Les gens se frôlent dans leur pléthorique solitude, personne ne parle vraiment et personne n'entend, mais on touche la terre avec les pieds, avec la bouche, et la terre est comme un grand cahier solide qui porte toutes leurs écritures et souvenirs et de chair.
Elle a réfléchi. C’est drôle, ce besoin qu’on a de réfléchir à des choses tout en sachant parfaitement, primo : qu’on ne dispose pas de ce qui nous permettrait de réfléchir vraiment, dans les règles, sur des bases solides ; deuzio : qu’on n’a pas la moindre idée de ce que pourrait bien être le but de cette réflexion ; tertio : que ce n’est même pas un besoin, juste un caprice dont la satisfaction n’apportera certainement pas un plaisir à la hauteur des désagréments consentis – efforts cérébraux, tâtonnements, frustrations en tout genre, mise en berne de l’auto-estime, atteinte déraisonnable portée au stock de café qu’on a d’ailleurs oublié de renouveler hier…
Le ciel bientôt s'obscurcit, une chaleur de plomb écrase la forêt et porte à ébullition même la sève primitive des arbres.