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EAN : 9782226398956
416 pages
Albin Michel (02/10/2019)
3.83/5   15 notes
Résumé :
C’est l’histoire d’une amitié impossible.
Entre Voltaire et Rousseau, les deux géants des Lumières.

Dans un XVIIIe siècle en effervescence, ils se lisent, s’écrivent, s’admirent. Avant le temps des déceptions, du mépris, des insultes, où finalement ils se haïssent à mort. Sans jamais se rencontrer... Ce qui les oppose ? Tout ! Dans ce face à face, loin de leurs statues, on découvre Voltaire adulé et mondain, affairiste et généreux, candide e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Tout oppose ces deux hommes.

Voltaire aime le luxe, l'argent, les honneurs, les soirées mondaines, la réussite et les marques de distinction. Ami des nantis, des aristocrates, des souverains, tout ce qui brille l'attire. Il est arrogant, caustique, impertinent, manipulateur, opportuniste mais terriblement malin, doué, espiègle et compétent. Il veut être entouré et admiré.

Rousseau lui, préfère une vie simple, discrète, solitaire. La nature le comble et le nourrit. L'inconfort matériel ne le gêne pas. Il fait avec. Il vit en pauvre, en paysan. le règne de l'argent l'insupporte.. Il est excessif, sans nuances, vertueux, rêveur, légèrement utopiste et surtout timide, parfois maladroit.

Tout oppose ces deux écrivains talentueux. J'ai voulu, dit l'auteur Roger-Pol Droit, « Les faire sortir du musée, les montrer comme on ne les voit jamais à l'école. Simplement deux hommes fragiles, obstinés, pris dans le tourbillon des lumières, avec leur génie mais aussi avec leurs faiblesses, leurs maladies, leur rapport à l'argent, leur sexualité dans un siècle libertin… Voltaire et Rousseau deux piliers devenus les symboles de la république …. L'un représente la France d'en haut, l'autre celle d'en bas. » Tout les oppose mais ils sont tous les deux bourrés de talent et le fruit de leurs réflexions respectives leur réserve un succès incontestable. Dans une interview récente Roger-Pol Droit dit que Voltaire et Rousseau, à notre époque, feraient partie des people. Beaucoup de choses ont été écrites sur ces hommes. Mais ici nous avons le "best-off"augmenté des annexes

L'auteur nous offre le fruit d'un travail de documentation extrêmement fourni, précis sur la vie ces deux philosophes et sur l'entourage autour duquel ils évoluent.
Ainsi nous rencontrons régulièrement Diderot, convaincu des bienfaits du savoir et de la nécessité de sa diffusion D Alembert, anti clérical convaincu, actif militant qui publie « Genève » et rend Rousseau fou de rage Grimm, qui prend un vif intérêt à critiquer les écrits De Voltaire ce qui provoque à chaque fois un retour cinglant, rapide et enflammé.

Et puis nous faisons plus ample connaissance avec la nièce De Voltaire, Madame Denis, avec Madame d'Epinay, avec Madame de Warens, Thérèse qui approchent nos deux protagonistes de très très près…

Au fil des pages, témoins silencieux de nombreuses querelles, nous devenons intimes De Voltaire et de Rousseau. Ils ne s'épargnent pas, mais toujours par écrit. Un morceau d'anthologie figure page 387. C'est Voltaire qui s'exprime avec jubilation et avec une grande férocité. Rien n'est épargné au pauvre Rousseau : injures, calomnies, insultes, moqueries... Un rapport d'expertise écrit au vitriol, sans complaisance, mais tellement savoureux parce que tellement bien écrit… car c'est cela aussi la force de ce livre. Une très belle écriture, un langage soutenu, élégant, précis, qui sert de socle à une rencontre inédite sous cette forme, à des échanges, que dis-je, à des envolées aussi sincères qu'enthousiastes. Un jeu ??

Je ne suis pas loin de penser que derrière cette absence d'empathie de vitrine, Voltaire et Rousseau éprouvaient une certaine admiration l'un pour l'autre. Pourtant, ils ne se sont jamais rencontrés.

« le 11 juillet 1791, sur décision de l'Assemblée constituante, le cercueil De Voltaire fut transporté au Panthéon. le 11 octobre 1794, la Convention thermidorienne fit transférer le cercueil de Rousseau. Juste en face.
Dans la crypte, leurs tombes sont séparées pour l'éternité par vingt-cinq mètres trente. »

Je me suis demandée si l'auteur était plus Voltaire ou plus Rousseau?
J'ai tendance à le croire plus Voltaire. Il écrit avec humour, voire espièglerie parfois. Il "épingle" les faiblesses de ses personnages pour relever son texte et en faire un mets savoureux. Il n'occulte rien même les scènes très privées sont décrites avec la plus exquise légèreté. Il n'a de cesse de séduire le lecteur. Il y parvient je pense avec la plus grande aisance. Il se sert de ses personnages pour construire son projet. C'est drôle. C'est enlevé. C'est pittoresque. C'est historique, c'est bien structuré....En deux mots: c'est super!
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Le récit débute en 1729, Jean-Jacques est un jeune homme de dix-sept ans qui vit chez «Maman» (la baronne Françoise de Warens), en charge de son éducation artistique et spirituelle (puis sentimentale). Il tombe en admiration de "La Henriade" de monsieur De Voltaire : "... je fus saisi et emporté, incapable de lâcher cette épopée. [...]. Cet auteur est un maître, un génie comme il en est peu."

