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Citations de Ronen Bergman (149)


Le Premier ministre Ariel Sharon conservait dans son bureau un opuscule qu'il sortait à l'occasion pour le montrer aux diplomates qui lui rendaient visite. Il l'avait reçu de la police israélienne, et il contenait des photographies en couleur d'un bus quelques minutes après qu'une bombe humaine s'était fait sauter à l'intérieur. On y voyait des corps décapités et des membres éparpillés en tout sens.
[...]
Quand l'un de ces morveux de diplomates venait une fois de plus nous sermonner à propos de l'élimination de tel ou tel terroriste, m'a raconté Dov Weissglass, le chef de cabinet et confident de Sharon, Arik obligeait le visiteur à regarder. Il tournait les pages, photo après photo, et il les voyait ouvrir de grands yeux face à l'atrocité. Il ne leur épargnait pas un seul de ces cadavres déformés ou de ces cous sans tête. Quand il avait terminé, il lui demandait posément : "Maintenant, dites-moi: vous seriez prêt à accepter qu'une chose pareille arrive dans votre pays ? " "
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Le 18 janvier 2001, un avis juridique "confidentiel défense" signé par Finkelstein fut soumis au Premier ministre, à l'avocat général, au chef d'état-major et à son adjoint et au directeur du Shin Bet.
Pour Finkelstein, c'était un moment difficile. Homme religieux, très versé dans les Écritures, il avait douloureusement conscience de ce que Dieu avait empêché le roi David de bâtir le Temple parce qu'il avait tué tant d'ennemis pour la défense du peuple d'Israël. Il se demandait s'il serait un jour puni. "J'ai soumis cet avis les mains tremblantes, m'a-t-il confié. Il était clair que ce n'était pas une question purement théorique, et qu'ils en feraient usage."
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"Je suppose que vous savez qu'Israël pratique parfois une politique de "traitement négatif," dit Mofaz à son visiteur. Dans le cadre juridique actuel, Israël a-t-il le droit d'ouvertement tuer des individus qui sont impliqués dans le terrorisme ? Est-ce légal ou illégal ?
Finkelstein en fut abasourdi. "Vous vous rendez compte de ce que vous me demande, monsieur le chef d'état-major ? lui répliqua-t-il. Vous invitez l'avocat général de l'Armée de défense d'Israël à vous dire quand vous pouvez tuer des gens sans procès ? "
Mofaz en avait parfaitement conscience. Il lui répéta sa question : était-il légal d'assassiner des Palestiniens suspects de terrorisme ?
Finkelstein lui répondit que l'affaire était délicate et complexe, requérant une étude comparative des lois en vigueur partout dans le monde, probablement même l'invention d'un concept juridique entièrement nouveau. "Inter arma enim silent leges," conclut-il, citant Ciceron. "Au milieu des armes, les lois se taisent."
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Les opérations conduites à partir de la Salle d'opérations conjointes permirent d'éliminer vingt-quatre individus en 2000, quatre-vingt en 2001, cent un en 2002 et cent trente-cinq en 2003. A l'inverse des assassinats sporadiques conduits par le Mossad à l'étranger, il n'était pas possible - ou du moins pas plausible - pour l’État hébreu de nier être l'instigateur de ces assassinats.
"Nous ne pouvions prétendre que ces opérations étaient exécutées par le gouvernement de la Finlande," grinçait le général de brigade Yossi Kuperwasser, chef de la division recherche de l'AMAN.
[...]
Progressivement, ce qui était jadis considéré comme fortement préjudiciable - reconnaître la responsabilité d'une exécution - finit par devenir une politique officielle.
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Le général de brigade Yossi Kuperwasser, l'un des analyste en chef de l'AMAN, validait les propos de son supérieur : "Quand il l'a vraiment voulu, Arafat a fermé douze institutions du Hamas et fait arrêter certains de ses activistes. Ensuite, ayant décidé que le moment était venu de reprendre les attaques terroristes, il a commencé à les laisser sortir.
[...]
Kuperwasser affirme qu'Arafat était assez rusé pour libérer des prisonniers du Hamas qui habitaient dans les régions sous contrôle des Israéliens, afin que ces derniers ne puissent s'en prendre qu'à eux-mêmes, et de toute manière libérer des hommes qui n'avaient aucun lien avec le Fatah, afin de maintenir le plus de distance possible entre ces attentats et sa propre personne.
