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Citations de Régine Pernoud (192)


On pourrait multiplier ainsi les exemples de détails fournis par l'histoire du droit et celle des mœurs, attestant la dégradation de la place tenue par la femme entre les coutumes féodales et le triomphe d'une législation «à la romaine» dont notre code est encore imprégné. Si bien qu'au temps où les moralistes voulaient voir «la femme au foyer», il eût été plus indiqué de renverser la proposition et d'exiger que le foyer fût à la femme.
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Ce qui était nouveau [à la Renaissance], c'était l'usage qu'on faisait, si l'on peut dire, de l'Antiquité classique. Au lieu d'y voir comme précédemment un trésor à exploiter (trésor de sagesse, de science, de procédés artistiques ou littéraires, dans lequel on pouvait indéfiniment puiser), on s'avisait de considérer les œuvres antiques comme des modèles à imiter. Les Anciens avaient réalisée des œuvres parfaites; ils avaient atteint la Beauté même. Donc, mieux on imiterait leurs œuvres et plus on serait sûr d'atteindre la Beauté.
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[…] le niveau général peut être fourni par la question qui servit de base une rencontre du Cercle catholique des intellectuels français en 1964 : «Le Moyen Âge était-il civilisé ?» Sans la moindre pointe d'humour : nous pouvons être sûrs du moment qu'il s'agissait d'intellectuels pour la plupart universitaires, et d'universitaires pour la plupart engagés. Les débats avaient lieu à Paris, rue Madame. On souhaite, pour le confort moral des participants, qu'aucun n'ait eu, pour regagner son domicile, à passer devant Notre-Dame de Paris. Il aurait pu ressentir un certain malaise. Mais non, rassurons-nous : de toute façon, l'universitaire engagé présente une incapacité physique à voir ce qui n'est pas conforme aux notions que sa cervelle a sécrétées. Il n'aura donc de toute manière pas vus Notre-Dame, même si son chemin l'a amené sur la place du Parvis.
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C'est pis que mort, le vivre douloureux
Où n'a nul(le) joie, mais tristesse et souffrance ;
Quand bien on sait qui vous ferait joyeux
Et que n'en vient secours ni maintenance.

