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Citations de Renata Adler (26)


À l’agonie » voulait tout dire et ne rien dire – en général, dans l’attente d’une mise en examen ; à l’hôpital, l’agonie physique était en général appelée « inconfort ». « Problème » et « tragédie personnelle » voulaient dire crimes. « Serein » et « déconnecté de la réalité » signifiaient que le locuteur essayait de se dédouaner en suggérant que son patron était fou. « Il a suffisamment souffert » voulait dire que, si l’on continue l’enquête, on va finir par découvrir que nos amis sont mouillés dans l’affaire. Une quantité suffisante de souffrance, dans la vie publique, consistait sans doute à perdre la face, ou son poste, ou, avant cela, à se faire prendre, ou à avoir vécu dans la peur de se faire prendre, ou à commettre des crimes ou à avoir voulu en commettre.
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Provocation, déduction, ces thrillers que tout le monde lisait étaient obsolètes. Les carottes n’étaient plus cuites dans aucune affaire. Au même moment, les thérapeutes gagnaient leur vie en disant : « Vous êtes trop dur avec vous-même. »
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Les meurtres, en général, étaient qualifiés de sauvages et les massacres d’insensés afin de les distinguer de tous les autres crimes ; les substantifs se retrouvaient collés aux adjectifs, en série, comme si on voulait les consolider. Toutefois l’idée salon laquelle « les carottes sont cuites » n’avait plus de place que dans les thrillers.
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Quand un nouveau président met un terme à notre cauchemar national en nous demandant de « panser les plaies les plus profondes » on sait qu’on est presque blanchis.
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Un mot entre guillemets portait une espèce de dérision contre laquelle on ne pouvait pas argumenter, comme « soi-disant » ou « supposé ».
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Le vrai bégaiement, qui pèse tellement sur le langage qu’il semble absolu, est une façon d’occuper les voies aériennes jusqu’à ce que le locuteur ait à peu près formulé son message. J’ai remarqué que ces bègues-là parlent beaucoup. Le meilleur interprète que j’aie jamais rencontré souffrait d’un grave problème d’élocution dans sa langue maternelle.
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Les gens qui savent le moins différencier ces moments, politiques et apolitiques, sont généralement les plus passionnés de politique.
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Parfois, la moindre action, si intime ou inconsciente soit-elle, devient politique.
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Il y a des crampes d’un ordre bien différent contre lesquelles même des médecins endurcis – sachant que ce n’est pas important, temporaire, juste une question d’heures – attrapent du Demerol et une seringue. Il doit en aller ainsi pour chaque événement solitaire et dégradant dont on se sort en n’ayant strictement rien appris. Pas de conclusion à en tirer. Les solitaires voient un double sens à tout.
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Je connaissais quelqu’un qui s’endormait en comptant, non pas des moutons, mais les gens contre qui il avait une dent – certains petits tyrans de son enfance, des assistantes de l’école maternelle, et même des nounous, des patrons, des employés, toutes les personnes malveillantes rencontrées jusque-là. Une fois rassemblés dans son esprit, il les passait au fusil-mitrailleur. S’il avait oublié quelqu’un, il devait recommencer depuis le début. Les rassembler une fois de plus. Les fusiller. Il dormait plutôt bien
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Les hommes pouvaient discuter de royalties, d’herbe, de sexe, de scénarios et de politique. Les filles, abandonnées à leur sort, fille, espace, fille, espace, fille, espace – quatre jeunes femmes et quatre chaises vides à la plupart des tables –, avaient plutôt l’air absent, effrayé. La gent masculine semblait réticente à aller se coucher. L’addition posait toujours problème. Certains habitués faisaient comme si elle n’existait pas.
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...ce sont des écrivains qui n’écrivent pas. Que les « écrivains écrivent » est censé aller de soi. Les gens aiment le dire. Je sais que c’est rarement vrai. Les écrivains boivent. Les écrivains rouspètent. Les écrivains téléphonent. Les écrivains dorment. Je connais très peu d’écrivains qui écrivent pour de bon.
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Certaines personnes gagnent du terrain grâce à l’envie ou la rage.
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Le problème avec les mots croisés du journal du dimanche est que, arrivé à la moitié, vous pouvez vous retrouver à suivre la trace d’un esprit que vous abhorrez. Je commence, comme la plupart des gens, par les définitions à trous, « 53 vertical…-lyre » et je continue avec les mots dont je suis sûre. Je m’aperçois que si j’arrive à remplir rapidement le coin supérieur gauche, je suis incapable de finir la grille. Je ne sais pas pourquoi. Il faut attaquer en premier le centre de la grille ou bien ça ne marche pas.
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Tous les entraîneurs font des scènes – comme si ces fractures, ces cicatrices, ces grognements, ces coups, ces claudications et ces nez cassés en valaient vraiment la peine. Ils croient peut-être que le hockey sur gazon pour les filles, le football pour les garçons les aideront à mieux appréhender leur vie d’adulte. Ces entraîneurs, hommes ou femmes, ont toujours eu des disciples. En fait, de tous ceux qui ont été en pension dans une grande école progressiste ces années-là, je ne connais personne qui, sur ces terrains de sport, n’ait pas souffert d’une blessure ou d’une défiguration sans gravité mais à jamais handicapante.
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Seule dans la voiture de sport, roulant à toute allure à travers la campagne, j’ai chanté, le volume de la radio à fond. Janis Joplin. Pas la plus joyeuse des chansons, à aucun niveau, mais parmi les plus belles paroles : « La liberté n’est qu’un mot pour dire qu’on n’a plus rien à perdre. » J’imagine que oui, d’une certaine façon.
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J’aime la concision. Mais, clairement, ce n’est pas mon fort. Au milieu d’une conversation animée, y compris avec des gens qui se coupent la parole, je dois réprimer l’envie de répondre du tac au tac à toutes les interventions de tout le monde comme si elles m’étaient adressées. J’ai remarqué cet élan chez d’autres personnes. Ça électrise l’ambiance. Ça se termine parfois par des conversations dans des langues étrangères.
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Parfois, le but, au fond, est de savoir qui veut quoi. Parfois, il est de savoir ce qui est juste ou gentil. Parfois, le but est une dynamique, un fait, une qualité, une voix, un indice, une chose explicite ou implicite. Parfois, c’est à qui revient la faute, ou ce qui arrivera si vous ne réagissez pas immédiatement. Le but évolue et se perd de vue. Vous ne pouvez pas passer votre temps à le guetter ou bien c’est l’évidence que vous perdrez de vue : incarner l’un des personnages principaux de votre propre vie.
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L’une des petites vérités qui rassurent les gens ou les font subtilement enrager est de savoir qui – quand on a eu l’esprit ailleurs durant un mois ou une année – est encore de ce monde.
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La première phrase peut s’apparenter au coup de marteau, ou avancer lentement pour se faire aimer. Elle peut vous donner une grande tape dans le dos avec une jovialité fraternelle, ou vous soutirer de l’argent. Certains écrivains sont des procureurs, d’autres des médecins au chevet de leurs patients, et d’autres encore prennent ce ton docte qui vous rend dingue. Le problème est que, en littérature, je reconnais chaque style sur-le-champ, et que je les déteste tous.
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