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Citations de Sabyl Ghoussoub (181)


Même les seigneurs de guerre ne savent plus pourquoi ils se font la guerre mais tout le monde tire et dans tous les sens
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...puis j'étais rentré en France. Je cherchais un éditeur pour y retourner et écrire un livre vif et rythmé sur la révolution, mais après en avoir trouvé un, je n'ai plus eu envie de l'écrire. Je m'imaginais devenir l'un des porte-parole de cette révolution et ce rôle me debectait. Me revenaient en tête ces binationaux toutes origines confondues qui, de leur appartement parisien, expliquent quoi faire à leurs compatriotes restés ou coincés au pays. Rien ne m'agace plus que de voir ces intellectuels de pacotille se pavaner dans les stations de radio et les télévisions françaises à parler d'un pays où ils ne vivent pas ou plus.
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Mon père est un intellectuel qui s'est tenu loin de ce milieu-là. Il n'a jamais joué le jeu sauf, très jeune, au Liban. II n'a ad'ailleurs ni l'arrogance ni la suffisance des hommes de son âge, issus des pays du Levant (souvent des anciens amis à lui ou connaissances), qui ont suivi une carrière entière d'éditeur, de journaliste ou d'écrivain en France. Des hommes qui commencent la moitié de leurs phrases par «Moi, je pense que», nous abreuvent d'essais politico-humanistes sur leur vision du monde, de l'arabité et/ou de la France pour ensuite essaimer les librairies et les institutions françaises lors de rencontres où ils manient la masturbation intellectuelle mieux que personne. A côté de ces hommes qui donnent constamment leur avis sur Facebook ou dans des blogs, le silence de mon père est immense. Il n'est sur aucun des réseaux sociaux, il n'a même pas de smartphone. Mon père n'est d'aucun milieu, d'aucun monde. Mon père est un homme seul, dans ce que la solitude a de plus grand. Je l'admire, mon père. Un jour, je deviendrai muet comme lui. (p.266)
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Alma me répète toujours la même chose : "C'est fou combien tu ressembles à tes parents. Moi, je ne ressemble pas tellement aux miens mais toi, tu es le même qu'eux, tu es le parfait mélange de ton père et de ta mère. » Je ne sais pas si je le fais exprès ou non mais Alma a raison, je leur ressemble de plus en plus et je m'en réjouis. Ils ne me quitteront plus jamais. Même après leurs décès, je n'aurai qu'à me regarder et m'écouter pour les retrouver dans mes gestes et mes mots. Ils continueront à vivre en moi. (p.251)
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En France, de nombreuses personnes, quand elles apprennent que je suis libanais, ne peuvent s'empêcher de m'expliquer la situation du pays. Ce sont souvent des Français qui y ont voyagé une ou deux fois, au mieux vécu deux mois pour un stage ou une mission, qui ont «un ami libanais », « rêvent de retourner dans ce si beau pays aux gens si charmants et généreux » et me racontent que « dans les années soixante le Liban était la Suisse du Moyen-Orient». Comme dirait mon père: «Vous envoyez un Français cinq jours en Chine, il reviendra spécialiste du pays et fera même des conférences sur le sujet alors que moi, je vis en France depuis plus de quarante ans et je serais bien incapable d'expliquer quoi que ce soit. » [...] Je reste toujours silencieux à écouter attentivement ce qu'on me dit et à chaque fois je me demande : «Comment est-ce possible qu'on se lance dans de telles explications sur le Liban devant moi ? » Je n'ai pas trouvé la réponse. Je crois qu'il n'y en a pas. Ces personnes finissent généralement par employer le pronom « eux » pour me parler des Libanais comme si au cours de leur monologue ma libanité avait disparu et j'étais devenu, moi aussi, français ou peut-être invisible grâce à mon mutisme.
Tout compte fait, je préfère de beaucoup qu'on m'explique la situation au Liban plutôt que l'on me demande de le faire. Je n'ai rien à dire sur le sujet. (p.239)
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Me revenaient en tête ces binationaux toutes origines contondues qui, de leur appartement parisien, expliquent quoi faire à leurs compatriotes restés ou coincés au pays. Rien ne m'agace plus que de voir ces intellectuels de pacotille se pavaner dans les stations de radio et les télévisions françaises à parler d'un pays où ils ne vivent pas ou plus. Je relisais mon récit publié dans L'Orient-Le Jour avec dégoût, je me demandais si c'était bien moi qui avais écrit un tel texte, conseils ici et là donnant des tandis que j'exècre par dessus tout lorsque les écrivains se mêlent de politique dans leurs écris. (p.106)
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La vie de mes parents, c’est comme la guerre du Liban. Plus je m’y plonge, moins j’y comprends quelque chose.
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Mon père pêche des journaux dans les poubelles publiques à l'aide d'une canne qu'il a confectionnée avec une branche de bois, du fil et une aiguille à coudre retournée. Il vole des livres chez Gibert Jeune, "plus d'une centaine m'assure-t-il.... il s'en allait sans payer avec une flopée de bouquins pris sur les étalages extérieurs lorsqu'un jour un homme de la sécurité est venu lui taper sur l'épaule...
- Que comptez-vous faire avec ces livres ?....
- Je comptais les montrer à ma femme qui se trouve de l'autre côté de la rue. Et voyez-vous, maintenant que j'ai disparu , elle doit être folle d'inquiétude et va probablement appeler la police, ce qui tombe bien car vous êtes déjà là !"
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« de gros cons, de gros cons confits en connerie, de
gros cons d’une connerie insolente, de gros cons émerveillés d’eux-mêmes, […] de gros cons encore plus cons que ces cons de kangourous, de gros cons dont il fallait se tenir à distance ».
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Personne en France ne connaît la différence entre un Arabe et un autre, on ne fait aucune différence entre un Jordanien, un Irakien et un Libanais, ils sont mis dans le même panier, même les Iraniens pour une majorité de Français sont des Arabes.
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« Il y a un moment où les mots s’usent. Et le silence commence à raconter » Khalil Gibran
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L’exil a appris aux maronites, croyants ou non, à se détacher de la terre pour retrouver un autre point d’ancrage à travers les chants religieux. La musique est le véritable territoire des maronites.
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Aller à l’encontre des siens me semble être l’une des seules positions politiques respectables.
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La vie de mes parents, c'est comme la guerre du Liban. Plus je m'y plonge, moins j'y comprends quelque chose.
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[...] à croire que la réalité est toujours la fiction qu'on se raconte.
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J'ai, comme lui, un faible pour les cafés miteux. J'aime siroter un serré au bar du coin avec les poivrots du quartier. Comme mon père, c'est dans cet environnement que je me sens le plus à l'aise, parmi « les petites gens que nous sommes et que nous resterons en France» m'a t-il déjà dit.
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attention, fin de la citation qui est incomplète. Erreur ou fausse manip de ma part.

