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EAN : 9782246429517
447 pages
Grasset (10/10/1990)
3.67/5   27 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Grasset - 10/1990)


Napoléon III est, sûrement, le plus mal aimé des chefs d'État de la France et le Second Empire le plus mal connu de ses régimes. Et pourtant, de 1848 à 1870 se crée la France contemporaine.

S'il inaugure son règne par un coup d'État, Louis Napoléon Bonaparte, aussitôt, rétablit le suffrage universel banni par la Deuxième République agonisante. Et, à la différence de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Philippe Séguin a consacré une thèse à la révolution de 1848 puis devint député des Vosges (et donc représentant de Plombières les Bains), deux incitations à se pencher sur Napoléon III et le second empire.

L'ouvrage est décapant, instructif, incite à la réflexion, mais n'est pas une biographie classique et son approche thématique et non chronologique en rend l'approche difficile pour qui n'a pas une connaissance préalable du XIX siècle. L'auteur se livre à de multiples comparaisons avec des événements et des personnages du XX siècle, en manquant parfois de hauteur, car comparer, par exemple, Napoléon III à Robert Vigouroux, ancien maire de Marseille, me semble ridicule.

Mais j'ai globalement apprécié ces 400 pages et notamment le chapitre consacré au « rénovateur » qui rappelle la contribution impériale au progrès social et économique, et la croissance forte que notre pays connut sous ce règne, qui fut le plus long du siècle. Les développements sur le « mondialiste », le « libéral » et le « vaincu » m'ont aussi passionné.

Le second empire contribua à l'unification et l'émergence de l'Allemagne et l'Italie et s'acheva par la défaite de Sedan et la perte de l'Alsace et de la Lorraine, cause essentielle des deux guerres mondiales.

Ce passif, occulté par Philippe Séguin, ne doit jamais être oublié.
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A contrario de l'image devenue courante depuis que Victor Hugo l'a affublé du qualificatif de Napoléon le petit, Philippe Séguin entend par cet ouvrage rendre à Napoléon III une place plus importante dans l'histoire du dix-neuvième siècle, en insistant notamment sur ses apports à l'idée de suffrage universel, au développement économique guidé par l'État, et aux premières (mais limitées) actions sociales pour la classe ouvrière.

Porteur d'un grand nom, héritier et espoir d'une famille, Louis Napoléon se fait d'abord remarquer par l'amateurisme de deux tentatives de coup d'État, à Strasbourg et à Boulogne, qui lui valent un séjour en prison, certes confortable, à Ham. D'où il s'évade déguisé en ouvrier. Il y gagne un surnom qui lui fera le délice de ses opposants : Badinguet.

La révolution de 1848 surprend toute la classe politique ; le prétendant napoléonien réfugié à Londres y compris. le récit que Séguin fait de l'année 1848 et de l'attitude attentiste de Louis Napoléon est passionnant. L'ex-proscrit laisse la situation politique se décanter, Cavaignac rétablir l'ordre, et l'assemblée débattre sur le suffrage universel. Difficile pour les républicains de ne pas le mettre en place, même s'ils pressentent qu'il leur sera défavorable. La population rurale attend le retour de la paix sociale et de la confiance économique. Après que Louis Napoléon, sortant de son silence, ait tenu quelques déclarations sans grand relief, il se trouve même certains de ses adversaires politiques pour s'auto-convaincre qu'il constitue un candidat à la présidence de la République acceptable, et surtout un président qui pourra être manipulé. Et voilà un exilé, largement moqué, sans réel parti à ses côtés, qui se fait triomphalement élire.

La constitution de la seconde République et les divisions de l'Assemblée conduisent au coup d'État du 02 décembre 1851. Un basculement que Séguin pense inévitable au vu des circonstances. Cette prise de pouvoir, qui ouvre la voie au second Empire, reste en tout cas l'acte qui définitivement brouillera le personnage avec les républicains en général, et avec l'auteur des Misérables en particulier.

Séguin développe largement la vie politique de l'époque et lâche des comparaisons hasardeuses avec notre époque. C'est là certainement la partie la moins intéressante du livre.

Le chapitre sur l'économie tient de l'inventaire des basculements de la France de l'époque. Séguin admet que Napoléon III n'en est pas l'unique auteur, mais c'est la vision politique de l'Empereur qui accompagne ces modifications. Au premier chef, bien sûr, le développement du réseau ferré, la constitution d'industries lourdes, quelques découvertes scientifiques, et un dynamisme financier incarné par les frères Péreire...

