Citations de Pierre-Jakez Hélias (77)
La vérité, quand elle a beaucoup vieilli, prend les couleurs de la légende.
Les vacances, c'est aussi le temps du sans-gêne. Le sable est pour certains hommes ce que la sciure de bois est pour les chats. (p.200)
Pour faire fortune, il suffit de récupérer, dans les poubelles et les décharges, tout ce dont les gens ne veulent plus et d'attendre vingt-cinq ans avant de les revendre aux mêmes gens. C'est toute l'astuce de la brocante. On ne peut pas rater son coup. (p.128)
Un pays n'est le vôtre que lorsqu'il se fréquente quotidiennement, se regarde, s'écoute, se sent et se tâte, lorsqu'une complicité intime vous relie à ses habitants par son intermédiaire. (p.12)
...les Quêteurs du Vif.
Il n'y avait aucun compagnonnage entre eux. Ils ne voulaient pas de connaître, ils n'avaient pas les mêmes désirs tout en cherchant le même talisman pour les satisfaire. (p.283)
D'en bas, on la voyait, immobile dans l'embrasure, encadrée comme une statue dans sa niche. Quand on l'appelait de la cour, elle sursautait violemment et se couvrait le visage de ses deux mains comme si elle revenait sur terre de quelque part qu'on ne savait pas. Mais on a bien le droit de s'absenter de soi-même, n'est-ce pas ! (p.228)
Des furieux, des sauvages, ces Sarrasins, ces bâtards, ces fils de putes, ces païens ! Telle était la réputation qui vous était faite et qui dure encore. (p.151)
Cependant, il décida de réagir quand il dut s'avouer qu'il n'avait pas la moindre envie de parler à personne. Le mal de la colline pierreuse le gagnait sournoisement. Il était en passe de devenir le douzième solitaire. Or, ce n'était pas là ce qu'il souhaitait. Il était venu pour agir, non pour se laisser faire. (p.106)
- La solitude est comme la liberté. Il faut payer cher pour l'avoir. Ou croire en un dieu qui remplace avantageusement toute compagnie. (p.99)
Farouchement libres, mais solidaires au-delà de la liberté, comparables à ces religieux libérés par l'interdiction de la parole, mais strictement tenus pas d'autres règles et qui n'en forment pas moins un monastère. (p.88)
Il se proposait de les épier comme fait un entomologiste des insectes. Ils représentaient onze variétés d'homme et de femmes doués de traits communs. (p.79)
Il avait compris que sa mère avait connu une sorte de mort depuis le jour où elle avait quitté son village, inconsciente qu'elle était de l'emprise que ce village avait sur elle. C'était comme si ses vingt premières années avaient semé en elle un grain qui n'avait germé que le jour où, longtemps après son exil, elle avait entendu les accents de sa langue maternelle dans la bouche de ses domestiques. Alors elle était sortie de son hibernation, mais trop tard. Et si lui-même ne s'intéressait à rien en dehors de sa science avant d'entendre la vieille femme essayer désespérément de retrouver ses racines, c'était bien à cause de cette ignorance où elle l'avait tenu de ce monde qui aurait pu être le sien. Qui aurait dû l'être. (p.42)
Il n'y en a pas deux qui marchent côte à côte. On dirait bien qu'ils jouent à ne pas se rencontrer. (p.28)
Car l'illusion, à condition de l'entretenir avec soin, l'emporte sans peine sur la vérité qui ne dure jamais autant qu'elle, étant tributaire du temps qui passe. (p.10)