Au Liban, en dehors du microcosme intellectuel beyrouthin, personne ne connaissait cet homme, ni son mouvement. Au lieu de m'intéresser aux blagues et aux montages d'images, qui envahissent nos conversations WhatsApp, à l'humour sans fin des Libanais, aux bourgeoisies beyrouthines qui confondaient révolution et évènement mondain, aux communistes libanais qui tenaient des discours comme si le mur de Berlin n'était pas encore tombé, aux partisans du Hezbollah qui voyaient en chacun de nous des espions israélo-américains, aux fondamentalistes chrétiens hantés par des iraniens prêts à les décapiter a chaque coin de rue ou même ma tentative de vendre à un producteur libanais un scénario à la" Ocean's Eleven " autour de quatre jeunes révolutionnaires qui avaient décidé d'organiser un commando armé pour éliminer les politiciens libanais, j'avais écrit un texte banal, plat, attendu. Pourquoi avais-je écrit de tels mots si je n'y croyais pas? Pourquoi étais-je tombé dans ce panneau de me prendre au sérieux. Pourquoi étais-je devenu si bon chic, bon genre? Quand je lisais les tribunes écrites par les autres auteurs libanais sur la révolution, je me désolais. Elles étaient toutes plus épouvantables que la mienne, remplies de phrases toutes faites et d'idées préconçues.
pages 106-107.
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Mon père est un intellectuel qui s'es tenu loin de ce milieu-là. Il n'a jamais joué le jeu sauf, très jeune au Liban. Il n'a d'ailleurs ni l'arrogance ni la suffisance des hommes de son âge, issus des pays du Levant ( souvent des anciens amis à lui ou connaissances), qui ont suivi une carrière entière d'éditeur, de journaliste ou d'écrivain en France. Des hommes qui commencent la moitié de leurs phrases par "Moi, je pense que ", nous abreuvent d'essai politico-humanistes sur leur vision du monde, de l'arabité et/ou de la France pour ensuite essaimer les librairies et les institutions françaises lors de rencontres où ils manient la masturbation intellectuelle mieux que personne. A côté de ces hommes qui donnent constamment leur avis sur Facebook ou dans des blogs, le silence de mon père est immense. il n'est sur aucun des réseaux sociaux, il n'a même pas de smartphone. Mon père est un homme seul, dans ce que la solitude a de plus grand. Je l'admire, mon père. un jour, je deviendrai muet comme lui.
page 206.
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Je cherchais un éditeur pour y retourner et écrire un livre vif et rythmé sur la révolution, mais après en avoir trouvé un, je n'ai plus eu envie de l'écrire. Je m'imaginais devenir l'un des porte-parole de cette révolution et ce rôle me débectait. Me revenait en tête ces binationaux toutes origines confondues qui, de leur appartement parisien, expliquent quoi faire à leurs compatriotes restés ou coincés au pays. Rien ne m'agace plus que de voir ces intellectuels de pacotille se pavaner dans les stations de radio et les télévisions françaises à parler d'un pays où ils ne vivent pas ou plus. Je relisais mon récit publié dans "L'Orient-Le Jour" avec dégoût, je me demandais si c'était bien moi qui avais écrit un tel texte, donnant des conseils ici et là tandis que j'exèdre par dessus tout lorsque les écrivains se mêlent de politiques dans leurs écrits. Je préconisais à un parti politique d'agir autrement alors que je ne croyais pas une seconde en ce parti situé à gauche de l'échiquier politique, ni à ses propositions pour un nouveau Liban, ni en son leader, un ancien ministre démissionnaire que certains médias en France (dans un snobisme bon chic, bon genre) avaient érigé en meneur de la révolution. Au Liban, n=en dehors du microcosme intellectuel beyrouthin, personne ne connaissa
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« J’ai, comme lui, un faible pour les cafés miteux. J’aime siroter un serré au bar du coin avec les poivrots du quartier. Comme mon père, c’est dans cet environnement que je me sens le plus à l’aise, parmi « les petites gens que nous sommes et que nous resterons en France  »

Extrait de 
Beyrouth-sur-seine
Sabyl Ghoussoub
https://itunes.apple.com/WebObjects/MZStore.woa/wa/viewBook?id=0
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