Ciné-Débat
Avec Bertrand TILLIER, historien des images, Raphaël MEYSSAN, réalisateur, Pierre SERNA, historien

Les habitants des quartiers bourgeois de Paris ne trouvent pas de mots assez durs contre cette populace qui veut gouverner la ville.
L’histoire Albert Sorel écrit à sa mère… « Toute la canaille de l’Europe est à Paris. C’est la grande lutte de la démagogie contre la civilisation. »
L’écrivain Edmond de Goncourt note dans son journal… « On ne peut se figurer la souffrance qu’on éprouve, au milieu du despotisme sur le pavé, de cette racaille déguisée en soldats. »
Dans des lettres à sa femme, le futur académicien Hippolyte Taine se plaint… « Aujourd’hui, les gens du ruisseau votent, sont nommés et triomphent. Nous sommes assis dans la boue. »
J’entends les mots ricocher dans le temps.
« Au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux de travailler. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler ! »
« Il y a les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. »
« Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrés. Ce sont des fainéants ! »
« Des sans-dents ! »
« La réforme, oui ! La chienlit, non ! »
« Vous en avez assez de cette bande de racailles ? Eh bien, on va vous en débarrasser ! »
Un siècle et demi plus tard, certains revendiquent encore l'héritage des Versaillais, qui à réécrire l'histoire...
"Versailles, c'est là où la république s'était retranchée quand elle était menacée."
L'homme qui vient de prononcer cette phrase n'est pas inculte. Il est président de la République et chef du parti politique La République en marche.
L'histoire est différente... Le seul moment où le gouvernement s'est retranché à Versailles, c'est lors de la Commune de Paris, pour y rejoindre une Assemblée nationale dominée par les monarchistes. À Paris, on rêve de république démocratique et sociale. À Versailles, on veut remettre le roi sur le trône.
Mes héros étaient si pauvres qu'ils n'ont pas même laissé une pierre dans un cimetière.
J'entends les mots ricocher dans le temps.
- Au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux de travailler. [...] La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler !
- Il y a les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien.
- Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrés.
- Ce sont des fainéants !
- Des sans-dents !
- La réforme, oui ! La chienlit, non !
- Vous en avez assez de cette bande de racailles ? [...] Eh bien ! On va vous en débarrasser !

Favre, vice-président du gouvernement, avait fait une déclaration tonitruante.
"Nous ne céderons pas un pouce de nos territoires, pas une pierre de nos forteresses !"
Mais il rencontre le chancelier Bismarck qui annonce ses conditions : céder l'Alsace et la Lorraine.
Trahison !
Thiers n'écoute pas le peuple de Paris qui veut combattre l'envahisseur.
"Les Français veulent la paix."
Il ouvre avec Bismarck des pourparlers d'armistice.
Trahison !
Contre l'avis du général Trochu, qui préside le gouvernement, des gardes nationaux brisent l'étau allemand sur Paris et s'emparent du Bourget.
"L'attaque a été réalisée sans mon autorisation."
Le gouvernement refuse de leur prêter secours et les trois mille combattants sont écrasés.
Trahison !
Sur le front de l'Est, Bazaine - un maréchal d'Empire qui rejette la République - envoie un message de négociation aux Allemands.
"J'interroge ma conscience pour sauver la France de ses excès."
Le 27 octobre 1870, pour sauver la France de ses excès républicains, il capitule et livre aux Allemands ses cent-quatre-vingt mille soldats.
Trahison !
- Vous êtes des hommes, qui allez me juger. Vous êtes des hommes et moi, je ne suis qu'une femme. Et pourtant je vous regarde en face. Je ne veux pas être défendue. J'appartiens toute entière à la révolution sociale et je déclare accepter la responsabilité de mes actes. Je l'accepte toute entière et sans restriction. Ce que je réclame de vous, c'est le champ de Satory, où sont déjà tombés nos frères. Puisqu'il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n'a droit qu'à un peu de plomb, j'en réclame une part, moi ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance.
- Je ne puis vous laisser la parole si vous continuez sur ce ton.
- J'ai fini. Si vous n'êtes pas des lâches, tuez-moi.
La dernière nuit de la Commune est noir et rouge.
- Je vous reconnais... Vous êtes Tardi ! Vous préparez votre bande dessinée sur la Commune, c'est ça ?
- Vous faites erreur.
- Non, mais, en vrai, vous êtes Tardi, hein ?!
- Mais pas du tout ! [...] Allez ! Laissez-moi ! On va se faire remarquer !
- Aaah ! C'est bien vous, alors...
- Mais non ! Je ne suis pas Jacques Tardi, je vous dis !
- HA ! HA ! Vous vous êtes trahi ! Je n'ai jamais dit votre prénom. OR Tardi vit un siècle et demi plus tard. PAR CONSÉQUENT vous ne pouvez pas connaître son prénom. DONC vous êtes Tardi !
Les Misérables : j’en ai un vieil exemplaire de l’époque.
J’ai été surpris d’y trouver des dizaines et des dizaines de gravures. Beaucoup de romans étaient en fait des feuilletons illustrés ! Nos auteurs classiques écrivaient-ils les séries télé du XIXe siècle ?
En cherchant des traces de Lavalette dans les archives, j’avais aussi trouvé des gravures, encore et encore.
De quoi remplir un livre.
Il n'est pas nécessaire d'être riche pour alléger la misère. Avec peu, offert avec le coeur, on peut soulager tant d'infortune!