Citations de Pierre Dumayet (22)
Lire est une route sur laquelle nous avançons.
Ce que je fais, grossi de ce que j’ai fait, finit par former un ruisseau qui se jettera plus tard dans la mort. Ainsi constamment alimentée, la mort serait une mer d’histoires particulières dont on peut se demander si, une fois mêlées, elles tissent un roman considérable ou, au contraire, une page de plus en plus blanche.
Texte III
Lire est une route sur laquelle nous avançons.
Les morts parlaient de la mort, quand ils étaient vivants. Mais maintenant, quel silence ! Il n’y a rien à en dire, c’est sûr.
Texte XXVII
Morts, Voltaire et Lénine n’ont plus d’âge mais puisqu’ils sont morts, ils sont encore. Par la tendresse du verbe être, nous sommes avec les morts dans une relation familière. Ainsi mourir serait l’acte par lequel nous cessons d’avoir un âge – même si nous paraissons très vieux ; mais c’est un acte qui se commet en nous, sans plus. Mourir est un verbe particulier, dont le sujet est l’objet : « Je meurs » est le contraire de « je t’aime »
Texte XII
Rien n’est plus agréable que de trouver le mot juste : le creux laissé par son passage est un endroit qui dure peu, mais où il ferait bon rester.
Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois.
Tous les textes peuvent se lire comme si nous étions leurs contemporains
C'est ce qu'exprime le "goûtes-y", goûtes-y donc": c'est l'envie, le besoin que tous les convives participent au repas également.
Il y a quelque chose d'un peu évangélique-ou anthropophagique- dans mon petit sermon, je le reconnais. Du coup, je pense au pain (j'éviterai le sel). Normalement, le pain se laisse partager, le pain est un ami.(p. 23)
J'ai oublié de parler des catalogues de jouets. C'étaient des vrais volumes , édités par les grands magasins. Leur lecture était enivrante...
Un bon catalogue de jouets se laissait lire une vingtaine de fois .
Quelques années après "La Source", en ouvrant au hasard les œuvres de Rimbaud, je suis tombé sur "Les Déserts de l’amour". Je me suis dit, alors émerveillé, que c’était ce texte-là que j’aurais dû lire au moment de mes premières mouvements. Rappelez-vous :
"Cette fois, c’est la Femme que j’ai vue dans la Ville et à qui j’ai parlé et qui me parla."
Quel merveilleux commencement !
"On vint me dire qu’elle était chez moi : et je la vis dans mon lit, toute à moi, sans lumière !"
On aura remarqué le rôle de la ponctuation dans cette aventure : les deux points, chez Rimbaud, sont les ouvriers du miracle.
e n'avais pas compris que lire servait à apprendre. Je croyais que lire servait à lire exclusivement. Je crois n'avoir pas changé.
Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois.
« Raymond Queneau a tenu à jour son carnet de lectures pendant soixante ans. Chaque livre lu était mentionné dans un carnet d'écolier à sa date. Je regrette de ne pas avoir pris cette précaution que toute personne prudente devrait prendre."
Supposons que je lise un livre. J’ai décidé de le lire parce que X m’en a parlé. X trouve ce bouquin épatant. Ma lecture ne saurait être tout à fait pure puisque je ne sais pas trop ce que je cherche en lisant un livre recommandé par X. Qu’est-ce qui a pu lui plaire là-dedans ? A-t-il voulu me faire comprendre quelque chose ? Trouve-t-il que je ressemble à ce connard de héros ? Bref, c’est l’enfer.
Mais nous ne savons pas encore si nous pouvons vraiment aimer ou détester une personne fictive. Qu'y a-t-il de vrai dans ce jeu ?
La guerre [...] avait démodé les querelles, les insultes, les exclusions, la vie de palier [...].
A propos de Nicole, je cherchais une phrase de Custine. Je l'ai retrouvée.Il écrit à propos de Monsieur de Noailles : il est de ces gens à qui l'on sait gré du bien que nous fait leur visage .
Lire ne sert pas à apprendre. Lire sert à lire, tout simplement pour le plaisir
Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois.