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EAN : 9782724237672
Albin Michel (01/01/1987)
3.27/5   11 notes
Résumé :
Tchipayuk ou le Chemin du Loup, c'est la grande saga des indiens métis du Canada au XIXe siècle. A travers le destin d'Askik Mercredi, l'auteur canadien Ronald Lavallée fait revivre la fascinante époque d'un monde encore proche de la nature, mais que la civilisation va bientôt absorber.
Sang-mêlé, Askik Mercredi est doublement assujetti, comme indien par les Français, comme catholique par les Anglais protestants. Élevé comme un jeune Indien, ses premières ann... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lu il y a plus de vingt ans, lors de mon deuxième séjour au Canada, ce récit m'avait marquée –je m'en souviens – mais laissé une impression diffuse. J'ai eu envie de me replonger dans ce roman historique se déroulant sur vingt années (de 1865 à 1885).

Tout commence dans le pittoresque décor sauvage des forêts et des plaines du Manitoba avant de nous emmener à Montréal. La toile de fond est l'épopée des Métis et de leur chef de file, Louis Riel (personnage important de l'Histoire canadienne, dont je vous parlerai très bientôt). Ici, ce n'est pas la vie de Riel dont il est question, même si le héros lui ressemble beaucoup. Mais il sert de repère historique pour ancré l'histoire d'Astik dans la grande histoire des civilisations ayant peuplé le Canada (amérindienne, métisse, québécoise et anglophone).

En fait, si Astik a fait les mêmes études que Louis Riel, est devenu avocat comme lui et a été éconduit par une jeune Québécoise blanche dont il était tombé amoureux, s'il a quitté Montréal comme lui, pour revenir vivre sur ses terres natales, son histoire, son engagement pour la cause métisse, commence quand celle de Riel s'achève.

L'histoire d'Astik est marquée par le rejet conjoint de ses deux communautés d'origine : celle des Amérindiens et celles des Blancs. Sans relâche, il sera à la recherche de son identité intrinsèque, lui qui a le sentiment de faire continuellement le grand écart entre les deux. Parallèlement, Ronald Lavallée nous conte la déchéance d'une race perdant peu à peu tous ses repères pour se voir imposer ceux des Blancs. Et c'est à la fin du récit, en 1885, lors de la rébellion métisse qu'Astik prendra pleinement conscience de son identité de Métis. Ni Amérindien ni Blanc mais Métis.

Astik Mercredi ne se battra pas au premier plan, comme son prédécesseur, mais il s'engagera auprès de sa communauté pour enseigner aux enfants et leur transmettre les valeurs et l'histoire de son peuple. Douloureuse mission mais salutaire, au lendemain du génocide dont son peuple a été victime.

Paru en 1987, dans une atmosphère de revendications politiques, le Manitoba souhaitant alors garder le droit de vivre, d'enseigner, de travailler en français, ce roman a une acuité particulière aujourd'hui. Sa relecture en 2012, presqu'au moment où les élections provinciales ont été remportées par le Parti Québécois, séparatiste, semble à point nommé pour mieux goûter à l'éternel recommencement. Tout comme Astik, le Québec d'aujourd'hui revendique ouvertement sa spécificité ethnique et un engagement authentique du maintien de celle-ci.

Un récit initiatique et historique vraiment intéressant, à lire pour mieux comprendre la complexité de ce beau pays.



Lien : http://argali.eklablog.fr
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Salut les Babelionautes
J'ai toujours rêvé de partir pour le Québec et j'espère m'y rendre un jour en Automne, pour les couleurs que prennent les forêt.
Ronald Lavallée est un Auteur Québécois et ce roman a gagner plusieurs prix littéraires.
En suivant Askik Mercredi dans les plaines du Manitoba, je l'ai fais en imagination, et si le récit s'inspire de la vie de Louis Riel, qui fut avant d'être pendu un politicien canadien et l'un des fondateurs de la province du Manitoba, il s'en écarte par la forme que prendra son engagement auprès des autochtones.

Autant j'ai aimé la première partie, ou Askik pratique la chasse participe a des pow-wow (Fétes Indiennes) affronte un Ours autant la deuxième partie m'a laissé un malaise en le regardant se faire assimiler par la culture Blanche.
Mais c'est surtout un très bon roman sur nos cousins du Québec.
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Très belle histoire!!!
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Vers la fin de l'avant-midi, un combat de corneilles et de vautours survola le camp. Les corneilles tenaient le dessus. Plus petits, plus agiles, elles plongeaient et roulaient, en assenant des coups de bec à leur rivaux géants. Les vautours rentraient la tête, se berçaient maladroitement de leur grandes ailes raides, et encaissaient les coups. Simpson et Mercredi se promenaient dans la plaine en attendant l'heure de traverser la rivière. Ils suivaient le combat aérien, les mains en visière.
- C'est peut-être un présage, dit Simpson. Qu'est-ce que vous en dites ? Nous ressemblons beaucoup à ces vautours, non ? Nous sommes pesants, lents, malhabiles. Nos adversaires sont agiles et rapides. Voilà qui augure mal pour nous.
- Ça m'étonnerait, Dit Askik. Les corneilles se démènent, mais les vautours n'en continuent pas moins d'avancer. Et s'ils trouvent de la charogne, ce sont les vautours, pas les corneilles, qui vont s'emplir la panse. Une fois au sol, le rapport des forces est inversé. Si c'est un présage, il est plutôt mauvais pour les Métis.
- Dommage, fit Simpson, en laissant tomber la main.
- Vous souhaitez la défaite ? dit Askik en riant.
Simpson tourna vers lui des yeux bleu faïence graves.
- Ne trouvez-vous pas, Mercredi, que les défaites nous ramènent aux choses essentielles, tandis que les succès ne font que nous en éloigner ? c'est vrai pour les individus, et c'est de même, je crois, pour les nations.
- C'est une idée originale.
- Oh très originale. Nous ne sommes certainement pas plus de deux ou trois millions à y avoir pensé. je ne crois pas qu'il soit dans l’intérêt du Canada de gagner cette guerre. Vous voyez ce qui se passe dans le pays, cette orgie de suffisance ? Nous sommes infectés de nous-mêmes, Mercredi et ce sera pire encore si nous remportons une victoire. Nous deviendrons des racistes endurcis, parce que couronnés par la Providence. Le Canada en perdra la vue pendant cent ans. Sa vraie mission sera enfouie, oubliée.
- Et quelle est cette mission ? demanda Askik d'un ton légèrement railleur.
- D'être un abri, un refuge pour toutes les races de la terre.
[...]