Il va s'écouler trente et un ans entre cet enthousiasme juvénile et une lettre fielleuse de Rousseau à Voltaire dont l'incipit fait le titre de ce livre. le roman de Roger-Pol Droit chemine à travers cinquante années de la vie des deux philosophes qui ne se rencontreront jamais et nourriront une opposition tenace. Aujourd'hui, ironie de l'histoire, l'épilogue nous apprend que Rousseau repose à vingt-cinq mètres trente De Voltaire dans la crypte du Panthéon. Une petite génération sépare les deux écrivains, morts à deux mois d'intervalle, en 1778.

Première dissension : Rousseau, qui est d'abord un musicien dont Richelieu et Rameau ont remarqué l'opéra-ballet "Les Muses galantes" (1743), est chargé d'arranger "Les Fêtes de Ramire" dont le livret est De Voltaire. le travail, qui déplut à Madame de la Popelinière (elle a Richelieu pour amant et couve Rameau) ne sera pas reconnu et le nom de Rousseau retiré de l'affiche. Voltaire y figura, lui qui, s'il répondit avec la manière, n'avait apparemment pas ouvert les courriers de Rousseau avec les nouveaux arrangements. Pauvre Jean-Jacques, que Richelieu et Rameau aient leurs raisons... mais son maître : "[...] qu'il [Voltaire] préfère la renommée à la vertu, les bruits du monde à la juste valeur des êtres... Voilà qui n'était pas concevable." le monde s'écroulait !

"Monsieur, je ne vous aime point" alterne la vie des deux penseurs en relatant de manière romancée des événements significatifs, principalement ceux qui contribuèrent à les opposer. La fiction historique est une manière conviviale de présenter les biographies et les idées, Roger-Pol Droit s'y montre excellent et didactique. L'inconvénient est que cela requiert de lire ici quatre cents pages. L'essentiel de ce que l'on peut retenir utilement des deux hommes de lettres tiendrait en vingt pages, mais on ne les aurait alors pas «vus» vivre. Si je n'ai pas éprouvé d'attachement à ces personnages comme cela advient lors de fictions plus intimistes, je pense néanmoins qu'un roman de ce genre, s'il est bien écrit et informé comme il se doit, produit une imprégnation durable de ce que furent les figures concernées, d'autant plus appropriée s'il s'agit de penseurs.

Lorsque Rousseau publie le "Discours sur les sciences et les arts" puis le "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes", où il dénonce les inégalités sociales et la civilisation qui pervertit les hommes, Voltaire, aimant le luxe, moins sensible aux injustices de cette nature, réagit envers ce cadet qui devient un rival. S'ensuivent des lettres incendiaires. Voltaire sait agir de manière indirecte sur des leviers qui détériorent la réputation de Jean-Jacques. Deux tempéraments, d'un côté une plume cinglante admirée, écrivain riche, défenseur des Arts et des Sciences, de l'autre un autodidacte sensible, épris de nature et d'égalité.


Est-ce un parti pris de l'auteur ? Est-ce moi ? Ou est-ce l'esprit du temps qui promeut la nature ? Il se fait qu'au bout de la lecture, j'ai trouvé l'homme Jean-Jacques Rousseau plus sympathique que l'homme Voltaire, qui fut pourtant un intellectuel engagé opposé à l'intolérance.

C'est un livre bien fait, abordable, et, même si j'ai quelquefois renâclé à le poursuivre du fait qu'il ne me passionnait pas, il répond entièrement au projet de raconter de manière vivante et fluide l'évolution de l'inimitié entre les deux figures des Lumières.

