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Critiques de Peter Nadas (30)
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La Bible

Première rencontre avec Peter Nadas, considéré comme un des plus grands auteurs contemporains européens.

La Bible est son premier roman publié en 1967, inspiré de sa propre enfance.

György est fils unique, et vit a Budapest avec ses parents et grand-parents dans une vieille villa dans la Hongrie communiste de l’après-guerre. Ses deux parents qui travaillent , vont engager une jeune fille de la campagne, de dix-sept ans, comme bonne. Une curiosité et un futur souffre-douleur pour ce jeune garçon en pleine puberté, qui « ne fais rien qu’attendre, toujours attendre ce qui va se passer. »....



Une écriture sobre, pour raconter cette brève épisode d’une vie de famille d’un couple communiste, qui peuvent s’offrir le luxe d’une bonne, d’une voiture de fonction et même de rapporter des oranges à leurs fils. Deux courtes phrases, un regard, un geste pour exprimer très explicitement l’émotion, le ressenti d’une situation complexe, là est tout le talent.

“ Szidike, alors, me regarda.

Je détachai un quartier d’orange et le gobai.”.....

Une histoire poignante que vous terminerez la gorge serrée.

Nadas m’a conquise dés ce court premier roman, me faisant penser à ses compatriotes Magda Szabo, Sandor Marai, Antel Szerb, de grands écrivains hongrois que je vénère.



Un grand merci aux Éditions Phebus et NetGalleyFrance pour l’envoie de ce bijou de littérature.

#LaBible#NetGalleyFrance
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La Bible

Dans la Hongrie communiste des années '50, Gyurika, jeune gamin au seuil de la puberté, vit avec ses parents et ses grands-parents maternels dans une villa décrépite sur les hauteurs de Budapest. Fils unique, il est livré à lui-même, s'ennuie beaucoup en attendant que quelque chose se passe. D'un milieu social relativement aisé, ses parents ont les moyens d'engager une jeune domestique, provinciale, miséreuse et croyante, et bientôt tête de Turc de Gyurika, gamin cruel et provocateur qui ira jusqu'à déchirer avec délectation une bible sous le nez de la pauvre fille.

Tranche de vie d'une famille hongroise communiste, "la Bible" est le premier roman de Peter Nadas, considéré comme l'un des plus grands romanciers contemporains. Ce texte très court est écrit dans un style sobre, un peu elliptique. Il mêle la cruauté à une charge érotique latente dans un contexte de fracture sociale entre les riches et les pauvres (un comble dans un pays communiste). Peter Nadas s'y entend pour camper, en peu de mots, une ambiance malsaine et des sentiments complexes. Un texte puissant.



En partenariat avec les Editions Phébus via Netgalley.

#LaBible #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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La Bible

Ce roman c’est le choc de deux mondes séparé par un gouffre incommensurable , le premier l’univers d’un couple de communistes proches du pouvoir , qui ont accès à des privilèges immenses , l’autre le monde paysan sans instruction , sans éducation , qui n’a accès à rien , qui vit dans une effroyable misère et qui pourtant n’est pas dénué de dignité .

Le livre se passe en Hongrie sous le régime communiste .

C’est l’histoire du fils unique de cette famille aisée qui fera preuve d’une terrible cruauté envers la jeune paysanne envoyée chez eux pour faire le ménage .

Mais il a son jeune âge comme circonstance atténuante ce qui n’est pas le cas de ses parents .

Une histoire implacable sur une époque , ces années communistes où les richesses devaient être soi disant partagées , on frémit à lire cette histoire d’injustice , à ses privilèges honteux des classes dominantes .



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La Bible

Eh non, malgré le titre, ne cherchez pas un récit religieux dans ce court roman intitulé La bible. On y retrouve bien le livre sacré mais… je vais trop vite. Dans une maison dans la campagne hongroise, Gyurka (Gyuri), un jeune garçon s’amuse avec son chien. Mais voilà que l’animal le mord – accidentellement. Le gamin, mettant la main sur une bêche qui trainait tout près, attaque violemment le chien, le blesse sérieusement. À tel point que la bête meurt de ses blessures quelques jours plus tard. Quelle violence! Quel manque de remord! Avec un tel début, dans quelle histoire le lecteur s’embarque-t-il?



