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Citations de Pierre Goldman (54)


Ces moments merveilleux lui donnent parfois l’impression d’être un homme neuf, un homme ordinaire. Ils sont si rares. Serge July se souvient de celui qu’il avait connu à l’Union des Étudiants Communistes, « chargé de symboles, d’histoire et de drames écrasants depuis sa naissance, tout à la fois fasciné par eux et les fuyant comme autant de chausse-trappes au plaisir et au bonheur .Il lui faudrait disparaître comme personnage public, mais le souhaite-t-il vraiment ? La réflexion de Régis Debray à l’issue de son premier procès était prémonitoire : « Quand Pierre Goldman sera libre, je sais qu’il lui faudra disparaître pour nous fausser compagnie, esquiver nos traquenards, réinventer pas à pas son à contre-pied pour rejoindre cet anonymat substantiel qui est le prix et l’ivresse de la liberté. » Déplaire donc. À tous. S’exclure du lot, prendre son monde à rebrousse-poil, affirmer sa négation.
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Le propre d'un préjugé est de s'exercer inconsciemment. L'essence d'une influence inconsciente est précisément qu'il n'est pas possible de s'en arracher par un décret de conscience. La nature de toute idéologie dominante consiste dans "l'illusion" où est son adepte d'en avoir fait le choix conscient et lucide, de pouvoir, par l'exercice magique du libre arbitre, s'en extraire à tout moment.
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Mais le racisme du procès s'exprima autre part. Il s'exprima dans les effluves signalétiques dont j'eus à affronter les relents putrides pendant plusieurs jours. En effet, à quoi se résume le "c'est un mulâtre" de Quinet, le "c'est un Méditerranéen basané, espagnol ou portugais", de Trocard, le "c'est un Méditerranéen basané" de Quinet, Lecoq, Ioualitène ? A quoi se résume le "c'est Goldman je le reconnais à ses yeux sournois et à son nez" de Quinet ? [...]
A quoi se résume ce passage d'un coupable mulâtre à un coupable juif entouré de nègres ?
A ces quelques lignes de Céline : "Tout de même, il suffit de regarder, d'un peu près, telle belle gueule de youtre bien typique, homme ou femme, de caractère, pour être fixé à jamais... ces yeux faux à en blêmir... ce sourire coincé, ces babines qui se relèvent : la hyène... Et puis tout d'un coup ce regard qui se laisse aller, lourd, plombé, abruti... le sang du nègre qui passe."
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(Le deuxième jour du procès, un travailleur algérien était venu déposer dans l'affaire du payeur. Il était désorienté, cherchait instinctivement le banc des accusés et s'exprimait avec un très fort accent maghrébin. J'avais alors regardé Quinet : il manifestait une claire hilarité raciste de policier, naturelle. Cela m'avait confirmé dans ce que j'avais "déduit logiquement"* : Quinet était raciste. Il aurait été très difficile qu'il ne le fût pas.)

* Et, j'ose le dire, "a priori".
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Cette génération dramatique et absurde, j'y avais appartenu intégralement, mais je m'en étais enfui, volontairement, avec acharnement.
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Ce genre de "présentation du suspect" en vue d'une éventuelle reconnaissance par les témoins est d'ailleurs éminemment douteux : il se présente comme une devinette.
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Tant il est vrai que la marge est faible entre un mulâtre, une sorte de mulâtre et un Méditerranéen très basané, boulevard Richard-Lenoir, le soir.
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(Il est toutefois probable qu'elle a vraiment assisté à la fuite de l'assassin mais qui sait ? Qui sait, puisqu'elle appartient, elle aussi, au voisinage des faits, donc peut avoir fondé ses dires sur le bavardage plus ou moins bien informé qui, dans le voisinage, a suivi le crime.)
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J'ajouterai également que la première fois que je séjournai dans une clinique psychiatrique - j'y étais allé non pour me soigner, mais pour visiter un ami qui en était l'administrateur - je me munis d'un pistolet.
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L'usage judiciaire est que le "curriculum vitæ" d'un inculpé prenne fin à son arrestation. La pratique des juges est parfois lourde d'une profonde signifiance.
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(Qu'on me pardonne ces propos de philosophie : "j'aime" la philosophie.)
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Des paroles de gangster sortirent de ma bouche et je les avertis que j'opposerais à leurs tentatives une violence qui ne craindrait pas le meurtre. J'eus le vertige de ce jeu disloqué où je brisais le centre de ma nature.
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Il avait l'amertume d'avoir séjourné plusieurs années en prison et je pensais que l'incarcération était une blessure profonde, définitive, qu'aucun bonheur ne pouvait effacer.
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La bibliothèque était pleine de livres qui racontaient la guerre d'Espagne, la Résistance antifasciste, et je les lus avec délice en mangeant du pain polonais (noir, doux), des cornichons polonais (sucrés) et en buvant du thé russe.
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(Ce qui me retenait d'écrire, c'était la sensation qu'il s'agissait d'un acte obscène où je risquais d'être aimé ou haï publiquement, possédé, la sensation, homme public, d'être le masculin, ainsi, d'une femme publique.)
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Je suis né. Je suis né de l'ombre, je suis né dans l'ombre et mon désir fut longtemps qu'on ne m'arrache pas à l'ombre où je suis.
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Je suis né Juif et en danger de mort. Je n'avais pas l'âge de combattre, mais, à peine en vie, j'eus l'âge de pouvoir périr dans les crématoires de Pologne.
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Les assauts de la mélancolie sont l’autre nom de la lucidité, disposition intime de son être qui le trimballe de la désespérance la plus noire à l’ivresse de vivre. Une « nostalgie du pays céleste », selon la belle expression d’Heinrich Heine ? Pour l’écarter, bienheureuses les boîtes antillaises, leurs nuits offrent le rhum et les félicités du moment présent, elles effacent les ruminations de la journée, elles dénient ce grignotage du temps ,cette gueule ouverte qui engloutit sentiments et êtres aimés, ambitions et désirs. Bienheureuses les voix de Benny Moré, de la Orquesta Aragon, bienheureuses les étreintes amoureuses avec un être unique. Insuffisantes néanmoins pour s’épargner les morsures de l’éphémère.
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La Révolution ? Une fleur déjà fanée qui ne peut refleurir qu’à travers des chansons dans des soirées de copains. Reste le « sociétal » politisé à outrance. Auréolés de toutes les vertus, les taulards, les fous, les communautés, les délinquants, les pédés, les braqueurs, les comités de soldats, les Tupamaros. Vérolées de tous les vices, la psychiatrie, la justice, l’éducation. Beaucoup de discours mal assortis aux épaules humaines : la fin des seventies enterre les grandes causes séculières. On ne reconnaissait jusque là qu’un ennemi à l’humanité, le capitalisme, avec son corollaire, l’esprit bourgeois. Les griefs raciaux, les religions conquérantes, les tribus, les consommations segmentées, les rancœurs sans fin prendront la suite.

Dans ce ressac de la génération 68, les altercations fratricides sont légion, les divergences se règlent violemment, les arrogances se durcissent. Avait-on tant envie que cela de renverser la table ? Tel un gigantesque papier buvard, les années quatre-vingt en France finiront par absorber les attardés qui s’étaient crus un moment à l’avant-garde.
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On ne recouvre pas la vie à l’air libre pour se voir assigné à une image arrêtée.
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