. Cosme de Médicis, riche et puissant, donne une impulsion sans précédent aux activités artistiques, soutient l’extravagance, la créativité. C’est le Pater Patriae. On parle de Summum. Aujourd’hui on aurait dit le top du top…. Le mouvement que ce soit dans les tournois de la place Santa Croce, ou dans les ateliers semble incroyable. Le marbre, l’argile, la pierre, les pigments, la soie, l’or s’imposent comme les matériaux servant la cause de la Renaissance. Les artistes tournent le dos avec fierté et détermination à la sagesse du Moyen-âge. C’est ce qu’il me plait de retenir de l’Italie foisonnante de cette époque. Le trop plein de beauté. L’émotion parce que justement tout est cadeau.



Et c’est comme ça que j’ai rêvé à cette période lorsque je me suis baladée en Toscane, la sublime Toscane Le summum ! Des talents, des yeux qui s’extasient, des mains qui travaillent, des tempéraments passionnés, exaltés, sans limites.



J’ai été emballée il y a quelques années par un livre dont l’histoire se situe quelques dizaines d’années plus tard mais toujours dans cette merveilleuse Florence. L’histoire d’Artémisia Gentileschi m’avait entrainée dans les ateliers où il ne fallait pas moins de sept ans (de mémoire) à un apprenti pour faire ses preuves et devenir autonome. Une ambiance, de la matière, des envolées, du bruit, des galères et puis des commandes, une notoriété. Un long chemin fait de couleurs de plus en plus travaillées. Je m’égare…..



L’or du chemin s’inscrit dans ce décor enflammé, fougueux et créatif. J’ai aimé la délicatesse de cette prose, le raffinement de certaines formules, la cadence des tournures mais je n’ai pas senti la brûlure des flammes, la fougue des artistes, l’envie qui tambourine et donne des ordres et la volonté féroce du personnage principal. Le personnage de papier a pourtant été l’ami de Brunelleschi. Il dit être habité par cette passion. Malheureusement Il est resté un personnage de papier. Son itinéraire n’a pas été particulièrement facile mais je n’ai pas senti cette hargne, cet amour violent, cette vocation artistique. Aucune trace de sueur sur le livre. Aucune trace de larmes.



L'histoire:

Giovanni veut devenir peintre. Il devient apprenti chez Maitre Starnina et écrit une lettre pour raconter son histoire à un destinataire inconnu. Une longue lettre, ou plus exactement plusieurs lettres, puisque ce livre contient dix-sept chapitres. Il raconte son père, teinturier, sa passion pour la peinture, son maitre Starnina chez qui il entre en apprentissage, et son amour pour la belle Léonora.

Parfois, oui c’est vrai, j’ai lu quelques passages sur la réalisation de soi dans l’absolu mais je n’ai senti ni les idées qui creusent et creusent encore, ni la texture des tripes mises à nu. Il me manquait ce petit supplément d’âme. Cette vibration intérieure.





L’or du chemin est un roman courtois et j’ai bien peur que Florence ne s’oppose violemment au style courtois tout au moins à cette époque.

Giovanni : Un peintre trop sage dans une ville bouillonnante.

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L'or du chemin

Pauline de Préval, journaliste et réalisatrice, auteure d’Une Saison au Thoronet, m’a fait rêver et méditer le temps de la lecture de ce petit livre qui se parcourt très facilement et très rapidement.



Ce roman m’a été offert par les Editions Albin Michel à l’occasion de la dernière Masse critique privilégiée et je tiens à les remercier ainsi que Babelio.



Je l’ai reçu comme une boufffée d’oxygène, un grand moment d’évasion et de rêverie dans cette période de fin d’année si troublée.



L’auteure m’a transportée en Italie, au temps du Quattrocento à Florence, c’est dire si le voyage était magique.



Si vous êtes sensible comme moi à la peinture « a fresco » et si vous admirez Masaccio, Ucello, Fra Angelico, Pierro de la Francesca, Giotto, Brunelleschi , ce petit livre vous permettra de vous évader dans l’atelier de Starnina à l’époque du Quattrocento et d’y rencontrer Giovanni.



Nous sommes au début du 15ème siècle. La Renaissance pointe le bout de son nez dans une période particulièrement frénétique et violente. La plume de l'auteure restitue très bien cette vibrante atmosphère et les conflits entre les grandes familles.



Giovanni, peintre imaginaire, écrit à un destinataire inconnu du lecteur et lui raconte son histoire.



Giovanni nait cinq ans après la révolte des Ciompi. Son père est teinturier spécialisé dans le rouge et jaune. Curieux des méthodes employées par son père pour la teinture des vêtements, Giovanni ne cesse de poser des questions, bien décidé à étendre sa connaissance à l’art de la peinture. A neuf ans, Giovanni est totalement possédé par le désir de peindre. Un Christ Pantocrator le fascine, l’absorbe, « les couleurs semblent douées d’une vie bienheureuse », la vision de ce Christ le transporte dans un autre monde, il entre en contact avec une réalité transcendante. Son expérience mystique va l’inciter à tenter de reproduire dans la cour de sa maison, ce Christ Pantocrator. C’est un échec. C’est là que son père, à son grand désespoir, comprend qu’il ne fera pas de Giovanni un teinturier . Cette soudaine prise de conscience déclenche chez lui une colère terrible.



Giovanni n’aura pas le temps de se réconcilier avec son père. Florence est sujette à la violence et son père meurt criblé de coups de poignards par les hommes des Albizi, famille puissante régnante.



