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Citations de Revue Fiction (472)


5 octobre. Quand je suis allée dire bonjour à maman ce matin, elle m’a appris une nouvelle extraordinaire. Elle m’a dit de m’asseoir (maman et papa ont plus de chaises que moi dans leur chambre, et plus d’autres choses aussi), et elle m’a annoncé qu’il allait y avoir une réception ! Maman en parlait comme s’il s’était agi d’une terrible épreuve à laquelle il nous était impossible de nous soustraire ; et elle semblait s’attendre que j’accueille la nouvelle de la même manière. Je ne sais pas ce que j’en pensais vraiment. Il est vrai que je ne me suis encore jamais amusée à une réception (non pas que j’aie été invitée à beaucoup de réunions de ce genre, d’ailleurs) ; mais, pendant toute la journée, je me suis sentie différente au fond de moi-même – plus légère et plus vive, en quelque sorte ; et, ce soir, je ne peux m’empêcher de penser que c’est la perspective de cette réception qui me rend ainsi.
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« DU vin israélien, » est en train de dire Mick Dongan. « Ma foi, il faut goûter à tout, surtout si la chose a une saveur ironique. Ce que je veux dire, c’est qu’on était en Égypte – en Égypte ! – à ce fabuleux dîner donné sur les collines de Louksor, et que notre hôte était un prince Saüdi, pas moins, habillé de pied en cap en costume tribal, sans oublier les lunettes noires ; et au moment où on apporte l’agneau rôti, le voilà qui arbore un sourire démoniaque en disant : « Bien sûr, on pourrait toujours boire du mouton-rothschild, mais il se trouve que j’ai en cave un petit stock de vins israéliens sélectionnés, et comme je pense que vous êtes, ainsi que moi, amateur d’incongruités mineures, j’ai demandé au serveur d’ouvrir une ou deux bouteilles de… Klein, est-ce que tu vois cette fille, qui vient d’entrer ? » On est en janvier 1981 et c’est le début de l’après-midi, avec une pluie fine dans l’air. Klein déjeune avec six de ses collègues de la section histoire aux Jardins Suspendus, au sommet du Westwood Plaza.
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* *

Trois jours plus tard, Lisel était sur la route du nord.

Elle trônait parmi les tapis et les coussins à l'arrière d'un grand traîneau garni de grelots d'argent et tiré par un unique cheval à la robe de jais. À l'avant du véhicule, perché sur une banquette exhaussée, se trouvait le cocher, fouet en main et pistolet à la ceinture en prévision des risques du voyage. Trois valets se tenaient, en outre, sur le marchepied arrière, armés de couteaux, de fouets et de pistolets et emmitouflés jusqu'aux sourcils dans d'épaisses fourrures. On ne pouvait noter la présence d'aucune femme, car Anna avait très nettement stipulé que sa petite-fille n'avait nul besoin de s'encombrer d'une servante.

Dans un claquement de fouets, l'attelage s'était ébranlé, soulevant sur son passage, avec un sifflement doux et continu, des nuages de givre pareils à de la dentelle. Une fois franchies les murailles de la cité, la route du nord s'étendait à perte de vue, telle une immense et parfaite patinoire laiteuse qui luisait faiblement sous le frêle soleil d'hiver transparaissant dans les brumes dont semblait noyé l'horizon. Lisel sentit pétiller sur ses joues l'air vif au travers duquel l'attelage s'élançait et cette sensation, associée au tintement cristallin des grelots, lui évoqua la fraîcheur du champagne. Elle se drapa dans le flamboiement de son manteau écarlate, sentit monter en elle une intense joie de vivre et oublia le peu d'empressement qu'elle avait d'abord montré pour ce voyage.

