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Citations de Sabyl Ghoussoub (181)


Leur première rencontre s’est déroulée autour d’un malentendu. Mon père entrait dans la galerie pendant qu’une exposition se mettait en place. Un tableau blanc avec un trait noir dessiné dessus était accroché à l’entrée. Mon père avait hurlé : « Waddah ! Passe-moi un feutre que je finisse ce tableau ! » Le tableau était signé de Shafic et Shafic était assis à fumer une cigarette. Waddah et ma mère, pris de panique, ont regardé Shafic qui, lui, a tendu un feutre à mon père. Mon père, qui ne savait pas à quoi Shafic ressemblait, a pris le feutre. Shafic a alors ajouté : « N’oubliez pas, cher monsieur, de rayer ensuite mon nom de la toile et d’inscrire le vôtre. »
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Ensemble, ils sont toujours très drôles mais c’est intenable, je n’avance pas, ils se contredisent constamment. Ils ne sont jamais d’accord sur la date, le lieu, l’événement, à croire que la réalité est toujours la fiction qu’on se raconte.
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Me revenaient en tête ces binationaux toutes origines confondues qui, de leur appartement parisien, expliquent quoi faire à leurs compatriotes restés ou coincés au pays. Rien ne m’agace plus que de voir ces intellectuels de pacotille se pavaner dans les stations de radio et les télévisions françaises à parler d’un pays où ils ne vivent pas ou plus.
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Il aimait particulièrement cet extrait dans La Leçon qu’il tenait comme morale de vie : « Vous avez toujours tendance à additionner. Mais il faut aussi soustraire. Il ne faut pas uniquement intégrer. Il faut aussi désintégrer. C’est ça la vie. C’est ça la philosophie. C’est ça la science. C’est ça le progrès, la civilisation. »
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"j'atteins le paroxysme de ce charabia à la lecture de certains paragraphes où je me crois devant le sketch des Inconnus sur la guerre du Liban :"

la participation de la série à la répression du mouvement islamiste Al-Tawhîd à Tripoli en 1985 et son soutien au mouvement Amal contre la milice sunnite des Murâbitûn et lors de la "guerre des camps" (1985-1987) contre l'OLP, constituebt les exemples les plus marquants de la stratégie de guerre par procuration. Damas s'appuie en outre sur les Ahbâch (associations des projets de bienfaisance islamique) ou AFBI, une organisation sunnite se réclamant du soufisme engagée en politique à travers l'action sociale au sein d'un important réseau associatif. Assad utilise les
Ahbâch pour desserrer l'emprise du Fatah de Yassir Arafat sur les réfugiés des camps.

USé par ces balivernes, je referme les livres et je réalise qu'après tout ce qui m'intéresse c'est l'histoire de mes parents.
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Tandis que mes parents attendent pour obtenir leurs papiers, Antenne 2 réalisait un reportage.
‑Madame, monsieur est-ce possible de vous poser une question ?
- Oui, bien sûr.
- Est-ce que vous vous sentez français ?
-Vous nous donnez quand même les papiers si je vous réponds ? dit mon père.
Le journaliste rit.
-Oui, bien sûr monsieur. où vous floutera ne vous inquiétez pas.
- Vous savez comment je m’appelle ? Kaïssar Ghoussoub ! Comment voulez-vous que je me sens français ? Même libanais je ne me suis jamais senti. Je suis né au Ghana
- Au Ghana ? vous ?
-Oui ! Et même si je n’ai presque pas vécu, mon père m’a transmis le passeport anglais. Je suis anglais voyez-vous ! Comme beaucoup de libanais, mon père est parti en Afrique pour s’enrichir et je dois vous avouer que c’est le seul à avoir raté son coup ! Complètement raté. Mais pour en revenir à votre sujet, peut-être au cimetière du Père-Lachaise je me sentirai enfin chez moi
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Tu n’as pas idée comme ces gens sont des putes. Ils me font vomir. Ils sont si foutrement intellectuels et si pourris que je ne les supporte plus. C’est vraiment trop pour mon caractère. J’aimerais mieux rester assise par terre à vendre des tortillas sur le marché de Toluca qu’avoir affaire à ces salopes artistiques de Paris.
