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Critiques de Raphaël Granier de Cassagnac (96)
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Jadis : Carnets et souvenirs picaresques de..

Je vous parle aujourd’hui de Jadis (qui a spotté le jeu de mot ? qui ?), un livre-monde écrit par plusieurs auteurs de chez Mnémos. C’est une œuvre que j’ai aidé à financer grâce à la campagne de crowdfunding sur Ulule (comme son copain le Pano de la fantasy \o/).



Jadis c’est un livre sur une ville infinie, on y suit quatre récits différents (écrit chacun par un auteur) qui racontent les histoires des quatre personnages principaux (Eris, Silenzio, le Sieur et Don Desiderio) qui se rencontrent autour d’un cinquième personnage clé incarné par l’illustrateur du livre. Au fil de l’histoire, ils vont interagir les uns avec les autres. Il y a trois récits classiques si je puis dire, à la première personne du singulier, et une pièce de théâtre (l’histoire du Sieur). La forme du livre est donc dans son ensemble très originale ! Cependant, je trouve que l’histoire est parfois un peu complexe à suivre, surtout que la pièce de théâtre ne commence pas au début, il faut suivre les indications de pages pour ne pas se spoiler (comme moi) et faire n’importe quoi (comme moi).



Au niveau de l’histoire, j’ai beaucoup aimé les personnages et l’histoire d’Eris et de Don Desiderio. La trame principale m’a parfois parue assez floue, peut-être parce que j’ai pas lu le théâtre du Sieur dans le bon ordre (ça fait sens). Quoiqu’il en soit, les histoires propres aux personnages m’ont plus intéressées que le but final et commun. J’ai pas accroché au récit de Silenzio, j’aime pas du tout comment il cause, ça m’a assez gêné à la lecture, c’est beaucoup trop métaphorique voire métaphysique pour moi.



Comme je ne l’ai pas encore dit, le livre est juste sublime ! Une véritable œuvre d’art ! Une petite pépite ! Le plus beau trésor de ma maison ! Je l’aime d’amour.



Les illustrations, la mise en page et les textes forment un ensemble magnifique, les éléments se complètent et font des gaufres (oui, je n’ai pas réussi à trouver une fin décente à cette phrase). Et puis, pour ceux qui ont contribué au financement participatif, pleins de cadeaux viennent s’ajouter au livre. On a eu droit, entre autres, à un coffret exclusif (na), à des livrets et des illustrations, à une carte de la ville et surtout (surtout) à un jeu de tarot ! S’en est fini de moi à ce point là.



En bref, un superbe objet livre, assez ardu à la lecture mais qui vaut franchement le détour pour les amateurs du genre, les gens qui aiment les belles choses ou simplement les curieux !
Lien : https://plumesdelune.wordpre..
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Jadis : Carnets et souvenirs picaresques de..

Le financement participatif a le vent en poupe en ce moment, notamment dans le domaine de l'édition. Après Les Moutons électriques c'est Mnémos qui a choisi de tenter l'aventure dans le but de donner naissance, au terme d'une fructueuse campagne lancée sur Ulule, à « Jadis », superbe ouvrage à l'élaboration duquel auront participé pas moins de quatre auteurs et un illustrateur. Le concept est un peu le même que celui d' « Un an dans les airs », autre « beau-livre » appartenant à la collection Ourobores : les auteurs créent un univers partagé dans lequel ils choisissent chacun un personnage à interpréter. Un jeu littéraire, en quelque sorte, mais qui atteint ici les sommets. Tout commence lorsque l'Optimate Maestro (comprenez l'illustrateur Nicolas Fructus) décide de réunir les trente meilleures plumes de la ville et d'immortaliser sur toile la rencontre de tous ces individus aux origines et aux motivations très différentes. Ne reste plus pour Charlotte Bousquet, Mathieu Gaborit, Raphaël Granier de Cassagnac et Régis Antoine Jaulin qu'à choisir lequel de ces trente personnages ils incarneront et sous quelle forme ils choisiront de s'exprimer. On suit donc tour à tour les récits d'Eris, Silenzio, le Sieur et Don Desiderio dont les chemins vont évidemment se croiser et dont les aventures vont nous fournir l'occasion rêvée d'explorer tous les recoins de la ville de Jadis.



Le projet est ambitieux et, si j'avoue avoir été un peu déstabilisée par la narration non linéaire de certains personnages qui m'a parfois fait perdre le fil de l'intrigue, j'ai pris énormément de plaisir à m’immerger dans ce décor fortement inspiré de notre Renaissance. L'ouvrage possède de nombreux atouts mais s'il séduit à ce point le lecteur c'est avant tout par la qualité et la richesse de son univers : Jadis est une cité aux multiples facettes, découpée en quartiers et en hanses possédant chacune leur spécialité architecturale ou culturelle ou professionnelle et dans lesquelles on déambule au côté de tel ou tel personnage. La structure sociale complexe élaborée par les auteurs est également ingénieuse, les servantès se mêlant aux opérantes, aux apothèques ou aux potentès, le tout sous le regard de Dame Fortune qui tisse le destin de chaque habitant de la ville et décide de ses différentes réincarnations. L'ouvrage regorge de milles autres inventions relatives aux moyens de transports, au bestiaire ou encore à l'architecture de cette ville qui ne peut qu'enflammer l'imagination du lecteur, frustré de devoir quitter un univers aussi riche dont il a bien conscience de n'en avoir égratigner que la surface. Le palais des Miroirs véritables, les Antipodes, certains quartiers... : ils sont nombreux, les endroits qu'on aimerait avoir la chance de visiter plus en détail.



Les illustrations de Nicolas Fructus participent également beaucoup à cette immersion, tout comme les à-côtés au récit : index particulièrement fourni, arcanes du tarot, carte... Outre l'inventivité dont les auteurs ont su faire preuve concernant leur décor, j'ai surtout été impressionnée par la qualité de leur plume. Chaque personnage s'exprime en effet avec un style très différent de celui de ses trois autres compagnons d'infortune (plutôt cru pour Silenzio, sous la forme d'une pièce de théâtre pour le Sieur...) mais on retrouve chaque fois la même minutie, le même travail sur la langue qui donne lieu à des passages véritablement magnifiques qu'on aurait presque envie de réciter à haute-voix afin de mieux en apprécier la musicalité. J'ai personnellement été très sensible à l'écriture de Régis Antoine Jaulin qui prête sa plume au picarès Don Desiderio puis à la ménestrelle Amarante. Impossible de ne pas évoquer, pour terminer, la beauté de l'objet-livre lui-même, les éditions Mnémos n'ayant de toute évidence pas lésiné sur les moyens. Coffret, carte grand format, jeu de tarot illustré par Nicolas Fructus, papier de qualité... : difficile pour tout amateur de livre de ne pas être impressionné par un tel écrin. Le livre n'est certes pas donné, mais voilà bien un investissement que vous ne risquez pas de regretter !



Fruit d'un projet ambitieux entamé il y a plus d'un an, « Jadis » est un ouvrage remarquable, aussi bien sur le fonds que sur la forme. Impossible de s'ennuyer une seconde tant les styles d'écritures, les supports, les personnages et les décors sont variés, preuves s'il en faut de la richesse de cet univers né de l'imagination de quatre auteurs et brillamment mis en image par Nicolas Fructus. Un ouvrage incontournable et un gros coup de cœur en ce début d'année 2016 !
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Jadis : Carnets et souvenirs picaresques de..

Reçu dans le cadre de Masse Critique de l'imaginaire. Merci à Babelio et à l'éditeur de ce bel objet



Pour ce livre je vais donner 2 avis. L'un sur la forme, l'autre sur le fond.



Sur la forme tout d'abord: il s'agit là d'un très beau livre. L'objet livre. Ce qui met le livre papier au dessus des formats numériques.