C’est mon deuxième Peter Nadas et, encore une fois, je suis surpris par une entrée en matière brutale. De la violence presque gratuite. Qu’est-ce qui peut suivre un pareil début? Pourtant, il semble aimer et être aimé de ses parents et grands-parents. Eh bien, le lecteur devine la réponse en voyant arriver Szidike, une jeune femme qui vient travailler pour la famille (techniquement, elle n’est pas une domestique mais elle semble occuper plusieurs de ses fonctions). Rapidement, une lutte pour établir un rapport de force s’installe entre elle et le garçon, lequel semble avoir le dessus. De plus, à travers cette lutte se dégage aussi un choc des cultures, des idéologies, allant de la religion au communisme et de la pauvreté à la richesse. Bref, il y a plusieurs couches à cette histoire.



Toutefois, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, Szidike, d’abord indifférente, ne se laisse pas faire non plus, sûre de sa domination sur le garçon, peut-être aussi de son amour ou, du moins, de sa fascination. Cela ne pouvait que culminer par un épisode choc, impliquant la bible familiale de cette famille pourtant peu pratiquante. C’est étonnant comment une cruauté insidieuse peut s’installer. Surtout, c’est effrayant de constater vers quoi un garçon peut diriger son intelligence. (Je ne me rappelle plus si son âge était mentionné, d’emblée je l’ai imaginé entre dix et douze ans.)



Encore une fois, Nadas propose une narration à la première personne. Cela permet de se placer dans la tête, dans les pensées du garçon. C’était malaisant de se glisser dans la peau d’un tel personnage. Surtout qu’en dehors de ces instants de méchanceté, il peut paraitre comme un garçon normal, ordinaire, sans malice. En effet, par moment, Gyurka peut se montrer tendre. Presque vulnérable. C’est ce qui est déstabilisant. Puis surviennent ces moments, caprices, cruautés. J’en ai des frissons rien qu’à y penser.



Incidemment, La bible constitue un moment de lecture intéressant… malgré moi.
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Amour

Quand je suis entré dans la bibliothèque, c’était avec l’intention de découvrir l’œuvre de Peter Nadas. Aucune raison particulière. J’ai choisi trois livres au hasard et l’un d’eux était intitulé Amour. Le début m’a désagréablement surpris. Un homme se rend chez sa maîtresse dans le but de rompre avec elle, il tergiverse, ils fument de la marijuana. Dès les premières pages. C’était direct, très direct. Nadas ne nous décrit pas son personnage, ou si peu, nous le découvrons dans l’action. Et quelle action! En plus d’être direct, c’était assez cru. Pendant un moment, j’ai pensé que j’allais lire de la littérature trash. Je ne suis pas un amateur de ce genre. Mais, avec Amour, ce n’était pas le cas et j’ai continué. Heureusement parce que mon opinion a complètement basculé et pour le mieux. En effet, assez rapidement, l’homme réagit mal à la marijuana. Ce n’est pas une psychose mais ça en prend les airs. Il se sent mal, se met à flipper, à imaginer des trucs, ne reconnait plus le passage du temps (je suppose que tout va plus vite dans sa tête), il devient paranoïaque. De plus, c’est écrit à la première personne, permettant au lecteur de se sentir vraiment concerné par cette aventure. C’est épatant de se mettre dans la peau d’un individu qui perd la boule, qui se met à douter de ses sens, des intentions des autres… et même jusqu’à imaginer une intervention divine, quand il le faut. « C’est la main du Christ. » (p. 134). Aussi, le rythme de l’écriture suit celui l’homme. Des phrases qui varient, allant de longues à brèves, s’emballant selon les états d’âme de l’homme et ses symptômes physiques comme sa respiration et son rythme cardiaque. « Non. Elle ne sait rien de ce que je ressens. Mais cela ne fait rien. Le temps continue. Dormir. Se reposer. Avec elle. Dans le temps de l’amour. Le lit. Voici le lit, il faut bouger. » (p. 107). Décidément, Amour est une drôle de découverte que je ne regrette pas du tout. L’écriture de Nadas m’a également surpris, au premier abord ordinaire mais qui, finalement, m’a gagné.
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Le Livre des mémoires

Difficile à résumer que ce Livre des mémoires. Comme son titre l’indique, il faut s’attendre à quelque chose de surtout introspectif, contemplatif. Il s’ouvre sur un homme, plus ou moins âgé, se promène dans les rues de Berlin, qui fait des rencontres, qui réminesce. « Non qu’il soit possible d’oublier quoi que ce soit. » (p. 11) J’adore ces personnages qui marchent leur ville (même si c’est une ville d’adoption), pas nécessairement rongés par le passé mais néanmoins plongés dans leurs souvenirs. Et à un point tel que le lecteur a l’impression de marcher derrière lui, comme une ombre. L’écrivain hongrois Peter Nadas a produit quelque chose d’assez unique.



