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4.36/5 (sur 18 notes)

Nationalité : France
Biographie :

R. G. Memory est auteure de romans noirs.

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Interview de RG Memory


Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Les cochons mangeaient tout. Ils ne laissaient rien. Et quoi de plus normal que de s’acheter un cochon lorsqu’on possède une terre agricole ? Ça me paraissait légitime. Un homme seul qui vivait dans une fermette, qui venait de perdre son emploi et s’ennuyait chez lui au beau milieu de l’hiver, décidait d’acheter un cochon pour lui tenir compagnie. Et s’il s’en sortait bien, il se lancerait peut-être dans un micro-élevage, pour passer le temps et gagner son pain. Ouais, ça sonnait vraiment bien à mes oreilles. Vraiment, vraiment bien. Personne ne soupçonnerait un homme de ferme d’enlever et de tuer des gens. Pauvre fermier, il se débattait corps et âme par temps calmes et par temps durs pour la survie de son élevage, pourquoi aller l’embêter avec des histoires de meurtres ?
Je bénissais la grosse Dame. En quête d’un moyen pour faire disparaître le corps de Marc, je me trouvais une toute nouvelle vocation pour l’élevage de porcs. Sérendipité.
 
***
 
Sur les sites de vente en ligne d’articles d’occasion entre particuliers dans la région de Trois-Rivières, il y avait effectivement des animaux de ferme. Plus que je ne l’aurais imaginé. Des vaches, des moutons, des poules par lot de dix, et… des porcs. L’annonce qui attira mon attention proposait trois cochons Berkshire et un Yorkshire : deux mâles noirs, une femelle noire et une femelle rose. Si je n’étais pas raciste, je me demandais comment se comportaient les cochons entre races et couleurs différentes. Le rose n’allait-il pas se sentir seul ?
Quoi qu’il en soit, ce qui me plut immédiatement, c’était que l’annonceur proposait la livraison. Le transport, pardon. Ce sont des animaux, pas des colis, bla-bla-bla. Cependant, j’avais du mal à m’imaginer mettre un cochon dans le caisson de mon Ford, et roule ma poule. Là, j’aurais eu une réelle raison de me faire arrêter par les flics et de me retrouver derrière les barreaux.
Après quelques recherches sommaires sur internet, j’apprenais qu’un porc adulte mangeait en moyenne un à deux kilos de nourriture par jour. Je fis un calcul rapide dans ma tête. En le gavant légèrement, je pouvais donner à un cochon deux kilos cinq par jour, et Marc devait peser pas loin de cent kilos. Un cochon est égal à quarante jours, deux cochons égale vingt jours, trois cochons treize jours, et quatre cochons dix jours. Fantastique. Je voulais faire disparaître Marc en vingt-quatre heures. Il m’aurait fallu pour ça… beaucoup de cochons. Néanmoins, acheter trop de porcs d’un coup éveillerait à coup sûr les soupçons. Je pouvais toujours abandonner l’idée de l’élevage mais, sérendipité, c’était ma nouvelle destinée.
Je me rendais sur le clavier de mon téléphone et composais le numéro de l’annonceur. Mon pouce droit n’était qu’à quelques millimètres du bouton vert qui enclencherait l’appel, lorsqu’une petite voix timide m’interpella :
— Monsieur ? On ferme dans cinq minutes.
C’était la caissière du restaurant, qui baissa les yeux au sol lorsque je me retournais vers elle.
— Oui, bien sûr. Excusez-moi, je n’avais pas vu l’heure. Je m’en vais.
 
Ça, pour ne pas avoir vu l’heure, je ne l’avais pas vue. J’étais tellement plongé dans mes pensées et obnubilé par ma découverte par sérendipité que le temps s’était arrêté autour de moi. Je m’apprêtais à passer un appel ô combien important à minuit moins cinq. Bah bravo Jack. Je manquais très visiblement et cruellement de sommeil. Je m’en allais donc rejoindre mon piètre pieu en m’excusant encore auprès de la jeune caissière en uniforme.
 
