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Citations de Revue Fiction (472)


Au contact de la main de Maija, l’animal souleva les paupières et, de nouveau, ses yeux dorés se fixèrent sur la jeune fille. Celle-ci sentit aussitôt sa frayeur s’évanouir : la bête écroulée dans la neige à ses pieds tremblait de froid ; elle paraissait malade et était, en tout cas, trop faible pour se tenir debout. Le muet appel contenu dans son regard n’était que trop éloquent.
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La femme apparaît, le front barré de rides d’inquiétude. Son mari est à nouveau dans tous ses états. Il s’empoisonne à nouveau les artères par un de ses accès de rage. Cette rage qui s’amasse comme un nuage. Qui suinte des murs, qui s’accroche au mobilier.

Comme quelque chose de vivant.
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Le manque de crédits était la raison première pour laquelle ces sculptures – presque des tableaux vivants – avaient été transférées dans des placards : l’eau menaçait de les détruire en passant à travers la verrière lézardée et la fiente des pigeons avait commencé à maculer leur pelage. Mais il n’est pas de conservateurs qui ne regrettaient l’époque où ils étaient exposés dans leur vrai cadre : l’immense podium d’un théâtre construit pour qu’ils s’entre-tuent sauvagement sous les regards effrayés des spectateurs. À présent, dans un coin de la scène, sous la verrière occultée par des tôles ondulées, trépidant à chaque querelle de pigeons, subsistaient quelques buffles, des morses, des hippopotames, trop volumineux pour être rangés dans un wagon-penderie de la zoothèque. Carl Jünger les avait peints aussi, avant de les voir s’effriter, pourrir, suinter d’eau et d’excréments, mourir d’un cancer qui crevait leur carapace et que le taxidermiste n’avait pu guérir.
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— « Eh bien, j’imagine qu’un indépendant avec votre réputation universelle obtiendrait autant que Monsieur Hammocker, cinq mille dollars par bouquins. »

— « Le fils de pute ! Il m’avait dit qu’il n’en touchait que 3000 ! »
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Avec plaisir, il parcourut ce monde étrange et merveilleux évoqué par ces livres, par celui de de Castries, par le journal et par des souvenirs précis de ses expériences plutôt curieuses de la veille. Les villes modernes étaient véritablement les mystères suprêmes du monde et les gratte-ciel, leurs cathédrales séculaires.

En même temps, il décida de l’emploi du temps de cette journée qui promettait d’être magnifique.
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Bolin lui examina le ventre. Celui-ci paraissait bizarre, sans sexe ni nombril. Il semblait donc que sa peau s’étirait pendant la grossesse, mais comment devenait-elle enceinte et comment donnait-elle le jour ?

Avec un pénible effort, Bolin se rappela son but. Il se posa au bord de l’estrade et demanda : « Connaissais-tu les autres ? »

— « Ils me connaissaient. » Une membrane argentée lui recouvrit les yeux durant un instant. Elle emplit une coupe d’un liquide jaune pâle et le posa près de lui. « Nos hommes apportent des présents pour que je bénisse leur chasse. Tes hommes m’apportaient des cadeaux pour que je les aide dans leur négoce. Tous les hommes sont semblables. » Elle se renversa sur les fourrures, révélant les croissants pâles des ouïes sous ses aisselles. « Tu t’appelles… ? »

— « Bolin. Et tu es Illynolalamouna. »
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Le groupe qui avait pris les premiers contacts sous la direction d’Hans Mene il y a tant d’années, avait sagement jugé ces visages trop baroques pour en parler dans son rapport. Il avait préféré en présenter des images qui parlent d’elles-mêmes. Les premiers explorateurs avaient peut-être posé les mêmes questions qu’Hesper quand Taki lui avait montré les images pour la première fois. Est-ce qu’il y a vraiment un visage à cet endroit-là ; Ou n’était-ce que la preuve de la faculté qu’ont les humains de voir leur visage partout ? Hesper avait intitulé un de ses poèmes ; « Le Dieu de la cuisine ». Elle y racontait l’histoire vraie d’une femme qui, environ un siècle auparavant, avait découvert l’image du Christ dans les marques de brûlé d’une omelette.
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L'escadrille des corsaires arriva juste avant le lever du soleil. Vue de sa hauteur (cinq mille pieds), la Terre était d'un bleu gris, nappée de brouillards locaux. Des canaux d'irrigation accrochaient les premières lueurs comme s'ils étaient emplis de mercure. Vers l'ouest, l'océan brillait ; il allait se perdre dans la pourpre et les étoiles.