Les pages qui suivent sont assez étranges, après ses déambulations, le narrateur rentre à sa pension, discute avec sa logeuse, des invités sont introduits… la démarcation entre présent et souvenirs semble parfois incertaine. Il est question de ses amis, de l’amour que lui porte une actrice célèbre alors que sa passion se porte vers n poète allemand. Je dois admettre avoir trouvé cette partie confuse et longue par moment.



Puis, on est plongé dans un passé plus lointain, l’enfance du narrateur, en Hongrie. Il y a ces jeux d’enfance. Comme on peut se montrer bête et violent, à cet âge. Je pense aux premiers amours entre les garçons (le narrateur, ses amis Krisztián, Kalmán et Prém) et les filles (Maya, Livia et Sidonie), tordus. Aussi des pulsions homosexuelles.



Le roman est beaucoup plus complexe, une troisième trame narrative s’y insère mais la développer ici ne ferait que compliquer les choses, la compréhension. Ce qu’il est important de retenir, c’est qu’il est question de la condition humaine, de l’histoire (par exemple, des conséquences de l’implantation du communisme qui a changé les rapports de force entre les enfantas des différentes familles de la ville). Il est aussi beaucoup question de l’amour, sous toutes ses formes. Et, comme son titre l’indique, sur le travail de la mémoire, comment certains souvenirs peuvent remonter facilement à la surface, même ceux qu’on a longtemps tâché d’enfouir.



Incidemment, Le livre des mémoires n’est pas un page-turner, le rythme est lent, très lent. Il fait le lire lentement mais, drôlement, ne pas trop lentement non plus. C’est qu’il ne s’y passe pas tant et que l’on risque d’oublier des pans (ça m’est arrivé).



Au-delà du traitement de la mémoire, ce que j’apprécie dans ce roman, c’est l’ambiance. Quelque chose d’aérien, de nébuleux, d’incertain, à mi-chemin entre le souvenir et la réalité. Les sens, la perception trouble. « En revenant à moi, couché parmi les pierres, sur cette digue de Heiligendamm, comprenant où j’étais et dans quel état, et bien qu’il ne fût agi, à ce moment précis, que d’une simple prise de conscience du fait même d’exister, alors que j’étais encore privé de ces représentations que l’on doit au fonctionnement des instincts et du système nerveux et qui, par l’évocation d’images et de voix liées à des expériences et à des désirs, installent en nous ce flux perpétuel et l’imagination et de la ressouvenance, confèrent à l’existence un caractère raisonnable et jusqu’à un certain point rationnel, et y fixent notre place, nous permettant de nouer des relations avec le monde extérieur […]. » (p. 115)



Et l’atmosphère, ce qui inclut la description des lieux, se prête souvent à se perdre dans l’introspection. « Les bougies grésillaient, c’était beau et rassurant, dehors il pleuvait à verse, après les douze coups de minuit, on n’entendit que les murmures de la musique baroque et ce battement, au rythme régulier, de la pluie, la mise en scène était parfaite, exagérément, ridiculement parfaite. » (p. 219). La plume de Nadas est exquise.



Même les rencontres semblent avoir leurs propres codes. Pas des dialogues à n’en plus finir (bien qu’il y en ait un certain nombre). Mais les personnages ne parlent pas pour rien dire, ne perdent pas de temps pour des sujets anodins. Leurs échanges sont entrecoupés de silences, de malaises, d’incertitudes. De réflexion! Même durant l’adolescence. Lors d’une rencontre dans les bois, le jeune narrateur et son ami Krisztián, malgré un sentiment trouble et empreint de supériorité, rougit, hésite. « Les mots n’avaient aucune importance, rien ne comptait plus que cette buée, que mon souffle exhalé qui lui caressait la peau […] (p. 61). Un silence s’impose. L’adolescent se dégage, retourne dans ses souvenirs et, comme si le temps s’était arrêté, regarde le ciel, la forêt qui les entoure, un mouvement dans les parages attire son attention : un lièvre qui détale dans la clairière enneigée. Peu après (ce qui semble une éternité), son ami ouvre la bouche. « Est-ce que tu sais où les lièvres passent l’hiver? » (p. 62). Comme s’il s’agissait de la suite logique à leur échange. Comme s’il avait lu dans ses pensées. Ou qu’ils partageaient des pensées. J’en avais des frissons.