Au bout d'une heure environ, la forêt sembla venir à leur rencontre et, presque aussitôt, la route fut cernée par les arbres.
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Dans le fauteuil voisin de celui de Shueman, Andra Thorn se détendit, s’éloignant du tableau de commandes. Sa formation faisait d’elle le premier officier de la mission, sa responsabilité principale consistant à prendre la place de Shueman si cela s’était avéré nécessaire pendant les deux années d’espace. Elle l’avait assisté lors de toutes les manœuvres difficiles, attendant qu’il commette sa première erreur. Elle sourit en se rendant compte que cela était finalement arrivé, dans une très faible mesure, lors de ce dernier acte de la mission.
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Mirone Prokop était un grand gaillard d’une trentaine d’années, blond, rêveur, avec des yeux bleus si pâles, si doux, si naïfs, qu’ils lui donnaient l’air un peu perdu d’un bébé poussé en hauteur et errant ainsi sur la terre, hors mesure, sans défense et sans expérience, destiné à se meurtrir au coin des meubles et à trembler au bord des trottoirs, incapable de se décider à traverser les rues tout seul.

Celui qu’il venait d’appeler Kamilo Tompa se dressa sur sa couche en désordre et s’étira.

— « Quelle heure est-il ? »

— « Neuf heures… »

Le visage du dormeur à peine réveillé exprima l’affolement le plus total. Il se jeta lourdement hors du lit et, encore tout engourdi, fit quelques pas, puis se débarbouilla en hâte. Il passa une chemise de soirée, un smoking et sortit précipitamment, sans avoir prononcé une parole, en nouant son petit nœud noir.

La porte, qu’il avait claquée derrière lui, se rouvrit bientôt. Sa grosse tête, soigneusement calamistrée à présent, apparut. Il dit :

— « Bonsoir, vieux… »

— « Bonsoir, Max Eddy. » cria Mirone Prokop.
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« Allez, fais-le tourner ! » dit Garnaud à son fils.

Il s'assit sur le tapis et claqua des doigts. L'enfant se mit à rire. L'attitude de son père l'amusait plus que les deux sphères qui, à l'intérieur du bocal où régnait l'apesanteur, tournaient et rebondissaient sans cesse.

« Fais-le tourner, » répéta Garnaud. « Comme ça… Tu vas voir… C'est drôle comme tout…»

Il posa les mains sur le bocal et s'apprêtait à le soulever quand il s'interrompit : le rectangle d'appel du communicateur venait de s'illuminer.

« Attends, Bounet… Je crois que c'est le commandant. »

Il se redressa, marcha jusqu'à la paroi et se pencha vers le rectangle où l'image se forma aussitôt.

Arnheim avait les traits tendus. Son visage plus pâle que d'ordinaire semblait irréel avec ses yeux clairs et ses cheveux blonds.

— « Garnaud, montez à la salle de commandes… Je dois vous dire quelque chose…»

Il coupa le contact lui-même au moment où Garnaud allait poser une question. L'écran redevint opaque.
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Il n’y avait personne derrière la porte, lorsque Michaelmas l’eut franchie à la suite de Cikoumas.

C’était une pièce blanche, métallique, de dimensions moyennes ; le mur donnant sur l’extérieur était fait de panneaux de plastique hémisphériques, depuis le sol jusqu’au plafond, certains translucides, d’autres transparents, de sorte que les montagnes se répétaient en vues circulaires parmi des cercles apparents de lumière laiteuse. Au-dessus se trouvait l’installation la plus moderne en matière d’éclairage de laboratoire ; un brouillard couleur de perle qui ne laissait ni ombre ni relief. Les murs étaient d’un blanc mat ; des panneaux fermés couvraient les rangements. Le sol d’aggloméré cédait légèrement sous le pied.
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Il serait amusant de composer une anthologie thématique de S.F. réunissant des nouvelles d’obstétrique où le rôle principal est dévolu au fœtus. Ainsi cette nouvelle de Richard Matheson (non traduite en français) : Trespass, où l’invasion des Martiens se fait par insémination des femmes de la Terre à l’insu de celles-ci. Ou encore cet amusant Accouchement pas comme les autres de Damon Knight (dont se souviendront les lecteurs de l’ancien Galaxie) et où l’enfant dans le corps de sa mère dirige la vie de la famille tout en écrivant un roman de cape et d’épée. La présente nouvelle de Brian Aldiss recèle également uns certaine dose d’humour. Il faut d’ailleurs reconnaître qu’un tel sujet abordé avec trop de gravité risquerait de tomber dans le mélodramatique. Tel n’est point le cas avec cette Grève des cigognes où l’on voit les enfants à naître constituer une sorte de troisième force entre les deux sexes, menaçant de ne jamais venir au monde si celui-ci n’est pas conforme à leurs aspirations.
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L'UNITÉ d’Infanterie N°97 de la 16e Section s’était posée sur la rive nord du Fleuve d’Abondance(1) et s’était déployée tout au long de la berge d’alluvions qui permettait d’accéder au Plateau Provençal. Lorsque la 97e aurait gagné un point d’appui sur le plateau, la chute de Fleur du Sud, la principale cité de l’hémisphère sud de Ciel Bleu, serait assurée.

