Citations de Pierre Lemaitre (4006)
l’endroit est triste comme un dimanche au paradis.
il a raison. Il a quarante ans et porte une fine moustache comme au siècle dernier, genre mousquetaire, il y a tout un côté suranné chez lui, une sorte d’élégance aussi, un peu raide, empruntée mais, on s’en rend vite compte, l’homme est vraiment affûté. Il se fait une haute idée de sa mission. Il faut voir ses chaussures, des miroirs.
Camille aime bien les gendarmes. Il se sent quelque chose de commun avec eux. Ce sont des opiniâtres, des pugnaces, du genre à ne jamais lâcher une piste, même froide.
Devant un miracle, on est toujours un peu réticent.
elle s’est allongée. A sombré tout de suite.
Treize heures consécutives.
L’atterrissage est une sortie de coma.
Bon dieu, quinze ans de plus, facilement. Laide, sale. Vieille. Des cernes, des rides, des marques et une peau jaunie, des yeux de démente.
Entre un nom faux et pas de nom du tout, que choisir ?
le sang qui brûle, les articulations qui se réaniment, les muscles qui s’éveillent. Tout est douloureux. C’est ce que doivent éprouver les alpinistes gelés quand on les retrouve encore en vie.
Au-dessus d’elle, la planche cède. C’est comme si le ciel s’ouvrait tout entier, telle la mer Rouge dans la Bible.
La terreur de l’échec lui empoigne le sternum.
Dans des circonstances ordinaires, il faut déjà pas mal de talent pour mentir convenablement, ça demande de l’énergie, de la créativité, du sang-froid, de la mémoire, c’est beaucoup plus difficile qu’on croit. Mentir à une autorité est un exercice très ambitieux qui réclame toutes ces qualités mais à un niveau supérieur. Alors, mentir à la police, vous imaginez…
– C’est cette grue…
– Une grue…
– C’est comme ça qu’il appelait l’amie de Pascal.
– Il avait des raisons de la mépriser à ce point ?
Les yeux de Roseline Bruneau passent de droite à gauche, comme ceux d’un pigeon
Un rat mouillé, c’est encore plus effrayant qu’un rat sec, ça fait un pelage plus sale, un regard plus aiguisé qui donne l’impression d’être davantage à l’affût. Mouillée, sa longue queue a quelque chose de visqueux, on dirait un animal à part entière, comme un serpent.
Côté échecs, c’est carton plein.
des réserves de bière impressionnantes. De quoi torcher le Nicaragua. À part ça, pas un papier, pas un livre, ni un carnet, l’appartement d’un analphabète.
en temps normal, elle doit être assez jolie. Mais pour le moment, toutes les photos affirment la même chose, jolie ou pas, cette fille enfermée est en train de mourir.
Ça coûte quoi d’attendre ? demande Camille.
– Du temps, dit le juge.
– Et ça coûte quoi, d’être prudent ?
– Une vie, peut-être.
Mince, sec, il porte un costume à fines rayures, des mocassins, des boutons de manchettes en or. Ça en dit long, ces détails-là. On dirait qu’il est né en costume-cravate. Vous avez beau vous concentrer, impossible de l’imaginer à poil. Il est raide comme un cierge, avec des prétentions à la séduction parce qu’il a des cheveux très épais et une raie sur le côté comme les assureurs qui rêvent de faire de la politique. Il fait futur vieux beau.
Camille a tout de même voulu en avoir le cœur net. On ne déclenche pas Fort Alamo sans quelques précautions.