Pétronille Rostagnat

C’était de la légitime défense, putain ! Si je n’avais rien fait, si je ne m’étais pas protégée, il m’aurait violée sur son parquet de merde. Et à votre avis ? Hein ! Qu’est-ce qui se serait passé ensuite ? Il m’aurait laissée repartir ? Bien sûr, sans problème ! Je connais son adresse, son identité, j’ai ses clefs… Il aurait paniqué lui aussi et il m’aurait butée ! Aujourd’hui, je reposerais six pieds sous terre dans son jardin !

Il m’a attrapé les fesses, puis les seins. Je l’ai repoussé comme j’ai pu. Il s’est énervé et m’a demandé de rester tranquille. Je devais me laisser faire ! J’ai tenté de lui échapper, mais il était bien plus fort que moi. Puis, il a sorti son… sexe… Il m’a agrippé le cou et a appuyé dessus pour que je me baisse. Comme je résistais, il s’est mis à m’insulter et a hurlé qu’il pouvait me payer si c’était de l’argent que je voulais.

C’était un homme gentil, d’une cinquantaine d’années, qui me laissait souvent un pourboire. Un jour, je me suis permis de lui demander s’il avait besoin de quelqu’un pour faire un peu de ménage chez lui. Je savais qu’il habitait seul et qu’il possédait une grande maison. Même si tout se passe bien au restaurant, je n’étais pas contre me faire un peu plus d’argent à côté, vous voyez. Monsieur Delaunay a accepté, et nous avons convenu d’un créneau de trois heures les lundis, mon jour de congé.

Si tant est qu’un homme puisse porter sa profession sur sa figure, il ne donnait pas l’impression d’être flic, mais plutôt un homme d’affaires, exerçant dans une grande banque, ou un avocat. Son allure élancée et élégante, ses jambes toniques mais fines, galbées sans être massives, lui offraient une silhouette longiligne et non baraquée comme celle de certains de ses collègues. Cela expliquait-il son poste à la Crim’ ?

Personne ne prêtait attention à elle, chacun hypnotisé par son écran de téléphone. Laura était une anonyme parmi les anonymes, ce qui lui convenait parfaitement.

Je sors un briquet de ma poche. J’actionne la flamme. La lumière est belle, chaude, salvatrice. Je m’agenouille et commence par brûler quelques brindilles. Le bois s’embrase. Les flammes montent vers le ciel. Elles réchauffent mon corps, mon âme. Les ombres du passé dansent autour. Je savoure ce moment de calme, mon esprit s’évade. Mes blessures s’évaporent dans la fumée. J’oublie la puanteur qui se dégage du feu. C’est une gêne insignifiante au regard de ce qui m’attend. La suite va être une succession d’épreuves. Je vais devoir rester forte et déterminée si je veux réussir. Tu m’as fait tellement souffrir.

Elle fit la paix avec sa propre histoire

Vomir tous ces hommes qui n’avaient pas de conscience, qui mentaient à la société, qui ne respectaient rien, qui avaient détruit des vies en toute impunité.

Tu comprendras vite que je ne suis pas du matin et que sans ma dose de caféine, je ne suis bonne à rien!

Qui battait qui ? Telle était la question. Ils se présentaient tous comme des victimes, mais l’un d’entre eux était un meurtrier.

Votre entourage se dit : « et si c’était vrai ? Je ne veux pas prendre parti dans cette histoire.

Cela faisait une semaine qu'elle était à cran...Depuis le dernier coup de poing...Le bleu sur la joue s'estompait de jour en jour.

Vous apprendrez beaucoup en vous mettant à la place de l’accusé. Pauline, on ne naît pas meurtrier, on le devient. Vous allez découvrir le cheminement qui a conduit cet homme à commettre l’irréparable. A travers son histoire, vous comprendrez que cette petite fille n’est qu’une victime, et qu’elle n’est, en aucun cas responsable de ce que son père lui a fait subir. Avec cette affaire, vous ne chercherez pas à trouver des circonstances atténuantes à votre père. Vous allez comprendre que vous ne pouviez pas vous arracher de son emprise et vous pardonnerez.

" Il vola tel un oiseau, le sourire aux lèvres. Il était libre..."

La jeune femme n’avait pas trente ans. Alexane la trouva un peu gauche dans ses mouvements. Elle portait une jupe droite noire avec un corsage crème. Son maquillage se voulait discret, malgré une teinte de rouge sur les lèvres. Débutante, elle portait des chaussures à hauts talons. Pas idéal pour le terrain. Encore une qui venait de prendre ses fonctions. Tant qu’elle ne tourne pas de l’œil ! ne put s’empêcher de penser la policière.

Elle avait trouvé l’astuce. Elle attendait que les plaignants aient terminé de vider leur sac avant de prendre la parole, avec un sourire qui déstabilisait les plus coriaces. Son discours était rodé, depuis le temps. « Ce n’est pas nous qui choisissons d’enlever telle ou telle voiture, monsieur. Nous exécutons les demandes transmises par les donneurs d’ordre. Ce n’est pas nous, non plus, qui fixons les tarifs de l’amende, mon cher monsieur. C’est l’État. Personne ne tolère un stationnement gênant devant sa propre porte, vous êtes d’accord ? Alors, pourquoi vous garer devant celle des autres ?

Il n’avait jamais été si déprimé. Prendre la fuite était une étape, mais rien n’était réglé pour autant. Et les enfants ? Qu’avaient-ils pu ressentir en découvrant que leur père avait pris la tangente ? Un sentiment d’abandon ? Que pouvait-il faire ? Subir ? Combien de temps aurait-il pu tenir ?

Elle trouvait son mari plus séduisant qu’à leur rencontre. Charles avait pris de l’assurance. Il avait posé plusieurs fois un genou à terre, pour repartir de plus belle. Il était têtu et pugnace : deux qualités qu’elle lui avait découvertes, et qui lui convenaient totalement. Il était loin d’être parfait, mais elle devait reconnaître qu’elle l’avait dans la peau.

L’adrénaline du terrain était une drogue dont il était difficile de se sevrer. Noiret ne lui avait pas fait de cadeaux à son retour, et, depuis, elle avait l’impression de ne récolter que des enquêtes de second ordre.

Elle essaie de se faire plus petite encore. Elle aimerait tant se fondre dans le mur ! Deuxième verrou. Le bruit est hésitant et maladroit. Ce n’est pas le cliquetis ordinaire. Qui vient la voir ? Ses dents se mettent à claquer. Elle se mord le bras pour cesser ce mouvement compulsif. Les battements de son cœur bourdonnent dans ses oreilles. Elle se fige telle une statue. Rester invisible, toujours et encore.