Le commandant de la 97e, tout jubilant de sa part de succès au sein de la Section, transmit sa position à l’A.G.G. Ambassadrice, le vaisseau amiral placé en orbite d’où O’Riordan le Réorganisateur supervisait la première phase de la dixième et dernière campagne de la Seconde Guerre Civile. O’Riordan fut ravi de ces nouvelles et ordonna que la cité fût prise aussitôt. Bientôt, se dit-il, Ciel Bleu serait aussi impuissante que les neuf autres planètes sécessionnistes et l’omnipotence lui serait acquise. Elle était le but de ses visées politiques depuis six ans auparavant quand, sur Terre, il avait détruit les fondements politico-religieux de l’Église Psycho-Phénoménaliste et établi le Gouvernement Galactique. Fusils mitrailleurs braqués, la 97e progressa sur la berge. Les casques bleus en forme de bérets étaient fièrement inclinés. Les uniformes pourpres avaient la teinte du sang dans le soleil du matin. C’était le printemps et une brise allègre venait du sud. Il était inconcevable que Fleur du Sud pût rassembler assez de forces pour se défendre.
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« LES rêves où l’on vole sont une forme élémentaire de symbolisme, » avait dit un jour devant Frank Proctor un vague psychanalyste amateur rencontré dans un cocktail. « Ils sont la forme la plus vaine de la réalisation des vœux secrets. On a trop de mal à creuser son sillon, alors on étend simplement les bras et on prend son essor. »

La fréquence croissante de tels rêves chez lui devait indiquer combien son sillon devenait dur à creuser, pensait Proctor.

Il y avait bien Phyllis… mais n’y avait-il pas toujours eu Phyllis, si l’on admettait que deux années puissent s’étirer en une étouffante et amère éternité ?… Il y avait Phyllis en ce moment, le murmure de son rire brodant sur le tonnerre de la mer qui se brisait sur les roches, en contrebas.

S’efforçant de dissimuler son abattement, il balaya d’un regard distrait les couples autour de lui, sur la terrasse. Puis, avec une feinte indifférence, il fouilla des yeux l’amas des dunes derrière la balustrade. Telles des balles de coton aux contours mous, elles brillaient sous le clair de lune éclatant qui argentait les vagues au pied de la falaise.

Il découvrit enfin sa femme, son profil élégant découpé sur les reflets lumineux de la mer qui auréolaient ses-cheveux. Cette fois, elle était avec Ron McMurphy. La lune posa une rivière de mercure sur la courbe de son bras quand elle le tendit pour toucher la joue de son compagnon.
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De temps à autre, un visage esquissé apparaît puis disparaît sur la porte-fenêtre. Il se présente toujours au même endroit : l’avant-dernier carreau de la rangée de droite.

