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Citations de Roger Martin (119)


Quand il a bu, y me dit que nous les gitans, Hitler y aurait dû tous nous faire passer à la casserole. Mais, ça, je m’en fous. Ce que j’en peux plus, c’est ce qu’il a fait à mes petites. Des saloperies. Quand je gueulais, y m’tapait. Et j’pouvais pas aller voir les condés.
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Elle avait le regard vide de ceux qui n’ont plus d’espoir. Un vers de Hugo s’imposa à Héléna. Un parmi les milliers qui avaient été son réconfort à la prison de Rennes. Car le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre. Cette femme avait cessé de vivre. Depuis longtemps sans doute. Quand Héléna revint à elle, elle fixait ses mains tatouées, comme si leur état déplorable lui faisait prendre conscience de sa vie ratée.
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Des femmes, qui étendaient du linge sur un fil tendu entre deux arbres, le saluèrent à leur tour. Héléna en remarqua d’autres, assises devant les maisonnettes ou sous des auvents, qui papotaient sans perdre une miette de leur arrivée. Pas d’hommes.
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La fatalité, la faute à pas de chance, rien d’autre. D’ailleurs, elle avait eu la nette impression que les avocats étaient déjà passés à autre chose. Comment leur en vouloir ? Elle connaissait parfaitement la situation de ces débutants auxquels échouaient pareilles affaires qui rapportaient peu sur le plan financier et encore moins sur celui de la notoriété. Derrière, pourtant, il y avait des gens.
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Ma vocation, c’est de porter secours à des vivants, pas d’enquêter sur des morts. Ça, je ne sais pas faire.
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Brigitte était une pauvre môme, elle a en bavé tout au long de sa courte vie. Elle était là pour infanticide, tu sais. Elle avait été violée et ne voulait pas du gosse, mais dans son milieu on n’avorte pas. Alors elle a fui avec son bébé et l’a étouffé avant de le jeter dans un conteneur. Ça la rongeait beaucoup plus que sa peine de prison…
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Elle avait été autorisée à reprendre ses études. Elle n’avait pas fait psycho comme la plupart des autres détenues dans son cas, qui voulaient comprendre ce qui leur était arrivé. Elle, elle n’avait pas besoin d’apprendre pourquoi elle avait assassiné son père, puisqu’elle ne l’avait pas fait. Elle avait choisi l’espagnol, avait passé sa licence brillamment. En s’y attelant, elle s’était promis d’attaquer le droit quand elle aurait fini.
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Trois longues années avaient été nécessaires pour qu’elle redevînt une femme. Et des hommes l’y avaient aidée avant de sortir de sa vie. Ce n’était la faute à personne. Les circonstances, simplement…
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Avec la casquette inclinée vers l’avant, les lunettes noires et le chewing-gum, les policiers semblaient sortis tout droit d’une série télévisée américaine, et les femmes n’échappaient pas à cette caricature. Reluquant les jambes et les décolletés des femmes qui faisaient de la rue de la Ré l’artère la plus fréquentée de la cité des papes, deux d’entre eux la fixèrent avec insistance, bien qu’elle arborât une tenue beaucoup plus classique que la plupart des autres passantes. Elle saisit sa silhouette dans une vitrine. Elle était svelte, mais pas maigre, élancée, ses cheveux cendrés, coupés au carré, et son maquillage discret lui donnaient une certaine allure.
Elle ne put s’empêcher de sourire. Il n’était pas si loin le temps où elle refusait de se regarder dans un miroir ou la vitrine d’un magasin.
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Elle l’avait laissé se vider, entre flatteries grossières et menaces à peine voilées. Il ne l’impressionnait pas. Personne n’ignorait que la souplesse de son échine n’avait pas compté pour peu dans la promotion du commissaire Benoiste. Il avait remplacé Chevalier, trop « préventif », pour reprendre le jargon de la première magistrate de la ville. Et depuis, il s’appliquait à donner des gages à la bourgeoisie locale.
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Elle n’avait vu que les rides qui partaient en éventail au bord de ses yeux. Elle s’était trouvée vieille. Il avait éclaté de rire. Les vieilles, il aimait ça ! À 15 ans, quand son père lui avait passé Little Big Man, il était tombé amoureux de Faye Dunaway… Il l’avait embrassée passionnément, et ils avaient fait l’amour, debout. C’était la première fois depuis leur première nuit au gîte.