Un livre grand format donc presque carré de plus de 23cm. Sous sa première couverture en papier glacé et illustrée qui s'enlève comme nos anciens protèges cahier, un livre à la couverture épaisse en tissé rouge portant un sceau en relief et nommé d'un JADIS en dorure. Petit ruban doré comme marque page intégré, comme dans les vieilles éditions. Les pages sont en papier glacé épais, à l'égal des meilleures éditions de livres photos. Le fond de page reproduit un fac-similé de vieux papier sur lequel auraient été posées des photos, des dessins, des cartes de tarot...



Sur le fond ensuite: au vu de la phrase figurant sur la couverture papier "illustré par Nicolas Fructus & d'après L’encyclopédie rêvée de Jadis de Frédéric Weil", il s'agit là d'un univers imaginaire sur lequel il a été demandé à des auteurs de fantasy d'incarner un personnage et de conter son histoire. L'une le fait sous forme de lettre, l'autre sous forme d'un récit autobiographique, un autre encore sous forme de récit "picaresque" et une pièce de théatre mettant en scène les 3 personnages (et d'autres) lie le tout. L'idée est passionnante, la diversité de ton et de style très intéressante. L'univers de Jadis est lui aussi original, même si par certains cotés j'ai moins aimé la reprise à l'identique de concept de notre monde ou de notre littérature (comme le capitan/picares et ses références à Don Quichotte, Cartouche, Le Cid...)alors que d'autres en sont fort éloignés. La construction du récit alterne les personnages au sein de "carnets" et chaque récit est illustré de dessins de la ville ou des personnages concernés.



Très original donc sur le fond comme sur la forme.



Dommage que l'histoire en elle même ne m'ait pas autant séduite que tout le reste. Certains passages des récits m'ont plus mais la mayonnaise n'a pas pris sur la totalité de l'histoire. Maintenant je n'en condamne pas le livre pour autant car si je suis resté assez insensible à ce récit je pense que d'autres peuvent y trouver leur bonheur. Pour ma part je salue quand même la qualité de l'édition et l'originalité de ce concept qui me font espérer en l'avenir de la production écrite en cette ère digitale.
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Jadis : Carnets et souvenirs picaresques de..

Difficile de deviner, de prime abord, pourquoi l’Optimate Maestro a jugé utile de réunir 30 plumes…

Charlotte Bousquet, Mathieu Gaborit, Régis Antoine Jaulin et Raphaël Granier de Cassagnac ont choisi un personnage parmi les trente dessinés par Nicolas Fructus. Objectif : explorer Jadis de fond en comble, via leurs récits entrecroisés. Projet ambitieux, donc et la réalisation est à la hauteur ! Pour servir cette savante architecture, les auteurs varient les modes narratifs : récits, lettres et pièce de théâtre se répondent, dans un esprit très picaresque, qui n’est pas sans rappeler Don Quichotte ou les récits de Dumas.

On peut choisir de lire l’ouvrage dans l’ordre des pages (en acceptant que tout ne soit pas nécessairement dans l’ordre chronologique ou narratif !) ou en sautant d’un récit à l’autre, ce qui donne au récit un côté extrêmement prenant. Peu à peu, le complexe puzzle se dessine… Mais il faut reconnaître que cette complexité – au demeurant passionnante –rend l’aventure, au départ, un peu hermétique. Il faut passer les premiers récits avant d’être totalement ferré !

Au gré des récits et rapports des personnages, on découvre Jadis, une ville riche en complots, créatures et personnages retors. Les auteurs ont pris un an pour installer personnages, décors et intrigues, en s’échangeant textes et illustrations, en se lançant des défis, en se rencontrant et cela se sent dans le livre. Les récits se répondent, les intrigues s’entremêlent et le tout est souligné par les très belles illustrations. Il est à noter, d’ailleurs, que Jadis présente une édition plus que soignée avec ses illustrations couleur sur papier de qualité, sa jaquette et son grand format relié.L’idée de prendre quatre auteurs différents donne à l’ensemble une agréable consistance. D’une part, c’est extrêmement original, on s’en serait douté. D’autre part, chacun a sa plume, sa façon d’amener le suspens, son univers personnel. Du coup, l’histoire est aussi riche que variée et on la lit avec avidité, d’autant que le mystère reste longuement entier.

Superbe édition d’un livre aussi original que riche et passionnant que voilà.

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Jadis : Carnets et souvenirs picaresques de..

Pourquoi l'Optimate Maestro a-t-il ce jour-là réunit ces 30 personnages, habitants de Jadis, « monde plat dont nul n'a jamais atteint les bords » ? Que manigance-t-il ? Qu'est-ce qui relie tous ces différents personnages entre eux ? C'est un lisant attentivement le récit du Bougre Silenzio (Mathieu Gaborit), les lettres d'Eris la Sélène (Charlotte Bousquet), les aventures de Don Desiderio (Régis Antoine Jaulin) et le théâtre du Sieur (Raphaël Granier de Cassagnac) agrémentés des illustrations de Nicolas Fructus, que l'on remettra petit à petit les pièces du puzzle dans l'ordre, que l'on reconstituera le tableau...

Ce beau livre est un univers à lui tout seul. Dans lequel je suis pas rentrée tout de suite d'ailleurs, car il n'est pas forcément d'accès facile. Il m'a fallu peu à peu m'immerger, me familiariser avec le monde de Jadis, ses personnages, son langage et les différents narrateurs. Surtout Silenzio, sous la plume de Mathieu Gaborit, dont l'écriture foisonnante, poétique et viscérale est riche et exigeante.

C'est aussi la force de ce livre, d'amener le lecteur à s'impliquer dans sa lecture, en recherchant les indices parsemés, en allant puiser dans le lexique des éclaircissements, en reliant les différents éléments entre eux, en rétablissant la chronologie...

Ce livre multiplie les genres en proposant à la fois la plongée dans un univers fantastique mais aussi une véritable épopée, une enquête à l'intrigue complexe, un jeu littéraire et une aventure psychologique.

Enfin, la diversité des formes : tantôt lettre, tantôt récit ou pièce de théâtre, richement illustrés de peintures, enluminures, de cartes de tarot, esquisses et dessins font de cette œuvre collective non seulement un fort bel ouvrage mais aussi une expérience à vivre.
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Jadis : Carnets et souvenirs picaresques de..

Après une superbe croisade sur les chemins du financement participatif, nos vaillants croisés Les Éditions Mnémos, Charlotte Bousquet, Mathieu Gaborit, Régis Jaulin et Raphaël Granier de Cassagnac sont parvenus à atteindre les rives de la somptueuse Jadis. Et nous tous, petits pions participants, nous pouvons être fiers d'avoir accompagné cette campagne. Fiers, mais aussi ô combien récompensés. C'est un véritable bijou qui repose aujourd'hui entre nos mains. Ce livre, car là on ne peut pas parler que de lecture, m'a fortement impacté. Il m'a remué, il m'a ému, il m'a plu. Ses illustrations, sa mise en page, sa qualité m'ont ravie. Je l'ai lu, je l'ai relu et je peux vous dire que je le relirai encore.



Vous en parler est cependant bien difficile, toutes ces histoires rocambolesques se croisent et se recroisent. Chacun y va de sa plume avec brio et le rendu est tout simplement magique, baroque, picaresque.

Retrouver la plume incisive et imagée de Mathieu Gaborit fut néanmoins mon plus grand plaisir. Son Bougre Silenzio qui pleure sa Mâme m'a tordu les tripes du début à la fin.

Voir la carapace de la froide Sélène de Charlotte Bousquet finir par se fendiller au contact du petit Jan m'a touchée. Je me réjouis d'accueillir dans ma PAL Matricia.

J'ai découvert la plume immensément poétique de Régis Jaulin qui m'a enchantée. Le Dit de Sargas est sur le haut de ma PAL dorénavant et sera une de mes prochaines lectures.

Et je tire mon chapeau à Raphaël Granier de Cassagnac pour cet exercice littéraire remarquable. Écrire une pièce de théâtre au milieu de tout ça, à partir de cet embroglio de destins, dans cet univers si farfelu, il fallait oser. Essai transformé, bravo. En revanche Eternity incorporated va devoir passer une grosse barrière psychologique : il est estampillé SF :P



Alors pour vous en parler au mieux, je vais juste vous mettre un extrait, soit un peu long, mais rien n'est à couper et il ne spoilera rien. Un extrait qui a résonné très fort dans mon coeur de lectrice. Or ici il ne passe que des amateurs de lecture...

