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Citations de Sabyl Ghoussoub (181)


La vie de mes parents, c’est comme la guerre du Liban. Plus je m’y plonge, moins j’y comprends quelque chose. J’arrive à situer les protagonistes, quelques moments marquants me restent, puis, ensuite, je me perds. Trop de dates, d’événements, de trous, de silences, de contradictions.
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Quand je pense filmer mes parents et réaliser un documentaire sur eux, j’ai peur que mon père meure durant le tournage et je ne sais pas ce qui m’attriste le plus, sa mort ou l’impossibilité future de terminer ce film. Est-ce que filmer ses parents, ce n’est pas déjà les tuer un peu ?
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Mon père ne quitte jamais son appartement sans ses recueils de poésie écrits en arabe, ni l’un de mes romans. Que cet homme qui ne voulait pas d’enfant soit si fier aujourd’hui d’annoncer qu’il est père, c’est une petite victoire pour un fils. Les deux grandes poches de son manteau peuvent contenir une dizaine de livres chacune. S’il fait chaud dehors et qu’il et qu’il sort en chemise et veste, il les met dans un sac en plastique que ma mère exècre. Elle lui a acheté plus de dix sacoches en cuir pour remplacer « ces horreurs » comme elle répète mais rien à faire, sa sacoche préférée reste les sacs de supermarché. De préférence, les sacs Carrefour.
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Ma principale angoisse lors de l’écriture de ce livre était de voir mourir mon père avant sa publication. D’une certaine façon, j’écris ce livre pour qu’il se pavane avec dans Paris et qu’il hurle : « Je suis un héros, un héros de roman !
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J’ai trop peur de l’entendre fanfaronner sur ces faits de guerre et de lui en vouloir ensuite. Le silence nous protège.
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Dans les années quatre-vingt, me dit mon père, plus de quarante journaux arabes étaient édités à Paris et trente d’entre eux étaient libanais. Tu ne peux pas imaginer combien cette ville était devenue arabe et même libanaise. Pour rire, certains l’appelaient Beyrouth-sur-Seine.
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Mes références viennent d’ailleurs et beaucoup du monde arabe, pourtant j’ai grandi en France. J’ai alors l’impression bancale d’avoir grandi ailleurs tout en ayant grandi ici.
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J’interroge mes parents une à deux fois par semaine, je tiens un bon rythme, je les questionne individuellement. Ensemble, ils sont toujours très drôles mais c’est intenable, je n’avance pas, ils se contredisent constamment. Ils ne sont jamais d’accord sur la date, le lieu, l’événement, à croire que la réalité est toujours la fiction qu’on se raconte.
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Aujourd’hui, au seul retentissement d’un cri, je me recroqueville comme un enfant. Je fuis toute personne qui s’exprime ainsi. Je suis capable de ne plus jamais la revoir. Et s’il m’arrive encore de rugir ainsi, je me tais une semaine durant, comme pour faire le deuil de cet animal en moi. Je ne dis pas un mot. J’écris.
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Chaque matin, je m’assieds à ma table de travail, face à mon écran et j’écris sur mes parents et ma famille. Je reste de longues heures avec eux. Moi qui, depuis des années, fuyais éperdument les réunions familiales, je ne fais plus que passer du temps avec eux tous. Alone Together. Il est vrai que je choisis de qui je veux parler et comment. Je supprime des membres de la famille. Je change le sexe d’un protagoniste. J’invente et je modifie ce que je veux dans leur vie. Je trouve du réconfort dans cette famille imaginaire.
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Je crois que ton père, comme toi d’ailleurs, vous êtes trop sensibles.
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Puis j’ai compris qu’Italianamerican, ça allait bien à mes parents aussi. Ils ne sont pas italiens, ni américains, mais ils viennent d’ailleurs et c’est ce qui les réunit avec les parents de Scorsese, d’être d’ailleurs, cet ailleurs méditerranéen avec ce combo de machisme et de tradition, de mélancolie et d’humour noir, de démesure et d’outrance, de cris et de larmes.
