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Louis Napoléon le Grand de Philippe Séguin
A l'occasion du vote annuel du contingent militaire, Thiers va, en effet, prononcer le 3 mai de cette année (1865) un grand discours de politique étrangère. Défendant les traités de 1815, il estime qu'il convient de s'opposer aux desseins prussiens et d'abandonner l'Italie à son sort, et fait reproche à l'empereur de parrainer une alliance italo-prussienne. Son discours produira, comme on dit, une forte impression, notamment lorsqu'il prophétise : « Et alors, permettez-moi de vous le dire, s'accomplira un grand phénomène vers lequel on tend depuis plus d'un siècle : on verra refaire un nouvel Empire germanique, cet Empire de Charles Quint, qui résidait autrefois à Vienne, qui résiderait maintenant à Berlin, qui serait bien près de notre frontière, qui la presserait, la serrerait ; et pour compléter l'analogie, cet Empire au lieu de s'appuyer, comme au seizième siècle sur l'Espagne, s'appuierait sur l'Italie. « Non, ajoute-t-il, ce n'est pas une vieille politique, c'est une politique éternelle qui conseille de ne pas créer autour de soi de grandes puissances... » Il lance cet avertissement: « Allez, allez partout en France, allez dans les petites villes et les villages et vous verrez si cette politique qui tendrait à rétablir l'ancien Empire germanique en plaçant le pouvoir de Charles Quint dans le Nord au lieu du Sud de l'Allemagne, si ce pouvoir, aidé par l'Italie, serait populaire en France. » + Lire la suite |