Merci à Babelio et aux Éditions Albin Michel pour cet envoi (Masse Critique).
Lien : https://christianwery.blogsp..
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C'est le roman de la querelle entre Voltaire et Rousseau. Il éclaire l'incompatibilité de leur pensée, le grand contraste entre leurs choix respectifs et bien entendu leur rivalité. Cette rivalité évolue au fil des ans vers la haine et l'obsession.
C'est une bonne entrée en matière, très facile d'accès. Cependant, le style ne me semble pas à la hauteur, il reste souvent plat ou répétitif ; l'auteur s'attarde parfois sur des épisodes sans relevance. Autre regret, le tableau de société manque de substance.
Une suggestion pour ceux qui s'intéressent à ce thème : le paragraphe wikipedia consacré à la brouille entre les deux philosophes est excellent (il se trouve sur la page De Voltaire).
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Excellent "roman", donc, que ce nouveau livre de Roger-Pol Droit sur la vie et les relations de deux des plus fameuses personnalités intellectuelles et historiques françaises (et mondiales!): Rousseau et Voltaire. L'auteur prend le pari de faire revivre ces deux grands hommes en retraçant leur parcours non seulement intellectuel mais aussi humain, social, intime, relationnel. le pari était relativement osé et le risque d'échec était loin d'être nul. Pas si facile de redonner vie à ces deux géants, sur lesquels tant a déjà été écrit. le résultat est formidable! le livre est vivant, très bien écrit, particulièrement bien renseigné, faisant preuve d'une grande érudition mais aussi d'une compréhension en profondeur du contexte historique, politique et d'histoire des idées. Ce roman devient d'autant plus pédagogique qu'il réussit à remettre en contexte ce qui a fait de ces deux hommes des personnages clé de l'univers socio-politique du 18e siècle : les cercles mondains, les courants de pensée, les tensions sociales, les caractères des uns et des autres. Bien entendu, il s'agit d'un "roman" comme la couverture l'indique, puisque le livre reste sous-tendu par une certaine interprétation des vies de ces deux auteurs illustres, et de leurs relations difficiles. Mais dans l'ensemble c'est un excellent complément à la lecture de leurs oeuvres. A recommander sans hésiter...
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L'auteur s'est visiblement bien documenté pour présenter les carrières littéraires et les vies personnelles De Voltaire et Rousseau, les deux philosophes ennemis. en prenant à tour de rôle l'un et l'autre point de vue, il raconte en parallèle le succès De Voltaire dramaturge et les difficultés de Rousseau à sortir de la pauvreté, leurs idées différentes sur la société et la religion, le vieillissement De Voltaire et le succès tardif de son rival. On ressent comment la méchanceté de l'un a pu alimenter la victimisation de l'autre... comment les valeurs des Lumières peut à peu se diversifient et comment la sensibilité de Rousseau prépare le romantisme. C'est un bel exercice de passer d'un point de vue à l'autre sans en favoriser un. Quelle époque où l'on peut s'enflammer ainsi pour des idées et régler ses comptes par écrits interposés! En effet, ils ne se sont jamais rencontrés réellement...
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critiques presse (2)
NonFiction
27 janvier 2020
En choisissant la forme romanesque, l’auteur donne corps aux idées et aux débats et propose un parcours très vivant dans l’existence des deux philosophes, qui n’eurent jamais l’occasion de se rencontrer, et dans l’histoire de la littérature et des idées au siècle des Lumières [...] Le premier roman de Roger-Pol Droit est donc un régal pour ceux, nombreux, que le siècle des Lumières passionne et nourrit intellectuellement.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LaLibreBelgique
07 novembre 2019
Ils ne résument pas seulement la littérature du XVIIIe siècle, ils incarnent deux façons de sentir et de vivre qui se sont prolongées et opposées jusqu’à nos jours. Roger-Pol Droit a recréé dans un roman extraordinairement vivant les courants de pensée qu’ils incarnent.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La raison nous permettait de mettre de l'ordre dans le tohu-bohu du monde. Elle pouvait arrêter bon nombre de guerres inutiles, peut-être aurait-elle pu oeuvrer à les éviter toutes. Les uns croyaient indispensable d'entrer dans le temple du pied droit, les autres ne juraient que par le pied gauche. Ils commençaient à s'entre-tuer. Zadig, raisonnable et juste, proposait d'y entrer à pieds joints, en attendant que chacun comprît que Dieu se moquait bien de ces détails infimes, de ces règles grotesques.
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Rousseau parlant de Voltaire:
C'est un immense talent, mais il s'éparpille. Il délaisse ce qui est grand en lui, vraiment grand, pour mieux s'abaisser vers ce qui est petit chez les autres......Il y a deux hommes en lui. L'un parle vrai, chante juste, puise dans son coeur des accents qui parlent à tous les coeurs. Ce Voltaire là est touchant, il sait arracher des larmes, éduquer les âmes. L'autre n'aime que ce qui brille, joue sans croire en rien, persifle, ironise, ricane de tout et tout le temps, d'une manière qui me fait peine et parfois me fait peur.
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Le fond était mauvais, Voltaire avait le coeur dur, l'âme pointue, le souffle desséchant. Il était incapable de vrais sentiments donc de grandes idées. Il aimait ce qui brille et non ce qui vit.
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Voltaire de Rousseau:
La vertu, l'homme sauvage, les moeurs des bergers et des paysans, la vie robuste dans les bois, les lois de Calvin et le salut des justes je les laisse à votre petit Jean-Jacques.
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On n’est pas sérieux quand on a
dix-sept ans. Encore moins quand on se trouve accueilli par une telle femme dans sa demeure et son effluve.
Envoûtant, son parfum. D’abord léger, frissonnant. Des notes de muguet, de lilas, d’iris. Un zeste d’agrumes, peut-être. Lourd, ensuite, capiteux, profond, surtout si on le humait de très près, sur sa main, à même la peau. Là s’ouvrait un monde plus
dense, où dominait la tubéreuse, entêtante, érotique.
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