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Citations de Robert Olmstead (37)


Il savait que l’heure de son père était venue ; il ne faisait pas de doute qu’il allait rendre le dernier soupir. Il savait désormais que tout doit mourir tôt ou tard, et il savait que la vie n’est que bien peu de chose. Il savait que tout ce qui existait avait existé auparavant. Il savait que la vie d’un homme ne tient qu’à un fil ténu, quels que soient ses actes, ses déclarations et l’opinion qu’il a de lui-même. Il savait que la terre était courroucée et que le mal était aussi vivant que n’importe quel homme ou n’importe quelle femme. Il savait que la vie ne signifiait pas grand-chose pour lui, mais là, il s’agissait de la vie de son père.
— Je me transfère en toi, lui dit son père, et te voilà déjà un vieil homme.
Puis il ajouta :
— Je vais venir.
Bien qu’étrange, la métamorphose du fils qui recevait le père en lui et qui, à son tour, devenait le père, fut tangible et complète, et il put la sentir s’opérer en lui. Il la sentit affermir son emprise tandis que les paroles étaient prononcées. Puis tout fut terminé, et il n’était plus un enfant. Il n’était plus un enfant, parce que son père était mort.
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Il pouvait voir toutes sortes de blessures imaginables, des visages horriblement mutilés et des hommes sans bras ou sans jambes, et pourtant ils étaient encore vivants et se débattaient péniblement dans la boue, comme quelque chose qui aurait été déposé là et laissé par une grande marée agitée.
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Il se dit que si tous ces hommes étaient morts en combattant la guerre, c’était donc que la guerre était en train de gagner.
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Tu vas ramener ton père à la maison?
Je l'ai promis à ma mère.
Il vaut mieux se rompre les os que rompre une promesse.
Oui, m'dame.
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Alors qu’auparavant le temps lui appartenait, désormais il n’en était plus maître. On l’envoyait dans le vaste monde, lui qui n’avait que quatorze ans, lui qui était si ignorant de la vie.
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Ceux qui étaient ici n’étaient pas des fous furieux. Ils n’ont pas fait ça par amour, ni par avidité, ni par ignorance. C’était des fils de bonne famille, ils étaient instruits. Ce que tu vois ici, c’est l’humanité. Le genre humain tel qu’il est.
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Il faut que tu saches mon fils. Ce qui s’est passé ici, ce n’est pas une question d’hostilité, ni de cruauté.
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Il sentit son sang s’échauffer et battre dans ses veines, alors qu’il se persuadait qu’il ne fallait pas s’effrayer de ce spectacle en raison de l’horreur qu’il représentait, mais l’accepter en raison de la connaissance qu’il lui apportait. Il y avait là quelque chose à apprendre, quelque chose sur quoi il pourrait s’appuyer, une autre règle du chaos. Cela lui ôtait même encore un peu plus les illusions qu’il avait emportées avec lui en descendant de ses montagnes. Il constatait que même ceux de votre camp sont prêts à vous tuer, et s’il en va ainsi, alors n’importe qui est prêt à vous tuer, et il fut soulagé de comprendre cela : il apparaissait de façon parfaitement claire que la guerre devenait pour lui une équation des plus simples
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Il pensait à son père qui était parti à la guerre. Toujours son père. Il n’était séparé de lui que par une pensée, un mot, un geste – jamais plus. Il lui parlait à voix haute en son absence. Il lui posait des questions, lui faisait des remarques. Il lui disait bonne nuit avant de s’endormir et bonjour quand il se réveillait. Il se disait que, maintenant, cela n’aurait rien d’étrange de le voir un de ces jours, assis sur un tabouret au coin de la maison.
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Il savait désormais que tout doit mourir tôt ou tard, et il savait que la vie n’est que bien peu de chose. Il savait que tout ce qui existait avait existé auparavant. Il savait que la vie d’un homme ne tient qu’à un fil ténu, quels que soient ses actes, ses déclarations et l’opinion qu’il a de lui-même. Il savait que la terre était courroucée et que le mal était aussi vivant que n’importe quel homme ou n’importe quelle femme. Il savait que la vie ne signifiait pas grand-chose pour lui, mais là, il s’agissait de la vie de son père.
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Il n’y avait plus qu’un père qui transmet son savoir et un fils qui apprend la leçon, intemporels dans leur existence, le père qui renaît dans son fils, comme le grand-père et le père avant lui et ainsi jusqu’au premier. La vie est reprise au père, celle du fils se poursuit et comme toujours, on ne se fonde que sur l’inconnu pour privilégier un état d’existence par rapport à un autre.
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Il décréta, à partir de ce jour et à tout jamais, que seul un Dieu sans cœur pouvait laisser un tel désespoir frapper la terre, ou, comme le disait son père, un Dieu trop fatigué pour être en mesure de faire tout le travail qu’on attendait de lui.
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Tout cela n’était que quelques petites images dans lesquelles son esprit avait pu mettre de côté ce qu’il avait vu pour le garder en mémoire car, dans ces champs de sorgho, gisaient cinquante mille victimes, cinquante mille hommes tués et blessés, manquant à l’appel. Ils étaient en morceaux épars.
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Ils étaient morts sur le champ de bataille, et maintenant ils mouraient de la route et sur la route, et ceux qui tombaient étaient réduits en bouillie par les roues cerclées de fer qui leur passaient dessus, par les sabots des chevaux et le piétinement de tous ces soldats qui allaient pieds nus.
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Cette nuit était une nuit de guerre. La guerre était dans la pluie qui tombait. La guerre était dans le mince croissant de lune. La guerre était dans la terre sur laquelle ils posaient les pieds, et dans le ciel sous lequel ils se tenaient. Il dut se faire violence pour repousser l’envie de se pisser dessus, et quand l’envie lui fut passée, il s’arma du revolver pris sur un homme mort, puis il en prit un deuxième qu’il fourra dans sa ceinture. Il se dit, comme si c’était à lui qu’il appartenait d’en décider, qu’il ne laisserait plus personne lui tirer dessus – qui que ce fût, et de quelque camp qu’il fût sur cette petite terre –, pas s’il pouvait abattre ce salaud d’abord. La guerre ne parviendrait pas à le tuer.
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Ce fut au cours de ces douloureuses journées que se manifesta peu à peu l’homme qu’il allait devenir. Il supporta sa souffrance, il résista à sa blessure, comme si c’était le signe qu’il était lui aussi la victime ensanglantée de la folie qui s’était emparée du pays. Il n’évitait plus les gens, ni les cavaliers solitaires, ni les troupeaux du Sud ramenés en esclavage. Il ne redoutait plus leur présence sur les routes, et le changement qui s’opérait en lui n’avait rien d’incroyable à ses yeux. Il avait vécu ces expériences et il n’était pas mort. Il respirait. Toutefois, ce n’était encore que le début, et il n’était pas assez âgé pour connaître tous ces changements, il n’en savait même pas assez pour y penser en ces termes.
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En ce dimanche 10 mai de l’année 1863, Hettie Childs appela son fils, Robey, et lui demanda de redescendre des anciens champs.
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