Loklann-fils-de-Holber se pencha sur la lisse de son dirigeable-amiral, et braqua un télescope sur la cité. Un enchevêtrement de murs, de toits plats et de tours carrées surgit devant ses yeux. Les flèches de la cathédrale étaient teintées de rose par le soleil encore caché. Aucun barrage de ballons ne s'élevait. La rumeur devait être vraie, selon laquelle le Pério avait abandonné ses provinces limitrophes à leur sort.
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J’AVAIS quatorze ans à l’époque. J’étais assis dans la voiture en attendant que papa sorte de l’hôpital où il était allé voir maman. C’était le lendemain du jour où papa m’avait appris que j’avais une petite sœur.

On était au mois de juillet. La journée était chaude et il était à peu près quatre heures. Comme c’était l’heure à laquelle papa devait sortir, j’ai ouvert la portière de la voiture pour regarder si je le voyais.

Quelqu’un a appelé : « Monsieur ! Monsieur ! »

Il y avait un écureuil roux qui se promenait sur la pelouse couverte d’une herbe épaisse, et, plus loin, au coin de la rue, un homme qui vendait des ballons. Je les ai regardés. Il ne serait venu à l’idée de personne de m’appeler monsieur. Personne ne l’avait encore jamais fait : j’étais trop jeune.

On a appelé encore : « Monsieur ! »

C’était une voix de femme, mais une voix dure et méchante. Elle était forte, mais elle contenait une note implorante, horrible à entendre. Rien de ce qui est fort ne devrait implorer. Le soleil était chaud, et les briques des bâtiments étaient d’un rouge chaud, lui aussi. L’écureuil ne paraissait pas effrayé. L’herbe était d’un vert doux et tendre. Maman allait bien : c’était papa qui me l’avait dit, et lui se sentait très en forme. Le soir, nous devions aller au cinéma, papa et moi, en copains. Quand les choses étaient normales à la maison, qu’on menait une vie bien réglée, que maman était là pour nous préparer les repas, et tout ça, lui et moi on n’était pas aussi intimes. Cette semaine, quand on aurait faim, on ferait une razzia sur le frigidaire et on se coucherait tard, parce que papa oublierait de m’envoyer au lit et que, de toute façon, il aurait envie de bavarder entre hommes.
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LACHANT le volant, Mat tendit le bras.

— « C’est là. »

— « Où ? »

— « Là-bas… dans le fond. » Comme il disait ces mots, Bridget vit soudain ce qu’il désignait ainsi. À première vue, on aurait dit une église, une nef raccordée à une tour saxonne cylindrique dont la partie supérieure était écroulée. Mais quel isolement ! La route n’allait pas plus loin. La jeune fille distingua fugitivement une sorte de miroitement, sans doute un plan d’eau, mais le paysage sombre et morne qui s’étendait aussi loin que plongeait le regard était d’une désespérante monotonie que rien, pas la plus petite éminence, ne venait rompre.

« Ce sont les marais de Killabeg, » dit Mat. « Je suppose que ce devait jadis être un lac. Il reste encore une espèce d’étang derrière la maison. »

— « Quelle idée saugrenue que de construire une demeure au milieu d’un marais ! » s’exclama Daniel.
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Il était juste un peu plus de trois heures du matin. Toute seule sur son petit atoll d’asphalte, dans un delta formé par la convergence de deux routes de campagne, une pompe à essence restait ouverte toute la nuit. Pas très loin de là, une route noire à deux voies passait sous une autoroute. Et là-haut, sur les couloirs de la 101, de gros semis fonçaient en grondant ; bien que moins fréquents à cette heure-ci ils faisaient pourtant le tour du cadran. En bas, au niveau du sol, sous les hauteurs impériales de ce viaduc, tout n’était qu’obscurité et silence campagnard plein de grillons. Au bord de la route, les formes noires des arbres délimitaient l’îlot de lumière de la station. C’étaient de grands chênes à demi-dénudés qui se tordaient sous les étoiles.
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Bien que je réprouve les méthodes des extrémistes, j’avais, comme beaucoup d’autres Terriens, une certaine sympathie pour les indépendants de Vogl qui voulaient disposer de leur propre Patrouille. Il n’y avait aucune raison de les empêcher, et d’ailleurs nous savions, pour la plupart, que c’était dans les prévisions. Les académies terriennes de Patrouille Planétaire avaient élaboré les méthodes d’instruction les meilleures, sur les plans mental et physique.
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Ténèbres s’arrêta pour se reposer. Elle avait atteint les formations de tunnels emplis de gaz et n’avait plus à creuser son chemin dans la substance minérale du volcan. Elle se détendit un moment dans le passage tortueux, appréciant la lumineuse chaleur et les bouffées d’air incandescentes qui remontaient de temps en temps du magma. Elle pouvait analyser les gaz en se basant sur leur goût : c’était un autre des talents dont les humains l’avaient dotée. Des vapeurs toxiques pour eux représentaient seulement pour elle des odeurs intéressantes. Si cela devenait nécessaire, elle pouvait métaboliser certains gaz ; cette capacité aurait été indispensable dans la plupart des endroits qu’elle était censée explorer, lorsque le soleil était trop sombre pour créer la vie, quand toute vie avait disparu ou n’avait jamais existé, et qu’il n’y avait aucune trace de chimie organique. Sur les autres planètes, dans les astéroïdes, et même sur Mars, elle aurait tiré son énergie d’un minimum d’atmosphère, de la glace, de la poussière même.
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La salle était pleine à craquer, une lune tropicale énorme brillait comme prête à éclater, et si je pouvais voir les deux à la fois, c’est que j’avais enfin réussi à attirer Ellen Emmet sur le balcon et que les portes-fenêtres étaient maintenues ouvertes.

