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Citations de Roger-Pol Droit (353)


Jean-Jacques se sentait soudain résolu à bien apprendre – à parler mieux, à se tenir
droit, à jouer du clavecin, à connaître par cœur des pages et des pages de poèmes,
de tragédies, d’épopées, de droit, d’histoire. Il se rêvait jardinier, compositeur,
comédien, juriste, penseur, dramaturge, écrivain. Pour elle, il était prêt à tout,
comme il ne l’avait jamais été encore.
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Il ferait tout pour la voir et lui prendre tendrement la main. Il tiendrait ses comptes, ferait des onguents,manierait les cornues, les alambics, les pilons et les mortiers. Il irait tout récolter, partout.
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Depuis qu’il était de nouveau auprès d’elle, tout était si suave que s’arrêtaient le temps, les pensées, les battements du cœur. Par moments, il avait peur que ce paradis n’éclatât d’un coup. Il craignait que tout ne s’évanouît soudain, laissant place,de nouveau, au chaos, à l’errance, aux duperies. Ce n’étaient que de brèves bouffées. Il s’inquiétait, puis oubliait.
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Françoise de Warens était une belle de rêve. Sa chair abondante, laiteuse et lisse l’avait immergé dans un ravissement
subit, une extase parfumée de senteurs inconnues.
Ces yeux, ce sourire, cette chair lui inspirèrent d’emblée une telle confiance qu’il négligea la lettre de recommandation et raconta, à sa manière, son étrange histoire.
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Par moments, il se sentait entièrement réconcilié avec le monde, parce que le monde, c’était elle. Elle était les arbres, le jardin, le ciel clair. Dans l’univers, quand il regardait bien, il ne voyait qu’elle.
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On n’est pas sérieux quand on a
dix-sept ans. Encore moins quand on se trouve accueilli par une telle femme dans sa demeure et son effluve.
Envoûtant, son parfum. D’abord léger, frissonnant. Des notes de muguet, de lilas, d’iris. Un zeste d’agrumes, peut-être. Lourd, ensuite, capiteux, profond, surtout si on le humait de très près, sur sa main, à même la peau. Là s’ouvrait un monde plus
dense, où dominait la tubéreuse, entêtante, érotique.
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Ce rire était comme les feuilles à la fenêtre. Des chants d’oiseau s’y nichaient. Des senteurs de sous-bois l’habitaient. Peut-être y avait-il aussi, dans ce rire, de petits fruits acides à se mettre sous la langue. Ou encore de la mousse,légèrement humide, à peine velue, douce à toucher…
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L'Occident n'est pas seulement une affaire de lieu. Ce n'est pas uniquement une région que l'on va dessiner sur la carte. Il s'est organisé effectivement à partir d'un réseau de fleuves, de côtes, de voies maritimes, de routes et de villes, mais il faut également faire entrer, dans sa définition, d'autres éléments. Plus qu'une région, l'Occident est une forme de société, un ensemble de convictions et d'attitudes qui ont dessiné son histoire et soutenu son expansion.
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[I]l faut défendre l'Occident. En précisant une dernière fois le sens de ce terme. Si « Occident » désignait encore le monde blanc, chrétien, mâle, colonisateur, exploiteur et imbu de sa supériorité, il ne serait pas question de songer à le défendre. Si au contraire « Occident » signifie aujourd'hui l'idée sans frontières d'une modernité en constante évolution, où sont séparés pouvoirs politiques et pouvoirs religieux, où sont garanties les libertés fondamentales et proclamée l'égalité des sexes, où la démocratie n'est pas qu'un mot, alors il faut défendre l'Occident. Car cet Occident-là n'est pas un pays, ni même une civilisation, mais une direction de l'esprit - celle où l'esprit, contrairement au soleil, refuse de se coucher.
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Au lieu de rendre vaine la démarche de l'utopie, l'époque prépare peut-être son retour.
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Où sommes-nous quand nous rêvons ?
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En médecine, on soigne, donc on cherche des idées dans le présent, en se référant au passé.

Yves Agid
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A tel point que, lorsque je suis à court d'idées, je m'efforce de marcher pour en trouver.

Yves Agid
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Pour moi marcher, c'est la même chose que penser.

Roger-Paul Droit
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Yves - Et la spécialisation n'a fait que croître et embellir, jusquà nos jours. Avec tous les effets d'ignorance qui en découlent concernant ce qui est en dehors du champ que l'on maîtrise à peu près, et qui est de plus en plus étroit. Finalement, chacun se cantonne dans un territoire de plus en plus précis, mais de plus en plus limité. (p. 198)
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Yves - Comme un mouvement de marche, une pensée a trois composantes: avancement, équilibre et posture. En effet, toute pensée avance avec le temps, sans retour possible, sauf par le souvenir ; elle se tient en équilibre, avec des déséquilibres rattrapés, et, malgré le risque constant de glisser, elle conserve sa posture, assurant le maintien de la logique et des émotions qui est propre à chacun.
Ces analogies peuvent permettre d'envisager que marcher et penser possèdent un substrat neurophysiologique commun, même s'il est encore incomplètement connu et même en partie hypothétique. Cette proximité entre les fonctions de la marche et de la pensée peut à son tour permettre de postuler qu'on pense comme on marche et que marcher peut faciliter les pensées. Nous retrouvons nos deux hypothèses initiales. (p. 193)
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Xavier Grall : "Le pire des crimes, c'est le surplace, ne pas avancer, rester toujours là comme ça, collé aux chaises comme une chose stagnante, une glaire de vieux." (p. 192)
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D'autres fois, on déambule sans utilité apparente, comme pour jouir de l'élémentaire, beauté des lieux, senteurs du paysage, joie déchapper aux conventions, satistaction déprouver et de renforcer son corps. Tout cela concourt au plaisir de marcher. (p. 176)
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Roger-Pol - [...] Il me semble que la marche, la pensée et la langue incarnent des exemples cruciaux d'intersection du collectif et du personnel. [...] Autrement dit, ma marche est à la fois générique et unique. [...]
Ce que je veux indiquer, finalement, c'est que nous ne sommes jamais complètement isolés à l'intérieur de nous-mêmes. Comme l'a dit Henri Michaux : "On n'est pas seul dans sa peau." Dans ce que nous croyons être notre marche personnelle, privée, réservée à nous seuls, il y a aussi l'humanité qui se déplace. Dans ce que nous imaginons être notre conscience isolée, notre for intérieur, il y a aussi les mots de tous, l'humanité qui parle et pense.

Yves - Voilà une sacrée responsabilité !

Roger-Pol - Sartre la jugeait même écrasante : "En me choisissant, je choisis l'homme." Ma liberté, selon lui, étant absolue, j'ai la responsabilité, en choisissant ma conduite, de proposer un modèle pour tous. [...] De manière plus restreinte, je souligne simplement l'intrication constante des autres et de chacun d'entre nous jusque dans nos balades solitaires et nos méditations privées. On se croit seul, on ne l'est jamais. Histoire, langage, société parlent, pensent et marchent en nous, même si nous n'en savons rien, ou très peu. (p. 171-172)
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Ne marche pas devant moi, je ne te suivrai peut-être pas.
Ne marche pas derrière moi, je te guiderai peut-être pas.
Marche à côté de moi et sois simplement mon amie.
~ Albert Camus (p. 113)
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