Lisez, vous comprendrez.

Lisez cet extrait de Mathieu Gaborit, page 123, moi je me tais.







« La terre dure et usée porte la marque des caravanes jetées dans le monde par Reliure, le quartier du Cygne d'Hyacinthe tenu par les imprimeurs de tout bord. Ça fait comme des crachats de papiers bus par la pluie et réduits en bouillies laiteuses qui clapotent sous les sabots de mon bestiau. Un convoi reliuréen, c'est pas mieux qu'une procession mortuaire. J'ai eu un peu mal au cœur, la Mâme, devant des chariots obèses, l'essieu à la torture. Les livres, on les traite comme une récolte. Faut aller vite avant que ça se gâte et ce n'est pas du bibliothécaire qui conduit, c'est du cocher morne, chapeauté comme un brigand avec le rictus d'une bête de somme.



La lisière dans le dos, j'ai eu l'abordage étriqué aux portes de Reliure. Sur les flancs de ruines impériales, des baraques se font et se défont en nefs branlantes, façades encrées de tristes coulis, l'intérieur hantés par des auteurs miséreux. Faut les voir, ces épaves, basses d'épaules, le teint de suie et la mise de chouettes arthritiques. À croire qu'on les imprime eux aussi, tellement ils se ressemblent. J'ai eu pitié, j'exagère pas, la Mâme. La sueur de ces crache-mots, ça se condense en brouillard mélancolique si épais que tu peines à avancer. Crieurs, poètes et prosateurs, ils ne marchent pas, ils se traînent comme des bigots écorchés vifs.

Dès l'aurore, c'est des cortèges de sans-nuits poussés vers les hautes tours d'imprimerie avec une libido de grimoire. Être publié, c'est leur croisade. Mais gare aux mécréants. Si t'as perdu la foi, cette pyramide aura le couperet sans appel.»


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Jadis : Carnets et souvenirs picaresques de..

Il est vraiment très difficile de parler de cet ouvrage à la fois magnifique et pluriel. Jadis : carnets et souvenirs picaresques de la ville infinie est un livre-univers, décrivant un monde fascinant dans ses moindres détails. Celui-ci prend des allures mythiques, ou en tout cas semble largement nourri de mythologies et de littératures plus que familières. Il a toutefois sa propre personnalité ainsi que son symbolisme qui le rend très évocateur. Connu et inconnu s'entrelacent et créent une impression troublante, comme un rêve en train de s'échapper.



La suite sur le blog...
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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

En Résumé : Voilà une belle réussite que ce guide de Kadath qui se révèle être un livre vraiment magnifique, oscillant entre des histoires sombres, captivantes et efficaces ainsi que des images, plans de la ville ainsi que des représentations de ses habitants qui se révèlent de toute beauté. Comment ne pas être fasciné par cette cité, entre son côté splendide et sa folie qu’on peut retrouver à chaque coin de rue. La mythologie des dieux se révèle vraiment dense et intéressante. Les héros qu’on découvre au fil des pages nous offre des aventures passionnantes même si j’avoue j’ai un peu moins accrocher à l’histoire de Randolph Carter. Mais rien de bien dérangeant tant le tout se révèle réussi. Par contre un livre qui devrait plaire principalement à ceux qui connaissent et apprécient l’œuvre de Lovecraft. Au final un pari risqué que ce guide, mais une belle réussite.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

En 1927, Lovecraft rédigeait “La quête onirique de Kadath l’inconnue”. Dans cette longue novella jamais publiée, il narrait les aventures du rêveur Randolph Carter à la recherche de la cité mythique. Traversant les Contrées du rêve, Carter vécut maintes péripéties, dangereuses et merveilleuses, avant de finir par l’atteindre. Prétexte à une visite détaillée des territoires oniriques...
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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

Un livre impressionnant qui rend parfaitement hommage à Lovecraft.
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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

A travers le récit de trois voyageurs, Nicolas Fructus nous entraîne à la découverte de Kadath, la Cité recherchée par Randolf Carter, personnage créé par H.P. Lovecraft.



Les textes sont accompagnés de plans et d’illustrations de grande qualité qui font de cet ouvrage un excellent accompagnement des nouvelles de Lovecraft.



Qui a aimé « Démons et merveilles » lira avec plaisir ce livre univers très étonnant dans sa construction.

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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

Kadath, le guide de la cité inconnue a obtenu le prix spécial du jury Imaginales en 2011. Et c’était amplement mérité. Les illustrations de Nicolas Fructus sont superbes, comme toujours, et magnifient les textes. C’est un plaisir de parcourir le livre, de s’attarder sur les dessins, d’en regarder tous les détails et de se perdre dans les rêveries provoquées par ses illustrations. Nicolas Fructus donne vie à Kadath et aux contrées du rêve de magnifique façon.

En plus des illustrations, l’ouvrage contient 4 nouvelles de David Camus, Mélanie Fazi, Laurent Poujois et Raphaël Granier de Cassagnac. Dans le guide (le livre illustré) les nouvelles ne sont pas dans un ordre linéaire, l’une après l’autre. Le guide suit un ordre précis et les nouvelles illustrent à tour de rôle ces points: 1-Les rêves de Kadath, 2-Les dieux de Kadath, 3-Les quêtes de Kadath. Les illustrations représentent différentes partie de Kadath et sont de nature variée. On y trouve des cartes, des photos, des dessins.

Dans la Quête onirique de Kadath l’inconnue parue en 1943 mais écrit en 1926, Howard Philip Lovecraft créé les contrées du rêve que le personnage de Randolph Carter parcourt en cherchant plus particulièrement Kadath, la demeure des dieux. Randolph Carter y rencontre de nombreux peuples et y passe pas mal de temps, s’approchant de la cité légendaire sans jamais l’atteindre. Les personnes ayant la capacité de se rendre dans les Contrées du rêve sont appelés les rêveurs. Peu de gens ont ce pouvoir. Les Contrées du rêve continuent à exister même lorsque les rêveurs n’y sont pas, elles sont créées à partir des rêves de tous les peuples de tous les systèmes solaires.

La première nouvelle s’intitule L’inédit de Carter et on ne connait pas son auteur, il s’agirait vraisemblablement de Robert Bloch. David Camus est le traducteur du texte. Le personnage principal est HPL, initiales de Lovecraft bien entendu. Celui-ci désire aller au château de Kadath pour chercher la récompense promise par Nyarlathotep suite aux nouvelles écrites par Lovecraft sur les grands anciens. La nouvelle est un peu à part des autres, Lovecraft en étant le thème principal. On y croise d’ailleurs des personnages de l’œuvre de Lovecraft, comme Pickman ou Goody Fowler, une sorcière d’Arkham au 18ème siècle. On apprend des détails sur la vie et la famille de l’auteur. La quête de HPL fait penser à celle de Randolph Carter. La fin du texte est assez émouvante et rend un bel hommage à l’écrivain américain. Kadath y est un peu au second plan mais le texte est sympathique.

La seconde nouvelle est signée Mélanie Fazi. L’évangile selon Aliénor est lié aux nouvelles suivantes par plusieurs points : les lieux, son personnage central. Aliénor n’avait pas grand chose à voir avec Kadath à l’origine puisque c’est une religieuse chrétienne vivant au douzième siècle. Seulement, elle se met à rêver de Kadath et y tombe enceinte. Elle va dès lors passer beaucoup de temps à Kadath, à essayer de comprendre les Très Hauts et y faire d’étranges rencontres. L’écriture de Mélanie Fazi est très belle et met pleinement en valeur ce récit. On y retrouve l’ambiance des textes de Lovecraft de très belle façon.