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Yaalon était membre d'un kibboutz du désert d'Arabah et issu du mouvement de la gauche travailliste. Mais, disait-il, ce qu'il avait vu dans les rapports du renseignement, à la tête de l'AMAN et plus tard au poste de chef d'état-major, l'avait fait changer d'avis et virer vers la droite. Son ascension fulgurante vers le sommet de la hiérarchie militaire et sur la scène politique ne fit qu'amplifier ses positions de faucon qui finiraient par avoir un effet décisif sur l'orientation des politiques israéliennes des décennies suivantes. La droite lui réserva un accueil chaleureux car c'était l'un des rares membres de la communauté israélienne à épouser de telles opinions. Il deviendrait l'un des plus proches soutiens de Netanyahou qui le fit entrer dans son gouvernement avec le portefeuille de ministre des Affaires stratégiques. Puis de la Défense, mais le força à démissionner en 2016 après que Yaalom, très sourcilleux sur tout ce qui touchait à la loi et à la discipline, eut insisté pour qu'un soldat qui avait tué un terroriste blessé sans défense soit traduit en justice.
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Arafat était un individu très compliqué m'a confié Shimon Peres, et nous avions du mal à déchiffrer sa psychologie. D'un côté, il était aussi sournois qu'un serpent, et de l'autre, aussi naïf qu'en enfant. Il voulait être tout à la fois un homme de paix et un homme de guerre.
[...]
Nous nous réunissions, et je lui mangeais dans la main - celle qui était couverte d'eczéma, ce qui exigeait d'avoir un certain cran. Je lui fournissais des informations sur les chefs terroristes du Hamas dans ses territoires. Il savait pertinemment que ces informations étaient exactes, mais il mentait effrontément sans aucun problème. Quand il s'est laissé convaincre, il était trop tard. La terreur a scellé ma ruine, elle m'a achevé, elle m'a évincé du pouvoir.
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Cet épisode démontrait une fois encore que l’État d'Israël, pourtant souvent disposé à se servir des assassinats ciblés comme d'un outil, demeure très hésitant quand il s'agit de tuer des dirigeants politiques, même s'ils n'ont pas été officiellement investis comme tels.
Rétrospectivement, Alpher admettrait qu' "à peine deux mois après cette réunion, [il avait] compris ce qu'il en était de lui [Khomeiny]", et qu'il "regrettait amèrement cette décision. D'après lui, si les services avaient éliminé l'ayatollah, l'histoire aurait pu prendre un meilleurs cours.
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Le meurtre de Salameh fut un coup terrible pour l'OLP. Je les avais prévenus ! s'exclama Arafat, sur un ton de tragédie, lors d'une interview télévisée, quelque temps après. J'avais averti mes frères. "Faites attention ! Le Mossad va nous pourchasser, l'un après l'autre, commandant après commandant."
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Bird note que le chef palestinien avait reçu des dizaines de messages d'alerte de la CIA, certains sur un ton très ferme, l'avertissant que le Mossad voulait sa peau.
Je l'ai mis en garde, m'a confié Wyman. Je lui ai dit : "Espèce de crétin, avec ta manière de circuler dans Beyrouth, ils vont finir par t'avoir. C'est juste une question de temps. [...] Tu violes tous les principes des pratiques sérieuses en matière de renseignement. Les Israéliens savent qui tu es, et ils savent ce que tu as fait, alors tu devrais être prudent."
La CIA lui fournit même un équipement de communication crypté pour améliorer sa sécurité, et envisagea aussi de lui envoyer une voiture blindée pour le protéger des Israéliens.
[...]
Le Mossad finit par aboutir à la conclusion que "couper ce canal devenait très important pour montrer que personne ne jouissait de l'immunité, et aussi pour signifier aux Américains que ce n'était pas une manière de se conduire envers des amis. Le Premier ministre Begin fut informé par le directeur Hofi, de la relation entre Salameh et les Américains, mais cela ne l'empêcha pas de souscrire à sa recommandation de l'assassiner.
