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Citations de Revue Fiction (472)


Le ciel était d'un noir coléreux, chargé de nuages lourds de pluie ou le tonnerre émettait des borborygmes, le jour de notre mariage. Ma belle et jeune épousée prononça une incantation : « Pluie, va-t-en, pluie, ne reviens pas aujourd’hui. » Et quand elle me rejoignit, souriante, dans l'allée où je l’attendais, le soleil éclatant pointait des doigts multicolores à travers les vitraux de l'église.
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Une chose qu’adorait Big Ike, c’était passer une heure ou deux avant la tombée de la nuit dans la coupole surmontant l’hôtel Popper, construit quatre-vingts ans plus tôt par son papa en plein centre de la ville de Poppertown, elle-même située au beau milieu de la vallée Popper.

L’endroit faisait toujours office de poste de commandement, quoique, à vrai dire, il y eût bien moins à diriger que par le passé.
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Dans un lointain futur, une ville avait été établie sur une péninsule rocheuse à deux jours de marche au sud du lieu où Athènes avait un jour existé.

La péninsule prenait naissance avec un amoncellement de rochers tuméfiés, s’étirant sur la mer bleue comme un doigt tendu. Tout au long de sa crête poussaient des pins qui dégageaient une senteur entêtante et ressemblaient à des parapluies ouverts ; sur cette crête poussaient aussi des cactus, des cyprès, des vignes, ainsi que des oliviers mouchetés par une dentelle de moisissure fongique. Puis à l’extrême pointe, là où la péninsule prenait fin, s’étalait le petit État-cité de Tolan. Ses habitants l’appelaient le Site Parfait.
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L'assurance sur la vie d'Oncle Phil s'élevait à cent cinquante livres, et les Grigson examinèrent la question en famille ce soir-là, dans le grand salon de l'appartement, au-dessus de la boutique. Ils étaient tous là : Maman, Papa, Ernest, Una avec son mari George (lui s'appelait Fleming, de son nom de famille, mais Una, naturellement, était une Grigson et George travaillait au magasin avec Papa) ; il y avait même Joyce et le jeune Steve, qui d'habitude étaient toujours sortis et ne rentraient, comme disait Maman, qu'à Dieu savait quelles heures. Maman, qui pour une fois avait fait un peu de toilette et s'était recoiffée, était très fière de les voir tous réunis ; on se serait cru à Noël et pourtant on n'était qu'en octobre et elle n'avait pas aussi mal aux pieds qu'au moment de Noël. C'était une charmante soirée de famille ; il ne manquait qu'Oncle Phil, le frère aîné de Maman, mais c'était lui justement qui venait de mourir, en laissant cette assurance de cent cinquante livres.
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Le corps d’Ilyana se tendit violemment.

Elle n’avait pourtant fait aucun geste, trop attentive pour oser seulement remuer un doigt, et déjà elle vibrait. Cette chose ! C’était comme un être cher qui serait parvenu à s’engloutir dans son intimité. Elle s’imaginait s’écartelant pour lui laisser la place, pour permettre à ce bonheur subtil de jouer avec les fibres les plus secrètes de son être. Et cette présence, de fait, semblait connaître les moindres secrets de ses sens. À peine Ilyana s’était-elle arc-boutée dans un premier spasme qu’un nouveau sursaut arquait son dos, incrustait ses ongles dans le tissu de la couche pendant qu’un soupir passait entre ses lèvres.

Chaque seconde devint dès lors une éternité d’un crescendo intolérable de plaisir.
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IL descendit la rue, après avoir surgi brusquement d’une des zones obscures entre les réverbères clairsemés, comme s’il avait émergé du néant. Il pénétra dans la flaque lumineuse que la vitrine d’un drugstore étalait sur le trottoir.

Du ciel chargé de nuages, soufflaient en grondant de tièdes rafales humides qui semblaient le pousser devant elles. Au moment où elles s’apaisèrent, il était arrêté sous une enseigne au néon qui grinçait comme pour se plaindre des mauvais traitements que lui faisait subir le vent.
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Will colla un œil devant un trou de mite béant dans le rabat et Jim en fit autant. Tous deux eurent le même sursaut.

Le manège commençait de tourner, certes, mais…

Il tournait à l'envers !
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Qu’est-ce qu’il y a, Pearl ? » reprit-elle d’un ton impatient en se tournant vers sa fille.

Celle-ci avait le don de l’impatienter. En quoi cette gamine de douze ans trop grassouillette, trop terne, et dont le visage déjà empâté n’offrait aucune promesse de beauté future pouvait-elle bien lui être utile ? D’un ton encore plus agacé, elle répéta :

« Qu’est-ce qu’il y a ? »
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« REGARDE, » dit-elle en tendant la main.

Docile, il freina.

