Roland Portiche

Le pape estima qu'il ne pouvait pas leur mentir. Il ouvrit donc son cœur. - Je pense, mes frères, que ces colons égyptiens ont peut être apporté les premiers l'idée d'un Dieu unique en Terre sainte.
-Blasphème ! cria le Grand rabbin de Jérusalem. Voulez-vous dire, Saint Père, que le Dieu que nous adorons tous dans notre tradition judéo-chrétienne serait… une importation égyptienne ? une idole païenne, le Dieu solaire, Aton ? Ce n'est qu'une ce n'est qu'une hypothèse, admis le pape, une hypothèse troublante.

Le monde recèle de plus d'horreurs que l'imagination peut en concevoir

Vous aviez raison natacha, dit pellegrino . Il n’est guère facile de se retrouver face a ses croyances.
La foi n’aime pas la pleine lumière, répondit la jeune femme.
Elle préfère le clair obscur des lieux de culte

La foi n'aime pas la pleine lumière, répondit la jeune femme. Elle préfère le claire-obscur des lieux de culte. (page 319)

Le père Ernetti zooma au maximum de ses possibilités. Le soleil était du même type que le nôtre, mais se trouvait encapsulé dans une coquille construite dans une matière inconnue, bleu sombre et semi-transparente. Sur sa face interne courait une construction cylindrique, une sorte d'anneau-monde de plusieurs milliards de kilomètres de circonférence.

votre chronoviseur n’est pas un poète, mon père. Il nous montre crûment comment naît une religion. Au cours d’une discussion serrée, sur le chantier d’un palais, entre un prêtre, un prophète et le pouvoir, en mariant les considérations théologiques aux nécessités politiques. Le christianisme s’est bricolé de la même manière, vous le savez comme moi

Savez-vous pourquoi ils ont choisi Yahvé ?
Parce que c’était un dieu impressionnant, le dieu des volcans. Il y a beaucoup de séisme dans la région. Les archéologues pensent qu’à l’origine ce dieu était adoré par les bédouins du Sinaï

d’excommunication. s’étonna Pellegrino. Et pourquoi pas de l’enfer?
Il y a quatre siècles,répondit Cipriano en souriant, on leur aurait fait visiter la salle des tortures, aujourd’hui, nous préférons la persuasion

qu’est-ce donc que le temps ? Si personne s’interroge, je le sais. Si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Qu’est-ce donc que le temps si le passé n’est plus et le futur pas encore ? cita de mémoire le professeur Miller, qui enseignait la philosophie des sciences à Chicago.
Quant au présent, poursuivi le père Ernetti, Si il était toujours présent sans passer au passé, il ne serait plus le temps mais l’éternité.

C'est en perdant un ami, déclara Pellegrino, qu'on découvre quelle place il tenait dans la vie des autres.

Ce sont nos émotions accumulées au cours du temps, père Ernetti, qui donnent aux choses leur valeur particulière. On s'émeut sur un vieux jouet, pas sur un jouet tout neuf.

Si je te le dis, Jean, tu perdras la foi. Dieu doit rester caché pour que ta foi subsiste. (page 337)

- Vous voulez dire que le vrai Temple, pour vous, c'est le Kotel ?
- Le Mur, oui, parce que des millions de Juifs ont pleuré sur lui. Ce sont nos émotions accumulées au cours du temps, père Ernetti, qui donnent aux choses leur valeur particulière. On s'émeut sur un vieux jouet, pas sur un jouet tout neuf.

La politique est un jeu pervers, où la morale n'a aucune part.

Ne t'en prends qu'à toi-même, Alberto, tu as toujours eu un réel talent pour te faire des ennemis. J'en ai tiré une sorte de philosophie, sais-tu ? La plupart des gens font leur malheur en voulant à tout prix être aimés. Résultat, ils traversent l'existence comme des spectres. Tu sais quel est le secret du bonheur, mon ami, c'est d'accepter la haine des autres.

Il pensa au pape. Se posait-il les mêmes questions ? Mais le Saint-Père n'avait même pas le luxe, comme Pellegrino, de prendre quelques jours pour y réfléchir. Bientôt, si Carvalho jouait la carte de l'apocalypse, une immense vague de scepticisme déferlerait sur le monde, un tsunami de doute. Et quand le doute s'installe, songea le père Ernetti, Satan n'est jamais loin. « Je suis l'esprit qui toujours nie », annonçait Méphistophélès à Faust. L'exorciste qui dormait en lui était-il en train de se réveiller.

Les prêtres catholiques sont des drôles de gens. Les protestants ou les Juifs ne bâtissent pas leur vie, eux, sur une montagne de frustrations. Ils aiment, ils souffrent et ils espèrent, comme tous les humains.

Votre exaltation me fait penser à celle de ce capitaine de baleinier, dans Moby Dick, obsédé par la capture de la baleine blanche. Pourchasseriez-vous Dieu comme le capitaine Achab coursait la baleine ?

Il croyait vraiment en ce dieu ?
Difficile à dire. Il voyait surtout en Aton une magnifique opportunité pour se débarrasser des prêtres qui dépouillaient le royaume. Il voulait gouverner seul, comme Cesar Bonaparte.

Thomas d’Aquin voyait dans le monde les ravages de ce qu’il appelait le « regard de Caïn». C’était, expliquait-t’il, une haine originelle, inexplicable, quasi métaphysique