Côté social, l'Empereur s'avère plus engagé que son entourage ou ses ministres. L'histoire sociale a oublié que c'est à cette période que sont légalisés le droit de réunion ou le droit de grève. L'action en matière d'éducation conduit à la généralisation de l'enseignement, y compris pour les filles.

Sur le plan international, de Napoléon III enchaîne un succès réel, l'indépendance de l'Italie, et son corollaire l'intégration au territoire national, après plébiscite, de la Savoie et de Nice, et la désastreuse aventure mexicaine. On doit aussi à Louis Napoléon le rapprochement avec l'Angleterre de Victoria, prélude aux alliances futures.

L'Empire va s'engager dans la guerre avec la Prusse, piégé par les déclarations et les chausse-trappes d'un Bismarck décidé à profiter du moment. Guerre catastrophique, engagée en infériorité numérique, avec un Empereur malade à la tête des troupes. Échec final d'un régime qui cherchait un second souffle.

Séguin, en choisissant de regrouper ses chapitres par thématique, quitte par moments la chronologie, mais rend plus compréhensible les idées et actions de Louis Napoléon. Il est toujours surprenant de voir des hommes politiques de tous bords parvenir dans leurs emplois du temps surchargés à écrire des ouvrages, particulièrement des biographies historiques, qui, par nature, demandent un gros travail de recherche. Au cas présent, Séguin avait déjà creusé le sujet lors de sa thèse. Il avait été manifestement conquis par le personnage. Sa biographie est éclairante, et ne bascule pas dans l'hagiographie. Une lecture intéressante autour d'un personnage dont le souvenir est malmené par L Histoire.
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Les critiques sont nombreuses dans les ouvrages historiques pour s'opposer à ce que de nombreux spécialistes considèrent comme une hagiographie indigne d'intérêt. Il faut pourtant reconnaître à feu Philippe Seguin l'immense mérite d'avoir osé rendre un hommage appuyé, assumé, revendiqué de la part d'un ancien ministre de la Vè République à Louis-Napoléon Bonaparte.

Pour réussir cet objectif, il n'hésite pas à s'en prendre à une grande référence, devenue quasi intouchable : Victor Hugo. Sans en faire trop pour autant, il développe un argumentaire qui mérite d'être lu et débattu. D'autres plus malintentionnés se seraient donnés un malin plaisir à rappeler le rôle du vénérable poète avant/après le coup d'État, ou ses retournements politiques à peu près aussi nombreux que ses ouvrages, ou encore sa responsabilité avec ceux de la rue de Poitiers, ou encore… Mais il n'y a aucun acharnement de ce type et l'auteur fait preuve de respect et d'humilité.

Si le principe de responsabilité collective n'est pas clairement évoqué, celui-ci est sous-jacent et de nombreuses figures qui ont su se racheter une virginité sont ici placées devant leurs responsabilités. L'habilité politique du futur Napoléon III ici évoquée méritait au moins cette reconnaissance.

Il est également vrai, pour le coup, que le ton de l'ouvrage est très orienté. de nombreux faits sont présentés de manière trop partiale (la Guerre d'Italie, l'expédition mexicaine). Tout est ici prétexte à glorifier. La démarche est parfois maladroite et prête à sourire. Ce choix réduit également d'autant la qualité des arguments développés (reconnus par l'histoire mais oubliés par la plupart).

Il est certes difficile de parler ici de travail d'historien… quoique ! Car il s'agit d'une démarche engagée, à contre courant de ce qui est couramment admis. Et l'auteur annonce la couleur dès la préface. Et les ouvrages de cette nature sont peu nombreux.

D'autant que la démarche s'intéresse plus à la personne qu'au souverain. Et là aussi la méthode est percutante et assez éloignée des schémas habituellement retenus pour les biographies et celle de Napoléon III en particulier.

Certains parallèles avec le gaullisme ou les événements de 1940 (et même de 1968) peuvent choquer les scientifiques les plus sourcilleux du respect de la démarche historique. D'autres sourient déjà en connaissant la carrière de l'auteur. le côté manifeste politique assumé n'empêche toutefois pas de présenter des arguments pertinents.

Malgré tout le dédain qui entoure cet ouvrage, il s'agit là d'une pépite. Nous avons affaire à quelqu'un qui lance un débat, qui s'engage, qui tient une position à contre courant. Tout n'est certes pas à prendre au pied de la lettre… mais la remarque est également valable pour tous ceux qui ont composé des ouvrages orientés à l'encontre de Napoléon III, Victor Hugo en tête.