La troisième nouvelle s’appelle Le kitab du saigneur de Laurent Poujois. On y suit un mystérieux rêveur dont l’identité reste cachée jusqu’à la fin du texte. Les connaisseurs de Lovecraft n’auront aucun mal à le deviner. Ce personnage cherche les secrets cachés dans la bibliothèque des Dieux à Kadath. Il va passer un nombre d’années incalculables dans les Contrées du Rêve pour atteindre son but. On croise Aliénor dans le récit. Il est aussi question de Cthulhu et de Grands Anciens qui espèrent sortir de leurs prisons. Le temps dans les Contrées du rêve est clairement différent du notre. Le texte est bien écrit et se lit vraiment bien. J’ai beaucoup aimé le « notre père des shantaks » très utile pour en chevaucher un!

Le dernier texte, signé Raphaël Granier de Cassagnac, Le témoignage de l’Innomé, est le plus court des quatre. Il fait un peu office de conclusion dans la mesure où il revient sur les personnages des autres nouvelles en expliquant un peu les faits. Le texte rend parfaitement hommage aux écrits de Lovecraft et à son univers des Contrées du rêve. C’est également un très beau texte, bien écrit et qui complète à merveille les autres présents dans l’ouvrage.

Même si les 4 nouvelles sont de très bon niveau, il faut pour compléter cette chronique parler de tout ce qui accompagne les 2 ouvrages: des annexes nombreuses formant un guide complet de Kadath et des Contrées du rêve allant des personnages, aux peuples et créatures, aux divinités. C’est vraiment très complet et bien fait, le futur rêveur est parfaitement documenté avec ce guide où on s’attend presque à trouver le nom des restaurant où manger, mais se restaure t-on à Kadath? Dans le livre illustré, ces annexes sont mêlées aux histoires et se retrouvent tout au long de l’ouvrage. Pour l’anecdote, on retrouve un certain nombre de caractéristiques de lieux ou de monstres, à utiliser avec un livre de jeu de rôle spécifique : Kadath, Aventures dans la cité inconnue, édité par les XII Singes.

La version illustrée est tout simplement splendide avec un Nicolas Fructus au sommet de son art (comme toujours…), donnant vie à Kadath sous nos yeux ébahis.
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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

J’ai ouvert Kadath, le Guide de la Cité Inconnue (David Camus, Mélanie Fazi, Laurent Poujois, Raphaël Granier de Cassagnac, illustrations de Nicolas Fructus, Mnémos 2010) avec gourmandise, car l’objet est superbement illustré. Mais j’ai vite déchanté, pour deux raisons principales :

° la typographie est catastrophique, et utiliser des polices de caractère gris foncé sur un fond gris clair rend la lecture à la limite du possible et à tout le moins s’apparente à de la torture !

° il n’est pas indiqué que c’est un « supplément jeu de rôle », mais tout est fait pour entretenir la confusion. Nombreux sont les « encarts » explicatifs en marge sur les lieux, les temples, les coutumes et même les moyens de transport à Kadath ! De surcroît, un barème en forme d’icônes vous précisera l’importance des Mythes que vous allez rencontrer ainsi que le plus ou moins grand risque de folie dans laquelle vous êtes susceptible de sombrer. Cela rappelle évidemment le système de « points de santé mentale » du jeu L’Appel de Cthulhu.



Cela dit, et armé d’une puissante lampe de bureau à halogène, j’ai essayé de pénétrer dans le texte. Dans les textes, devrais-je dire, car le récit est formé de plusieurs contributions qui s’intercalent défiant souvent la logique la plus élémentaire. Il faut donc, pour se faire une idée, extraire en premier le morceau de « choix » qui n’est autre qu’un inédit de Randolph Carter, Ce que les Dieux doivent aux hommes. Manifestement un hoax créé pour les besoins de la cause et qui, par rapport à l’œuvre originale du Maître de Providence, inverse les rôles. Randolph met en scène en effet Lovecraft himself qui, une fois de plus, va reprendre sa quête. Un récit sans grande surprise dans lequel « le héros » va encore chercher à gravir la montagne pour atteindre le château des Dieux. Il sera distrait de son objectif par la fille de la sorcière Goody Fowler, institutrice pour petites filles décédées. Mais elle trouvera les potions nécessaires pour soigner Lovecraft, fort mal en point. Cela ne l’empêchera pourtant pas de décéder, car nous allons arriver au 15 mars 1937 ! Lovecraft se retrouvera dans un jardin, avec son grand père et ses tantes, prêt à reprendre ses pérégrinations à la recherche des Dieux. Ah, j’oublie de signaler que lors de son périple, Lovecraft avait un appareil photo et le livre reproduit, entre autres, celle de la maison de la sorcière !



Après une petite pause, nouvelle extraction. Il s’agit cette fois du Kitab du Saigneur (pourquoi saigneur avec un A ?) qui n’est rien d’autre que le récit de la seconde vie d’Abdul Alhazred (ici Abd al-Azrad)). Sa fuite en 738 était devenue nécessaire, en raison du développement de l’Islam et de la croyance en un Dieu unique, doctrine incompatible avec sa théologie des Grands Anciens. Il se réfugie dans la Cité Murmurante (Irem ?) avec son Necronomicon (ici le Kitab Al Azif) et part à la recherche de sa défunte bien aimée Aicha. Mais, malgré une tentative de suicide, il revient à la vie et se retrouve en compagnie d’un hyperboréen (le Chuchoteur) sur la peau duquel il va continuer à écrire son manuscrit maudit. Suit alors toute une quête visant à pénétrer dans le Château d’Onyx des Dieux de Kadath afin de chasser les anciennes divinités et d’instaurer le culte des Grands Anciens qui ne sont guère en odeur de sainteté dans les Contrées du Rêve ! Il devient même « Le Seigneur du Lazaret » pour son aide à tous les « éclopés » de Kadath qu’il appelle à la révolte. Au détour d’une boucle temporelle, l’Arabe Dément rencontrera en 1896, un autre rêveur, le petit Lovecraft qui, passionné par Les contes de Mille et une Nuits, lui demande de lui raconter de belles histoires orientales…



Encore un découpage et nous arrivons au Témoignage de l’Innomé. Un récit curieux qui est en quelque sorte celui du « chef de projet » de l’ouvrage. Il rencontre dans les Contrées du Rêve Auguste Philistin, un dessinateur de grand talent qui dans le monde réel n’est autre que Nicolas Fructus. Il visite le bureau d’Abdul Alhazed et une petite église où il croise un jeune homme ensanglanté et en pleurs, certainement le Christ. Il se met également en quête du roi Kuranès, un rêveur établi dans les Contrées dans un sympathique cottage anglais, dont on nous laisse entendre qu’il pourrait s’agir de Lord Dunsany. Mais le plus drôle est la visite de l’éminence (comprendre le quartier) où Lovecraft s’est établi. Il y a une voiture (une Studbaker), une gare avec un train qui ne mène nulle part, une imprimerie, The Conservative, qui tire le journal local dont les pages sont blanches. Quant au cimetière, il abrite les tombes de toute la famille Carter, y compris un certain Pickman Carter né en 2118. Lovecraft, pour sa part, observe les étoiles en haut d’une tour….



Après avoir changé l’ampoule de ma lampe, j’attaque le dernier morceau, L’Évangile selon Aliènor qui est pour moi la bonne surprise du recueil. Mélanie Fazi apporte une petite touche de féminité dans cet univers où les femmes brillent par leur absence et nous conte, sous une plume élégante, l’histoire d’Aliénor de Villebon (1124-1145), religieuse qui sera retrouvée morte un matin, le visage extatique et le corps vidé de ses fluides. Serait-elle morte d’avoir contemplé le Visage de Dieu ? Aliénor est en fait partie pour les Contées de Rêve où elle va aimer un bel et mystérieux personnage dont elle se retrouvera enceinte. Une grossesse qui lui vaudra le respect de tous les prêtres de Kadath qui semblent attendre…. En effet, les Dieux disparaissent et on visitera en sa compagnie l’étonnant cimetière des Dieux Morts. Elle ira se recueillir devant la tête sculptée du mont Ngranek puis, comme tous ceux qui viennent du monde de l’éveil, fera édifier sa propre éminence, avec un temple magnifique et gigantesque pour accueillir Celui qui Doit Venir. Elle reconnaîtra sur le visage de son fils, après son accouchement, les traits de son amant divin.