Devenu orphelin de père, Giovanni part en quête de son art. La chance lui sourit sous les traits de Maître Starnina dans l’atelier duquel, il devient apprenti. Et c’est cette quête que Giovanni raconte avec toutes ses difficultés. Sa remise en question perpétuelle, passant du mysticisme à la découverte de la dure réalité. Ses combats intérieurs, le doute, le désespoir, cherchant à dompter ses passions par la rigueur et les contraintes de son art. Giovanni est un grand idéaliste, il pense pouvoir transformer le monde par la peinture mais par moment, il comprend que certains hommes préfèrent détruire la beauté, la lumière, tant leurs ténèbres sont puissantes. Alors il lui arrive de tout détruire et j’aime ce que Starnina lui dit :



« Je comprends ta peine, Giovanni. Mais il ne faut pas demander à la peinture ce qu’elle ne peut pas faire. Depuis que je te connais, tu voudrais faire descendre le ciel sur la terre. Tu voudrais transformer les hommes en saints. Tu voudrais ressusciter les morts par la grâce de ta main. Tu voudrais accomplir ce que le Christ lui-même n’a pas pu accomplir par sa parole. Mais sais-tu qu’il existe un démon plus pernicieux que celui du mal : le démon du bien qui s’en prend particulièrement aux êtres généreux et talentueux comme toi et les fait pêcher par orgueil ? On peut vouloir rendre les hommes meilleurs mais le résultat de nous appartient pas. Et on ne peut pas prétendre transfigurer le monde si on ne s’est pas laissé soi-même transfigurer. »



Aux obstacles rencontrés sur le chemin de la connaissance, (connaissance et non savoir), vient s’ajouter une belle rencontre sous les traits de Léonora. Cet amour se communiquera à chacun de ses coups de pinceaux, il se ressentira et transformera ses moindre gestes mais c’est encore sans compter sur sa destinée.



Ce petit livre à vocation spirituelle, est une invitation à réfléchir sur le sens de la Vie, à tenter de trouver le geste juste, le mot juste, en toute humilité. Cet or du chemin, j’y vois la progression de l’oeuvrier qui le mène sur le chemin du connais toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les dieux. Il est comme un miroir tendu au lecteur qui lui-même, à travers son questionnement, peut évoluer chaque jour sur le chemin de sa vie. Il me rappelle les mots d’une amie « Ce n’est pas le chemin qui est difficile mais c’est le difficile qui est sur le chemin ». Il y est aussi question de transmission comme cette phrase de Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » qui est très bien illustrée à la fin du livre.



Le bémol de cette narration provient d'une écriture distante, sans passion, et le lecteur ne peut ressentir d'empathie pour Giovanni, il ne peut qu'analyser intellectuellement ce texte. Si Pauline de Préval a aussi écrit "Une saison au Thoronet", j'en déduis qu'elle est certainement une personne qui est en quête mais la démarche vient du cœur pas de l'intellect sinon elle reste à distance et c'est ce que j'ai constaté tout au long de ma lecture.















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L'or du chemin

"La simplicité est la sophistication suprême."

(Léonard de Vinci)



Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour ce roman, qui, au premier abord, avait tout pour me plaire.

La quête personnelle de Giovanni, un peintre florentin, qui est à la recherche du véritable sens de l'art et de sa propre vie, m'a malheureusement laissée remplie de sentiments mitigés.

Et pourtant, quelle glorieuse époque, ce Quattrocento italien !

L'époque d'une véritable rupture, où l'artisan sort de l'anonymat pour devenir un artiste à part entière. Les noms sont enfin retenus pour la postérité : Giotto, Ucello, Boticelli, Fra Angelico, Masaccio, Brunelleschi - les deux derniers étant aussi les personnages de cette histoire.

C'est la lutte des cités italiennes pour le pouvoir, mais aussi une effervescence artistique sans précédent. L'art est en train de sortir des codes figés du moyen âge; tout est à redécouvrir !



Il n'est pas étonnant que le petit Giovanni, fils de teinturier, doué pour la peinture, ait envie de participer à ces merveilleuses expériences. Comment rendre la nature vivante par la peinture ?

Après la mort de son père, il entre en apprentissage dans l'atelier de maître Starnina, dont le style se réclame de la pureté de Giotto. Avec son ami Brunelleschi, véritable artiste polyvalent de la Renaissance, il découvre aussi les fastes dorés de l'art de Sienne. Quel style choisir ? Comment concevoir les saints sur ses fresques, pour qu'ils entrent en relation entre eux, mais aussi avec le spectateur vivant ?

C'est son amour pour la belle Léonora qui lui donne des ailes... Elle est sa muse et son inspiration, mais elle appartient à un autre monde que Giovanni - au monde des riches. Cet amour d'enfance devient un amour véritable, mais impossible; et sa fin est tragique.

Commence alors pour Giovanni une vie d'errances à travers l'Italie; une vie qui l'amène à la compréhension et à la résilience. Puis le retour à Florence, pour y découvrir non seulement le Duomo de son ami Brunelleschi, défiant toutes les lois de la gravité, mais aussi une surprise inattendue. La boucle est bouclée. Une belle parabole.



Comment expliquer, alors, que le livre ne m'a pas touchée ? Que "l'avant-lecture" était strictement pareil à "l'après- lecture", comme si cette histoire ne m'avait rien donné ? Ce ne sont pas les personnages stéréotypés (la belle fille pure, le vénérable maître barbu...) qui m'ont gênée; je vois le livre comme une allégorie. Ce ne sont pas non plus les erreurs "techniques" (la liberté d'un peintre à l'époque était bien moindre que le livre le laisse deviner; et aussi la mise en oeuvre d'une fresque)... pas tant que ça.