Le ciel est bleu. Sur la route de Tonbridge Wells, un avertisseur d’auto insistant se fait entendre. De ma fosse à sable, la fleur ressemble à une tresse de rubans de soie roses et blancs. Je suis assis, les jambes croisées, je tiens une poignée de sable humide et, bouche bée, j’en contemple les grains mouvants. À l’intérieur de ma tête, les synapses de mon cerveau sont encombrés, comme les ponts de la ville à l’heure de pointe, de toute une circulation électro-chimique. La sérénité même de ce matin d’avril – l’innocence des feuilles, le manque d’expression de la maison de l’autre côté de la pelouse – témoigne de l’approche des crises. M’ont-ils enfin percé à jour ? Je le sens dans mes tout petits os. Je deviens négligent, ces derniers jours, je vieillis. Je ne me souviens plus très bien de mon texte, de mes répliques, de mon rôle.
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Lorsque l'appareil de conditionnement d'air était venu s'installer dans la petite maison de campagne, il était déjà poussif, bruyant, vieux, démodé et presque inutilisable. Les autres appareils électriques avaient été tristes et inquiets mais quand, en fin de compte, il avait définitivement cessé de fonctionner, ils avaient également été soulagés. De son vivant, ils ne s'étaient jamais vraiment liés avec lui… jamais vraiment.

Il y avait cinq appareils électriques dans la petite maison. L'aspirateur, le plus âgé, d'un modèle solide et digne de confiance (c'était un Hoover) était leur chef, dans la mesure où l'on peut dire qu'ils en avaient un.
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CE soir, le vent heurte ses chaises de fer, et glisse derrière mes verrous ses pleurs d’enfant mort. J’ai déposé auprès de moi ma bonne et forte hache, et j’ai fait le Signe sur ma double porte aux ferrures ornées. Dans l’âtre ronflent les flammes vertes ; des flammes d’homme.

— « Allons, » dit la Voix, « essayez encore une fois d’enfiler cette aiguille. »

La Voix s’élève ainsi de temps à autre. Elle ne m’affole plus. Je sais qu’elle est née de mon délire, et qu’elle appartient à ma fièvre. Elle représente la face la moins nocturne de ce mal profond contre lequel je me débats. Elle en vient parfois à m’égayer un instant, si saugrenues sont les paroles qu’elle profère. Mais je me reprends sans tarder, car le danger m’environne.

Il y a bien longtemps que je suis reclus dans cette sombre bâtisse de montagne, parmi des meubles massifs dont les angles luisent faiblement à la lueur fuligineuse du suif.
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Soudain, la nuit fut très noire. Robert Smith poursuivit sa route, cherchant un refuge contre l'orage qui s'annonçait. Il ne l'avait pas encore trouvé quand un éclair partagea le ciel en deux, les nuages s'ouvrirent et un torrent de pluie grisaille l'aveugla. Elle lui martelait les épaules et lui picotait le visage ; étourdi par le choc, il fit un faux pas, tomba à quatre pattes et secoua stupidement la tête. À travers les battements douloureux de son cerveau, qu'il transperçait aussi facilement qu'un couteau coupant dans du beurre, lui parvint un bourdonnement étrange mais familier. Il se laissa rouler sur le dos et serra ses tempes entre ses paumes. Mais le bourdonnement ne fit que s'accentuer…

…Viens à moi. Là où je suis, il ne pleut jamais. Là où je suis, il n'y a que le bonheur. Viens à moi. Je suis la Force et la Bonté. Viens à moi. Viens à moi…

— « Non ! » hurla Robert Smith, en se tordant dans la boue. « Je ne veux pas mourir ! »
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LA main gauche, » dit l’homme maigre d’une voix sans timbre. « Relevez votre manche. » Douglas Bailey obéit. L’homme maigre lui appliqua quelque chose de froid sur le poignet et tendit le menton vers la porte la plus proche. « Entrez par là, » reprit-il. « La première stalle à droite. »

— « Une minute ! » s’exclama Bailey. « Je voudrais… »

— « Dépêchez-vous, mon vieux. Le produit agit vite. »

Le cœur de Bailey se glaça. « Vous voulez dire… que vous avez déjà… que c’est tout ? »

— « C’est pour cela que vous êtes venu, non ? Stalle numéro un, l’ami. Pressons ! »

— « Mais… Il n’y a que deux minutes que je suis là… »