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[...]
- Mais qui voudra de votre pays, Simpson ? Les indiens ? Ils regrettent la venue des blancs et rêvent du temps où ils étaient seuls. Les Français auraient préféré que les Anglais ne viennent pas. Les Anglais méprisent les Indiens et les Français, et ressentent les immigrants comme souillure. Toutes ces races se détestent solennellement et voudraient être seules au pays. Alors, dites-moi, Simpson, qui sont vos compatriotes ?
- Les gens de bonne volonté, répondit Simpson sans l'ombre d'un sourire. Ceux qui voudront bien m'accepter comme un des leurs.
Askik éclata de rire.
- C'est ta définition d'un Canadien ? Un homme de bonne volonté ?
- Quel autre lien y a-t-il entre vous et moi, à part cette terre ?
- De quel droit vous arrogez-vous cette terre ? La tenez-vous des indiens ?
- De qui les indiens la tiennent-ils ? Ne m'avez-vous pas dit que les Cri et Sauteaux ont chassé d'autres tribus qui se trouvaient ici avant eux ? Et je ne dis rien des Métis...
- Mes ancêtres indiens occupent cette terre depuis des milliers d'années !
- Et vous depuis vingt-cinq ans à peine. Comme moi. Je n'ai pas choisi de naître anglais, ni vous métis. Avez-vous plus de droit à faire valoir sur cette planète que moi ?
- Comment se fait-il que j'en aie moins ?
- Ah ! voilà le mal. Il est présent. Actuel. Pas historique. Nous sommes deux êtres humains qui avons droit aux mêmes égards. Voilà notre droit ancestral. il est le même pour tous.
- Excusez-moi, Simpson. Mais quand un gaillard entre de force dans votre maison en disant : " La terre n'appartient à personne, j'ai autant droit à cette maison que toi ", lui faites-vous une place ? Quand bien même vos descendants vivraient ici mille ans, ils seront toujours des intrus, du point de vue indien.
- Alors peut-être devons-nous demander refuge aux indiens.
- Ce n'est pas la peine. Voilà la requête qui part...
Askik fit un coup de tête vers la rivière où les soldats chargeraient les canons et mitrailleuses dans le vapeur.
- Voilà comment les poilus demandent l'hospitalité.
- Je sais que tout plaide contre moi, Mercredi, dit Simpson d'un air triste. Mais je suis persuadé qu'un jour nous aurons tous les mêmes ancêtres, nous aurons tous du sang français, métis, anglais et indien. On ne pourra attaquer personne sans frapper une partie de soi-même.
- Nous formerons un seul peuple canadien ?
- Il n'y aura plus de peuples.
- Vous avez raison. Il faudra bien cent ans pour qu'on voie les choses de votre façon.
- J’espère que non, dit Simpson. J'aimerais vivre un peu dans un pays tolérant. Rien que pour voir...
- Vous entendez les soldats jurer lorsque nous parlons français ? Croyez-vous qu'ils changeront d'attitude de leur vivant ?
- C'est de l'ignorance. L'ignorance se répare.
- C'est de la haine, corrigea Askik. La haine meurt avec son homme.
- Alors, d'après vous il n'y a pas d'espoir ?
- Pas pour les corneilles.
- Je ne peux pas vivre ainsi.
- Parce que vous avez mauvaise conscience, fit Askik. Si vous vous trouviez du côté des opprimés, vous finiriez par accepter.
- Comment pouvez-vous prendre ces chose à la légère ?
- Force d'habitude. Regardez, ils arriment le bateau au quai. Trop de vent. Nous allons dormir avec nos canons.
- J'espère qu'on se fera massacrer...
- Réflexe d’oppresseur, Simpson. Et d'ailleurs, ce serait trop juste.
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Les soldats montaient dans le train. Un coup de sifflet. Une explosion de vapeur. Le claquement des attelages. Deux ou trois jeunes femmes, élégamment vêtues, bien en vue, dans les premières rangées, choisirent le même moment pour s'évanouir. Des bras pleins de sollicitude les recueillirent, des mains finement gantées tendirent des sels. A l'arrière de la foule, près des portes, une jeune lingère s'écroula au sol en se meurtrissant le front. On la sortit aussitôt ; elle se ranima en pleurant sur les marches de la gare.
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L'air frais soulevait une épaisse brume que la lune argentait. [...]. La brume s'élevait en formes fantasques et luminescentes : des femmes aux couvertures déchirées se promenaient sur l'eau froide, des vieillards aux bras crochus descendaient soudain dans ses profondeurs. Par moments, les voyageurs se trouvaient dans un nuage opaque, d'autres fois, ils traversaient une clairière d'eau noire entourée d'arbres phosphorescents.
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