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Une idée saugrenue m’est venu en tête : demander à mes parents le top 3 des évènements qui les avaient le plus affecté pendant la guerre. Bien après, je me suis rendu compte qu’il fallait vraiment ne pas l’avoir vécue pour poser une question aussi sotte.
Le top 3 de ma mère :
- les massacres de Sabra et Chatila.
– Le massacre de Damour.
- Le blocus de Beyrouth.
Le top trois de mon père :
-Ma naissance.
- La naissance de Yala.
- Son mariage avec ma mère qui, selon lui, a eu les mêmes effets néfastes sur le Liban que les accords du Caire.
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Mes parents sont à Paris, inquiets. Mon père ne veut pas m’appeler pour partager avec moi son inquiétude mais ma mère le fait très bien pour deux. » T’es où ? » écrit-elle toutes les heures comme si dans sa tête elle détenait la cartographie des explosions à venir. Comme si me savoir dans cette rue ou une autre la rassurait.
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Je me lève pour accrocher le micro à la chemise de nuit de ma mère. J’essaie de l’attraper entre deux activités. Ma mère est petite, très petite et, comme souvent avec les gens de petite taille, elle est hyper active. Elle me rappelle Nicolas Sarkozy. Là, elle cherche son iPhone qui résonne dans tout l’appartement » Je t’aime ô mon Liban. Ô ma patrie, je t’aime. Par le nord,. par le sud vers les plaines je t’aime. » Sa sonnerie n’est rien d’autre que « Bhebbak ya Lebnan, je t’aime ô mon Liban » de la diva libanaise Fairouz, Longue plainte nostalgique qui nous agace au plus haut point mon père et moi.
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Il ne supporte pas ma façon de passer d'un sujet à l'autre, de me perdre pour mieux me retrouver. Lui, c'est l'armée qui l'a construit,
l'ordre. On pose les pieds ici et pas ailleurs. Il a appris à
mettre de l'ordre dans le désordre. Moi, c'est le contraire.
Je désordonne l'ordre, je le fous en l'air, je le ridiculise.
Lui sait ce qu'il pense. Qui est qui, quoi est quoi, où est
où, quand est quand, il a un avis sur tout, une position
bien ancrée. Moi, je ne sais même pas qui je suis. Je ne
suis pas certain d'être la personne qui parle à cet instant.
Il sort de la pièce en lâchant quelques mots en hébreu à
sa collègue. Quelques mots que je comprends. Ha dafuk
ha zê, ce demeuré.
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Je suis né à Beyrouth dans une rue de Paris.
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En fait, le Liban, c’est mes parents. Je ne sais pas ce que représentera pour moi ce pays après la mort de mes parents. Peut-être qu’il disparaîtra avec eux. Quand je passe les voir dans leur appartement parisien, j’atterris au Liban… Dans leurs yeux, je vois ce pays. D’ailleurs, je ne peux plus voir mes parents pleurer à cause de ce pays. À chaque fois que le Liban est touché par un attentat, une explosion ou une guerre, j’ai l’impression que l’on vise mes parents et ça, je ne le supporte plus.
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Dans la vraie vie (pas mon roman, même si mon roman est la vraie vie), ma mère a un frère à Paris. Nawal aussi. Elles ont même beaucoup d’autres frères et sœurs (mon père aussi) mais qui n’ont pas trouvé leur place dans cette histoire, ce qui me vaudra probablement des remontrances de ma mère qui me reprochera de n’avoir pas parlé d’Untel ou Untel, « c’est ta famille » me dira-t-elle et elle ajoutera « comment oses-tu les supprimer ainsi de ton histoire ? »
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Un jour, Yala m’a dit : « Vous, les parents et toi, vous êtes des déracinés. » Elle a raison et il m’a fallu du temps pour accepter de l’être aussi alors que je ne suis pas né au Liban, que je n’y ai pas grandi comme mes parents. Certaines personnes ressentent ce déracinement, d’autres non et j’aurais beau continuer à écrire des livres, poser des questions, chercher pourquoi je me sens autant arraché, je ne trouverai jamais d’explication suffisante, satisfaisante, complète à cette question. Je suis déraciné, d’autres ne le sont pas. C’est ainsi.
