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Citations de Philippe Croizon (42)


Oui, mille fois oui, on peut rire de tout, même du handicap, même de MON handicap ! Je suis, en effet, le premier à m'auto-appliquer ce principe souvent piétiné par la morale.
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J'ai voulu écrire ce récit pour témoigner de la magie de la vie, pour témoigner de la force qui réside en chacun de nous, pour témoigner de la puissance de l'amour et de l'entraide, pour dire que, même handicapé lourdement, on reste humain ... jusqu'au bout des ongles !
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Mes questions sont appelées à demeurer sans réponse.
Je sais seulement qu'en sortant de l'hôpital, je devrai faire un séjour de longue durée dans un centre de rééducation et d'appareillage près de Paris.
Dans le même temps, cette nouvelle me "booste" et me terrifie.

Car l'hôpital est aussi une "bulle" où, contre toute attente, on s'habitue à être dorloté, entouré, assisté, de telle sorte que l'on finit par s'y sentir en sécurité.

Je sais maintenant qu'il y aura un après, alors je m'accroche, avec cette énergie si neuve et époustouflante qu'elle fait peur à mes proches, par exemple lorsque je leur demande péremptoirement de se renseigner sur tout ce qui se fait en matière de prothèses ...

Les pauvres, ils ne sont pas au bout de leurs surprises : peu de temps après, je leur annonce ma décision de faire de la plongée sous-marine et de reconduire une voiture - d'où la nécessité des prothèses.

Je viens de voir un reportage sur un ancien pilote de F1, handicapé lui aussi, qui conduit un véhicule grâce à un mini-manche aux multiples fonctions.
Malgré leurs inquiétudes - ne suis-je pas en train de me bercer d'illusions ? -, mes proches vont tout faire pour m'aider à relever ces défis.
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Mon désir de vivre est d'une intensité mille fois supérieure (...)
Je suis animé par des mégavolts de désir de vivre ! (...)

Je ne suis pas un cas unique, je n'ai pas été touché par la grâce ou quoi que ce soit d'autre. Je suis persuadé, comme je l'ai déjà dit et ne cesserai de le répéter à l'avenir, que chacun possède en soi cette force, cette puissance de réactivité, mais qu'elle sommeille, masquée par une vie quotidienne aseptisée.
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Je veux montrer à tous qu'une personne handicapée est avant tout une personne.
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Marcher, manger, dormir, ne jamais s'arrêter... Satisfaire les besoins primaires, pas de superflu. Tu as faim, tu manges ; tu as soif, tu bois ; tu es fatigué, tu te reposes ; tu as chaud, tu te mets à l'ombre. Tout devient simple, tu vis dans l'instant. A mi-chemin, mes idées noires m'ont totalement abandonnée. Je comprends alors ce qui m'a poussé à tenter cette aventure : être en phase avec soi-même.
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En relevant ensemble ce défi, nous voulons démontrer que le handicap n'est pas une fatalité. Avec du courage et de la volonté, chacun, qu'il soit valide ou non, peut repousser ses limites et accomplir de grandes choses.
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La vie se charge de n'épargner personne, même ceux qui ont déjà beaucoup souffert.
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L'enfer existe, je l'ai senti dans mon corps. Mais mes proches, eux, l'ont vécu dans leur cœur. Cette seconde si pesante ne les a pas épargnés. Ils n'étaient pas plus préparés que moi. Comment peut-on "vivre" cela ?
Leur réaction est unanime : "On ne peut pas réfléchir."
Seule question, lancinante : "Va-t-il survivre ? Et, si oui, combien de temps ?"

(...) Les médecins ne leur diront rien cette première nuit. Ils réservent encore leur pronostic ... Tous, ils passeront la nuit à attendre, la peur au ventre, qu'on vienne leur annoncer que tout est fini. (...)
Là encore, l'être humain a en lui des ressources inimaginables.
Aucun ne flanchera. Tous resteront fidèles au poste.
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Je suis un homme raccourci mais pas pour autant diminué.
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Printemps 1994, je suis donc là, abasourdi par ce qui vient de m'arriver. Je sens encore profondément dans ma chair le courant électrique qui prend possession de moi, me scotche, me vole mon corps, le réduit à un vulgaire fusible en train de griller. Mon cerveau abruti de douleur parvient toujours à réfléchir, presque froidement, alors que je comprends bien que mes membres brûlent. A mes oreilles résonne ce son si spécial que fait l'électricité quand elle assassine un être humain.
C'est un de ces rares sons qui ont la capacité de détruire une vie.
D'abord le claquement d'une décharge, puis le bourdonnement ininterrompu de milliers de ruches.
Trois fois. Car j'ai été électrocuté trois fois.
A ce son terrible s'ajoute la vibration de l'électricité qui se rend maîtresse de chaque muscle, étouffe les cellules en les carbonisant subitement.
Il suffit d'un milliardième de seconde, un flash monstrueux, une détonation incroyable quand le courant pénètre dans le corps. Un milliardième de seconde pour comprendre que c'est fini, qu'on va mourir.
Un milliardième de seconde, c'est si court.
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La vie ne se déroule pas comme un long fleuve tranquille pour autant.
Je garde mes souffrances morales pour moi, je n'en parle ni à mes proches ni au corps médical.