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Le Mossad décida d'exploiter la pénétration profonde de ses agents à l'intérieur de l'organisation de Haddad et d'assigner la tâche de l'éliminer à Tsomet. L'assassinat, au moyen du poison, fut confiée à l'agent Tristesse qui avait un accès très facilité à son domicile et à son bureau.
Le 10 janvier 1978, Tristesse échangea le tube de dentifrice de Haddad contre un autre, identique contenant une toxine mortelle développée grâce à un travail intensif à l'Institut israélien de recherche biologique de Ness Ziona, au sud de Tel Aviv, l'un des sites les plus étroitement gardé d'Israël.
[...]
A son arrivée en Allemagne, Haddad était absolument fichu, signalait un rapport mentionnée lors d'une réunion de commandement de Tsomet. Les experts de l'institut biologique nous assurent que c’est un mort-vivant.
[...]
Habache était très peiné par le décès de son ami et il ne doutait pas un instant qu'Israël en fût le responsable.
Le Mossad et les plus hautes sphères de la défense étaient enchantés du résultat de l'opération. L'un des ennemis les plus puissants et les efficaces de la nation venait d'être neutralisé. Et, ce qui n'était pas moins important, cinq ans après le fiasco de Lillehammer, l'agence avait renoué avec les assassinats ciblés, et l'avait fait au moyen d'une méthode éminemment sophistiquée. Ce fut peut-être la première fois que la formule "faible signature," utilisée pour décrire un assassinat où la mort paraît naturelle ou accidentelle, entra dans le vocabulaire des services.
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La série de triomphes remportés par Baïonnette inspira un sentiment d'euphorie partout dans l'organisation. Il semblait que le Mossad pouvait tout tenter, admettait un ancien de Césarée, et que personne n'était hors de notre portée.
Cela étant dit, les comptes avec Septembre Noir n'étaient pas soldés. Neuf mois après l'horrible massacre de Munich, cet attentat qui avait entraîné une recrudescence des attentats ciblés, plusieurs hauts responsables de l'organisation palestinienne circulaient encore en toute liberté. L'agence avait supprimé beaucoup de gens, mais pas les onze individus les plus recherchés par ses hommes.
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Pour leur part, Ben-Zvi et ses sept camarades, comme la plupart des autres Juifs russes étaient des sionistes pragmatiques.
[...]
Cette nuit-là, les huit hommes formèrent la première force combattante hébraïque de l'époque moderne. Ils décrétèrent que, dorénavant, ils rompraient radicalement avec l'image du Juif faible et persécuté qui s'était propagée partout sur la terre. Seuls des Juifs défendraient les Juifs de Palestine.
Ils donnèrent à cet embryon d'armée le nom de Bar-Guiora, inspiré de celui de Simon Bargiora, l'un des chefs de la Grande Révolte juive contre l'Empire romain, au Ier siècle de notre ère. Sur leur drapeau, ils rendaient hommage à cette rébellion de l'Antiquité et prédisaient leur avenir en ces termes : Dans le sang et le feu la Judée est tombée. Dans le sang et le feu la Judée ressuscitera."
La Judée se lèverait en effet. Ben-Zvi serait un jour le deuxième président de la nation juive. Mais avant cela, il y aurait beaucoup de feu, et un torrent de sang.
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Il commencèrent par se féliciter; ...
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Au cours des années d'après guerre, les sionistes du Yichouv prouveraient au monde et, plus encore, à eux-mêmes, que les juifs ne se soumettraient plus jamais un tel massacre, et que le sang juif ne coulerait plus si aisément. Les six millions de morts seraient vengés.

" Nous estimons ne pas pouvoir nous accorder de repos tant que nous n'aurions pas vengé le sang par le sang, la mort par la mort", me déclara un jour Hanoch Bartov, un romancier israélien très apprécié, qui s'était engagé dans la Brigade un mois avant son dix-septième anniversaire.
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Si ce chargement atteignait la bande de Gaza, signifia l'un des officiers de l'AMAN venu informer Netanyahou, nous recommanderions d'attaquer le Hamas sans aucune provocation préalable, afin de les empêcher de les déployer.
