Plusieurs solutions furent discutées. Faire venir les autres poules sur la plage. Mais elles auraient trop peur, et auraient certainement refusé. Trouver un caillou creux rempli d'eau et le traîner avec Jonas jusqu'à la ferme. Hamaika n'en aurait pas la force. Entourer Jonas d'algues... C'était plus léger que le caillou mais ça ne permettrait pas à Jonas de respirer. Creuser un tunnel qui s'emplirait d'eau à marée haute et propulserait Jonas, comme porté par le souffle d'une baleine, au milieu de la cour de la ferme. Beaucoup trop long ! Et le tunnel se serait écroulé sous l'effet de la marée.
Alors Jonas essaya de retenir sa respiration à l'air libre pour voir combien de temps il pouvait ainsi tenir. Hamaika compta scrupuleusement ces essais d'apnée, mais ce n'était pas suffisant pour rejoindre la ferme.
Elle voulait simplement aller plus loin, juste pour voir, savoir. Elle était curieuse de tout. Tout l'étonnait, l'enchantait. Tout était digne d'intérêt, d'observation minutieuse.
« Il en va des poules comme des autres animaux. Chacun préfère rester entre soi, entre poules en l’occurence, sans souci de ce qui se passe ailleurs. Mais il est quelques individus, parfois, un peu différents. Hamaika était de ceux-là. »
"Le chemin le plus droit n’est jamais le plus sûr", dit un vieux proverbe poule.
« Tout arrive ici bas. Et parfois même le meilleur… »
Nous sommes satisfaits des autres mais mécontents des nôtres. […] Alors que nous vivons avec les nôtres, les connaissons, les voyons tous les jours, les aimons même, c’est avec d’autres que nous pensons être bien.