Citations de Robin Sloan (21)
Il donne une pichenette sur le dessus de son portable, ce qui fait vibrer la caméra.
"Ils n'ont rien de magique. Ils n'en savent pas plus long que leurs programmeurs, n'est-ce pas ?" (p.285 - M.Lafon)
Driing driing.
Ces temps-ci, le téléphone n'apporte que des mauvaises nouvelles. [...] Tout ce qui est sympa ou excitant, genre invitation à une soirée ou projet secret en préparation, arrive par Internet. (p.260 - M.Lafon)
Il a sur le visage une expression tout à fait inhabituelle - l'équivalent émotionnel de "erreur 404 : page non trouvée". (p.124 - M.Lafon)
J'ai un pincement au cœur en pensant au journal de bord : tous ces secrets arrachés en quelques minutes par ce tourbillon de lumière et de métal. Dans le temps, le livre, c'était quelque chose d'assez évolué techniquement. Plus maintenant. (p.117 - M.Lafon)
Imagine que tout ce SA/ST, on puisse le rendre disponible en permanence, à tout le monde. Sur le Web, sur ton téléphone. Aucune question ne resterait sans réponse, jamais. (p.111 - M.Lafon)
[P.S : SA savoir ancien, ST savoir traditionnel]
Voici les questions que je me pose quand je suis seul, après le départ de Tyndall, de Mlle Lapin ou de Fedorov. Tyndall est sans doute le plus insolite, mais ils le sont tous passablement : tous grisonnants, monomaniaques, comme importés d'un autre temps ou d'un autre lieu. Aucun Iphone. Aucune allusion à l'actualité, à des manifestations culturelles , à rien d'autre, en fait, que les livres. (p.28 - M.Lafon)
Ici, dans sa boutique, Mat range les éclairages dans leur sarcophage de mousse grise. Neel sort mettre à la poubelle le morceau de carton blanc désormais tordu. J’enroule les câbles orange et remets le bureau en place. Tout est comme avant ; rien n’a bougé.
Et pourtant, quelque chose a changé. Nous avons pris des photos de tout : des étagères, du bureau, de la porte, du sol. Nous avons pris des photos des livres, de tous les livres, ceux du devant comme ceux du Fonds du fond.
Nous n’avons pas photographié leur contenu, bien sûr – ce serait un projet d’une autre ampleur. Si, un jour, en jouant à Super Libraires vous naviguez dans une 3D du magasin de Pénombre, avec une lumière rose et jaune qui arrive par la vitrine et un effet de particules brumeuses en arrière-plan, et que l’envie vous prend de lire un de ces ouvrages superbement texturés, tant pis pour vous : la maquette de Neel restitue peut-être le volume de la librairie, mais pas son intimité.
C'est un homme âgé - pas autant que Pénombre, mais presque. En revanche, il est beaucoup plus puissant. Il n'est pas voûté, sa démarche est assurée, et son costume pourrait bien dissimuler de bons pectoraux. Son crâne est rasé à blanc et il porte une moustache noire et nette : c'est Nosferatu dans un corps de sergent des marines.
Je ne lâchai pas pour autant les petites annonces. Mes critères évoluaient vite. Au début, j'étais bien décidé à ne travailler que pour une entreprise dont la mission me paraîtrait honorable. Ensuite, je me dis que, tout compte fait, je me contenterais d'apprendre quelque chose de nouveau. Après, j'étais prêt à tout accepter, sauf les boulots infâmes. Et à la fin, j'en étais à reconsidérer ma conception personnelle de l'infamie...
Il s'assied et laisse échapper un bref soupir.
- Je ne me suis pas assis ici en face de visages aussi jeunes depuis... Eh bien, depuis l'époque où le mien l'était aussi !
« Ce n’est pas bien grave, fait-elle en le feuilletant pour se donner une contenance. C’est comme au loto, de toute façon. J’avais peu de chances. »
Je ne suis ni chef d’entreprise ni homme d’affaires, mais, à cet instant, je n’ai qu’une envie : créer une société et l’amener à la taille de Google, juste pour pouvoir placer Kat Potente à sa tête.