Bref, Le livre des mémoires est un roman étrange, envoûtant, profond, et en plus bien écrit. Beaucoup l’ont qualifié de chef d’œuvre. D’autres l’ont détesté. Il faut dire qu’il n’est pas facile d’approche et compte plusieurs centaines de pages en grand format. Mais, ceux qui acceptent ce défi referment le livre dans un état qui les amèneront peut-être à se prêter à l’exercice et à fouiller dans leurs propres souvenirs.
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La mort seul à seul

Péter Nádas est un grand auteur hongrois, titulaire de nombreux prix.



A l'âge de 51 ans, il eut dans les rues de Budapest un infarctus du myocarde alors qu'il menait un style de vie sportif et frugal.



Il fut réanimé aux urgences par cardioversion électrique. Il connut l'état limite que l'on éprouve entre la vie et la mort et qui ressemble à une conscience pure d'exister sans formulation conceptuelle : un état de présence si dense qu'il s'impose comme une sensation d'éternité.



C'est cette expérience que retranscrit l'auteur en courts paragraphes, nullement plaintifs, mais au contraire toniques sur fond d'humour : en effet dans cet état transitoire, la peur est abolie car le sentiment d'exister est si intense que cette pure conscience adhère à l'évènement, sous forme de joie.



La mort est un accouchement inversé, la vie ressemble à une boucle qui mène de l'une à l'autre (et inversement).



Ce récit est clairement adressé en hommage à Samuel Beckett : "Elles accouchent (les mères) à cheval sur une tombe".



Je lirai d'autres romans de Peter Nadas.



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La fin d'un roman de famille

Péter Nádas, comme son nom ne l’indique pas, est un auteur hongrois. J’ai cru pendant plusieurs semaines qu’il était argentin – je m’étonne parfois moi-même des étranges associations d’idées qui se forment dans ma caboche – j’ai dû ouvrir le livre au hasard et tomber sur les mots « espion argentin » pour me recréer tout un monde.



Quoiqu’il en soit l’auteur est hongrois, La fin d’un roman de famille est son premier roman, publié initialement en 1977, traduit pour la première fois par Georges Kassai en 1997 pour les éditions Plon et remis ici au goût du jour par Le Bruit du Temps. A travers les yeux d’un enfant, on suit le quotidien de cette vie de famille, les grand-parents, le père absent, les voisin.e.s plus ou moins excentriques. J’ai lu La fin d’un roman de famille comme une succession de souvenirs d’enfance. L’écriture de Péter Nádas est riche et fluide, jouant des répétitions, abandonnant une anecdote pour mieux y revenir au moment opportun, tissant un fil rouge indicible mais certain. Incontestablement, j’ai retrouvé dans cette lecture le plaisir de lire un beau texte. Les dérives verbales du grand-père, auxquelles notre petit garçon – qui ne sera nommé que très tard dans le roman – est particulièrement attentif, sont prétextes à de très nombreuses digressions faisant la richesse du roman, alternant épisodes triviaux et leçons de vie mémorables.



Quand le grand-père ne partage pas ce qu’il a appris de la vie, il revient sur l’histoire de la famille. Et c’est là que le bât blesse… Le grand-père est obsédé par la question de Dieu, et sur ce point je le lis certainement tout aussi attentivement que son petit-fils l’écoute. Cependant, lorsqu’il reprend toute la généalogie familiale, jusqu’à l’Ancien Testament – heureusement réadapté par ses soins – qu’il reprend toute l’histoire familiale pour identifier lesquels de ces ancêtres étaient juifs, lesquels parmi les convertis au christianisme avait ou non pu maintenir la foi juive dans la lignée, etc. , là, j’ai dû m’accrocher – mais pas capituler ! – et j’avoue avoir hésité à abandonner le livre avant son dernier tiers. Sur un roman de 200 pages, je n’ai pas su apprécier ces « vies parallèles » – pour reprendre le titre d’un autre roman de Péter Nádas. Si j’ai compris le lien, je n’en ai pas moins perdu plus d’une fois le fil de ma lecture – certes, je n’aurais peut-être pas dû le lire dans les transports en commun, certains auteurs nécessitent un minimum de concentration…



Je n’ai pas abandonné. J’ai continué, laissé passer les épisodes bibliques, médiévaux et que-sais-je-encore pour revenir à notre petit homme et à la conclusion du roman… que je ne vous dévoilerai pas, mais qui a largement su me faire oublier mes déceptions de mi-roman !



