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Citations de Pierre Hazan (12)


« Comment puis-je, à la fois, prendre le thé avec Milosevic pour trouver un règlement négocié au conflit et, dans le même temps, le traiter en criminel de guerre ? »
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[E]n théorie, le rôle de la justice est de déterminer si des combattants ont violé les droits de la guerre. Il n'est pas de se prononcer sur la légalité de la guerre, de dire si elle est juste ou non. C'est la distinction classique entre "jus in bello", le droit dans la guerre, et le "jus at bellum", le droit de faire la guerre. Or, dans notre environnement politique et médiatique, cette distinction tend à s'effacer. Si les moyens militaires utilisés sont considérés comme criminels, c'est la justesse de la cause qui est elle-même ternie. Ainsi, en identifiant les présumés criminels de guerre, les tribunaux internationaux laissent entendre aux opinions publiques quelle cause est juste et laquelle ne l'est pas.
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En substance, les différences entre les « gestionnaires de conflit » et les «démocratiseurs » se résument ainsi : les premiers sont impliqués dans une recherche consensuelle, voulant aboutir à une cessation rapide du conflit. Ils sont par définition des pragmatiques qui ne s'encombrent pas de ce qui complique la recherche d'une solution négociée comme l'attribution d'une responsabilité à ceux qui ont commis des atrocités. Les « gestionnaires de conflit » ont donc une approche inclusive. Ils mettent l'accent sur le processus de négociations, acceptent les normes et les valeurs des belligérants, reconnaissent à ceux-ci une équivalence morale et considèrent la neutralité des acteurs extérieurs nécessaire pour aboutir à un règlement politique du conflit.

À l'inverse, les « démocratiseurs » adoptent une logique confrontationnelle, car ils considèrent que la justice n'est pas négociable même si elle conduit à exclure des chefs politiques et militaires. La justice est, selon eux, la précondition à la démocratisation, elle-même garantie d'une paix durable. Ils s'appuient sur des normes qu'ils tiennent pour universelles et estiment moralement faux que des médiateurs restent dans une position de neutralité lorsque des crimes de masse sont commis.
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Arrêtons-nous [...] sur le changement de statut de la justice pénale : celle-ci n'est plus l'arbitre surplombant les sanglantes querelles humaines. La voici en train de décider de la nature de la paix, puisqu'elle jouit de l'exorbitant privilège de mettre hors-la-loi des chefs politiques et militaires et même des chefs d'État en exercice. Devenue partie au conflit, projetée dans l'arène des relations internationales, contrainte de s'appuyer sur la coopération des États pour obtenir la transmission de preuves ou l'arrestation d'un accusé, la justice pénale sert désormais aussi à faire la guerre.
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"Ce que Paul Ricœur suggère pour éviter de tomber dans le piège de la compromission, c'est que le médiateur définisse son ancrage normatif non comme une fin en soi, mais comme un horizon qu'il l'agit de mettre aussitôt à l'épreuve du respect des personnes - Cette tension, le Va-et-vient entre la norme et la singularité de la situation, débouche sur ce que Ricœur nomme "la sagesse pratique". C'est une morale de l'action où "le choix dans des situations de détresse n'est pas entre le bon et le mauvais, mais entre le mauvais et le pire (in Soi-même comme un autre, P Ricœur, 1990)"." Page 83
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La solution militaire est hors d'atteinte dans nombre de situations, mais le mantra "Nous ne négocierons jamais avec les terroristes" reste érigé en principe, limitant les options des gouvernements. (p. 54)
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Selon l'éclairage, la même action peut être interprétée comme une démarche salvatrice qui a préservé des milliers de vies ou comme un acte criminel passible de poursuites pénales. (p. 18)
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Depuis longtemps, j'ai abandonné le confort de l'éthique de conviction, ce luxe d'être cohérent avec soi-même, pour assumer l'éthique de la responsabilité. (p. 17)
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La recherche de la paix avait désormais pris le pas sur la recherche de la justice. (p. 15)
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"Si la justice pénale internationale participe désormais à la dynamique des conflits, la "guerre contre la terreur" a eu un effet encore bien plus radical sur les processus de paix. Elle interdit aux médiateurs tout contact avec des organisations étiquetées "terroristes" au risque de radicaliser encore davantage les groupes armés." page 50
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"La quête de justice d'hier ne doit faire des vivants d'aujourd'hui des morts de demain. Telle est la leçon que la communauté des droits de l'homme a pu tirer de l'ex-Yougoslavie. Il y a eu des milliers de morts qui devraient être aujourd'hui vivants, parce que les moralistes cherchaient une paix parfaite. Malheureusement, une paix parfaite est quasiment inatteignable dans le contrecoup d'un conflit sanglant. Poursuivre des criminels est une chose, faire la paix en est une autre." (page 43)
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"Évoquant les totalitarismes de XXème siècle, Hannah Arendt (in le Système totalitaire) définit l'idéologie comme le fait d'une idée de se détacher du fonctionnement habituel de la pensée pour ne plus obéir qu'à sa propre logique et devenir folle, s'émancipant de tout ce qui pourrait la tempérer, la limiter ou la contredire au point d'enchaîner l'esprit humain dans ce que l'essayiste d'origine allemande nomme la camisole de la logique." page 35
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