Ces armes n'arrivèrent jamais nulle part. A quatre heures du matin, le 24 octobre 2012, des chasseurs F-15 de l'armée de l'air attaquèrent le site et détruisirent les armements et tuèrent les personnels qui se trouvaient sur place à ce moment-là, des combattants du Hamas et des hommes des Gardiens de la Révolution islamique. Les cieux de Khartoum furent illuminés par les explosions. Des toits furent soufflés et des fenêtres fracassées par l'onde de choc. Les habitants de la capitale souffrirent à cause de la décision de leur gouvernement d'autoriser leur pays à se faire partie prenante de cette filière de contrebande d'armes. Après cet incident, les autorités soudanaises prévirent les Gardiens de la Révolution islamique qu'elles ne le permettraient plus.
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Face à une telle irresponsabilité, Dagan resta stupéfait : "L'emploi de la violence [militaire] aurait des conséquences intolérables. L'hypothèse de travail qu'il soit possible de mettre un terme final au programme nucléaire iranien au moyen d'une offensive militaire est erronée. [...] Si Israël devait attaquer, Khamenei [le chef suprême de l'Iran] remercierait Allah : cela unifierait le peuple iranien derrière ce programme et permettrait à son chef d'affirmer qu'il se doit d'acquérir la bombe atomique pour défendre son pays contre l'agression israélienne."
La simple décision de placer les forces israéliennes en alerte risquait de conduire à une glissade inexorable vers la guerre, estimait encore Dagan, parce que les Syriens et les Iraniens repèreraient cette mobilisation et risquaient de passer préventivement à l'action.
[...]
La rupture des relations entre Dagan et Netanyahou était inéluctable. Le premier avait dirigé le Mossad huit ans, plus longtemps que quiconque dans son histoire, excepté Isser Harel. Il l'avait recréé à son image, il avait ressuscité une agence moribonde et timide et lui avait restitué la gloire historique dont elle avait joui pendant des décennies. Il avait pénétré les adversaires d'Israël plus en profondeur que quiconque ne l'aurait cru possible, éliminé des cibles qui avaient échappé à la mort ou à la capture depuis des dizaines d'années, et contré pendant des années une menace existentielle qui pesait sur l’État juif.
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En moins de six mois, le général Sleiman avait perdu un site nucléaire qu'il avait réussi à tenir secret pendant cinq ans et un proche confident et allié qui avait trompé la mort pendant des décennies. Humilié et furieux, il ordonna que des missiles Scud armés de têtes chimiques soient préparés pour un lancement sur Israël. Il exigea qu'Assad riposte agressivement.
Le président syrien refusa. Il comprenait la fureur de son général, mais il savait aussi qu'une attaque frontale contre Israël - et pire encore une attaque chimique - n'était pas dans l'intérêt de la Syrie.
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Dagan prit la tête de l'agence en septembre 2002. Peu après, Ariel Sharon le chargea des activités sous couverture destinées à contrecarrer le programme nucléaire iranien.
[...]
Dagan installa son nouveau bureau dans le bâtiment principal de l'agence et y accrocha une photo de son grand-père, agenouillé, fixant un regard terrorisé sur les soldats allemands tout autour de lui, quelques minutes avant d'être mis à mort.
"Regardez cette photographie, disait-il aux agents avant de les envoyer en mission. Je suis ici... nous, les hommes et les femmes du Mossad, nous sommes ici... pour nous assurer que cela n'arrivera plus jamais."
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Le Mossad tenta certes, de façon ponctuelle, de contrecarrer des projets dangereux lancés par les membres du Front radical. Il apprit par exemple que le général Anatoli Kuntsevitch, ancien pilier des industries militaires russes, aidait la Syrie à produire l'arme chimique la plus meurtrière qui soit, l'agent neurologique VX.
[...]
Par conséquent, en avril 2002, Kuntsevitch passa mystérieusement de vie à trépas à bord d'un vol entre Aleph et Moscou.
Mais ce fut un succès isolé. Il n'existait aucune stratégie cohérente et constante contre le Front radical et les Israéliens végétaient dans une dangereuse ignorance des plans et des actions de leur ennemi. Comparé aux succès du Shin Bet et de l'AMAN dans les territoires occupés, le Mossad était considéré comme le maillon faible de la communauté du renseignement.
Le Premier ministre Sharon était exaspéré par cette agence trop assoupie, trop molle à son goût et qui répugnait à prendre des risques après ses ratés opérationnels précédents.
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