***
 
Le lendemain, je me levais tôt dans le petit matin. Mon application météo prévoyait des températures clémentes pour la journée, idéales pour s’atteler à l’aménagement d’une porcherie. J’étais tout excité par mon nouveau projet et, à peine debout, je m’en allais bricoler dans mon abri à chevaux. C’était une grande structure faite uniquement de bois et composée de six stalles divisées par des panneaux en aggloméré. Je comprenais très vite que je devrais fermer le côté qui restait ouvert et créer une entrée plus petite. Je partais acheter quelques matériaux et me mettais au travail aussitôt, accompagné de quelques tutos YouTube. Il m’avait suffi de taper les mots « abris » et « porcs » pour trouver toute une ribambelle de vidéos détaillées et inspirantes à souhait. J’installais tout le nécessaire : basses mangeoires, barrières, paille, système de fermetures, etc. Je délimitais l’enclos dans la neige et renforçais les clôtures. Je travaillais d’arrache-pied malgré ma cheville tordue. J’avais confectionné un bandage de fortune qui s’avérait porter ses fruits, car il me maintenait en place juste assez pour que je puisse me déplacer à ma guise sans trop souffrir. Mon membre était gonflé et le muscle très certainement enflammé, mais pas au point de m’en inquiéter.
J’avais contacté l’annonceur, — qui s’avéra être une annonceuse — dont le message mentionnait quatre porcs Berkshire / Yorkshire, et elle se présenta sur les coups de quatorze heures avec une bétaillère en piteux état. Elle m’aida à débarquer les cochons et nous les lâchions en liberté dans l’enclos. C’était une scène magnifique : quatre petits cochons pleins de joie qui couraient et se roulaient dans la neige, heureux comme des maringouins dans un club échangiste.
Tandis que les trois noirs calmaient leur euphorie et reniflaient le sol en quête de nourriture, le rose, dans un élan de gaieté, se ruait vers l’abri, glissait puis se vautrait par terre la tête la première, déclenchant un fou rire communicatif entre les deux humains qui les observaient. La fermière me prodiguait quelques conseils bienveillants.
J’avais des étoiles plein les yeux : j’étais devenu papa. Papa de quatre merveilles à museaux ronds et aux queues en tire-bouchon. À la fois une responsabilité, une fierté, et un honneur.
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J’avais lu un truc sur internet à propos du suicide. Non pas qu’il m’était venu à l’esprit de lancer des recherches sur ce sujet, mais plutôt lors d’une virée insomniaque dans les méandres d’internet, où je m’égarais sur des articles qui traitaient de psychologie, après un long détour par les vidéos de America’s Got Talent. J’avais été accroché par le show d’un hypnotiseur qui entourloupait le public, puis j’avais sauté sur une vidéo d’hypnose pour s’endormir, qui m’avait mené à un article sur les troubles du sommeil, qui m’envoyait à son tour sur des conseils de grand-mère contre l’anxiété avant de finir sur un article opinion à propos du suicide.
Selon cet article que j’avais lu sur internet, le suicide n’était pas une chose bénigne. C’était un acte longuement et mûrement réfléchi qu’on n’entreprenait pas sur un simple coup de tête. On y pensait une fois, on essayait, sans succès. Puis on y pensait à nouveau, deux fois, trois fois. On demandait de l’aide. Et si on n’obtenait pas ce que l’on cherchait, on y resongeait. Encore et encore.
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Je parle ici d’utilisation de Facebook, Instagram, YouTube, au minimum. Si aucun de ces noms ne vous parle, rendez-vous chez vos petits-enfants, arrière-petits-enfants, le voisin ou même la femme de ménage. Mettez-vous à la page. Nous sommes en deux mille vingt-cinq, bon sang !
S’il y a bien une chose qui nous différencie vous et moi, c’est que vous êtes libre. Vous êtes sûrement installé confortablement dans un lit douillet, un canapé moelleux ou assis sur une foutue chaise molletonnée avec un dossier et des accoudoirs en velours. Une lampe éclaire les pages de votre livre (mon livre), et un chauffage vous conforte. En fonction de la saison, vous pouvez observer les oiseaux gazouiller dans les arbres ou la neige d’argent tomber d’un nuage blanc pour se déposer au sol. Vous pouvez sentir le vent sur votre peau et le soleil brûler votre visage. Vous entendez la brise parcourir les feuilles, le lave-vaisselle qui tourne et retourne, votre voisin klaxonner votre âme sœur qui a (encore) foiré son créneau.
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Les gens rient pour rien, s’indignent de tout, et ils en redemandent encore et encore ! Ils sont éternellement insatisfaits. Éternellement à la recherche de l’énormément. Ils parcourent les informations comme on fait son épicerie ! Et comme toutes choses, quand il y en a trop, tout devient sans importance. Mais ça, mon p’tit Jack, c’est le côté spectateur. Et moi, j’veux basculer du côté obscur. Qui n’a jamais rêvé de devenir célèbre sur la toile en partageant une image qui ferait le tour du monde, hein ? Combien de personnes ont vu leurs vies changer du tout au tout grâce à une simple vidéo de chat, de bébé ou de découpage de viande ? Plus que tu ne peux l’imaginer dans ta p’tite caboche, face de tache. Le Buzz, ça fait partie intégrante de nos vies à tous. En tant que spectateurs bien sûr, pour la plupart. Mais les acteurs, eux, ils s’en mettent plein les fouilles ! Et maintenant, les devants de la scène sont accessibles à tous, grâce à ce puits sans fin qu’est internet.