Je me suis souvent demandé pourquoi on ne retourne pas vivre au Liban même si la réponse est en partie assez simple : c’est l’argent qui nous retient. J’ai quitté ce pays car je n’arrivais plus à y gagner ma vie. Mes parents ne sont jamais retournés y habiter car ils ne savaient plus, des années après leur départ, quel métier ils allaient pouvoir exercer pour vivre convenablement. Quand on fait partie de la classe moyenne, ce pays ne veut pas de nous, il nous détruit et nous broie à petit feu et si, en plus, nos métiers sont des métiers sans le sou, assistante pour ma mère, traducteur pour mon père, écrivain pour moi, on peut dire adieu à ce pays. Qu’on le veuille ou non, l’argent guide nos vies.
La peur d’une nouvelle guerre, aussi, me retient de retourner m’y installer. Chaque matin, je me réveille et je prie, avant de prendre mon portable et d’observer les notifications des journaux libanais, de ne pas lire ces trois mots : guerre, au, Liban.
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Je me rends chez mes parents mais je ne les interroge plus. On a dit ce qu’on avait à se dire. Ils m’ont raconté ce qu’ils avaient à raconter. Ces entretiens nous ont rapprochés. En me voyant, être si curieux de leur histoire, mes parents ont réalisé combien je les aimais et il est vrai que je les aime encore plus qu’avant car dans mon esprit ils sont devenus bien plus que des parents, ils se sont transformés en héros, en demi-dieux, en personnages de roman.
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Mon père n’est d’aucun milieu, d’aucun monde. Mon père est un homme seul, dans ce que la solitude a de plus grand. Je l’admire, mon père. Un jour, je deviendrai muet comme lui.
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Mon père, lui, n’a jamais autant hurlé qu’il était arabe. Au café, s’il entendait ses voisins de table employer les mots « bougnoule », « raton », « boucaque », il se mettait à parler très fort en arabe. Alors que durant cette période ses amis nomment de plus en plus leurs enfants avec des prénoms français, il dit à ma mère : « Si un jour nous avons un deuxième enfant, on ne lui donnera pas comme Yala un deuxième prénom français pour faire plaisir à l’administration française, notre enfant aura seulement un prénom libanais. Et le plus beau des prénoms. Pour la fille, je réfléchis encore mais j’aimerais Rawa. Mais si c’est un garçon, ce que je ne souhaite pas, on l’appellera Sabyl. La source. Le chemin. »
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Alma me répète toujours la même chose : « C’est fou combien tu ressembles à tes parents. Moi, je ne ressemble pas tellement aux miens mais toi, tu es le même qu’eux, tu es le parfait mélange de ton père et de ta mère. » Je ne sais pas si je le fais exprès ou non mais Alma a raison, je leur ressemble de plus en plus et je m’en réjouis. Ils ne me quitteront plus jamais. Même après leur décès, je n’aurai qu’à me regarder et m’écouter pour les retrouver dans mes gestes et mes mots. Ils continueront à vivre en moi.
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M’est revenu en tête le titre Alone together. Il va si bien aux Libanais de la diaspora. Nous sommes éparpillés aux quatre coins du monde, alone together, unis par une seule et même tristesse de voir notre pays se décomposer et nous, nous éloigner de lui petit à petit. Seul WhatsApp nous lie encore à ce pays. Peu importe où nous nous trouvons sur Terre, nous n’avons qu’à ouvrir cette application et engager la conversation avec des amis libanais ou des membres de la famille pour nous y retrouver, un peu, au pays.
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