Je crois que c'est le style de l'écriture. Cette histoire humble et simple n'avait pas besoin de cette exaltation, ni de ces phrases d'un poétisme compliqué, qui parfois veulent dire très peu, au fond. C'est dommage ! Ce ne sont pas les phrases qui m'incitent à la réflexion, mais plutôt à la relecture répétée - afin de comprendre le sens exact de certains moments de cette sacrée quête artistique.



Je ne sais pas comment dire... mais si vous avez envie d'un roman initiatique simple, lisez Coelho. Si vous voulez savoir plus sur les artistes de la Renaissance, lisez Vasari. Ou Greenblatt, pour l'esprit de l'époque. Et vous pouvez compléter tout ça avec les notes de Léonard de Vinci; il n'y a pas de plume plus juste pour vous expliquer les relations entre l'art et la nature.

Mais si vous êtes pressés et vous cherchez une sorte de Reader's Digest de tout ça, lisez alors "L'or du chemin".



Je suis déçue que le livre m'ait déçu. J'ai bien aimé le thème. Et on a quelques belles pensées. Mais elles sont vêtues des habits trop dorés, qui, comme l'avait remarqué Giovanni lui-même, empêchent de voir les vrais visages des saints.
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L'or du chemin

Pas pour moi. A tel point que j'en ai oublié le jour où rendre la critique. Néanmoins je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour cet envoi!

Pas pour moi pour autant de raisons qu'il sera sans doute pour d'autres :

Un roman sur la peinture de la renaissance italienne florentine du quattrocento. Ca pourrait aller. Mais ça ne va pas ; trop mystique de l'art, trop, je vois des couleurs, des lumières, des formes, des madones, des Christs, des anges dorés partout, des coupoles...Pouh, c'est trop artificiel. Je préfère un beau livre d'images.

Des personnages...De conte de fées. Ce n'est pas parce qu'ils vivent il y a six cents ans qu'ils sont aussi caricaturaux ! Je comprends bien l'idée : nous faire rentrer dans une sorte d'image d'époque ; mais ça ne marche pas, en tout cas pas sur moi. Léonora la parfaite, son méchant père, ses méchants prétendants...Encore des anges, des madones, des diables dans des coloris bleus, or, feu...Pouh !

Un panorama de Florence au quatorzième siècle...On sent l'auteure très au point et passionnée, mais la reconstitution est trop scolaire.

En fait, ça manque de chair, d'incarnation, de failles dans les personnages. C'est trop court, trop peu approfondi, trop linéaire, trop superficiel. Trop bleu or et feu, anges, madones et démons...Si les modèles sont identiques voire supérieurs à leur représentation et jouent dans le même espace, quel est l'intérêt de celle-ci ? Léonora aurait dû être un homme ou une fille de joie unijambiste, muette, syphilitique, moche, Giovanni un voyou vulgaire comme Mozart dans Amadeus, le Maître ne devrait pas être sage ou juste par intermittence, Brunelleschi doit cesser de parler comme le guide bleu de Florence, voilà voilà.
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L'or du chemin

Un peu désorienté au début par cette longue lettre à un destinataire inconnu – la révélation intervient dans les dernières pages – j'ai accroché complètement dès l'apparition de Léonora, cette créature céleste, d'un autre monde, qui illumine L'or du chemin, premier roman de Pauline de Préval.

Arrivé à la fin de son parcours, Giovanni, peintre florentin imaginaire, revient sur son passé, sur une vie foisonnante qui m'a bien permis d'entrer dans ce XVe siècle italien, le fameux Quattrocento, durant lequel la Renaissance a pris son envol.

Pour l'instant, la religion est omniprésente. Il faut peindre des fresques dans les églises, les monastères mais toutes ces scènes destinées à édifier le peuple permettent au peintre de donner des visages connus, aimés ou honnis, aux personnages. C'est ainsi que Giovanni donne le visage de Léonora à une Vierge à l'Enfant.

Élève de Starnina, il devient, à 16 ans, son premier assistant : « Parmi tous les peintres qui se réclamaient de Giotto, il était un des rares à en poursuivre vraiment l'esprit et la manière. Il peignait la vie de l'âme avec une puissance et une finesse où semblait se refléter l'âme même de Florence. »

Si l'art se développe très vite, la violence est sans limites, les rivalités entre les puissantes familles enrichies très rapidement déclenchent des règlements de compte atroces alors que la religion sert de paravent.

Pour Giovanni qui ne veut pas se contenter de reproduire mais donner une vraie vie à ses créations, c'est l'amour qui le transfigure. Hélas, la lune de miel avec Léonora est brutalement interrompue puis la peste se met à faire des ravages.

Comme c'est souvent le cas avec un roman de ce genre, le personnage principal côtoie des gens qui ont réellement existé comme Brunelleschi, architecte, sculpteur, peintre, orfèvre, qui réalisera le dôme de la cathédrale de Florence.

Au fil des tribulations de Giovanni, Pauline de Préval m'a offert une belle plongée dans l'Italie du XVe siècle et dans le monde de la peinture où tout commence avec ces pigments naturels qu'il faut sélectionner et mélanger patiemment. Elle fait dire si justement à son héros qui voudrait que sa peinture donne à voir l'or du chemin aux pèlerins : « Surtout n'oublie jamais que la peinture n'est pas d'abord une question de technique, mais de vision. » Si l'amour est mis à mal par un père préférant sacrifier son enfant, j'ai aimé ces pages découvertes grâce à Babelio et aux éditons Albin Michel.



Le livre qui ne sera en librairie qu'à la fin du mois de janvier, est court, ne parle pas que de peinture. Il est plein de poésie, fait voyager de Florence à Empoli puis passe par Padoue, l'Émilie, la Romagne et la Vénétie, un petit régal dont il ne faut pas se priver car la quête effrénée menée par Giovanni, à la recherche de sa vraie personnalité, va jusqu'au paroxysme. .


