e m'appelle Rigoberta Menchu. J'ai 23 ans. Je voudrais apporter ce témoignage vivant, que je n'ai pas appris dans un livre, et que je n'ai pas non plus appris toute seule, vu que tout ça, je l'ai appris avec mon peuple, je voudrais bien insister là-dessus. J'ai beaucoup de mal à me rappeler toute cette vie que j'ai vécue, parce que souvent il y a des moments très sombres, et il y a des moments où, ça oui, on passe aussi du bon temps, mais l'important c'est, je crois, que je veux bien mettre ça au point que je ne suis pas la seule, , parce que beaucoup de gens l'ont vécu, et c'est la vie de tous. La vie de tous les guatémaltèques pauvres, et je vais essayer de raconter un peu mon histoire.
Tout enfant nait avec son nahual. Son nahual est comme son ombre. Ils vont vivre en parallèle, et presque toujours c'est un animal qui est le nahual. Pour nous autres, le nahual est le représentant de la terre, un représentant des animaux et un représentant de l'eau et du soleil. (...) Moi, je ne peux pas dire quel est mon nahual parce que c'est un de mes secrets.
(R. Menchù explique comment ses parents se sont installés après leur mariage)
Les terres étaient domaniales, c’est-à-dire qu’elles étaient au gouvernement et que, pour entrer sur ces terres, il fallait lui demander une autorisation. Après avoir demandé l’autorisation, il fallait payer un droit pour défricher les montagnes et ensuite pour construire sa maison (…) Bien sûr, ce n’est pas facile qu’une terre donne une récolte quand on vient de la cultiver et de défricher les montagnes. Il faut huit ou neuf ans pour qu’elle donne une première bonne récolte...