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Bien qu’il n’ait tué personne de son propre chef, Marc fut pire assassin que moi. Il tua avec des mots. Aucun des plus nuisibles meurtriers que je côtoie présentement dans ma taule n’est capable d’un tel acte. Massacrer avec des mots est aussi ignoble qu’inqualifiable. Un petit mot, de simples lettres stupides qui se suivent à la queue leu leu, un verbe qui fanfaronne, un adjectif, une phrase abjecte, peuvent être plus douloureux qu’un accouchement sans césarienne de triplets siamois, ou qu’un pénible rhume masculin. Petite boutade bien placée peut se faire pire qu’un coup d’épée.
Vous me suivez ?
Je vais y aller par étape, je vous sais parfois lents.
Petite mise en situation.
Admettons que vous soyez la victime, une victime ou ma victime, même si ce dernier choix n’est guère la meilleure décision que vous puissiez prendre. Vous vous faites kidnapper au beau milieu de la nuit, chez vous, sur un parking, dans un parc ou dans la rue, comme vous souhaitez, je m’en fous, et votre ravisseur vous embarque sur son épaule (il est costaud) puis vous séquestre dans un sous-sol, un bâtiment désaffecté, une grange, ou tout ce qui vous ferait plaisir d'imaginer.
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Élégant, c’était le mot que j’avais choisi, car c’était ce que mon frère était : un homme élégant et plus encore, il fut d’une beauté si parfaite qu’il ombragea ma difformité et ne fit que l’accentuer durant de longues années. Il me répondit qu’il souhaitait devenir influenceur et, lorsque je lui demandais pourquoi, il se lança dans un monologue que l’inculturé que j’étais qualifia de philosophique.
— Jack, réfléchis deux secondes. Les adultes d’aujourd’hui passent en moyenne cinq heures par jour devant les écrans. Cinq heures par jour, ça demande vachement beaucoup de contenu. Non, É-N-O-R-M-É-M-E-N-T de contenu. Il faut énormément de vidéos, de photos, de Mèmes, d’articles, de blagues, de challenges, et tout le tintouin qui va avec. Les gens rient pour rien, s’indignent de tout, et ils en redemandent encore et encore ! Ils sont éternellement insatisfaits. Éternellement à la recherche de l’énormément.
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Sur cent personnes, combien auraient agi comme moi ? Si vous pensez à zéro, vous avez bien trop foi en l'humanité. Mais si vous vous demandez combien, réellement, sont prêts à foutre en l'air la vie des autres pour des motivations quelque peu... risibles et insensées, alors vous êtes au bon endroit.
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Je m’appelle Jack. Je suis un tueur en série, mais j’aime plutôt à m’appeler un scientifique chevronné. Je ne tue pas par vengeance ou par jalousie comme dans les films. Je ne tue pas non plus par soif de sang ou par folie passagère. Je ne fais pas partie de ceux-là. Malgré l’avis des médecins, je ne suis pas un psychopathe. J’ai la tête bien ancrée sur les épaules et je vois le monde comme vous le voyez. Peut-être avec un peu moins d’intelligence, certes, de culture ou de pragmatisme, mais j’aime à croire que vous et moi avons quelques points en commun. Je ne suis pas en train de dire que vous êtes fou ou que vous avez l’étoffe d’un meurtrier, que cette idée soit rayée à tout jamais, mais je suggère que vous avez tout ce qu’il faut, là où il faut, pour comprendre mes motivations.
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Quatre questions plutôt sommaires, mais qui résumaient assez bien la ligne directrice dans laquelle je visais à orienter mes recherches. Je devais approfondir au maximum chacun de ces points, ce qui me sembla évident à ce moment-ci mais s’avérait plus complexe par la suite, lorsque les évènements, la fatigue et la flemme me rattrapèrent. La mission était claire : comprendre les motivations des « commentaires qui représentaient les maux dont souffre la société actuelle » afin de traiter le cancer à la source.
Je rayais tout ce que j’avais écrit. Ça n’allait pas. Comment pouvais-je dire « nous » ou « on » dans mes interrogations ? Je ne faisais indéniablement pas partie de ces gens-là.
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J’avais vu assez de films d’horreur et policiers pour savoir que je ne devais pas m’éterniser devant cette masse assommée. Au diable les lamentations et action, réaction. Enfant, j’avais appris à agir avant de réfléchir. Ce fut donc ce que je fis sans éprouver la moindre hésitation : je soulevais le — super lourd — corps de Marc, et l’enfournais dans le coffre de mon Ford, un peu comme on enfourne une pizza dans un four à bois. Je le faisais pivoter de droite à gauche pour qu’il s’étale correctement dans la longueur du caisson. Je remerciais Dieu d’avoir béni les hommes en leur offrant des pick-up avec de larges malles à l’arrière. L’immense Marc y trouvait sa place parfaitement et s’y emboîtait comme une poupée russe.
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