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Citations de Pedro Juan Gutierrez (99)


"le sexe n'est pas fait pour les scrupules."
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« Le mieux, c'est de prendre la réalité, brute, comme elle t'arrive dessus dans la rue. Tu l'attrapes des deux mains et si tu as assez de force tu la soulèves et tu la laisses tomber sur la page blanche, et voilà, c'est fini. Facile. Sans retouches. »
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Pedro Juan Gutierrez
Peu après dix huit ans, j'ai très bien vu que mon écriture n'aurait jamais pour but de plaire et de divertir. Elle ne ferait jamais passer un agréable moment à un public bienséant, pusillanime et blasé. Au contraire : pour ces gens-là, mes livres seraient une épreuve, parce qu'ils secoueraient leurs certitudes et leurs bonnes manières. Ils allaient me détester.
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A dix-huit ans, j’ai très bien vu que mon écriture n’aurait jamais pour but de plaire et de divertir. Elle ne ferait jamais passer un agréable moment à un public bienséant, pusillanime et blasé. Au contraire : pour ces gens-là, mes livres seraient une épreuve, parce qu’ils secoueraient leurs certitudes et leurs bonnes manières. Ils allaient me détester.
Tant pis, je voulais conjurer le démon, déballer tout ce que l’on cache. Tout le monde veut se montrer plaisant, civilisé, raisonnable. Ça ne m’intéressait pas, donc il fallait en premier lieu que je m’éloigne de ce type d’individu. L’apprentissage devait être solitaire. Je n’avais aucune question à poser, à quiconque. L’écrivain digne de ce nom est un spectre invisible : personne ne peut le voir, pourtant, il entend et note tout. Le plus intime, le plus secret de ce que chaque être recèle. Il passe à travers les murailles, s’introduit dans le cerveau et l’âme des autres. Ensuite, il écrit sans aucune peur. Il doit tout risquer. Celui qui n’ose pas aller à l’extrême limite n’a pas le droit d’écrire. Il faut pousser tous les personnages jusque-là. L’extrême limite. Il faut apprendre à le faire. Tout seul. Parce que personne ne peut enseigner comment on y arrive.
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Les politiques et les religieux, ils croient qu'on peut tout changer par la force de la volonté. Erreur. Parce que les humains continuent à être des bêtes : infidèles et égoïstes.
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« c’est le pied la diplomatie : on a l’immunité et on a la valise, que personne ne peut toucher. »
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[...] l'héroïsme, c'est pas mon fort. Ni moi ni personne. À notre époque, on n'est plus si obstiné, on n'a plus un tel sens du devoir et des responsabilités. L'esprit du temps est mercantile. L'argent, il n'y a que ça. Et si c'est en dollars, c'est encore mieux. L'étoffe dont on fait les héros est toujours plus rare.
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Dans ma vie, il n'arrive jamais à tenir, ce satané triangle que forment l'amour, la santé et l'argent. L'amour est un mensonge, le fric un oiseau volage et la santé se détruit en une minute.
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La perspective d'avoir un fils pédé le plongeait dans une peur panique. C'était une obsession de toutes les familles ça : ils auraient encore préféré avoir un fils qui se transforme en loup-garou chaque nuit de pleine lune.
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Domingo por la noche
Utiliza las cosas que te rodean.
Esta ligera lluvia
del otro lado de la ventana, por ejemplo.
Este cigarrillo entre los dedos,
estos pies en el sofà
El débil sonido del rock'n roll,
el Ferrari rojo del interior de mi cabeza.
La mujer que anda a trompicones
borracha por la cocina...
Coge todo eso,
utilízalo
Raymond Carver

(Dimanche soir
Sers-toi des choses qui t’entourent.
Cette petite pluie
De l’autre côté du carreau, par exemple
Cette cigarette entre mes doigts,
Ces pieds sur le divan.
Ce faible écho de rock and roll,
La Ferrari rouge dans ma tête.
La femme soûle qui titube
et se cogne çà et là dans la cuisine…
Mets-y tout ça,
Sers-t’en.)
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Un crime passionnel, tout simplement. Comme il y en a partout. Mais ici, la presse n'en parlera pas parce que voici trente-cinq ans qu'il n'est plus convenable de publier quoi que ce soit de désagréable ou de dérangeant dans les journaux. Tout doit être... bien. Un pays modèle ne peut pas être le théâtre d'assassinats ou d'actes révoltants.
Et pourtant il faut savoir, être informé. Si on ne dispose pas de toute l'information, on ne peut plus penser, ni se faire une opinion, ni choisir de soi-même. On devient des imbéciles prêts à gober n'importe quoi.
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C’est que le sexe n’est pas fait pour les scrupules. C’est un échange de liquides, de fluides, de salive, d’haleine, d’odeurs fortes, d’urine, de sperme, de merde, de sueur, de microbes, de bactéries. Ou sinon, ça n’existe pas. Si ça se limite à la tendresse et aux sentiments éthérés, alors ce n’est plus qu’une parodie stérile de ce qui aurait pu être. C’est-à-dire rien.
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Le mieux, c'est de prendre la réalité, brute, comme elle t'arrive dessus dans la rue. Tu l'attrapes des deux mains et si tu as assez de force tu la soulèves et tu la laisses tomber sur la page blanche.
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Comme me disait toujours un ami : "La seule façon de vivre ici, Pedro Juan, c'est de devenir dingue, ou de se saouler, ou de dormir."
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On ne peut pas tout comprendre. Disons que la vie, on ne peut pas à la fois la vivre et l’analyser. Il faut choisir l’un ou l’autre.
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Le problème n'est pas qu'on se tire une balle dans la tempe ou non. Tu as toujours la solution de le faire, quand tu n'en peux plus. La question c'est de ne pas le faire jeune. Il faut les emmerder d'abord. Baiser les fils de pute. Les obliger à me tolérer. Qu'ils n'aient plus d'autre recours que de supporter mes livres et de me maudire. Ensuite je verrai ce que je fais. Si ça se trouve, je ne me tuerai pas. Je vivrai par et pour mes couilles, joyeusement. Jusqu'à quatre-vingt-dix ans. Ou cent.
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Je vis parmi les poètes, les lesbiennes, les peintres et les musiciens, les bourreurs de cul les plus jeunes et les plus charmants qui soient, les troubadours et leurs guitares, les alcooliques et les drogués, les putes et les fous. En pleine décadence, quoi. L'abolition du bourgeois. L'enfer. C'est le bonheur, mon très cher et tendre, de vivre sur une terre vacante, au milieu du feu ardent...
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Ce soir-là, je suis allé à la plage pour nager et essayer de me soulever une meuf. Il fallait que je tire un coup, autrement je risquais la crise de nerfs. Mais rien, que dalle. Quand on est désespérément après quelque chose, ça ne se présente jamais. Il faut chercher comme si ce n'était pas un vrai problème, de trouver ou pas. Je me suis fait une pogne dans l'eau. Ça a du swing, comme ça. C'est plus lent, la queue paraît encore plus massive. C'est la branlette du cosmonaute : gravité zéro.
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Je suis comme un rat des sables hypnotisé par un cobra.
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Une femme est venue s'asseoir sur le banc en face du mien, une vieille. La quarantaine, peut-être, mais elle en faisait soixante. Elle pleurait comme une madeleine. Elle portait une robe qui lui laissait les épaules nues, l'uniforme des putes. Bonne du cul mais très flétrie, toute mascagnée par la vie.
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