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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L'or du chemin

Attention, petit bijou !



Petit, parce que ce roman est très court – 140 pages. Après un pavé de 1100 pages comme Le triomphe de Thomas Zins, voilà un retour de balancier sans transition… Merci donc à Albin Michel, et à Babelio, puisque nous avons découvert ce livre grâce à une opération Masse critique !



Bijou, parce que l’auteure parvient à faire ce que tout personne qui écrit rêve de faire : par ses mots, elle crée des formes, des couleurs et rend compte de la lumière. Et elle parvient même à décrire des sentiments, qui sont pourtant de l’ordre de l’indicible. En tout cas, c’est ainsi que cela s’est joué pour moi.



On retrouve dans ce livre de nombreux thèmes : qu’est-ce que l’art, quel est son rôle ? La peinture doit-elle représenter aussi précisément que possible le réel, ou doit-elle être codifiée pour exprimer plus que le réel ? Peut-on remettre en question ces « codifications » existantes – au moment où la Renaissance débute, la réponse est évidemment oui, mais cela ne va, naturellement, pas sans résistances et réticences…



Mais il ne s’agit pas d’un essai. Ces questionnements sont en filigrane dans la description que Giovanni fait de lui-même et de son parcours. Description qu’il livre à un inconnu, dans une lettre. Pourquoi ? Cela, je vous laisse le découvrir. Mais il est question de transmission, de renaissance et de Renaissance, presque de rédemption, de mort, de deuil et de survie. Et, surtout, comme le titre l’indique, il s’agit bien du cheminement d’un homme parmi les obstacles de sa vie et de son art.



Cette lecture m’a renvoyé à d’autres livres, lus voilà quelques années. Je pense notamment à la trilogie de Sophie Chauveau, La passion Lippi, Le rêve Botticelli, L’obsession Vinci, qui m’avaient fait forte impression, mais également à La course à l’abîme, de Dominique Fernandez, consacré au personnage du Caravage. Alors que je n’y connait pas grand chose à la peinture, ces cinq livres, pour moi, réussissent le tour de force de me rendre accessible cet art qui me demeure mystérieux – parfois, devant certains, tableaux, je me sens vraiment comme une poule devant un couteau, je n’ai pas le mode d’emploi, la grille de décodage – par les mots.



La quête de sens de ce jeune peintre est devenue mienne. Son désespoir également, sa fuite aussi. Fuite des lieux du malheur, mais surtout fuite de lui-même, puisqu’il abandonne la peinture. Pour supporter de continuer à vivre, il abrutit son corps, il s’abrutit l’esprit. Ce processus du deuil est également remarquablement rendu. Peut-être ai-je moins confiance que l’auteure, en revanche, dans l’idée que, par-delà la mort, Léonora puisse accompagner son Giovanni, mais il s’agit sans doute d’approches culturelles et familiales différentes…



L’ensemble est porté par une plume d’une grande douceur, mais également d’une grande finesse. Pas de démonstration tapageuse de talent, pas de formules alambiquées, mais une simplicité qui permet de dire l’indicible… Vous l’aurez compris, j’aime ! L’or de ce chemin, j’ai aimé le voir scintiller sous mes yeux…
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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L'or du chemin

Dans une lettre adressée à un destinataire dont nous ne découvrirons l’identité qu’à la fin du roman, Giovanni, peintre “a fresco”, passionné, habité par son art, par le désir de “fixer la lumière”, d’apprivoiser la matière et les couleurs, nous raconte sa vie…



Nous sommes à Florence, au début du XVe siècle. Giovanni, fils et petit-fils de teinturier et bientôt orphelin de père est un “peintre-né” (au grand dam de sa famille) à qui un maître talentueux et bienveillant, Starnina, qui deviendra son ami et son guide, enseigne son art. Nous voyons l’enfant qu’il est encore, puis le jeune homme, découvrir, apprendre et progresser auprès du maître, innover à son tour, expérimenter des techniques nouvelles, affûter son regard, approfondir ses connaissances au gré de ses voyages et de ses rencontres, se découvrir peu à peu au travers du prisme du regard et de l’amour d’une femme, se révéler enfin à lui-même par la perte de cet amour…



Sur fond de rivalités, de règlements de comptes sanglants et de luttes de pouvoir entre les grandes familles de Florence, de Sienne et de Milan, dans l’Italie bouillonnante - bientôt ravagée par la peste - du début de la Renaissance, Pauline de Préval fait de ses lecteurs les témoins discrets des questionnements, des erreurs, des expériences et du travail d’un homme en quête de lui-même, du sens de sa vie et de son art, pour qui la voie de la peinture est aussi et surtout un chemin spirituel.



Je ressors quelque peu dépitée de la lecture de ce roman dans lequel je n’ai pas vraiment réussi à entrer. Le thème était beau, pourtant, et riche de promesses artistiques et romanesques. Mais le ton du récit, trop distancié, trop froid, n’a provoqué chez moi aucune émotion et ne m’a pas permis de m’attacher au personnage. Pauline de Préval a-t-elle commis une erreur dans le choix de son point de vue ? Lorsque le récit est écrit à la première personne, le lecteur s’attend instinctivement à se trouver au plus près des émotions et de la vérité intime de celui qui raconte. Pourtant, il m’a été impossible de ressentir à son égard la moindre empathie tant l’histoire qu’il est censé nous raconter - son histoire, pourtant - privilégie les considérations intellectuelles sur la peinture, son pouvoir et son rôle, tant les émotions purement humaines (l’amour, le deuil, le chagrin) auxquelles est confronté ce peintre, faute de chaleur et de chair, m’ont parues artificielles.



