Je me disais que la littérature ne pouvait pas être un enseignement strict et défini de valeurs, une éthique monochrome, mais, au contraire, elle devait représenter une diversité bruyante, un dialogue métissé, un héritage plein de luttes communes et de désordres esthétiques. La littérature devait s’affranchir des drapeaux, car elle était un glissement de l’âme, un choix de soi-même, un dépassement, et non une servitude.
Miguel Bonnefoy
Le travail de la philosophie, c’est de passer partout - le reste, c’est du commentaire. On doit acquérir une vue précise mais globale, comme un médecin généraliste. C’est la pensée de Pascal : savoir quelque chose de tout, plutôt que tout d’une chose.
Michel SERRES
En haute mer, c’est l’eau et le vent qui commandent. En haute montagne, vous apprenez l’humilité devant plus fort que vous. Si vous trichez, ce n’est pas la peine. Cela vous apprend une morale terrible, proche de la recherche scientifique ou de la vérité des maths : les équations sont plus fortes que vous. Vous n’y pouvez rien. Haute mer et haute montagne, c’est pareil.
Michel SERRES
La formidable dissemblance de notre temps avec 1789, c’est l’espérance. Les Gilets jaunes, c’est une révolte sans rêves. Une révolte sans récit, tout au moins sans récit de l’avenir…
Mona Ozouf
La France est d’abord une nation « idée ». Ce n’est pas un hasard si sa devise est Liberté, Egalité, Fraternité. Des concepts pas une figure.
Mona Ozouf
Oui, c' est très français d' accorder de l' importance à la liberté d' expression et aux écrivains, à ce qu' ils pensent, à ce qu' ils nous racontent de ce monde.
Comme il est très français de soutenir le cinéma, et pas seulement le cinéma français ; d' organiser à longueur d' année et partout sur le territoire des rencontres, des salons et des festivals, littérature, musique, bande dessinée, danse, arts de rue, théâtre ; d' avoir un statut d' intermittent du spectacle depuis 1936 ; des artistes en résidence, français comme étrangers ; une rentrée littéraire ; une journée du patrimoine ou une fête de la musique.
Peut-être est-ce ( aussi ) pour cette raison que la France n' a pas encore élu à sa tête un animateur de téléréalité irrationnel et extrémiste ?
Ma région d’enfance, c’était le rien de la France paisible et éternelle, le givre sur le livre d’histoire, la congélation des émotions et des vies dans la glacé presque surnaturel d’une paix trop calme pour ressembler au bonheur. Laurent Mauvignier
C' est ici que je vis, dans ce pays qui n' est pas celui de mon enfance.
Il aurait pu l' être puisque mes origines paternelles se fondent dans ces paysages de la Bretagne du Nord, où se lient la nature dans son immense générosité et de belles maisons de villégiature, austères et rigoureuses, progressivement reléguées par une urbanisation qui alterne des lotissements se cherchant une âme avec des surfaces commerciales y ayant renoncé depuis longtemps.
Modernité et laideur forment un couple solide dont les derniers enfants, les éoliennes, achèvent de saccager des perspectives au nom d' un rendement énergétique dérisoire.
Enseigner, ce n' est pas seulement transmettre, on le sait, c' est recevoir. Ce n' est pas seulement ouvrir un champ d' exploration, c' est se déployer aussi, ensemble, très haut, détachés mais proches, comme une nuée d' oiseaux, la collectivité au service de l' individualité et inversement, dans un mouvement assuré et plein de grâce.
Il y a un élan poétique et politique dans l' enseignement où la créativité la plus pure se mêle à l' engagement d' un être, un espace où il se révèle aux autres et à lui-même et permet à celui qui le guide de trouver aussi sa propre révélation -sa place dans le monde.
… le vent de l’ouest marin, puissant, qui transforme les rues du centre en canyons, dégage le front et fait les joues fraîches
Maylis de Kerangal : « Voilà, je viens du Havre, c’est ma provenance » p. 162