Le profil de sa femme se détachait sur le paysage paisible, encadré par la portière. Elle dégageait autant de lumière qu’une fleur grisée par le soleil. Sa beauté le stupéfiait toujours. Il connaissait par cœur la moindre veinule qui parcourait sa tempe, la naissance de l’épi doré sur son front, la douce renflure de sa joue, la richesse de la couleur de sa peau. Il était aussi idiotement amoureux que deux ans auparavant. Mais silencieusement. Elle le sentait chaque fois que ses mains la frôlaient. Dans certains de ses regards aussi.
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LA main posée sur la poignée de la porte, le commandant Richard Martin s’arrêta devant le bureau du colonel Tyler.

À l’intérieur retentissaient des voix furieuses. Martin se retourna pour interroger du regard la réceptionniste du colonel, qui se tenait derrière le lieutenant Schmidt. Cette jolie fille, d’habitude très sûre d’elle, était pour l’instant plutôt pâle. Elle lui fit avec conviction un signe de tête affirmatif et leva les yeux au ciel, un ciel qui dominait des centaines de mètres carrés de terre battue, de béton et d’installations électroniques de défense.
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La toile – ils appellent cela une œuvre d’art – luit de toutes ses coruscantes couleurs exaltées par un éclairage nocturne. Quatre personnages qui jouent aux cartes. Je ne connais pas ce jeu, mais j’ai déchiffré sa signification dans la tête des gens. Des vêtements baroques, des parures pompeuses qui dénotent bien la vanité puérile de l’être humain. Le personnage de gauche triche ; il extrait de sa ceinture – derrière son dos une carte marquée d’un losange rouge. Les deux femmes de la toile paraissent être de connivence avec le tricheur, et leur but, visiblement, est de dépouiller le quatrième larron dont le visage traduit cet air benêt propre à la jeunesse terrienne. Des pièces de métal sur la table, et qui changent de main assez rapidement, imagine-t-on. Est-ce cela l’homme : la concupiscence infantile, le mépris de ses congénères ?
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JE suis un homme-appât. Nul ne l’est de naissance, sauf dans je ne sais quel roman français dont le titre m’échappe et où tout le monde joue le rôle d’appât. Comment le suis-je devenu ? C’est une longue histoire, qui cadrerait plutôt avec le courrier du cœur et ne mérite guère d’être rapportée ici. Mais les jours de la bête valent bien qu’on leur consacre quelques pages. Ces pages, les voici.
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LE fleuve Ez ressemblait à une large allée de mercure, sous un ciel violacé : il coulait avec une majesté figée entre des berges enfouies dans une végétation dont l’exubérance n’avait d’égale que l’insupportable touffeur. Des oiseaux au profil métallique survolaient les pesantes frondaisons en quête d’invisibles proies. De courtes falaises miroitantes incrustées de gemmes fabuleuses plongeaient parfois dans le courant, interrompant abruptement l’épaisse muraille végétale, tandis que des animaux prodigieux mais indéfinissables, aux crocs impatients, aux écailles luisantes, disparaissaient dans l’onde grasse en un jaillissement argenté. Ils s’approchaient à grande vitesse de la canonnière, mais s’arrêtaient net à quelques brasses de la coque étincelante, comme s’ils avaient pu deviner que cette masse de métal vautrée dans l’impassibilité du grand fleuve était susceptible de cracher d’un instant à l’autre de mortels éclairs, de les réduire à l’état de cendres grésillantes.
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Il ne regarda pas Aurike après qu’il eut pris la plaquette-bulle qu’elle lui avait rendue. Il se dirigea tout droit vers la salle-de-séjour. Il n’alluma pas la lumière, et marcha à tâtons jusqu’au Time Courier®. Sa respiration était courte et rapide, et la pensée qu’il pourrait ébrécher ou endommager la plaquette-bulle en l’introduisant maladroitement dans la fente lui traversa l’esprit comme une pensée cauchemardesque. La plaquette déverrouilla la verrière de plastique, et Massimo s’allongea sur la confortable surface rembourrée. Il referma la verrière en enfonçant un bouton juste au-dessus de sa tête. Il y eut un léger bruit mécanique et le ronronnement du système de circulation d’air. Puis l’écran gris de l’ordinateur principal s’alluma. Massimo détestait cette phase, mais elle était inévitable. Elle prenait trop de temps ; mais elle était programmée dans la machine, et, ainsi que l’avait précisé le concessionnaire, on ne pouvait la supprimer sans détruire la plaquette-bulle et la rendre inutilisable. Cela était conçu ainsi pour la protection de l’utilisateur.
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Toutes les cloches des beffrois des Pays Noirs à l'est de Steinbeck-World résonnaient dans sa tête. Cela donne une idée vague de ce qu'éprouva Konnar le Grand lorsqu'il reprit conscience. D'ailleurs, un Instant, il crut n'avoir point repris conscience : il crut qu'il s'agissait d'un abominable cauchemar. Des images défilant sur un rythme effréné lui claquèrent la mémoire : elles étaient toutes à base de fesses, de seins, de cuisses féminines et de vulves colorées, de membres virils turgescents – de seins principalement, car il y avait là une fixation certaine de Konnar, une mer de poitrines, un océan de mamelles, des seins, des seins, des seins, de tous acabits, des ronds, des durs, des mous, des gros, des grands, des petits rigolos, des pleins d'espoir et des désenchantés, des arrogants, des relaxés. Mais le cauchemar, c'était surtout les cloches.