AIMERIC DE PEGULHAN
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"Lorsqu'une machine de guerre est trop meurtrière, la Papauté en interdit l'emploi; l'usage de la poudre à canon, dont on connait les effets et la composition dès le XIIIe siècle, ne commence à se répandre que du jour ou son autorité n'est plus assez forte, et ou, déjà les principes de la Chrétienté commencent à s'émietter."
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"Du futur chevalier, on exige des qualités précises, que traduit le symbolisme des cérémonies au cours desquelles on lui décerne son titre. Il doit être pieux, dévoué à l’Église, respectueux de ses lois : son initiation débute par une nuit entière passée en prières, devant l'autel sur lequel est déposée l'épée qu'il ceindra. C'est la veillée d'armes, après laquelle, en signe de pureté, il prend un bain, puis entend la messe et communie. On lui remet alors solennellement l'épée et les éperons, en lui rappelant les devoirs de sa charge : aider le pauvre et le faible, respecter la femme, se montrer preux et généreux; sa devise doit être "Vaillance et largesse". Viennent ensuite l'adoubement et la rude "colée", le coup de plat d'épée donné sur l'épaule : au nom de saint Michel et de saint Georges, il est fait chevalier."
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"La première de ces mesures a été la Paix de Dieu, instaurée dès la fin du Xe siècle : c'est aussi la première distinction qui ai été faite, dans l'histoire du monde, entre le faible et le fort, entre les guerriers et les populations civiles. Dès la date de 1023, l'évêque de Beauvais fait jurer au roi Robert le Pieux le serment de la Paix. Défense est faite de maltraiter les femmes, les enfants, les paysans et les clercs; les maison des cultivateurs sont, comme les églises, déclarées inviolables. On réserve la guerre à ceux qui sont équipés pour se battre. Telle est l'origine de la distinction moderne entre objectifs militaires et monuments civils - notion totalement ignorée du monde païen. L'interdiction n'a pas toujours été respectée, mais celui qui la transgressait savait qu'il s'exposait à des sanctions redoutables, temporelles et spirituelles."
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Elle est là, drapée dans les plis de sa robe et de son manteau, le visage encadré du voile à mentonnière - et elle lit un livre.
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et voilà qu'elle révèle un sens pratique, une conscience des besoins de son temps dont son époux, tout technicien qu'il fût en matière de bâtiments ou d'art militaire, n'a pas été capable. Qu'une même pièce de toile fût toisée s'une manière différente à York et à Londres, qu'une même quantité de froment fût mesurée de deux façons, selon qu'on se trouvait en Cornouailles ou dans le Surrey - c'était, de toute évidence, une profonde complication aussi bien pour les paysans que les marchands; quant à la monnaie, ses variations profitaient surtout aux changeurs. Or, dans un pays désormais en pleine prospérité économique, semblable unification s'imposait; mais il se passera longtemps, très longtemps avant qu'elle ne soit introduite en France.
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Le roi d'Angleterre était-il sourd et aveugle à ce qui se passait autour de lui? Ne voyait-il pas l'influence néfaste qu'Aliénor avait prise ces années dernières sur ses enfants>? Ne comprenait-il pas que tout un filet de conspiration avait été tressé maille après maille et que parmi les seigneurs poitevins ou aquitains il ne s'en trouvait pas un qui ne fût prêt à la trahison?
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Mais c'est ici que nous nous permettrons, nous, de trouver naïf l'historien incapable d'admettre qu'un homme puisse agir de façon différente en différentes périodes de sa vie. L'obsession du "bon" et du "méchant", du "loup" et de l'"agneau", de l'indien et du cow-boy, reste curieusement ancrée chez la plupart d'entre nous et demeure responsable d'un grand nombre d'erreurs; elles seraient probablement évitées si l'on s'en référait plus souvent à la vie quotidienne, à l'examen de nos semblables et de nous-mêmes. est-il rien de plus fréquent que de voir un même agir "bien" dans telle circonstance, et "mal" dans telle autre?
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Pendant les trois semaines de leur séjour, le roi et la reine de France allaient voir se succéder les réceptions fastueuses, les festins, les parties de chasse, dans un décor de conte oriental. Pour Aliénor, on imagine que cette suite de visions féeriques fut une véritable révélation: Constantinople éclipsait tout ce qu'elle avait vu jusqu'alors, les rêves de splendeur y devenaient réalité. Elle était logée avec son époux en dehors des murailles dans une résidence qui était, pour les empereurs, à la fois habitation de plaisance et rendez-vous de chasse: le Philopation, d'ailleurs non loin des Blachernes. c'était une vaste demeure où l'on foulait au sol des tapis éclatants et qu'embaumaient des parfums brûlant dans des cassolettes d'argent, avec un peuple empressé de serviteurs. Aux alentours s'étendaient de grands bois peuplés de bêtes sauvages que le souverain avait fait venir à grands frais.
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Deux femmes ont mené une action décisive du point de vue politique, l'une au XIVe siècle, l'autre au XVe siècle. Deux femmes qui ne doivent absolument rien à des privilèges de naissance et que rien n'appelait à jouer un rôle particulier : ni reines, ni princesses, ni nobles. Deux filles comme les autres, dont on a parlé dans tout le monde connu d'alors, et qui ont modifié en profondeur l'équilibre de ce monde : Catherine de Sienne et Jeanne d'Arc.
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De même chez Jeanne d'Arc trouve-t-on, en même temps que l'élan au combat, la tendresse de la femme quand elle se penche sur un Anglais blessé, et un bon sens quasi maternel devant une armée qui se bat depuis l'aube : "Reposez-vous, mangez et buvez"
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le règne d'une femme avait paru tout naturel, en semblable circonstance, au XIIIe siècle. Et l'on n'en finirait pas d'énumérer, à l'époque féodale et encore aux temps médiévaux, les femmes qui ont dirigé et administré des domaines parfois très étendus.
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[...] gronde Etienne de Fougères, évêque de Rennes au XIIème siècle, critique sévère de la coquetterie :

" Des dames et des demoiselles,
Des chambrières, des ancelles (servantes)...
Se fait, de laide femme, belle,
Et de putain se fait pucelle..."
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Ce sens de la nature eet de son perpétuel miracle, ces élans d'amour au renouveau du printemps dans les branches, à la fraîcheur des rosées matinales, à la splendeur du couchant, animent toutes nos lettres médiévales du grand souffle de la vie :

Le nouveau temps et mai et violette
Et rossignol me semont de chanter

Nature aimable et toujours surprenante, fleurs sauvages que tressa Nicolette, branche de "chièvrefeuil" dont Tristan traduisit son amour, bosquets de verdure où vint se retraire l'amant désespéré de la Belle Dame sans Merci, - ces champs, ces jardins, ces rivières que peignirent exquisement les enlumineurs, n'ont pas été moins goûtés par les conteurs et les poètes. Un mot leur suffit pour évoquer les campagnes, les saisons, l'ombre de l'olivier, l'herbe tendre "qui verdit quand le temps meuille".

Et la mauvis qui commence à tentir
Et le doux son du ruissel sur gravelle.

Leur vision est directe, une simple touche, mais toujours évocatrice, même La Fontaine ne paraît pas avoir eu plus heureuses trouvailles que nos ancêtres du Moyen Age, passionnés de verdure et de grand air.
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Une bonne partie de la production littéraire du Moyen Age reste encore à l'état de manuscrit, enfouie dans nos bibliothèques, alors qu'on réédite sans cesse les mêmes oeuvres. (page 136)
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Si l'on a pu nommer les vitraux : "la Bible des illettrés", n'est-ce pas parce que les plus ignorants y déchiffraient sans effort des histoires qui leur étaient familières - accomplissant en toute simplicité ce travail d'interprétation qui de nos jours donne tant de mal aux archéologues !
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Ce n'est pas un mince étonnement que de trouver, dans les traités de morale de l'époque, huit pêchés capitaux énumérés, au lieu des sept que nous connaissons ; or, le huitième, c'est, chose inattendue, la tristesse, tristitia.
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