Ainsi, seule, une tasse de café à la main, Erika prenait le temps d'apprécier à sa juste valeur son inhabituel compagnon : le silence.
Subitement, le grincement d’une porte se fait entendre, et sans pouvoir incliner la tête, je réalise qu’on entre dans la pièce. Des pas progressent et font le tour des lieux, doucement, presque méthodiquement. Un balai… Je discerne les ondulations causées par un manche de serpillière.
Une odeur de détergent me remonte alors jusqu’aux narines, et ce souvenir parfumé désarme un casier de ma mémoire. Je me souviens enfin.
Je suis dans une chambre, une chambre d’hôpital…
Lire, c’est comme rencontrer des gens venus des quatre coins du monde, visiter des paysages, des lieux où on ne mettra sans doute jamais les pieds. Voyager, se divertir, prendre plaisir à découvrir le monde d’une autre façon. Être là physiquement, alors que mon esprit vagabonde ailleurs… Quelque part, lorsque j’ouvre un livre, c’est comme si le temps s’arrêtait subitement et se mettait sur pause…
De la romance, en passant par du polar, et même du feel good. Lire m'apaise et me soulage, à tout point de vue. Je ne pense plus à rien d'autre qu'à l'histoire, aux personnages. Et le monde qui m'entoure s'évanouit tout à coup, comme par magie. Rien de tel pour me remonter le moral.
Qu’y a-t-il de plus pervers que d’usurper l’identité de l’individu que l’on vient tout juste d’abattre froidement ? Telle est la question que je vous pose aujourd’hui, chers lecteurs.
Originaire de Castries et paysagiste de métier, Mike Collins avait épousé Suzie Brichaud dès la fin de leurs études. Et tous deux avaient filé le parfait amour, jusqu’à ce jour du 29 septembre 2019…
Ce jour-là, contre toute attente, sa femme lui avait annoncé qu’elle le quittait et qu’elle comptait refaire sa vie avec un autre homme
Après tout, il maîtrisait son métier comme personne et savait très bien ce qu’il avait à faire. Et quand le danger le guettait, il était tout à fait à même de pouvoir le déceler. Cependant, face à sa femme, Logan avait rarement le dernier mot. Il avait beau posséder tous les attraits d’un garde du corps, il n’en était pas moins réduit à devoir céder devant la détermination de son épouse.
Rester assise, statique, à devoir expliquer à maintes reprises le détail du ticket de caisse à des clients récalcitrants qui la rabaissaient, voire l’humiliaient, par plaisir, et pour souvent quelques centimes d’euros.
Ève n’avait jamais souhaité travailler dans ce milieu, le commerce et la grande distribution. Son rêve était ailleurs.
Toute petite déjà, elle aimait être en contact avec les animaux, la nature, et plus généralement le monde qui l’entourait. Apporter son aide, se sentir utile au travers d’actions bienfaitrices centrées sur des valeurs humaines, voilà le but qu’elle s’était fixé.
Ainsi, des années plus tard, elle avait entrepris des études liées au social, à l’enfance et à la psychologie.
Analyser, comprendre et aider, voilà ce à quoi elle aspirait désormais. Mais la vie n’était pas aussi simple,
Hugo s’était emparé de Suzie et l’avait détournée de lui. Amadouée et fourvoyée, elle n’avait même pas lutté. Elle s’était laissé embobiner naïvement, sans aucun regret. Suzie voulait le quitter, partir. Elle voulait briser leur mariage et courir dans les bras de ce traître. Hugo, son propre frère, l’avait humilié, rabaissé plus bas que terre. Comment ont-ils pu me trahir ? Comment ont-ils osé me faire ça ? Ces questions tambourinaient sans cesse dans la tête de Mike.
La colère, la haine, la vengeance… Voilà la seule issue que Mike avait trouvée à ce calvaire. Il devait les réduire à néant, tous les deux. Ils ne méritent pas de vivre, ils doivent payer ! Son arrogance et son ego étaient surdimensionnés
Cette maison, Mike y avait vécu et grandi, il la connaissait par cœur. C’était celle de ses parents, c’était la sienne. Tous les moindres recoins de cette habitation étaient mémorisés dans sa tête, tel un formidable labyrinthe.
Discrètement, il scruta méthodiquement chaque pièce à la recherche d’Hugo, puis il pénétra dans la cuisine.
S’emparant d’une bouteille de jus d’orange placée dans le frigo, il la décapsula et y vida le contenu d’un petit flacon de poudre blanche. Souriant à pleines dents, Mike exulta et se félicita des conséquences que cela entraînerait. Une mort lente et asphyxiante, douloureuse et angoissante… Tout est parfait !
« Et si… » Il faut vraiment que j’arrête avec cette expression qui m’invite à croire que tout est encore possible, que tout peut encore changer. Le passé est acté et rien ne pourra le modifier. À moi maintenant d’en atténuer les conséquences.