Il ouvrit les yeux.
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Hugh Grover était assis devant l'écran de la télévision, dans le bureau d'un abri qui avait été construit à l'épreuve des bombes pendant la dernière guerre. Quoique vieux, il était vaste et jouissait de tous les raffinements du confort. Le domaine des Grover était immense, et c'est sur une de ses parties boisées que le grand-père d'Hugh avait construit l'abri, soixante ans auparavant. Bien qu'il ne servît plus de refuge, tous les Grover avaient tenu à l'entretenir, car tous avaient gardé des habitudes de prudence et de prévoyance que n'avait point entamé le nonchalant optimisme des premières décades du XXIe siècle. L'entrée était camouflée et seuls les Grover et leurs amis intimes étaient au courant de son existence.
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Assis à la fenêtre de son bureau, dans l'attente de la visite du représentant du magazine d'actualité, il laissait errer son regard sur l'immense pelouse, les fusains et les bouleaux, les gais parterres de tulipes. Et il se demandait pourquoi il s'inquiétait à la pensée de ne plus écrire, puisqu'il en avait dit sans conteste beaucoup plus que la plupart de ses confrères, souvent avec moins de détours et, bien que sous une forme romancée, avec sincérité et, du moins l'espérait-il, de manière à convaincre.

Il occupait dans la littérature une place sûre et solide. Aussi se disait-il que, sans doute, tout était pour le mieux ; il avait avantage à s'arrêter maintenant, à l'apogée de son art, plutôt que d'entrer dans le déclin de sa vie en laissant les brumes de la sénilité ternir le pur éclat de son œuvre.

Pourtant, le besoin d'écrire continuait de le tenailler ; il avait le sentiment que s'en abstenir équivalait à une trahison – une trahison envers qui, toutefois, il n'en avait nulle idée. Et puis il éprouvait encore autre chose : une blessure d'amour-propre, peut-être, et une sensation de panique comme celle qui doit s'emparer d'un homme soudain frappé de cécité.

Mais tout cela était de la bêtise. En trente années passées à écrire, il avait mené à bien l'œuvre de toute une vie. Et cette vie avait été belle. Non pas frivole ou agitée, mais assurément pleine de satisfactions.

Il jeta un coup d'œil circulaire à son cabinet de travail en pensant à quel point une pièce peut porter l'empreinte de celui qui y vit : les rangées de livres reliés en veau, la sobre élégance du bureau en chêne massif, le tapis moelleux sur le sol, les vieux fauteuils au profond confort, chaque meuble et chaque objet donnant l'impression d'avoir été posé avec autorité à la place qui lui convenait.

On frappa à la porte.
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Un des menus faits significatifs qu'Hésione remarqua ce dimanche matin fut la présentation de toutes les dernières éditions des journaux, qui étaient pliés avec leur première page apparente au lieu de celle des bandes dessinées. Cinq nouveaux avions disparaissent, titrait un organe modéré. Singulières coïncidences dans les récits de victimes d'amnésie, annonçait un autre. Une jolie fille frappée d'amnésie – Histoire incohérente, proclamait une feuille à sensation. Hésione acheta le « Herald Tribune » et en déposa la plus grande partie sur le tabouret à côté d'elle, ne gardant que les pages des nouvelles et des spectacles.
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CETTE nuit-là il y avait une voiture de police, du modèle qu’on appelle, je crois, K-9, dans le petit parc de stationnement réservé aux employés derrière l’Institut. J’allai me ranger à côté d’elle et descendis de voiture. La lune éclairait de sa lueur blafarde un ciel d’été, mais une lumière brillait derrière la petite porte située sur le côté de l’énorme bâtiment. Portant ma boîte à outils, je me dirigeai vers elle, appuyai sur la sonnette et attendis.

Au bout de quelques secondes un gardien en uniforme apparut derrière la double épaisseur de verre de la porte. Avant qu’il eût ouvert celle-ci, deux policiers en uniforme étaient debout à ses côtés, tenant en laisse un vigoureux chien-loup qui dressait les oreilles dans ma direction.

La porte s’ouvrit. « Contrôle Électronique, » dis-je en présentant ma carte d’identité. Le chien m’inspectait tandis que les trois hommes en uniforme examinaient mes papiers et paraissaient satisfaits.

En quelques mots brefs accompagnés de signes de tête, les policiers m’invitèrent à entrer. Un moment plus tard ils prenaient congé du gardien en disant : « Tout paraît en ordre ici. Dan : on n’a plus qu’à s’en aller. »
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Tu as faim ? Je peux te préparer quelque chose.
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