Soulignons pour terminer un encart intéressant, certainement dû à David Camus, nous explicitant la théologie de Lovecraft :

° Les Très Hauts sont les Dieux de la Terre. Ils ont oublié leurs noms et ne comptent pratiquement plus d’adeptes. On rencontre même un Dieu clochard qui pleure parce que ses disciples l’ont abandonné.

° Ils sont protégés des humains par les Autres Dieux. Nyarlathotep est leur messager et leur gardien dans le château d’onyx. On les appelle encore les Dieux de l’Extérieur ou les Dieux Ultimes. Azathoth est au sommet de leur Panthéon.

° Les Grands Anciens sont plutôt des extraterrestres que de Dieux. Avec Cthulhu, ils cherchent à s’implanter dans les Contrées du Rêve. On y croise aussi Tsathogga, Shub-Niggurath et Hastur.

° Les Très Anciens, ou « Elder Ones », qui sont les plus puissants. On y trouve Nodens et Urm at-Tawil.



Je ne sais pas très bien, dans ce panthéon, où caser le fils d’Aliènor !

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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

Vous avez lu Lovecraft en long, en large et en travers et vous rêvez de visiter la magnifique cité de Kadath ? Ce guide est fait pour vous !



A travers quatre témoignages : le récit de l’Innommé (auteur principal du guide), l’inédit de Carter, le Kitab du Saigneur du Lazaret et l’évangile d’Aliénor, découvrez la géographie de Kadath, ses habitants, ses dieux et ses quêtes oniriques.



Chacun de ces textes, qui éclairent l’histoire de Kadath l’inconnue d’un jour nouveau, est accompagné de petits encarts détaillant les curiosités de la ville. Simples et concis, ces notes permettent grâce à des petits symboles de déterminer la dangerosité et l’intérêt d’un site, afin que le rêveur puisse organiser sa visite au mieux et éviter nombre de périls.



Le guide est également superbement illustré de photos, cartes et croquis de toute beauté, un vrai régal pour les yeux.



Alors, si vous vous demandez où rêver votre prochaine quête, si vous voulez visiter en songes Kadath, ne cherchez plus, ce guide est fait pour vous !


Lien : http://catherine-loiseau.fr/..
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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

Une lecture complexe pour un objet résolument magnifique...



« Kadath, le Guide de la Cité Inconnue » invite à un étonnant voyage dans cette ville, mentionnée par Lovecraft au détour de nouvelles, « cité imaginaire, fantasmée, uniquement abordable dans nos rêves ». Les quatre auteurs et l'illustrateur ont réussi un véritable tour de force, en proposant cet ensemble, à la fois roman à quatre voix, livre d'art, et guide pour rôlistes !



Vous y ferez connaissance d'une impressionnante galerie de paysages, de lieux, de créatures et d'explorateurs, tels le mythique Randolph Carter et les « nouveaux venus », le Saigneur, l'Innommé et sœur Aliénor... servis par des « pièces » romanesques affûtées.



L'objet est vraiment magnifique, passionnant, mais la lecture, toute en entrelacements, n'en est pas confortable. Mais « confortable » et « Lovecraft » ne sont de toute façon pas des mots faits pour aller très bien ensemble...



Les rôlistes un peu anciens auront aussi fatalement une pensée émue pour le « modèle » de Kadath, hors tout contexte lovecraftien, que constituait la Laëlith de la grande époque de Casus Belli, et la présence de Frédéric Weil en arrière-plan du projet ne fera que conforter cette nostalgie de joueur.

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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

Œuvre inouïe, écrite à plusieurs mains, livrée par fragments a un lecteur émerveillé, illustré magnifiquement.

Quatre récits mêlés, de quatre visiteurs différents, de quatre plumes différentes, dans les contrées du rêve, un puzzle qui se reconstitue au fur et à mesure de la lecture, magnifiquement illustré.

Un hommage aux contrées du rêve de Lovecraft qui n'est pas un pastiche mais une vraie création.

Préférez la version illustrée qui est absolument unique!! C'est un beau livre autant à contempler qu'à lire.
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Kadath : Quatre quêtes oniriques de la cité inc..

Dans Kadath : Quatre quêtes oniriques de la cité inconnue, les 4 nouvelles sont au format roman, c’est à dire dans leur totalité l’une après l’autre. Cela facilite la lecture de chaque texte alors que le guide est plus centré sur la découverte de la ville et des Contrées du Rêve. Dans la Quête onirique de Kadath l’inconnue parue en 1943 mais écrit en 1926, Howard Philip Lovecraft créé les contrées du rêve que le personnage de Randolph Carter parcourt en cherchant plus particulièrement Kadath, la demeure des dieux. Randolph Carter y rencontre de nombreux peuples et y passe pas mal de temps, s’approchant de la cité légendaire sans jamais l’atteindre. Les personnes ayant la capacité de se rendre dans les Contrées du rêve sont appelés les rêveurs. Peu de gens ont ce pouvoir. Les Contrées du rêve continuent à exister même lorsque les rêveurs n’y sont pas, elles sont créées à partir des rêves de tous les peuples de tous les systèmes solaires.

La première nouvelle s’intitule L’inédit de Carter et on ne connait pas son auteur, il s’agirait vraisemblablement de Robert Bloch. David Camus est le traducteur du texte. Le personnage principal est HPL, initiales de Lovecraft bien entendu. Celui-ci désire aller au château de Kadath pour chercher la récompense promise par Nyarlathotep suite aux nouvelles écrites par Lovecraft sur les grands anciens. La nouvelle est un peu à part des autres, Lovecraft en étant le thème principal. On y croise d’ailleurs des personnages de l’œuvre de Lovecraft, comme Pickman ou Goody Fowler, une sorcière d’Arkham au 18ème siècle. On apprend des détails sur la vie et la famille de l’auteur. La quête de HPL fait penser à celle de Randolph Carter. La fin du texte est assez émouvante et rend un bel hommage à l’écrivain américain. Kadath y est un peu au second plan mais le texte est sympathique.

La seconde nouvelle est signée Mélanie Fazi. L’évangile selon Aliénor est lié aux nouvelles suivantes par plusieurs points : les lieux, son personnage central. Aliénor n’avait pas grand chose à voir avec Kadath à l’origine puisque c’est une religieuse chrétienne vivant au douzième siècle. Seulement, elle se met à rêver de Kadath et y tombe enceinte. Elle va dès lors passer beaucoup de temps à Kadath, à essayer de comprendre les Très Hauts et y faire d’étranges rencontres. L’écriture de Mélanie Fazi est très belle et met pleinement en valeur ce récit. On y retrouve l’ambiance des textes de Lovecraft de très belle façon.



La troisième nouvelle s’appelle Le kitab du saigneur de Laurent Poujois. On y suit un mystérieux rêveur dont l’identité reste cachée jusqu’à la fin du texte. Les connaisseurs de Lovecraft n’auront aucun mal à le deviner. Ce personnage cherche les secrets cachés dans la bibliothèque des Dieux à Kadath. Il va passer un nombre d’années incalculables dans les Contrées du Rêve pour atteindre son but. On croise Aliénor dans le récit. Il est aussi question de Cthulhu et de Grands Anciens qui espèrent sortir de leurs prisons. Le temps dans les Contrées du rêve est clairement différent du notre. Le texte est bien écrit et se lit vraiment bien. J’ai beaucoup aimé le « notre père des shantaks » très utile pour en chevaucher un!

Le dernier texte, signé Raphaël Granier de Cassagnac, Le témoignage de l’Innomé, est le plus court des quatre. Il fait un peu office de conclusion dans la mesure où il revient sur les personnages des autres nouvelles en expliquant un peu les faits. Le texte rend parfaitement hommage aux écrits de Lovecraft et à son univers des Contrées du rêve. C’est également un très beau texte, bien écrit et qui complète à merveille les autres présents dans l’ouvrage.
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Kadath : Quatre quêtes oniriques de la cité inc..