— « Revenu une fois de plus d’entre les morts, » avait-elle dit en m’accueillant, avec une ébauche de sourire. « Parti depuis près d’un an, et pas même une carte postale de Ceylan pour me souhaiter un prompt rétablissement. »

— « Étiez-vous malade ? »

— « J’aurais pu l’être. »
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Quelqu'un saura peut-être expliquer logiquement ce qui m'est advenu. Sûrement même, mais je ne serai plus là pour l'apprendre. Quelques heures encore et j'aurai la clef du mystère.

À moins que là-bas aussi, on ignore tout. De toute manière, ce n'est pas moi qui reviendrai le dire…

J'écris ces lignes hâtivement, sur des feuilles volantes, en m'appliquant à faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Flora qui dort, la bouche ouverte et le visage barbouillé par ce masque de beauté d'un blanc malsain qu'elle s'applique chaque soir, et dont l'odeur de concombre sûr provoque en moi une instinctive répulsion.
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— « Que se passe-t-il ? Qui frappe ainsi ? »

— « La moitié de la planète, » répondit sèchement Helva, et elle activa les systèmes de vision et d’audition externes. Elle baissa immédiatement le son presque assourdissant.

— « C’est bon, c’est bon ! » cria-t-elle à la foule, sa voix s’amplifiant avec aisance pour dominer leurs clameurs furieuses.
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— De l’eau, marmonna-t-elle en frottant les traînées de sang coagulé sur sa poitrine. Il me faut de l’eau. (Sa langue râpait ses lèvres gercées.)
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CETTE nuit là, le bar vendait à gogo ses cafés arrosés. J’en avais pour ma part pris deux. Il faisait bon dans cette salle, presque trop bon même, sauf lorsqu’un arrivant franchissait la porte : alors une bouffée de brouillard, humide et glaciale, pénétrait jusqu’à nous.

De l’autre côté des vitres, tout n’était plus qu’un chaos grisâtre. Le brouillard noyait les innombrables lumières de la ville – le jaune qui filtrait de la salle de bar, les feux des véhicules passant sur la chaussée, les lueurs froides que diffusaient les lampadaires gelés, et toute la gamme arc-en-ciel des néons. Il les brassait, les mélangeait pour produire ce magma fantomatique dont il nous renvoyait le suintement à travers les fenêtres.
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À présent, Gren était en tête à tête avec l'insecte à la monstrueuse protubérance ; les autres s'étaient éloignés au pas cadencé. Les environs étaient baignés d'une bizarre lueur verdâtre, faite d'ombre plutôt que de clarté, et dont on ne parvenait pas à discerner le foyer, Gren avait du mal à suivre son mentor car le relief de la galerie devenait accidenté et la circulation y était dense. C'était un véritable grouillement de termites dont tous les mouvements répondaient apparemment à un objectif bien défini, mais d'autres créatures, plus petites, se mêlaient à eux, tantôt solitaires, tantôt en groupes compacts.
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Il faisait chaud en ce samedi de printemps et Johnny Bornish était venu passer la matinée à Central Park. Il dessina des marins couchés dans l'herbe avec leurs petites amies ; il dessina des vieillards en chapeau de paille et des marchands de glaces poussant leur voiture à deux roues. Il exécuta deux rapides études d'enfants au bord du bassin sillonné de petits bateaux et il en aurait réussi une autre, magnifique, si un énorme danois, gambadant comme un fou, ne l'avait bousculé et fait choir brutalement, le derrière dans l'eau.
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