Pour conclure cet article, Péter Nádas est un auteur à découvrir. Je n’ai pas lu ses autres romans, et j’avoue que je les appréhende un peu : les quelques 1500 pages de ses Vies parallèles risquent de m’être un peu indigestes. Cela dit La fin d’un roman de famille étant son premier roman, les « digressions » de ses autres écrits sont peut-être mieux réussies ou sauront me parler d’avantage. A ce propos, si vous les avez lu, je veux bien lire vos avis et conseils…
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La Bible

Un livre très court, trop court, pourtant riche de tous les thèmes qu'il aborde et qui auraient pu être développés davantage. Mais c'est peut-être sa brièveté qui en révèle sa densité de petite perle étonnante.



Budapest, Hongrie, dans les années 50, sous le règne du dictateur Rakosi, une tranche de vie d'une famille aisée dans laquelle arrive une jeune bonne, affirmant sa foi par le simple port d'une croix en pendentif.



Le livre se décline autour du quotidien d'un jeune garçon vivant entouré de ses parents et grands-parents, en trois scènes : mort de son chien par sa faute, conflit avec une jeune voisine par sa faute, départ de la jeune bonne par sa faute indirecte.



Ce livre est très contrasté car les relations du garçon avec la voisine et la bonne, et même sa propre mère, passent par des temps de violence et de tendresse. Finalement, le garçon, intelligent, va comprendre le monde des adultes en cherchant le sens de leurs comportements.



Le décor des environs de Budapest, dans une lumière automnale et hivernale, est superbement rendu par l'auteur au travers de descriptions de la nature, des intempéries, des arbres et des nuages, le soleil apparaissant de temps à autre comme une lumière venant éclairer la confusion de ce jeune pré-adolescent.



C'est un beau texte, tout en retenue et suggestif, laissant aller le lecteur dans ses interprétations des événements qu'il découvre en avançant dans cette belle lecture.
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La Bible

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Phébus pour la découverte d’un auteur hongrois dont je n’avais jamais entendu parler, Péter Nádas, peu traduit en français, dont La Bible est le premier roman, publié en 1967…



Nous voilà transporté au début des années 1950, dans les beaux quartiers de Budapest, dans la maison d’une famille composé des grands-parents, des parents et d’un jeune garçon.

L’ambiance est celle d’une sorte de huis-clos familial élargi au voisinage immédiat. Le père et la mère sont des fonctionnaires qui travaillent beaucoup, bénéficient manifestement de certains avantages ; la grand-mère tient la maison… Le fils, enfant unique, très observateur, un rien pervers comme le sont parfois les adolescents, pose un regard précis, analytique, lucide et déroutant sur le quotidien… Entre des grands-parents très présents mais d’un autre temps, un père distant, une mère fantasque et une voisine à la fois provocante, attirante et perfide, son récit à la première personne surprend, ébranle et captive.

La mère décide d’embaucher une servante et l’arrivée d’une jeune bonne, tout droit sortie de sa campagne, va entraîner des péripéties en chaine qui vont bouleverser l’équilibre familial.



Il y a d’abord une galerie de personnages assez fabuleux, à la fois caricaturaux, théâtraux, typiques et atypiques en même temps auxquels on s’intéresse forcément…

Une famille communiste, semblant porter haut les valeurs d’égalité au point de prétendre considérer la domestique comme faisant partie de la famille, mais incapable de s’imaginer les conditions de vie de la population, en milieu rural, à peine à quelques kilomètres de la ville… Une famille athée, naturellement, mais qui possède une bible, vénérée comme une relique, cette bible justement dont le garçon va se servir pour exercer sa cruauté naissante sur la servante, très pieuse, en la déchirant devant elle…

Un gamin, pré-adolescent, détestable par ses actes et son air de ne pas y toucher, très intelligent mais qui développe ses capacités et son potentiel de manière cruelle et perverse ; tous les enfants dont parle le roman semblent d’ailleurs pervertis par le système, égoïstes, méprisants, imbus de leurs petites personnes…



L’écriture est magnifique, avec un registre très étendu, des mots rares, des expressions originales ; toujours très sensible aux enjeux et aux difficultés de la traduction, je salue le travail de Martin Marc, le traducteur du hongrois au français



Ce court roman de 128 pages est présenté comme un formidable condensé des puissantes qualités romanesques de l’auteur… Il m’a vraiment donné envie de lire les autres livres de Péter Nádas accessibles en français.

