Robyn Schneider

Si les choses finissaient toujours par s'arranger, comme les gens l'affirment, le bonheur pourrait se mesurer sur un tableau graphique. Il suffirait de tracer l'abscisse et l'ordonnee, de marquer une croix pour chaque chose positive et le tour serait joué. Mais c'est de la connerie. Parce que le bonheur n'est pas quantifiable.

Mon miracle ce n’était pas un traitement. C’était une deuxième chance. Or les deuxième chance ne sont pas éternelles. Et même les miracles ont une date d’expiration

Tout ce qui constituait ma personnalité, ma vie et mes envies avait été éradiqué pour céder la place à la maladie.

C'est moi qui n'avais pas intégré l'idée du détour et m'étais obstiné à vouloir rétablir le cap initial. J'avais reconfiguré le trajet à chaque embranchement, alors que la seule chose à faire était de ne pas s'acharner et d'accepter le changement de trajectoire.

L'art est une souffrance.

Je sais depuis longtemps que plus on est intelligent, plus on est tenté de laisser les autres nous imaginer comme ils le souhaitent (...) au final c'est nous qui choisissons comment les autres nous perçoivent.

- Cette tragédie, c'est la "vie", a-t-elle répondu d'un ton amer. Tu sais comment on classe les pièces de Shakespeare ? Si ça se termine par un mariage, c'est une comédie. Si ça se termine par un enterrement, c'est une tragédie. Par conséquent, nous sommes tous des tragédies ambulantes car nous finissons tous de la même manière ...

Sa bouche avait un goût de trésors enfouis, de café noir et de balançoires pour enfants. Un goût de feux d’artifice, comme quelque chose qu’on peut approcher de près sans jamais vraiment l’atteindre.

- Je voudrais être invisible, ai-je gémi en posant mon front sur la table, à midi.
- Et moi, je voudrais que la tranche de dinde de mon sandwich transpire moins qu'un gamin obèse dans un Jacuzzi, a enchaîné Toby d'un ton philosophe en brandissant dans chaque main une tranche de viande fine comme du papier à cigarette.

Quand on y pense, il y a quelque chose de déprimant au fait de vivre dans un lotissement privé où pullulent des villas de "style espagnol" avec six chambres à coucher alors que, un kilomètre de là, les travailleurs clandestins se brise les reins dans le champ de fraises et qu'il vous faut passer devant eux tous les matins pour aller au bahut.

Plus personne ne semblait attendre quoi que ce soit de moi. L'éclat de l'or se ternissait vraiment à une drôle de vitesse.

Pour Cassidy, le panoptique n'etait pas qu'une metaphore. C'etait l'echec de tout son etre, une prison qu'elle s'etait batie elle-meme par incapacité a se presenter autrement que sous un jour parfait. Elle se trainait donc telle une ombre cherchant constamment a s'evader non pas de la societe,mais d'elle-meme. Toujours obligee de satisfaire les attentes des autres parce qu'elle avait peur de corriger nos visions fantasmees.

Depuis, il etait devenu exactement le genre de "nerd" hyper assumé et a l'humour corrosif auquel on pouvait s'attendre quand, l'ete de nos dix ans, il faisait du porte-a-porte pour vendre ses "comics" faits maison afin d'augmenter le capital de notre stand de vente de limonade. Quant a moi, j'etais devenu un sale con qui marchait avec une canne.