Consternation et fierté se mêlent chez les Shirai quand Shobei Miwa, le plus grand propriétaire terrien de Takéo fait sa demande pour Shintaro, son fils aîné. Pour cette famille modeste, dirigée par Tei-ichi, médecin traditionnel, marier leur fille Ayako au célibataire le plus convoité de la région est un honneur dont il faut se montrer digne. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que Shobei a choisi Ayako. Elle est belle, bien élevée et surtout, ses frères ne seront pas une charge pour le couple. Car chez les Miwa comme chez les Shirai, le fils aîné hérite de tout, ses cadets dépendent de lui s'ils ne sont pas formés à un métier et les filles sont destinées au mariage. Pour Shintaro et Ayako, l'avenir est tout tracé. Lui est médecin et elle se charge de mettre au monde un héritier. Après trois filles, Shuichi vient au monde et toute la famille se presse autour de lui. Pourtant c'est Haruko, fillette intelligente et délurée, qui aurait eu la trempe pour diriger la famille. Indépendante et téméraire, elle se voit médecin comme c'est la tradition dans sa famille. Pourtant, elle sera mariée elle aussi. Entre temps, le prestige de la famille aura décliné. Veuve très jeune, Ayako de retour auprès de Kei, sa mère avec trois filles à marier, voit son fils spolier de la plupart de ses biens. Les perspectives d'un riche mariage s'amenuisent. Haruko épouse un ingénieur qu'elle suivra en Mandchourie. Seule la plus jeune de ses sœurs, Sachiko, se battra pour se marier par amour.
Magnifique fresque familiale, La saison des cerisiers en fleur est une peinture de la famille japonaise traditionnelle où l'on accompagne quatre générations de femmes de Kei la grand-mère à Emi et Mari ses arrière-petites-filles. Fille, épouse, mère, la femme obéit à son père, son mari puis son fils. Soumise et obéissante, sa vie se résume à s'occuper des siens et à les servir, sans jamais participer aux décisions importantes. Pourtant, le Japon aussi va connaître les bouleversements de la modernité. Un monde sépare Kei des filles d'Haruko qui pourront faire des études, travailler et choisir leur mari, toutes choses impensables pour leurs aïeules. Personnage centrale du roman, Haruko est à la charnière de ces deux mondes. Contrainte au mariage, elle s'unit à un homme moderne qui tient compte de ses désirs. La guerre fera le reste. Le Japon perd ses colonies en Mandchourie puis la guerre. Une nouvelle vie s'ouvre, plus dure, mais aussi plus égalitaire... La famille, ce cocon qui protégeait les femmes en les enfermant, se disloque. Les lois changent, le fils n'a plus à s'occuper de sa mère et l'époux n'a plus tous les droits. C'est toute cette évolution que raconte Ruriko Pilgrim dans ce beau roman, véritable bonheur de lecture. Une très belle saga dans un Japon ancestral où la délicatesse et la beauté côtoient la violence et la misère. A découvrir absolument.
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Encore un livre que je regrette d'avoir lu car je sais que même si je le relisais, je ne ressentirai plus jamais la même extase que lorsque je l'ai découvert. Même si la condition des femmes est très difficile à accepter, condition qui est néanmoins liée à la tradition japonaise, et contre laquelle on ne peut que s'indigner, il n'en reste pas moins que ce roman est un livre magnifique et émouvant. On y retrouve l'histoire de quatre générations de femmes au XX ème siècle période s'étalant du début de le Première Guerre mondiale jusqu'à la fin de la Seconde. Kei, la grand-mère, très attachée à la tradition, vit avec sa fille Ayafo qui élève elle aussi ses trois filles dans le plus grand respect de celle-ci et dans l'attente de trouver un bon parti pour elles. Aussi, les trois filles, comme leurs aïeules avant elles, n'auront donc pas le choix de choisir l'homme qu'elles voudront mais devront se plier à la décision de leur famille. Haruko, la plus jeune et le plus délurée de la famille, qui rêve d'exercer la profession de médecin, se rebellera contre cette tradition qu'elle trouve archaïque et luttera pour l'indépendance de la femme.
Ce livre est également le témoin d'une grande sagesse dans la culture japonaise qui respecte et adore la nature et notamment la saison où les cerisiers sont en fleurs. Devenu un véritable culte au Japon, celui-ci fait étrangement contraste avec les horreurs infligées par la Seconde Guerre mondiale.
Livre qu nous apporte beaucoup et nous amène à nous interroger sur notre propre condition. À lire !
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De la campagne japonaise du début du XXe siècle à la reconstruction de Tokyo en passant par la Mandchourie occupée, ce roman raconte l'histoire d'une famille, les Miwa, et plus particulièrement de Haruko, petite fille pleine de rêve puis femme attachée à ses racines. J'ai eu du mal à commencer le livre mais finalement je l'ai trouvé très bien. Les descriptions du Japon au fil des années sont très précises et intéressantes. J'ai parfois été un peu perdue parmi les prénoms japonais des très très nombreux membres de la famille, mais j'ai été assez touchée par la pudeur que contient ce roman.
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