J'ajoute ma petite, et bien humble, contribution après lecture de ce livre. Pour les amateurs de compte-rendu fleuve, je ne pourrais faire mieux qu'Apophis...

Soit un recueil de textes rédigés par quatre rêveurs qui explorent les contrées du rêve de ce cher Lovecraft. Recueil qui par ailleurs exista une première fois en 2010, déjà chez Mnémos, dans la collection Ourobores, rehaussé par les illustrations de Nicolas Fructus, dont on ne profite ici que de la couverture, ouvrage que je n'ai pas eu l'occasion de feuilleter.

Tout cela pour dire que je ne pourrais comparer les deux livres, mais une certaine voix me dit qu'avec des illustrations en plus, et connaissant le talent de Nicolas Fructus, la saveur de l'ensemble doit être plus appréciable.

Le voyage est tout de même bien agréable, façon de parler, ces contrées pouvant se révéler bien dangereuses, aux côtés d'auteurs qui entrent pleinement dans le jeu référentiel et l'imaginaire à portée de tous.

Car finalement, ce livre est une invitation lancée au lecteur pour que lui-même aille voir ailleurs et s'efforce à/de rejoindre cette cité de Kadath sortie des révélations ectoplasmiques d'HPL: "tout ce que j'ai écrit, je l'ai d'abord rêvé".

Chaque auteur apporte sa touche personnelle à un édifice cimenté par des textes du maître de cérémonie, Raphaël Granier de Cassagnac si je ne m'abuse, qui donnent une unité à l'ensemble et créent des passerelles, le tout complété par des annexes aux allures de guide touristique.

Cette dernière partie, si elle permet de tracer le paysage et de décrire un maximum ces contrées du rêve, ne m'a guère convaincu. Elle fleure un peu trop le manuel pour rôliste et s'avère un complément terre-à-terre peut-être trop développé, venant en quelque sorte casser l'imaginaire, en dire trop sur ce qui devrait rester innomé (on est chez Lovecraft, que diable). C'est trop mon Trotro !

Un bel hommage, qui donne envie de se replonger dans les textes du maître, notamment les nouvelles traductions, dont il est fait référence dans un recoin du livre, aux éditions Bragelonne.

Merci aux éditions Mnémos et à Babelio pour cet envoi dans le cadre d'une opération Masse critique de plus.

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Kadath : Quatre quêtes oniriques de la cité inc..

Bien que l'oeuvre de Lovecraft soit écrite dans un anglais détestable, et traduite dans un français qui ne l'est pas moins, elle recèle une puissance évocatrice étonnante, qui agit sur l'imagination comme une sorte d'excitant spirituel. Il suffit de faire abstraction du langage et d'écrire en soi-même, avec ses propres mots ou ses images, les visions que l'auteur donne au lecteur. C'est pourquoi cette oeuvre a généré un grand nombre de continuations, de transpositions, de réécritures, chaque lecteur devenant pour lui-même son propre Lovecraft. Ce curieux volume en est la preuve, contenant quatre récits de quatre auteurs différents qui reprennent et réécrivent les grandes légendes de la ville de Kadath et des contrées du rêve. Ces nouveaux Lovecraft renouent sans le savoir avec la création romanesque du Moyen-Age, où plusieurs auteurs s'affairaient à en réécrire, continuer, contredire, traduire et métamorphoser un autre. Une "matière lovecraftienne" est en train de se composer comme est née la "Matière de Bretagne" ou les multiples romans de Tristan.
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Kadath : Quatre quêtes oniriques de la cité inc..

Un livre souvent intéressant, mais qui est sans doute trop ou pas assez quelque chose pour trouver facilement son public (et pourtant, il le mérite !)



J’ai reçu cet ouvrage dans le cadre de l’opération Masse Critique organisée par Babelio. Je remercie ce site, ainsi que les éditions Mnemos (pour le livre et le petit bonus constitué par le marque-page agrémenté d’un mot gentil)



A la lecture du titre de cette critique, deux réactions sont possibles : soit ne pas savoir du tout ce qu’est ce « Kadath », soit être un initié des sombres secrets dévoilés par le Maître de Providence dans ses écrits impies. Dans ce dernier cas, vous pouvez aussi vous demander quelle est la différence entre cet ouvrage et Kadath – Le guide de la cité inconnue (qui vient, au passage, de bénéficier d’une nouvelle édition, et est titulaire du prix Imaginales 2011) : le livre que je vous présente aujourd’hui comprend en fait les textes du guide de la cité inconnue (« revus au format roman », pour citer l’éditeur), mais pas les illustrations de Nicolas Fructus. Et ceci, il faut le signaler, à quasiment la moitié (19 euros au lieu de 36) du prix du beau livre de la collection Ouroboros. Ce qui fait que si, comme moi, vous êtes plus intéressé par le texte que par les illustrations, ce titre sera plus adapté à vos envies que son prédécesseur.



Ce livre comprend quatre nouvelles, liées par un fil rouge, ainsi qu’un guide détaillé de la cité de Kadath et des Contrées du Rêve en général. Si vous êtes un amateur de Lovecraft et connaissez le volet onirique de son oeuvre, inutile de vous présenter ce lieu, vous le connaissez et le chérissez probablement. Sinon, pour ceux qui ne sont pas encore entrés dans l’univers du Maître du Fantastique, je vous propose un petit résumé de la place de la ville dans son oeuvre, avant de vous donner mon sentiment sur les nouvelles et les annexes. Sachez d’ailleurs que les textes du mystérieux narrateur appelé l’Innomé, qui font le lien entre les nouvelles, ainsi que les annexes, donnent même au complet néophyte une compréhension basique de l’univers onirique Lovecraftien.



- Kadath et les Contrées du Rêve



Je ne vais pas vous faire un cours sur Lovecraft, d’autres blogueurs (principalement Nebal, mais aussi Celindanae) sont beaucoup plus versés dans les arcanes Lovecraftiennes, anciennes ou nouvelles (beaucoup de rééditions / nouvelles traductions récentes, BD), que je ne le suis. Cependant, pour ceux qui ne connaissent pas du tout l’oeuvre du Maître, ou en tout cas son volet onirique, une petite explication est nécessaire.



Lovecraft a écrit essentiellement du Fantastique et de la Science-fiction (si, si), mais un des volets de son oeuvre se passe dans… le monde du Rêve et a une atmosphère différente, certes toujours empreinte d’Horreur, mais qui tire plus sur le Merveilleux. Du moins, si on ne considère pas, justement, que tout ceci n’est sans doute qu’un songe (ou dû à la folie du protagoniste, voire, pour certains, à sa consommation de narcotiques), ce qui, donc, redéfinit cette partie de l’oeuvre comme du Fantastique, puisque le lecteur hésitera entre deux explications : la rationnelle et l’irrationnelle, sans pouvoir trancher. Personnellement, j’y vois aussi une expression de ce sous-genre particulier qu’est la Portal Fantasy : outre le fait que l’état de sommeil, de rêve lui-même, puisse être considéré comme le portail vers un monde empli de démons et de merveilles, il est explicitement fait mention, dans les écrits Lovecraftiens, de portes mettant en contact le monde de l’éveil (donc : le nôtre) et les Contrées du rêve. Sans compter qu’une bonne partie de ce livre explique comment certains sont passés physiquement dans les Contrées du Rêve.



