#SalonDuLivreDeMontreal #slm2022
Ronald Lavallée présente Tous des loups
Les grands peupliers respirent à pleins poumons au-dessus du toit.
Le ciel s'est recouvert d'amas grisâtres, comme de la bourre s'échappant d'un matelas crevé. La forêt paraît sombre, inamicale.
La rivière est en travail. La glace craque, grince et couine. De lourdes échardes s'élèvent hors de l'eau, exposent des fanons de cristal qui scintillent au soleil.
Le ciel gris s'éteint derrière les arbres.
Il y a un bosquet de trembles chétifs, plumés par le vent, de l'herbe rugueuse, un étang couleur de tourbe qui se perd dans les quenouilles, et des épinettes noires en toile de fond.
Les épinettes se momifient sur pied, patiemment séchées par le vent éternel. La nuit, les hommes allument de grands feux qui crachent des étincelles et font monter des nébuleuses inédites parmi les constellations.
Des rafales couchent les grandes herbes brunes. Au ciel, le Bouvier tire à lui sa couverture de nuages. Quelques gouttes de pluie se mêlent aux grains de sable qui traversent la nuit comme de la mitraille.
Quelques gouttes de pluie se mêlent aux grains de sable qui traversent la nuit comme de la mitraille.
les rivières dégorgent des paquets de glace qui se répandent sur le lac, de gros blocs translucides, striés de lumière, surmontés de couches de neige comme des gâteaux de fête difformes qui roulent mollement sur la houle. Callwood joue de l'aviron, fait du slalom entre les glaçons et les vagues, crie de bonheur quand il réussit une manœuvre particulièrement délicate.
Le soleil faiblit. Les peupliers jaunissent. Dans les rivières, les algues meurent et sombrent, l'eau brune devient limpide comme de la glace. Les premiers chapelets d'oies longent l'horizon.