Car l’écriture - pourtant agréable et fluide - manque, au moins à mes yeux, de cette flamme, de cette fougue et de cette passion véritables qui seules permettent à un personnage de réellement prendre vie - faute de quoi il reste ce qu’il est : une créature de papier. Et c’est d’autant plus dommage que les sujets traités : l’effervescence picturale de la Renaissance en train de naître, le bouillonnement des luttes, des ambitions et des passions - tant humaines que politiques - dans cette Italie du XVe siècle, et la tragédie personnelle d’un homme inconsolable, auraient pu donner naissance à une fresque autrement puissante et ambitieuse.



“L’or du chemin” n’est pas pour autant un mauvais roman, mais j’en attendais autre chose que je n’y ai pas trouvé. Un rendez-vous un peu manqué.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

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L'or du chemin

Pauline de Préval a signé plusieurs essais dont Jeanne d'Arc, La sainteté casquée (Le Seuil) et Une saison au Thoronet (Le Seuil). Elle nous revient avec son premier roman, au titre fort, « L'or du chemin« . Ce chemin justement, parlons plus sûrement d'une quête mystique et artistique dans la vie, dans le coeur d'un artiste florentin. La vie a réservé son lot d'épreuves à Giovanni, un peintre florentin imaginaire du XVème siècle. Il a perdu celle qui donnait sens à sa vie, à son art. Sa muse Léonora n'est plus et Giovanni entame une réflexion sur ce qui fait l'essence de nos vies, sur ces ruptures, ces cassures dans notre chemin de vie, ces souffrances, ces douleurs mais avec toujours en creux cette idée d'un réconfort spirituel et artistique qui nourri, enveloppe notre corps et notre âme. Car oui le livre de Pauline de Préval est de ceux qui ont une âme, une authenticité qui font de ce roman un voyage enrichissant et nécessaire pour qui souhaite contempler les mystères de la création artistique. On mesure à la lecture de ce livre au style épuré, chatoyant et lumineux, l'effervescence ou l'ivresse de celle qui souhaite partager, à travers ce roman, son histoire, son contexte, la part de mystère et d'ineffable du cheminement de chacun(e) vers sa propre vérité. le texte est habité, à la fois riche et dans un même élan dépouillé. La lecture de « L'or du chemin » laisse à chacun la liberté d'en tirer une leçon ou pas. Car cet or au bout du chemin c'est aussi la question du Salut. L'art et le mysticisme religieux se conjuguent ici pour donner sens au chemin de vie, à ces épreuves qui peuvent nous amener à grandir, à tendre vers la sublimation. Un roman, « L'or du chemin », et une écrivaine, Pauline de Préval, à découvrir absolument !

Je remercie chaleureusement, l'écrivaine Pauline de Préval, merci également aux éditions Albin Michel ainsi qu'à la Masse critique privilégiée et Babelio pour ce très beau moment de lecture !




Lien : https://thedude524.com/2019/..
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L'or du chemin

Ce roman promettait de m’immerger dans la Florence de la Renaissance que j’aime tant, au milieu des peintres et autres grands artistes de l’époque… hélas, tout cela n’est évoqué que brièvement et je reste très déçue de l’ensemble.

Je ne suis pas parvenue à m’identifier au personnage principal qui manque de corps et dont la longue confession m’a paru d’une grande fadeur.

La présentation de l’ouvrage indique le format d’une lettre : je ne l’ai pas trouvé. Comment croire à une lettre alors que le texte est divisé en chapitres ? Le fond et la forme ne correspondent pas, c’est fort dommage !

La soi-disante révélation finale est tellement « téléphonée » que je l’avais devinée depuis la moitié du roman. Quand bien même quel est le but de cette lettre ? Pourquoi écrire plutôt que de parler ? J’avoue que cela me laisse pantoise. Le roman se termine sans explication, on ne comprend pas le « pourquoi du comment » !



En résumé un roman gentillet, à l’intrigue trop évidente pour ne pas dire inexistante, sans aucune originalité mais au goût de « déjà lu ».



Je remercie toutefois les éditions Albin Michel pour l’envoi de ces « épreuves non corrigées » et Babelio pour la MC Privilégiée.



(j’en profite pour signaler une coquille: page 135 il manque le « r » de Starnina)
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L'or du chemin

Florence, XVe siècle : le jeune Giovanni est fils de teinturier et son père, qui commence à être âgé, compte sur lui pour prendre la relève. Mais le gamin passe plus de temps à contempler les fresques de Santa Croce que devant les bassines rouges et jaunes de son père. Non, sa passion à lui, c'est la peinture et il commencera par peindre un Christ dans sa cour avec les teintures de son père, ce qui plongera ce dernier dans une colère terrible qui le conduira… à la mort !

Le jeune Giovanni cherche sa voie, son style dans cette fascinante Italie de la Renaissance. Il tente de s'installer dans un atelier, de fabriquer lui-même ses couleurs. Mais c'est difficile : il va trouver un maître, un guide : le bon et généreux Starnina, dans l'atelier duquel il va entrer en apprentissage et faire ses premières armes, apprendre à travailler les matières... Trois années plus tard, il s'attaquera aux pigments pour enfin se lancer dans la grande aventure des « procédés picturaux »… Il rencontrera sa muse Léonora qui le guidera vers la lumière qu'il recherche tant et les commandes deviendront de plus en plus importantes. Mais Giovanni est un jeune homme idéaliste et il veut atteindre la perfection, une forme de sublime. Y parviendra-t-il ?