Une claque littéraire comme je les aime !



#LaBible #NetGalleyFrance

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La Bible

Roman très court qui permet d'opposer la pauvreté à la richesse et la religion au communisme. Dans une famille communiste de haut rang, arrive une jeune bonne. Le garçon de la famille, assez aigri, s'en prend rapidement à elle. De même que la grand-mère. Les parents eux, en bon communiste, font leur possible pour faire comme si la différence de classe n'existait pas, quitte à être condescendant...

L'histoire n'est pas transcendante, mais l'écriture est vraiment d'une belle qualité et la psychologie fine des personnes est très intéressante.

Merci Netgalley et les éditions Phébus pour ce livre !
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Almanach

Le je et le nous, l'arbitraire de nos choix, le charme d'une anecdote, toujours au seuil de la fiction, et de la réflexion et surtout les effleurements du désir. Dans cette série d'essais mensuels, menés telle une déambulation, Péter Nádas offre un accès direct à sa pensée complexe, aux liens toujours latents entre ses histoires, à ses souvenirs. Ce livre d'une grande finesse a un fort pouvoir évocatoire tant Almanach paraît toujours parler d'autre chose et reflète ainsi l'état du monde et surtout une panique diffuse.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Histoires parallèles

Des milliers de livres proposés et d’autres plus rares. Des livres écrits aimables ou futiles et d’autres qui saisissent la lectrice et le lecteur.



Des littérateur-e-s et des écrivain-e-s. Des livres. Un livre remarquable.



Ne pas s’effrayer du poids et de la taille du livre… Car, dès l’entrée dans « Le territoire muet », la magie opère. Le poids des mots, la densité des phrases, la dispersion des situations, l’épaisseur des personnages, la poésie des titres de chapitres…



Hongrie, des histoires parallèles, « Une maison de maître », la mémoire de la seconde guerre mondiale, de la destruction des juifs et juives, « La Liebestod d’Isolde », les ténèbres, les rêves, les corps à corps, hallucinants épisodes de sexe, « Le nu féminin en mouvement », un taxi, « Soi-même dans le miroir magique », la vie secrète, les désirs…



« Les sensations et la pensée, ces deux mondes entremêlés dont on sait que parfois ils se brouillent, interfèrent, ou d’autres fois basculent, s’infiltrent, affluent et refluent l’un dans l’autre, puis émergent, sombrent et se résorbent tandis que l’un laisse la voie libre à ‘autre ou prend le dessus… »



Le nationalisme magyar, l’antisémitisme, des hommes et des femmes, « Au fin fond de la nuit », le poids des mots, l’autre rive, « Une civilisation toute nouvelle », s’en donner à cœur joie, le rêve américain, les effluves puantes du stalinisme, l’impossible oubli, « Traversées imprégnées », le nazisme, « Comme un subtil mouvement d’horlogerie », le temps perdu, les assouvissements, l’effarement, l’immeuble, « En ce radieux après-midi d’été »…



« Le souffle de la liberté », instant affolants et/ou fugaces, « L’épice du bonheur », l’abricotier, les corps désirants et désirables, les tziganes…



Une littérature au delà l’ennui des jours, les mots et la mémoires, les sensations du présent, la présence de ces passés…



Un somptueux ensemble d’êtres, de situations, de regards…



Immense. « Il ne faut pas si longtemps pour que l’oeil humain s’accommode aux ténèbres »



Une invitation à (re)lire l’extraordinaire « Livre des mémoires » et les autres ouvrages de l’auteur. Et faire aussi la route avec un autre écrivain de Hongrie, Peter Esterhazy.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Histoires parallèles

