La vérité est un rapace qui déboule dans notre champ de vision et qui kidnappe ce à quoi nous tenons. La vérité possède elle aussi ce fameux goût métallique et anxiogène. Une fois qu'elle nous tombe dessus, nous ne pouvons rien faire pour la mettre à l'écart et l'oublier, elle prend toute la place, nous bouffe tout tel un cancer infiltrant.
Je voudrais pleurer contre ton épaule. Pleurer de te quitter, pleurer de choisir ma vie plutôt que la tienne, pleurer de t'avouer que je ne sais pas plus ce que je fais à cinquante ans qu'à vingt. Ma vie n'est qu'une bousculade. Un fatras de sentiments où tu ancres ma permanence.
Je suis bien avec lui, nous rions beaucoup ensemble sans qu'une intimité réelle se crée, mais est-ce vraiment nécessaire ? Je me laisse porter dans cette histoire. Il me répare, son élan vers moi me surprend plus qu'il ne m'interroge, en attendant, je ne réponds plus aux appels de Pierre qui ne s'acharne d'ailleurs pas à me joindre. Bob colle des pansements sur mes déchirures, de ma rupture avec Fabien à la mort d'Alex, et j'en passe. Pour qui ai-je pu être le Tricostéril de sa vie ? Nous sommes tous et toutes à un moment, pour quelqu'un, un symbole quelconque, un médicament, une rencontre du féminin ou du masculin, une ambition, un fantasme, une découverte, et que généralement nous l'ignorions m'amuse : libre à nous de faire fonctionner à fond notre imagination.
Accroupie et grelottante, je pisse dans la litière de mon chat. Là où il y a le plus de gravillons pour faire le moins de bruit possible, terrorisée à l'idée que mes parents pourraient se réveiller, entrer dans ma chambre et tomber sur ce spectacle navrant. "Elle est vraiment folle !", cette fois, ils en seraient convaincus. (p.7)