J'ai aimé cette brève plongée (le roman est court) dans cette époque fascinante mais aussi très violente du Quattrocento : la lecture de ce roman permet de voyager entre Sienne et Florence. Il suffit que j'entende parler du Ponte Vecchio, de Santa Maria del Carmine, des fresques de Giotto, de Simone Martini et l'envie de repartir me prend ! L'écriture ciselée et poétique est somme toute assez classique et ce petit roman se lit presque d'une traite. Un bon moment de lecture dont il serait dommage de se priver !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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L'or du chemin

Ecrit sous la forme d'une lettre à un inconnu, d'emblée, ce livre a semblé m'être adressé. Au fil des pages, un dialogue intime s'est noué avec Giovanni, son héros, un peintre du début de la Renaissance à Florence, et moi, femme du XXIème siècle ayant pourtant peu à voir avec la peinture. Ses questionnements sont aussi bien les miens : qu'est-ce que l'amour ? Comment survivre à la perte d'un être cher ? Comment donner un sens à sa vie quand tout conspire à le nier ? Sans prétendre nous indiquer une voie, ce livre nous aide à la trouver.



"Surtout, n’oublie jamais que la peinture n’est pas d’abord une question de technique, mais de vision. Qu’est-ce que le Maître veut voir et montrer à travers toi ? Comment veut-il par ta main toucher le cœur des hommes ? Comment veut-il aimer le monde à travers toi ? Voilà les seules questions à te poser."

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L'or du chemin

« L’Or du chemin » n’est pas plus un roman historique que ne le sont les romans de Pascal Quignard ou Pierre Michon. Il s’agit d’un roman initiatique à l'arrière-plan spirituel doublé d’une grande histoire d’amour, ce qui est autrement plus rare. La Florence du début de la Renaissance entre toutefois singulièrement en écho avec notre époque, et pour ma part, j’ai été passionnée de découvrir comment le héros, Giovanni, répondait à la question du sens à donner à sa vie dans une société où l’argent régit tout.
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L'or du chemin

Curieux, étrange ou extraordinaire ?…Me voici bien embarrassé à l’heure de donner une opinion. J’ai lu ce roman très vite, trop vite peut-être (il est très court, cela dit), sans réel appétit et sans partager grand-chose des émotions du narrateur.

Pourquoi ? Parce que je suis ignare en peinture, tout particulièrement en ce qui concerne la peinture de la Renaissance. Certes, je suis déjà allé au Louvre pour m’extasier devant la Joconde. J’y ai toujours rencontré quelques nouveaux amis très enthousiastes, tellement heureux de me faire partager ce sublime moment qu’ils n’omettent jamais de me gratifier de joviales poussées ou de virils coups de coude. Mais soyons francs, dans la grande galerie qu’on emprunte pour accéder à Mona Lisa et qui contient de très nombreux chefs d’œuvre italiens de la même époque, mon regard glisse, mes pas ralentissent peu et mon imagination est en pause. Je passe des heures dans les salles d’antiquité égyptienne ou grecque, de peintures anglaises ou flamandes. Au Rijksmuseum, je suis ébahi par la Ronde de Nuit en acceptant plus facilement la promiscuité et la familiarité de mes frères touristes, les mêmes qu’à Paris. Mais avec le Quattrocento, rien à faire, je ne suis qu’un goujat !

Mais si vous êtes un amateur éclairé, un peintre du dimanche ou de la semaine entière, un abonné à Connaissance des Arts, je pense que vous trouverez dans ce court roman matière à passer un bon moment dans la peau d’un artiste peintre florentin courant de l’atelier de Brunelleschi à ceux de Masolino ou Masaccio, à l’époque de la construction du célébrissime dôme de la cathédrale de Florence. Ses interrogations techniques sur la perspective et la lumière ou philosophiques sur la capacité de l’art à rendre les hommes meilleurs sauront vous concerner à l’opposé du rustre qui ose afficher ici son scepticisme.

« Je voyais le mur apprêté. Je sentais l’odeur de l’enduit humide. Du bout des doigts, je le caressais. Je m’assurais de la finesse de son grain. Je me réjouissais de l’éclat de ses cristaux : disposés dans le calcaire, ils capteraient la lumière et éclaireraient les couleurs de l’intérieur. Incantations légères à la présence, les contours vides des figures tracées à la sinope dansaient à la lueur des cierges. Les pigments suspendus dans l’eau de chaux n’attendaient que mon pinceau pour donner naissance à des corps glorieux. »

Je laisse les béotiens dont je suis découvrir par eux-mêmes la ville et par extension le terme pictural de Sinope et j’adresse mes remerciements à Masse Critique et aux éditions Albin Michel.

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Une saison au Thoronet : Carnets spirituels

Dans l’écrin solennel des matins de Carême au dimanche de Pâques, chaque feuillet tourné des carnets de Pauline de Préval devient un pas de plus sur le sentier montagneux de ma foi. Sous le voile des mots, elle guide mes pensées vers des sources plus claires, plus profondes, où la méditation se marie à l’amour et la confiance en une chorégraphie silencieuse mais vibrante. Avec elle, ces jours de 2024 s’illuminent d’une lumière toute particulière, celle de la réflexion et de l’introspection chrétienne.



Pauline, en formidable pèlerine des temps modernes, m’enseigne à vivre en chrétien non par de grandes déclarations mais par son murmure constant d’une vie vécue dans l’humilité et le service. Recevoir, donner, aimer, et témoigner en vérité de mon âme deviennent des actes révolutionnaires dans une ère marquée par le nihilisme et le désenchantement. Ses écrits, imprégnés de cette mission spirituelle qu’elle porte avec la délicatesse d’un souffle sans masque, me transmettent le courage de marcher à mon tour dans cette lumière en vérité.