— « Et alors ? Qu’attendiez-vous ? Qu’on fasse jouer les grandes orgues ? » L’homme maigre jeta un coup d’œil à la pendule murale. « Mon service va finir. Vous comprenez ? »

— « Je pensais que j’aurais au moins le temps de… »
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Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai fait de l’auto-stop jusqu’en Californie, où j’ai travaillé plusieurs mois comme jardinier paysagiste, vendeur de bretzels, barman, laitier, magasinier et homme à tout faire dans une entreprise de cravates peintes à la main. En fin de compte, je suis reparti pour le New Jersey, toujours en auto-stop, et me suis engagé dans l’armée.

Je fus envoyé presque immédiatement en Corée (cela se passait pendant les années d’occupation, en 1946-48) et tins de multiples emplois : garde sur le 38e parallèle, assistant rédacteur dans un journal, employé chargé des feuilles de paie et, enfin, guitariste dans un orchestre de l’armée. (…)

(Quelques années après), diplômé de l’université de New York, j’en sortais rempli d’espoir et mes valises pleines de récits invendus. J’entrai comme assistant métallurgiste dans une usine d’aviation et, quelques mois plus tard, je vendais ma première histoire. »
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« C'est très beau, » dit une voix derrière mon épaule gauche.

Je sursautai. « Qui diable êtes-vous ? »
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DERRIÈRE les verres épais de ses lunettes, les yeux globuleux et divergents de Jean-Paul Sartre se voilèrent, s’éteignirent tout à fait. Il était tombé le buste sur son bureau, alors qu’il était en train d’écrire un éditorial pour un polizine ; quelques feuilles avaient volé sur le plancher, soufflées par la brutale compression de l’air que le corps de l’écrivain avait produit en s’affaissant. Quelques secondes plus tôt, Sartre avait senti une petite piqûre, quelque part dans son dos ; mais il n’y avait pas pris garde. Il travaillait le dos à la fenêtre, et la fenêtre était ouverte. C’était la fin de l’été, il y avait du soleil, il faisait beau et chaud. L’objet qui avait pénétré sous l’omoplate droite de Sartre, perçant son blouson de laine, sa chemise et son tricot de corps, avait été tiré d’une fenêtre de l’immeuble d’en face, à l’aide d’une carabine spéciale à air comprimé munie d’une lunette de visée : une arme de tueur discret.
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Au début, ce n'était qu'un rêve, tout simplement. En temps ordinaire, Marley ne se souvenait pas de ses rêves, mais celui-ci lui revenait de plus en plus fréquemment, alors que le jour de la remise des diplômes approchait.

Il commençait toujours tandis qu'un autre se terminait. Marley s'éloignait d'un air furieux du groupe d'amis avec lequel il venait juste de discuter. Certains lui criaient de revenir ; d'autres l'en défiaient. Impulsivement, il se tourna vers eux, se mit à avancer par bonds, sauta haut en l'air – et demeura suspendu là, riant triomphalement en voyant levés vers lui leurs visages, sur lesquels se lisaient l'incrédulité et la peur. Il fut emporté par le souffle de la brise aussi aisément qu'une aigrette de pissenlit.
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CETTE après-midi-là, le professeur David rentrait chez lui un, peu plus tôt qu’à l’ordinaire. Il avait fait le plein d’essence au sortir du campus de l’Université. Il ne roula que quelques instants sur la large voie à grande circulation et prit un chemin sinueux et montant qui bientôt s’enfonça dans la campagne, entre des haies fleuries. Il conduisait machinalement, sans regarder le paysage. Il ne pensait à rien. Il se sentait engourdi. Pourtant une partie de son esprit demeurait en éveil, comme aux aguets. Et il baignait dans une tristesse pareille à une encre épaisse.

Le bungalow où il habitait était situé dans un nid de verdure, presque au sommet d’une colline épaulée par de plus hautes montagnes qui s’étendaient vers l’est. De là, les regards embrassaient une vallée large et heureuse que balayait en cette fin d’après-midi la lumière du printemps.
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