L'écriture de Nadas est d'une densité telle qu'elle mène le lecteur à l'étouffement, tandis que, paradoxalement, l'auteur parvient à figer le temps, à étirer chaque instant à l'infini pour scruter chacune des secondes qui s'égrène au microscope des sentiments et des émotions. On en ressort engourdi, hébété, comme traversant un brouillard épais : les mains tâtonnent, palpent minutieusement les objets alentours, mais ne permettent pas d'avoir une vision d'ensemble, ce qui est dommage et frustrant. On devine que l'on flotte au milieu d'un chef d’œuvre à la puissance historique époustouflante, mais sans table d'orientation, sans guide, sans accompagnateur, on se perd, on s'essouffle. Ces histoires parallèles ne se croisent que de loin en loin et l'on s'y égare trop facilement.
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La Bible

Formidable roman court, tendu et dérangeant, en partie autobiographique, où Peter Nadas fait d’un épisode de son enfance au début des années 50 à Budapest un drame cruel qui est aussi une critique de l’hypocrisie d’une société se voulant communiste mais affichant en réalité des valeurs bourgeoises dont la servante de cette famille de la nomenklatura fera les frais.



Ce gamin assez effrayant (le premier chapitre avec le chien est éprouvant), qui pourrait être l’un des enfants pervertis du ruban blanc de Haneke, fera l’expérience de l’injustice et en ressortira peut-être un peu moins égoïste et condescendant. Car c’est aussi un roman d’apprentissage et d’éveil sexuel.



Ce texte ferait une pièce de théâtre (ou même un opéra) impressionnante car l’ intensité dramatique va crescendo dans un climat de menace sourde qui renvoie à une société du complot et de la délation. Nadas a d’ailleurs beaucoup écrit pour le théâtre.



Les descriptions de la nature et du temps qui passe encadrant le récit sont à la fois très belles et inquiétantes, contribuant à l’atmosphère sèche et violente à l’unisson de ce qui se joue entre les personnages.



Une belle découverte qui donne envie d’aller plus avant dans l’œuvre de cet auteur dont on vente souvent les romans ultérieurs comme étant de véritables chefs-d’œuvre.
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La mort seul à seul

L’écrivain hongrois Péter Nádas se révèle une fois de plus comme un homme d’un discernement énorme: il ne relâche pas ses efforts à trouver des mots adéquats pour exprimer ce qui se passe quand on meurt! La mort seul à seul est la tentative de décrire la transition de la sphère terrestre à l’autre monde, une expérience vécue par l’écrivain comme rescapé d’une mort immanente. Il s’agit d’une témoignage en mots et en images d’une rare profondeur – Nádas munit son texte des photos d’un arbre de vie au cours d’une année.
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Amour

Un homme est venu chez sa maîtresse afin de mettre un terme à leur relation. Pourtant, il ne peut s'y résoudre et s'engouffre dans les profondeurs de la drogue ...

Beaucoup de phrases courtes, de répétitions de scènes, de mots qui sont voulus pour donner un rythme tout à fait particulier au récit mais qui ne m'ont pas totalement convaincu.
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La Bible

Petit récit d’enfance aux alentours de 1950. l'Europe continue à se reconstruire après la 2e guerre mondiale. Pauvreté encore flagrante à cette époque. Désir d'humanisation des relations entre "classes sociales".

1er livre de l’auteur hongrois. Belle écriture, Histoire non enlevante.
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La mort seul à seul

Que se passe-t-il lorsque la mort s’agrippe au corps et laisse peser sur lui sa longue et lancinante plainte ? Avec une précision chirurgicale, Péter Nadas analyse l’effroyable traversée d’un homme victime d’un infarctus du myocarde. À travers les différents niveaux de conscience et avec une acuité métaphysique captivante, l’écrivain hongrois convie le lecteur à parcourir ce passage hors du monde. Sujet sombre n’est-ce pas? Mais l’absurdité demeure pourtant présente lors du trépas! C’est là que réside tout le génie de Nadas, en écrivant l’insignifiante rumination qu’entretient l’humain face à sa propre fin. Véritable tour de force littéraire, on referme le livre avec l’exaltation renouvelée de respirer encore.

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Le Livre des mémoires

Peu d'expériences littéraires rivalisent avec l’intelligence, la profondeur et la mélancolie de cette œuvre, et dans sa caractérisation du souvenir et du sentiment d'aliénation dans les sociétés communistes d'après-guerre. Une réussite totale au fil des 800 pages d'une lecture exigeante qui refuse tout compromis. S'y dessine accessoirement l'une des relations homosexuelles les plus réalistes, sincères et touchantes que je n’ai jamais lues. Sans aucun doute à placer au panthéon des romans les plus brillants et forts du 20e siècle.
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