Ma mère, dont la vie fut une fresque de lutte contre les ombres de la schizophrénie, aurait trouvé un écho dans ces pages. Elle, qui aimait Jésus, Marie, et Sainte Catherine Labourée avec une ferveur que ni la douleur ni la confusion n’ont pu éteindre, aurait vu en Pauline une compagne de route. Elle, qui rêvait d’écrire, d’être parmi ces femmes courageuses qui, avec plume et foi, traversent les tempêtes de la vie, aurait trouvé dans les carnets de Pauline un miroir de sa propre quête de lumière.



Au Thoronet, où l’histoire cistercienne se mêle à la quête moderne de sens, Pauline retrace un chemin de foi qui résonne étrangement avec le notre. L’abbaye, vestige d’un monde où Dieu était la quête ultime, se dresse comme un rappel que, malgré les siècles et les épreuves, le désert de nos cœurs peut toujours être un lieu de rencontre avec le divin.



La résonance de cette lecture m’accompagne, un murmure constant qui me rappelle que la foi n’est pas une possession, mais un sentier. Et dans ce sentier, Pauline de Préval est devenue pour moi une guide, une lumière qui, à travers ses mots, rend palpable la présence de l’Éternel et infini Amour de la vie et du mouvement, seul en communauté ou avec les autres, tous les autres.



Haïku



Matin de Carême,

Dans les mots, un sentier clair,

Foi douce s’éveille.



Tanka



Avec Pauline,

Marcher sous les voûtes anciennes,

Foi se dévoilant,

Chaque page un pas de plus,

Dans la danse de l’amour.



Sonnet ou surtout presque



Dans le silence des matins de Carême,

Je lis, inspiré par une plume sereine,

Pauline guide mon âme qui se démène,

Dans le labyrinthe où la foi elle-même.



Chaque mot une lumière qui suprême,

Éclaire le sentier où le doute peine,

À la maison, en écho, l’esprit traîne,

Vers des vérités que le cœur même sème.



Sa voix dans les carnets, douce et certaine,

Ressemble aux chants des moniales, reine,

Du Thoronet, où se tisse la trame ancienne.



Ainsi je marche, guidé par cette haleine,

De spiritualité pure, jamais vaine,

Pauline de Préval, dans l’âme, elle règne.
Lien : https://tsuvadra.blog/2024/0..
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L'or du chemin

Très beau livre : l'Italie, la quête, la foi, l'art. Un chemin escarpé, mais victorieux ; une traversée des apparences et un bonheur d'écriture. Un livre conçu comme une enluminure de Fra Angelico. Délectable.
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L'or du chemin

Je me réjouissais d'avoir été sélectionnée pour cette masse critique (ce dont je remercie Babelio et les éditions Albin Michel) et de recevoir cet ouvrage dont j'imaginais naïvement qu'il me plongerait dans l'effervescence créative de la Florence du Quattrocento, ce que suggérait la brève et tentante analyse proposée par l'éditeur.

Il n'en fut hélas rien.

Le long de ce chemin, ce n'est pas l'or que j'ai trouvé, mais des épines .... et l'ennui.

Florence et ses âpres luttes pour le pouvoir vaguement évoquée.

Le Quattrocento deviné grâce aux fugaces apparitions de Brunelleschi .... ce qui reste bien insuffisant pour insuffler ne serait-ce qu'un soupçon de la vie trépidante au cours de cette époque de grands bouleversements artistiques et d'éclosion de la Renaissance.

J'ai suivi en baillant la quête amoureuse et artistique de Giovanni, car tout cela m'est apparu plutôt terne et sans passion. En effet, on ne sent aucune réelle implication de la part du jeune homme dans les événements qui forgent son existence. Alors que dès sa prime adolescence, il prétend se sentir peintre et fasciné par les teintes, ce"musicien des couleurs" perd la plupart de son temps à errer, sans but et sans créativité, le souvenir de sa bien-aimée vaguement fiché au coeur !

L'auteur s'applique à poétiser tout au long de ces cent quarante pages. On sent qu'elle a travaillé son style et non son histoire ! un style légèrement pompeux, malgré quelques formules bienvenues ça et là.

Difficile, en conclusion, d'adhérer à ce petit roman, d'autant plus que je viens de terminer "le tableau du maître flamand" de Perez Reverte, dont la verve nous fait éclater au visage les détails de sa peinture, école flamande du 15è siècle, donc très peu de temps après l'époque évoquée dans "l'or du chemin".

Quelle déception !
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L'or du chemin

Un très beau roman, très bien écrit, qui donne à méditer sur le sens de la vie. Un livre qui raconte l'histoire d'un peintre toscan, Giovanni, qui en lutte avec lui-même et qui cherche un sens à son existence, dans un univers qui ne lui fait plus accueil. Bref, un livre qui raconte une quête - la victoire de soi par soi, dans un dépassement -, où le Graal est l'amour.
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L'or du chemin

Bien que ce roman soit très court (140 pages), j'ai eu du mal à parvenir à la fin de ma lecture tant j'ai trouvé l'intrigue légère et la période historique, pourtant richissime, uniquement effleurée.

Quand un roman se déroule dans la Florence du Quatrocento et fait une place à des personnages historiques tels que Brunelleschi et Masaccio on peut s'attendre à un foisonnement qui entraine l'auteur à explorer le contexte artistique et politique dans des développements susceptibles de donner de l'épaisseur au roman et d'apporter à son lecteur des connaissances précises qui ne font que nourrir la trame romanesque.

Force est de constater que c'est loin d'être le cas ici, mais je suis peut-être trop familière de la période décrite pour juger avec objectivité.

Bien sûr ce roman n'est ni un livre d'art, ni un livre d'histoire et il ne faut pas trop en demander!