Bref… la cité de Kadath est l’objet de la quête d’un certain Randolph Carter (avatar de Lovecraft en personne), qui parcourt le Monde du Rêve à sa recherche, dans la novella La quête onirique de Kadath l’inconnue. Ce monde onirique est également développé par Lovecraft dans d’autres nouvelles, ainsi que par d’autres écrivains (citons Lin Carter, August Derleth ou encore Brian Lumley), parfois dans une veine humoristique ou parodique, d’ailleurs, et dans le domaine du jeu de rôle (notamment dans les suppléments à L’Appel de Cthulhu appelés Les Contrées du rêve revisitées et Terror Australis). Pour résumer, il s’agit d’un univers (ou d’un ensemble de territoires oniriques issus des rêves des habitants de différents systèmes solaires) qui est à la fois créé, visité, voire peuplé dans / par les songes des habitants du monde de l’éveil, mais qui, en parallèle, continue à exister même lorsque vous vous réveillez. Kadath est une de ses cités, mystérieuse, cachée, inaccessible aux mortels, car on y trouve un château qui est la demeure des Dieux de la Terre (ou Très Hauts, dans la dernière traduction en date). Et pour expliquer en deux mots à ceux qui ne connaissent pas du tout Lovecraft, ces dieux là sont protégés (ou peut-être retenus prisonniers) par Nyarlathotep, le messager des Autres Dieux, des créatures si étrangères à l’humanité que leur simple vue (à moins qu’ils n’aient la miséricorde -un trait rarissime chez eux- de se draper dans des voiles d’illusion) peut faire sombrer votre âme dans les plus profonds, noirs et irrémédiables abysses de la Folie.



Kadath elle-même n’est que brièvement décrite à la fin du texte de Lovecraft. Le présent livre a pour ambition de placer certaines histoires autour de la cité ou de son château d’Onyx, ainsi que de vous donner la vision des auteurs sur les caractéristiques de la ville. J’insiste particulièrement sur ce point, car si vous parcourez les critiques sur Kadath – Le guide de la cité inconnue (qui contient les mêmes nouvelles) sur le net, ainsi que leurs commentaires, vous verrez que certains « intégristes » vont descendre l’ouvrage en flammes parce qu’il n’a, selon eux, rien de Lovecraftien, ni dans le style, ni dans la description de la cité. La seule lecture du texte de Mélanie Fazi vous montrera clairement à quel point une affirmation aussi péremptoire est grotesque.



- Les quatre nouvelles



* L’inédit de Carter – David Camus



Comme nous l’explique David Camus (également traducteur du récent ouvrage rassemblant tous les textes oniriques Lovecraftiens, Les Contrées du rêve), les origines de ce texte sont quelque peu mystérieuses. Sa date de rédaction et son auteur sont incertains, même si Robert Bloch reste le plus vraisemblable (écrivain de Fantastique, correspondant de Lovecraft, qui lui sert de mentor et dont il est un des membres les plus jeunes de son cercle, il a mis en scène ce dernier dans plusieurs textes et a repris le « mythe de Cthulhu » dans certains de ses propres romans ou nouvelles, avant d’opérer un virage vers une horreur plus psychologique et terrestre, orientée crimes plutôt que dieux tentaculaires venus d’outre-espace). Personnellement, j’ai une autre opinion : je pense que le véritable auteur s’appelle… David Camus, et qu’il ne s’est donc pas contenté de le traduire, mais bel et bien de le rédiger.



Cette nouvelle met en scène un… hum… « mystérieux » protagoniste nommé… HPL (étonnant, non ?). Il veut se rendre à nouveau au château de Kadath, des années après une première visite, car Nyarlathotep en personne (pour les non-initiés : le « premier ministre » du Sultan des Dieux, le messager et l’âme des Autres Dieux) lui a promis une « récompense » s’il écrivait, dans le monde de l’éveil, des textes incitant les dieux qui s’étaient égarés sur Terre (par ennui ou curiosité) à rentrer à Kadath. Cette tâche accomplie, HPL vient réclamer son dû.



Autant le dire tout de suite, le puriste, voire l’intégriste, de Lovecraft pourrait bien s’étrangler devant ce texte : entre un style bien peu Lovecraftien (et assez pauvre) et des « innovations » comme la ligne téléphonique reliant l’auberge de Kadath au château, il y a effectivement de quoi être déstabilisé (même si l’inclusion d’éléments du monde de l’éveil dans celui des songes est tout à fait conforme à la vision du maître, cf Kuranès). Pourtant, ce texte est relativement intéressant pour le complet néophyte, car il donne quelques aperçus de la vie, du caractère et de la carrière de Lovecraft. On appréciera aussi l’éclairage… Lovecraftien qu’il jette sur cette dernière, mais aussi l’inclusion de personnages issus des textes du Maître, l’occasion pour le lecteur érudit de réviser ses connaissances.



Au final, c’est un texte qui a relativement peu d’intérêt sur le plan littéraire, qui fera bondir le puriste, mais qui, d’une part, pourra permettre au complet néophyte d’un peu mieux connaître l’écrivain, et qui, d’autre part, fait preuve d’humour en jetant sur la carrière de ce dernier un éclairage… Lovecraftien !



* L’évangile selon Aliénor – Mélanie Fazi



Si vous vous intéressez à la SFFF, il me paraît peu probable que vous n’ayez jamais entendu parler de Mélanie Fazi, mais admettons : l’autrice native des Hauts de France exerce dans les domaines de la Fantasy et du Fantastique, et est au moins aussi connue en tant que traductrice de grands auteurs anglo-saxons, à commencer par Brandon Sanderson. Elle est également un des trois co-animateurs du podcast « Procrastination », sur l’écriture de SFFF, lancé récemment par Elbakin.



Dans cette nouvelle, Mélanie Fazi nous parle d’Aliénor, une religieuse chrétienne du douzième siècle qui se retrouve involontairement dans Kadath. Elle s’y unit avec un mystérieux personnage, et porte dès lors, dans le monde du Rêve, un enfant très spécial (enfin, un… mais vous verrez ça en lisant le livre). Dans le même temps, la Sœur s’intéresse de près aux Très Hauts, à leurs temples et à leurs clergés. C’est aussi l’occasion pour le lecteur de se rendre clairement compte que Kadath est un nexus, entre les mondes oniriques de différentes planètes, entre différentes époques situées aussi bien dans le présent que dans le passé ou le futur. Enfin, c’est dans ce texte qu’on commence à entrevoir la façon dont trois des nouvelles sont liées entre elles.



L’autrice nous livre un excellent texte, extrêmement respectueux de l’esprit, voire même du style des écrits oniriques Lovecraftiens, et en tout cas passionnant de bout en bout, servi par une écriture remarquable. Elle se paye même le luxe, dans un miroir du légendaire « N’est pas mort ce qui à jamais dort, car au long des siècles peut mourir même la mort », de créer sa propre phrase emblématique : « Ce qui faiblit sans mourir peut être ravivé ». Et dans le même ordre d’idée, cette nouvelle peut être analysée comme le pendant « positif », si j’ose dire, d’un des plus fameux textes de Lovecraft, L’Abomination de Dunwich. Bref, voilà une nouvelle qui justifie quasiment à elle-seule l’achat du livre.



* Le kitab du saigneur – Laurent Poujois



Laurent Poujois est un écrivain français dont l’oeuvre a été extrêmement influencée par celle de Lovecraft. Il a publié un série de textes destinés à la jeunesse qui se déroulent justement dans les royaumes oniriques imaginés par l’auteur natif de Providence.



Cette nouvelle, la plus longue des quatre, met en scène un érudit, qui a découvert quasiment tous les secrets de l’univers, sauf ceux enfermés dans la bibliothèque des Dieux de Kadath. Son esprit va aller de morts en réincarnations dans les Contrées du Rêve, en essayant d’accéder d’abord à Kadath, puis à son château d’onyx. Pendant ce temps, dans le monde réel, des siècles passent, et de temps en temps, une chronique de ses aventures fait surface. Il est accompagné d’un Hyperboréen, sur la peau duquel il tatoue ses découvertes. Lorsque les Dieux lui interdisent l’accès à leur demeure, il rallie les Innommables (les Intouchables de la cité, si on veut), chassant les rêveurs et sapant la base du pouvoir des divinités, qu’il veut remplacer… par les Grands Anciens (pour ceux qui ne connaissent pas Lovecraft : des extraterrestres immensément puissants, très anciens, considérés -à tort- comme des divinités; le plus fameux d’entre eux est Cthulhu) : le plan de ces derniers est d’infiltrer les rêves des humains, afin de leur inspirer le désir de les libérer des prisons (R’lyeh, par exemple) où ils sont retenus ou des espaces restreints dans lesquels ils sont contraints (les latitudes nordiques, etc).