La question n'est pas seulement de savoir comment je vais pouvoir vivre au-dehors dans cet état. Ma femme, ma chère femme, partira sûrement, ça ne fait pour moi aucun doute. Je ne sais même pas si mes fonctions sexuelles sont intactes, les médecins s'étant déclarés incapables d'apporter une réponse à ce sujet.

A plusieurs reprises, j'ai proposé à Muriel de partir si elle le désirait, d'aller vivre avec quelqu'un de normal.
A chaque fois, elle est restée.
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Si je l'ai fait, si j'ai traversé la Manche, c'est pour lancer un cri. Un cri immense :
Je suis toujours là !
Je suis toujours vivant !
Regardez comme je suis entier, moi, avec mes quatre membres en moins.
Oui. Cette traversée est un cri.
Un cri d'amour...
... à la vie.
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Le handicap ne devrait jamais être plus compliqué qu'un mouvement spontané de solidarité.
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Cette maison n'est pas spécialement pratique. Les chambres, la salle de bains et les WC sont à l'étage : il faut donc m'installer un lit dans le salon au rez-de-chaussée. Nous y resterons quatorze mois avant de pouvoir emménager dans notre maison, dont la construction a été interrompue à cause de mon accident.

Il a fallu refaire toutes les démarches, notamment revoir les plans de manière que la maison soit adaptée à mon handicap.
Il a également fallu reformuler les demandes de crédit, malgré une précédente acceptation. Malheureusement pour moi, je devais signer tous les documents le vendredi 4 mars, échéance repoussée au lundi 7. Or, mon accident a eu lieu le 5 mars !

Résultat : plus aucune compagnie d'assurances n'est prête à m'assurer.
Un assureur avance même l'argument que je pourrais avoir des tendances suicidaires, ce qui est très délicat de sa part, compte tenu des efforts que je dois faire pour continuer à vivre.
On atteint là le comble du cynisme et de la bêtise humaine.
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J’observe un symbole « interdit ». Il m’invite à l’ouvrir. Je lui fais remarquer que ce n’est pas possible puisque c’est « interdit ». Et c’est là qu’il révèle sa philosophie émancipatrice : « Tu as décidé de vivre, tu es propriétaire de ta vie, donc plus rien n’est inaccessible pour toi. Dans trois semaines, tu sauras pisser et manger tout seul. Bientôt aussi, tu pourras conduire. Pour toi, rien n’est interdit. Ouvre toutes les portes », me dope-t-il.
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Je veux témoigner ici de l'intensité des relations qui se sont ainsi nouées à Valenton. Nous ne connaissons pas nos noms, nous ne nous reverrons pas après. Cela en étonne plus d'un, mais il ne faut pas, une fois à l'extérieur, continuer à vivre dans un ghetto de handicapés.
Au centre, on puise une force à vivre tous ensemble, on apprend que l'on n'est pas seul. Une fois dehors, il faut savoir passer à autre chose.
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Première leçon à retenir de ces événements : il y a des imbéciles partout.
Qu'à cela ne tienne, je n'ai pas le temps de leur en vouloir.
Il n'y a plus de place dans ma vie pour la haine et la perte d'énergie qu'elle génère. J'ai autre chose à faire, de bien plus important ...
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Malgré l'évidence, la secrétaire ne veut rien savoir et insiste plus que lourdement. Il est écrit sur le formulaire que les deux parties doivent signer.

Il est vrai que je pourrais passer mon bracelet au coude et y insérer un crayon, mais devant une telle bêtise, un tel acharnement, je me refuse à le faire. (...)

Face à ce genre de situation, je réagis en général de deux manières très différentes.
Première réaction :
"Je n'existe plus dans la société, on ne me fait plus confiance car je ne travaillerai plus jamais ; si je ne travaille pas, je suis inutile à la société."
Je prends un grand coup au moral.

Ma seconde réaction, quasi simultanée, consiste à me dire :
"Non, non et non, je ne vais pas me laisser couler après tout ce que j'ai accompli, uniquement parce que la société n'a rien prévu pour moi."

Dans un cas comme dans l'autre, je constate une réelle ségrégation à l'égard des handicapés, une intolérance aussi inadmissible que le racisme ou l'homophobie.
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(...) plus aucune compagnie d'assurances n'est prête à m'assurer. (...)

Pour pallier cette situation, nous sommes obligés de tout mettre au nom de Muriel ; de surcroît, son père doit se porter caution.
Ces démarches fastidieuses donnent lieu à des situations grotesques.

Alors que nous sommes censés signer des documents au tribunal de police, la secrétaire nous précise sur un ton péremptoire que nous devons impérativement les signer tous les deux.

Muriel et moi nous regardons, interloqués : elle a toutes les procurations nécessaires ; je suis en fauteuil roulant et je n'ai pas de mains.

Malgré l'évidence, la secrétaire ne veut rien savoir et insiste plus que lourdement. Il est écrit sur le formulaire que les deux parties doivent signer.
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