Puisse le lecteur ignorant les fondamentaux de la Renaissance Florentine y trouver une base pour poursuivre son parcours sur internet et aller admirer, de visu, les chefs d'oeuvres mentionnés.

L'amateur (ou plutôt amatrice) de romance pourra verser une petite larme devant cette belle histoire d'amour contrariée ...En ce qui me concerne, j'ai trouvé que les personnages étaient trop "basiques" pour que l'on puisse s'y attacher ...et que ce pâle remake de Romeo et Juliette était vraiment sans intérêt.

Ce que j'ai par contre apprécié, ce sont les réflexions du héros qui portent sur la création artistique et la recherche du beau. Le rôle de l'artiste dans la société a toujours posé question et la place qu'il doit occuper prête aux interprétations les plus controversées. Ici c'est un véritable discours sur la création vu du côté du peintre qui nous est proposé et qui permet de rentrer dans l'intimité d'un artiste qui, comme tout créateur, fait appel à sa singularité personnelle pour la restituer dans son oeuvre.

Le style est élégant et l'écriture aisée.

Dommage que cette lecture soit intervenue juste après celle d'un roman de l'excellent Arturo Perez-Reverte, ce qui m'a conduite probablement à une sévérité excessive !
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L'or du chemin

On est en Italie à la fin de l'époque médiévale et sur le seuil de la Renaissance.

Deux mondes s'opposent et s'emmêlent, ils se croisent et se toisent.

D'un côté, le monde du divin, de l'autre le monde humain.

C'est alors que surgissent les débats sur la nature de la divinité et de l'humanité, avec en fond la question majeure du christianisme : qu'est-ce que l'incarnation ?

La Renaissance, qui va rapidement prendre le dessus le Moyen Age, est cette nouvelle école de la mathématique et de la finance qui va chercher à faire descendre Dieu sur terre, ou faire, dans un premier temps, que la terre monte au ciel.

Tous ces enjeux sont au cœur de ce livre émouvant, conçu comme une enluminure, écrit par Pauline de Préval. Il raconte l'histoire d'un peintre qui cherche sa place dans un monde déjà divisé, et déjà moderne !

Que doit-il représenter ? Quel apport peut-il être le sien ? Et pour lui, au cœur de sa quête, la question de l'amour pour une femme qui lui servit de modèle ...

Un très joli livre qui m'a fait penser à « Terrasse à Rome » de Quignard. Avec quelque chose de beaucoup plus lumineux, comme si l'éclat des icônes n'avait pas encore été effacé ...

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L'or du chemin

1425, à Florence. Giovanni s'éveille sur les graviers d'un torrent. En une sorte de rêve, il raconte sa vie à un énigmatique personnage, mystérieux interlocuteur pour qui il fait un retour sur le passé et sa découverte de la peinture à fresque.



Vingt ans plus tôt, à Florence, les grandes familles se mènent une guerre impitoyable pour la préséance. Des enfants jouent à la balle avec une tête de cadavre. La violence est omniprésente.



Giovanni est fils de teinturier, comme, dit-il, Jésus en apprentissage à Tibériade. Mais Giovanni, comme Jésus, ne veut pas devenir teinturier. Lui, c'est la lumière qu'il veut capter et rendre compte par son art de la couleur et de la forme.



Un jour âgé de neuf ans, il tombe sous le charme de Léonora, la fille du fabricant de soie, d'une autre classe, inaccessible. Pourtant, en lui donnant les bijoux de turquoise et de lapis-lazuli de son père, elle lui ouvre la voie des teintes tirées des minéraux. Une révélation ! Après avoir suscité la rage de son père en mélangeant sur l'ocre de la terre les pigments précieux d'origine animale ou végétale du teinturier, il devient l'élève du maître Starnina qui fait vibrer tous les pigments d'origine minérale. Et à Empoli, il décore les murs de l'église d'une fresque représentant la Vierge à l'Enfant où l'ange ressemble trait pour trait à la jolie Léonora...



Quand son ami, le sculpteur, architecte et orfèvre Brunelleschi, l'emmène à Sienne, c'est une autre révélation. Il découvre l'Annonciation de Simone Martini, les œuvres d'Ambrogio Lorenzetti, d'autres inspirations, d'autres techniques et le monde de la peinture « a fresco » s'ouvre à lui. Une technique exigeante, qui ne tolère aucune retouche. Brunelleschi concourt pour être l'orfèvre de la Porte du Paradis, mais c'est Ghiberti qui remporte le contrat. Qu'importe ! Il sera l'architecte du sublime Duomo de Florence !



Giovanni cherche à oublier un drame amoureux, son mariage secret avec Léonora, l'arrivée des deux sbires de la famille qui enlèvent la jeune femme, son enfermement dans un couvent, sa mort lors de l'épidémie de peste. La vie d'artiste, impérieuse, peut-être le sauvera du désespoir .



La quête de la beauté se superpose au récit romanesque. Giovanni poursuit son apprentissage, du travail, toujours plus de travail, c'est la leçon de son maître Starnina. Il finit par retourner sur les lieux de sa jeunesse fougueuse, à Empoli et y rencontre un jeune homme d'à peine quinze ans, jeune peintre lui aussi qui a emporté un fragment de l’œuvre peinte autrefois par son père, une Vierge à l'Enfant.



La boucle est bouclée, le roman s'achève sur l'interrogation suprême, sur le sens à donner à l'acte de peindre : «  Qu'est-ce que le Maître veut voir et montrer à travers toi ? Comment veut-il par ta main toucher le cœur des hommes ? Comment veut-il aimer le monde à travers toi ? Voilà les seules questions à te poser. »



Au delà du récit romanesque sans grande épaisseur, une réflexion avisée sur l'art et la quête du Beau, nourrie de nombreuses références artistiques.



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