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Manifestement, les journalistes avaient choisi de se partager les tâches. Après un exposé complet des faits, sous le titre «   Les   amitiés particulières de l’ex-mercenaire   », Marianne mettait l’accent sur les activités passées du colonel, en Algérie puis dans divers pays d’Afrique, Bakchich offrait une présentation exhaustive du monde des collectionneurs d’armes et des trafics juteux afférents, Le Canard consacrait une pleine page à l’aspect porno-pédophile de l’affaire et aux protections dont avait joui le centre de rééducation dans la région Languedoc-Roussillon. Plus sobre, L’Humanité avait choisi de mettre en lumière les trafics de médicaments et annonçait que l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, les procureurs de Marseille et de Lyon venaient d’ordonner la garde à vue de neuf   individus, dont le président et le secrétaire de l’association Choix de vie, après la découverte d’un laboratoire clandestin et d’une filière qui écoulait depuis neuf   ans des médicaments illégaux, élaborés dans des conditions d’hygiène douteuse, dans le cadre de thérapies parallèles, extrêmement onéreuses et vraisemblablement dangereuses.
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C’est reculer pour mieux me faire sauter. Mais, ça fait rien, la réaction de Gigli et Bourgue me réconforte. Tout n’est pas pourri au royaume de France !
Il avait presque oublié le second coup de fil. Sa mère décrocha à la première sonnerie, à croire qu’elle attendait, son portable à la main. Ils discutèrent dix bonnes minutes.
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David sentit un courant électrique le parcourir. Un coup de fouet qui lui rendait force et énergie. Il s’était arrêté de marcher, et Héléna le fixait, incertaine, alors que son visage semblait rayonner.
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On noyait les gens sous un flot de nouvelles, de faits et de statistiques qui leur donnait l’impression de tout savoir sans se donner la peine de lire, de décortiquer, de confronter les points de vue… Il leur déconseilla les cafés, préférant celui qu’il faisait passer dans un bon vieux filtre classique au journal.
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David s’était reculé, conscient que personne n’aime sentir une présence dans son dos. Guérin supportait Héléna, mais les deux hommes se connaissaient trop peu. Quand il eut terminé, Guérin s’abstint de tout commentaire.
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Les procès de presse se multipliaient, et avec eux les descentes de police dans les rédactions ; aucun journal ne pouvait se permettre de prendre des risques sans s’être assuré de la fiabilité de ses informateurs et de ses sources. Guérin leur avait promis un premier envoi pour l’après-midi. David lui laissa sa place devant l’écran, et le journaliste commença par modifier la couleur sur la barre des tâches. Puis il prit son temps pour parcourir leur résumé inachevé, ajoutant de temps à autre en rouge entre parenthèses un X majuscule ou un point d’interrogation. Héléna le regardait faire en essayant d’analyser la raison de ses ajouts.
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C’est une chance, si je peux parler ainsi. Je suis spécialiste des poisons. On parle toujours d’odeur d’amande amère pour le cyanure mais dans la réalité seuls 30 % des gens sont en mesure de la discerner. Nous ne sommes pas égaux devant l’odorat, pas plus que devant la vue ou l’ouïe, mais un sonotone ou une paire de lunettes l’attestent, alors que rien ne montre que vous avez du flair ou pas.
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Je croyais être tombé sur un type sain au moral et au physique, énergique, hardi, romantique, auprès duquel on se sent en confiance et en sécurité et je découvre un mec qui se torture parce qu’il n’a pas fait le premier un cadeau. C’est du machisme pur et simple ! D’ailleurs, c’est à moi que ça a fait plaisir !
Il s’était demandé quelques secondes si c’était du lard ou du cochon, mais le baiser qui conclut sa tirade leva tous les doutes, et ils éclatèrent de rire.
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Quand je dis tout, trois fois rien, mais un trois fois rien qui compte ! La nuit où l’on s’est rencontrés, tu sais bien, puisque je t’avais déjà vue l’après-midi lorsque tu avais été obligée de rebrousser chemin, que je traînais dans le coin depuis un bon bout de temps. J’étais arrivé le matin pour explorer les lieux, avais procédé à des repérages à partir de différents points de vue, en gros de tous les endroits d’où le château, ou une partie du château, pouvait être visible. En fin de matinée, je m’étais posté à la lisière de la forêt, côté arrière. Et surtout côté rivière. Le Lot baigne Clergeac. Je me suis même dit en matière de plaisanterie que ça valait bien des douves. Tu vois où je veux en venir ?
Héléna secoua la tête. Non, elle ne voyait pas du tout. Il sourit. Un sourire, un peu fat, qu’elle lui pardonna parce qu’il était intentionnel et lui donnait l’air d’un adolescent.
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