FERME (AD LIBRIS)
Je n’ai pas la clé, car je n’en ai jamais besoin. Nous nous sommes toujours passé le relais : Pénombre à Olivier, Olivier à moi, moi à Pénombre. Sur le coup, je suis furieux, bouillonnant de colère égoïste. C’est quoi, ce bazar ? Quand est-ce qu’elle va rouvrir ? Pourquoi ne m’a-t-on pas prévenu, par mail ou autre ? De la part d’un employeur, c’est vraiment irresponsable.
Ce qui se murmure en ce moment, c’est que Google est l’image des Etats-Unis : toujours devant les autres, mais inévitablement, irrévocablement en déclin. Tous deux sont des poids lourds aux moyens inégalés, mais tous ceux font face à des rivaux en pleine expansion, et tous deux se feront un jour ou l’autre éclipser. Pour les Etats-Unis, le rival, c’est la Chine. Pour Google, c’est Facebook – c’est en tout cas ce qu’on raconte sur les blogs spécialisés, et c’est donc à prendre avec des pincettes ; on dit aussi qu’une start-up du nom de MonkeyMoney va exploser l’année prochaine. Mais la différence, la voici : refusant l’inéluctable, les Etats-Unis paient des entreprises d’armement pour construire des porte-avions ; Google, lui, paie de brillants programmeurs pour faire ce que bon leur semble.
Ensuite, je tape sur Google « visualisation de séries chronologiques » et commence à travailler sur une nouvelle version de ma maquette, vaguement dans l’idée de l’impressionner avec un prototype (je suis très porté sur les filles qu’on impressionne avec des prototypes).
-Hadoop...
-Tout le monde s'en sert. Google, Facebook, la NSA. C'est un logiciel qui décompose une gosse tâche en un tas de petites et qui les distribue en même temps à toute une flopée d'autres ordis
Ce n'est pas une bibliothèque. C'est la Batcave.
Ensuite le livre s'effacera, comme tous les livres s'effacent de notre mémoire.
Une petite fille aux cheveux roux flamboyant accourt vers le bureau en riant, un écheveau de laine verte entortillé autour du cou. Hé hé, jolie écharpe ! Elle me sourit en sautillant sur place.
« Dis-moi, lui fais-je, j’ai une question à te poser. »
Elle glousse en hochant la tête.
« Comment ferais-tu pour retrouver une aiguille dans une meule de foin ? »
L’enfant s’arrête, pensive, en tirant sur la laine verte qui lui entoure le cou. Elle réfléchit sérieusement à la question. De minuscules rouages sont entrés en action, et elle se triture les doigts en se creusant la tête. Charmant tableau. Enfin, levant les yeux vers moi, elle me déclare gravement : « Je demanderais au foin de la chercher. »
Après quoi elle lance un petit hululement de sorcière et s’éloigne à cloche-pied.
Merci, Teobaldo
Vous êtes mon plus garnd ami
Ce fut la clé de tout
- Parlez-moi, reprit Pénombre, d'un livre qui vous est cher.
Ma réponse était toute trouvée. Je n'hésitai pas une seconde :
- Monsieur Pénombre, ce n'est pas un seul livre, mais une série. Ce n'est sans doute pas de la grande littérature, c'est probablement trop long et la fin est ratée, mais je l'ai lue trois fois, et j'ai rencontré mon meilleur ami grâce à elle, parce qu'on était fous tous les deux quand on était en sixième.
Une respiration, puis :
- J'adore Les Chroniques du chant du dragon !
Pénombre leva un sourcil, puis sourit.
- C'est bien, très bien, fit-il, et son sourire s'agrandit en découvrant un désordre de dents blanches.
Les yeux plissés, il me toisa alors de la tête aux pieds.
- Mais savez-vous monter sur une échelle ?
Et voilà pourquoi je me retrouve sur cette échelle, au troisième étage - le plancher en moins - de la "Librairie ouverte jour et nuit" de M. Pénombre. Le livre qu'il m'a envoyé quérir s'intitule AL-ASMARI et se trouve sur ma gauche, à une distance égale à environ une fois et demie la longueur de mon bras. De toute évidence, je vais devoir redescendre pour déplacer l'échelle. Mais, d'en bas, Pénombre me lance :
- Penchez-vous, mon garçon ! Penchez-vous !
Faut-il que j'en aie besoin, de ce travail...