Cette nouvelle est également clairement liée à deux des autres, particulièrement à celle consacrée à Aliénor. Elle montre aussi une fois de plus à quel point la cité de Kadath est pétrie de paradoxes temporels.



C’est un bon texte, avec une fin qui, si elle est totalement prévisible par l’initié, n’en reste pas moins intéressante. Je me pose cependant l’intérêt de cette même fin pour celui qui ne connaît pas du tout Lovecraft, qui n’aura, de fait, quasiment pas de clef pour comprendre l’ampleur de ce qui vient d’être révélé (et qui fait un lien remarquable entre les volets onirique et terrestre de l’univers du Maître).



* Le témoignage de l’Innomé – Raphaël Granier de Cassagnac



Raphaël Granier de Cassagnac porte beaucoup de casquettes : écrivain de Fantasy et de SF, directeur de la collection Ouroboros chez Mnemos et physicien des particules, excusez du peu !



Ce texte, qui emploie la technique de l’adresse au lecteur (qu’on retrouve par ailleurs souvent dans les annexes, ainsi que dans les intermèdes) est le seul qui fait référence aux trois autres. Il ressemble assez à celui de David Camus, dans l’esprit (l’hommage à Lovecraft et à son oeuvre) plus que dans la lettre (en clair : l’écriture est plus solide). En plus, comme je le disais, de faire un lien (voire d’expliquer en partie) entre toutes les nouvelles du recueil, il entrelace ces dernières avec les textes du Maître en personne d’une façon assez remarquable : il est littéralement rempli d’allusions à des personnages (humains) Lovecraftiens, à un degré très supérieur à celui trouvé dans le texte de David Camus.



Le problème, c’est qu’en elle-même, cette nouvelle n’a qu’une valeur littéraire limitée : elle ne peut réellement se concevoir que liée aux autres, il me paraît difficile de la lire ou relire de façon isolée, au contraire des textes de Laurent Poujois ou, surtout, de Mélanie Fazi.



- Les annexes



Encore plus que certaines des nouvelles, ce sont les annexes qui vont soit poser des problèmes, soit éveiller l’intérêt de certaines catégories de lecteurs (mais je vais en reparler plus loin).



Il est important de signaler trois choses :



* Les annexes peuvent donner quelques clefs de (pleine) compréhension de certaines nouvelles.



* Si vous les lisez avant, ou lisez les nouvelles dans le désordre, elles peuvent aussi spoiler certaines nouvelles, particulièrement celle de Laurent Poujois.



* Elles peuvent, d’un autre côté, donner à celui qui n’a jamais lu Lovecraft (ou jamais abordé le volet onirique de son oeuvre) des clefs de compréhension des nouvelles beaucoup plus solides que celles présentes dans les intermèdes.



Elles sont au nombre de six, plus une septième assez spéciale (et à mon avis très réussie) :



* Une chronologie des événements en rapport avec Kadath et le Monde du Rêve.



* Personnages : ceux de ce recueil, plus certains de ceux des textes oniriques de Lovecraft.



* Peuples et créatures : cette annexe concerne les êtres Lovecraftiens qui apparaissent dans ce recueil (les Shantaks se taillant la part du lion).



* Divinités et religions : cette partie mélange des données issues des écrits de Lovecraft, des dieux inventés dans ce recueil, ainsi que la description des temples les plus emblématiques de la cité.



* Contrées du rêve : le gros intérêt de cette section est de donner au complet néophyte une vision succincte mais fort utile des hauts-lieux de cette « dimension » onirique. Le lecteur de longue date de Lovecraft y trouvera matière à révision, éventuellement.



* Arpenter Kadath : c’est le guide de la cité et de ses lieux les plus emblématiques, pittoresques, grandioses ou terrifiants. Compte tenu de la brièveté de la description de Kadath dans le « canon » Lovecraftien, cette partie est la plus personnelle aux auteurs du recueil de toutes.



* Kadath pratique : cette dernière partie, qui ne fait pas du tout double-emploi avec la précédente, ressemble à un hallucinant guide du routard onirique, devant, dans une optique la plus pratique possible (c’est dans le titre de la section), conseiller le voyageur sur ce qui l’attend (ou pas, d’ailleurs) à Kadath, sur la manière de régler ses achats, de s’y reposer ou se sustenter, sur la manière de s’y rendre, ou encore sur les quartiers qu’il vaut mieux éviter. Une règle (de survie) à retenir : les distances, les durées et le climat ne sont pas régis par des lois constantes, prévisibles ou rationnelles, ce qui, pour un monde onirique, n’est après tout pas étonnant !



Ces annexes, formant un guide de la cité, seront aussi polarisantes, voire plus, que certains textes : le puriste de Lovecraft en rejettera une partie en bloc, étant donné que la description de la ville est majoritairement issue de l’imagination des quatre auteurs français et pas de celle du Maître; le connaisseur n’aura que peu d’intérêt pour certaines annexes, vu qu’il connaît déjà tout ça par cœur (du genre : il vaut mieux être gentil avec les chats dans les Contrées du rêve); le rôliste pourra être heureux de la masse d’information présentée, à condition que cette conception personnelle de Kadath n’entre pas en contradiction avec les suppléments officiels de son jeu Lovecraftien favori; le néophyte, lui, sera en revanche ravi d’y trouver les clefs de compréhension qui lui ont manqué en lisant les quatre nouvelles.



- Mon avis



Au final, les textes sont d’un intérêt inégal : si celui de Mélanie Fazi est sans conteste une grande réussite, qui justifie à lui seul l’achat de ce recueil, celui de Laurent Poujois est intéressant mais trop prévisible pour le connaisseur de Lovecraft (mais il a le gros mérite d’établir une élégante passerelle entre les volets onirique et terrestre de l’oeuvre du Maître), tandis que celui de Raphaël Granier de Cassagnac n’a de réelle signification qu’en relation avec les autres et pas en lui-même, et que celui de David Camus est nettement en-dessous des autres sur le plan littéraire.



Pour le puriste, voire l’intégriste Lovecraftien, la majorité de ce livre sera une hérésie (je me borne a retranscrire ce point de vue, constaté en commentaire sur le net, sans le partager) : la première nouvelle, qui nous parle de téléphone et de voiture à Kadath, sera très mal perçue, tandis que la description complète de la ville, quasi-entièrement inventée par les quatre auteurs, n’aura aucune valeur étant donné qu’elle ne vient pas de Lovecraft en personne.



En tant que connaisseur (et admirateur) de l’oeuvre de Lovecraft, j’aurais une opinion moins tranchée : il y a certains éléments d’ambiance, certaines idées, certains personnages, certaines intrigues qui ne m’ont pas plu, mais dans l’ensemble, j’ai beaucoup apprécié cette balade onirique. J’estime que donner sa vision de Kadath, ce n’est en rien trahir celle du Maître, plutôt lui rendre hommage. Sans compter le fait que nous sommes loin, ici, des parodies pondues par certains écrivains anglo-saxons, comme Lumley et compagnie. Plus respectueuse, moins marquée par le sceau de l’humour, la vision de nos quatre auteurs est, à mon humble avis, plus digne de Lovecraft que la plupart des tentatives de poursuite de son oeuvre qui ont eu lieu dans le passé.



Globalement, je pense que c’est le rôliste qui pourra être le plus intéressé par la partie « guide de Kadath », et que c’est cette catégorie de lecteur qui aura le plus de facilité à apprécier le livre. Ce qui, lorsqu’on connaît l’histoire de Mnemos, n’est finalement que pure logique.



Mon gros point d’interrogation concerne le complet néophyte, que ce soit du volet onirique de la littérature Lovecraftienne, ou, pire, de l’oeuvre du Maître dans son intégralité. Les auteurs et l’éditeur ont fait de gros efforts pour rendre le recu
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