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Il m’a fallu du temps avant de commencer à interroger mes parents. Pourtant rien de m’en empêchait. Je vivais à Paris, mes parents aussi mais je trouvais toujours une excuse pour ne pas réaliser ces entretiens. Mathieu, un ami scénariste, me disait : « Mais qu’est-ce que t’attends ? Qu’est-ce que t’attends ? Enregistre, filme, fais ce que tu veux mais fais-le ! Arrête de m’en parler ! » Il avait raison mais je n’y parvenais pas. Je sonnais à leur porte, convaincu de m’y mettre, et à peine assis sur le fauteuil du salon, je perdais mes moyens. En les questionnant sur leur vie, j’avais l’impression de les agresser, de les violer, presque de les tuer. Ils ne m’avaient jamais parlé de leur passé, ou presque, il devait bien y avoir une raison.
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Je reste aussi persuadé qu’un jour, la France ne voudra plus de moi, enfin de nous : les bougnoules, et qu’elle nous poussera à nous exiler ailleurs (et ainsi de suite) comme le Liban, pour d’autres raisons, l’a déjà fait avec mes parents.
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Puis, avec le temps, j’ai compris que Yala, elle, l’avait traversée cette guerre. Elle est née en 1977 et ces années qui m’animent, qui m’obsèdent, qui me hantent, elle en a des souvenirs, de vrais souvenirs, alors que moi, non. J’ai besoin de l’écrire cette guerre, de la raconter, de comprendre ce que mes parents ont ressenti et vécu. J’essaye de mettre des mots sur des photos de famille, des images que j’imagine, sur celles d’un pays détruit, en ruines, que j’ai découvert dans les livres des photographes libanais quand j’étais jeune.
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Yala n’a pas le même rapport que moi au Liban et ça m’a toujours surpris. Comment est-ce possible que je sois autant obsédé par ce pays et elle, non ?
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Incipit
"Tu veux que je te raconte ma vie en arabe ou en français ?" m’a demandé mon père et il a ajouté "Tu comprends l’arabe ?" alors qu’il a été mon professeur d’arabe pendant trois longues années où je vivais chacune de ses leçons comme un calvaire sans fin.
Je venais de brancher un micro sur sa chemise de pyjama qu’il traîne depuis mes cinq ans. Elle a été cousue et recousue par des couturiers kurdes, irakiens, coréens, et certains d’entre eux ont même mis des patchs en jean dessus pour combler les trous. Ma mère a eu beau lui acheter plus d’une dizaine de nouveaux ensembles, il n’a jamais porté que celui-là, qu’il a acheté au Liban. Un pyjama bleu marine composé d’une chemise et d’un pantalon trop court.
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Je veux vieillir et mourir au Liban
Et nager tous les jours
Jusqu’à l’infini.
Ma mère

Peut-être qu’au cimetière du Père-Lachaise,
je me sentirai enfin chez moi.
Mon père
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Cette fois-ci, direction Axa pour son assurance décès, une entrevue qui fut assez surréaliste dans un bureau en travaux où l’assureur expliquait à mon père que, s’il mourait après soixante-quinze ans, ma mère ne pourrait rien toucher de ce qu’il avait mis de côté pendant des années. Mon père, médusé, lui avait proposé alors de se suicider la veille de ses soixante-quinze ans. « Faites comme vous le sentez » lui avait répondu l’assureur. Mon père se retournait vers moi (j’avais préféré rester debout au fond du bureau), il me demandait mon avis sur la date de son futur décès ou s’il pouvait compter sur moi pour le tuer avant d’arriver à l’âge limite.
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J’interroge mes parents une à deux fois par semaine, je tiens un bon rythme, je les questionne individuellement. Ensemble, ils sont toujours très drôles mais c’est intenable, je n’avance pas, ils se contredisent constamment. Ils ne sont jamais d’accord sur la date, le lieu, l’événement, à croire que la réalité est toujours la fiction qu’on se raconte.
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