Cette lecture n'intéressera sans doute qu'un public assez réduit d'amateurs d'histoire et /ou de politique. Il mérite que ceux-ci s'y attardent. Indéniablement l'ouvrage a doit à une bien meilleure opinion que celle qui lui est habituellement réservée.
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Très bon livre de Philippe Séguin qui réalise ici un excellent travail d'historien biographe. L'ouvrage est bien documenté et Philippe Séguin, en homme d'expérience, analyse les débats politiques de l'époque avec précision. Il réhabilite un Napoléon III très critiqué et dont la dépouille repose toujours aujourd'hui en Angleterre, son dernier lieu d'exil. Depuis la fin du XXe siècle, différentes personnalités ont demandé son rapatriement en France sans succès. Il le méritait sans doute plus que son illustre oncle Napoléon Ier. Il voulait la paix et le progrès social, il a beaucoup fait évoluer les institutions sociales et la démocratie, on lui doit le suffrage universel masculin. Malheureusement il s'est montré parfois indécis et s'est engouffré dans des conflits inutiles (Le Mexique, l'Italie et plus grave la guerre Franco-Prussienne qui lui sera fatale). Il était gravement malade et n'a pu terminer son règne avec toute l'énergie dont il aurait eu besoin pour redresser la situation. Il est tombé dans le piège de la provocation tendu par Bismarck qui voulait à tout prix la guerre avec la France en s'arrangeant pour que la France passe pour l'agresseur.

- "Louis Napoléon le Grand" Philippe Séguin, Grasset (1990) 436 pages
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Le livre est objectivement bon et bien écrit. Mais il ne s'adresse pas à des néophytes et n'est en rien de la vulgarisation historique comme je l'aurais souhaité.
Il est gros, très détaillé et surtout centré sur le pure jeu politique de l'époque en occultant toutes anecdotes ou toute étude psychologique du personnage qui aurait pu rendre le texte un peu plus vivant. Mais il plaira certainement aux passionnés de politique politicienne et des arcanes du pouvoir.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
A l'occasion du vote annuel du contingent militaire, Thiers va, en effet, prononcer le 3 mai de cette année (1865) un grand discours de politique étrangère. Défendant les traités de 1815, il estime qu'il convient de s'opposer aux desseins prussiens et d'abandonner l'Italie à son sort, et fait reproche à l'empereur de parrainer une alliance italo-prussienne.

Son discours produira, comme on dit, une forte impression, notamment lorsqu'il prophétise : « Et alors, permettez-moi de vous le dire, s'accomplira un grand phénomène vers lequel on tend depuis plus d'un siècle : on verra refaire un nouvel Empire germanique, cet Empire de Charles Quint, qui résidait autrefois à Vienne, qui résiderait maintenant à Berlin, qui serait bien près de notre frontière, qui la presserait, la serrerait ; et pour compléter l'analogie, cet Empire au lieu de s'appuyer, comme au seizième siècle sur l'Espagne, s'appuierait sur l'Italie.

« Non, ajoute-t-il, ce n'est pas une vieille politique, c'est une politique éternelle qui conseille de ne pas créer autour de soi de grandes puissances... »

Il lance cet avertissement: « Allez, allez partout en France, allez dans les petites villes et les villages et vous verrez si cette politique qui tendrait à rétablir l'ancien Empire germanique en plaçant le pouvoir de Charles Quint dans le Nord au lieu du Sud de l'Allemagne, si ce pouvoir, aidé par l'Italie, serait populaire en France. »
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Ce qui fait de Louis Napoléon un homme à la fois attachant et respectable, ce n’est pas seulement son œuvre, aussi impressionnante que mal comprise, pas seulement son habilité et la force de caractère dont il a fait montre pour passer de l’exil au pouvoir c’est aussi et surtout sa fidélité à ses convictions.
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L'expérience a révélé la force du parti bonapartiste, ou pour dire plus vrai, du nom de Napoléon. C'est beaucoup d'être à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d'autorité. Il y a la de quoi survivre à de grandes fautes et à de longs revers.
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Né au temps de la splendeur du premier Empire, Louis Napoléon après vingt-sept ans d'exil, six ans de prison et un peu plus de vingt ans de pouvoir, repose toujours, cent dix-sept ans après sa mort, dans une humble chapelle d'un village anglais, car il demeure un réprouvé.
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La rumeur publique s'en mêla colportant ce bon mot, doublement cruel : «Hortense fait des faux Louis...» Cela ne saurait pourtant excuser les grandes plumes et les grands noms qui ont utilisé ces doutes comme une arme, une arme terrible, contre Louis-Napoléon. Victor Hugo se laissa ainsi aller à dénoncer en lui «l'enfant du hasard dont le nom est un vol et la naissance un faux».
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