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Critiques de Salvatore Minni (288)
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Anamnèse

On ne va pas se mentir, je ressors très mitigée de cette lecture.

La première partie est pourtant excellente, énigmatique et piquante à souhait dans son flirt avec la folie : Marie, psychanalyste, est hantée par de terribles cauchemars qui mettent en scène une femme en sang, à l'agonie, ligotée, qui l'implore. Un des ses patients la fascine par la violence de ses réactions et la rage qui semble le ronger depuis la mort de sa femme et de sa fille. Un homme étrange la harcèle en l'appelant Vanessa, comme s'il la connaissait. Tout est en place pour se régaler avec les codes du polar psychologique.



Mais voilà, j'ai trouvé la deuxième partie terriblement maladroite voire ratée par moments. C'est là que j'attendais une montée en tension insoutenable, mais j'ai complètement décrochée à cause d'incohérences temporelles gênantes : d'habitude, j'apprécie le procédé de l'ellipse mais là, ça ne fonctionne pas, comme s'il manquait des passages entiers qui auraient du être là. Surtout, l'invraisemblance des réactions des personnages m'a bloquée. Par exemple, l'amie de Marie, Sophie, réagit de façon très bizarre en acceptant tranquilou de diner et flirter avec le harceleur de sa copine. Ces maladresses sont accentuées par des dialogues très clichés «  feuilleton TV » qui sonnent faux.



La troisième partie est, elle, réussie, très bien traitée et tout s'éclaire ( si jamais on n'avait pas compris les ressorts principaux de l'intrigue ), on revient sur une ligne claire et pertinente. Mais elle ne fait qu'une trentaine de pages , pas assez pour faire oublier ce qui a précédé. Bien sûr, ces dernières pages peuvent justifier les flottements et les invraisemblances de la deuxième partie.



Une anamnèse désigne en psychiatrie le retour à la mémoire du passé, vécu, oublié ou refoulé. C'est un ressort passionnant pour un polar ( le sommet avec Shutter island du grand Dennis Lehane ), je regrette qu'ici, cela n'ait pas fonctionné avec moi.
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Anamnèse

Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller, au beau milieu de la nuit, dans le noir total, et d'essayer de sortir de votre chambre, en étant complètement désorienté ? Ça rend fou non, au bout d'un moment ?



Si oui, vous comprenez ce que j'ai ressenti à la lecture du deuxième roman de Salvatore Minni. Ce sentiment de se cogner aux meubles, de chercher l'interrupteur, dans le noir complet, m'a étreint dès le début de ma lecture.

Ce ne fut pas pour me déplaire tout au long de la première partie. J'avoue avoir pris un plaisir presque malsain à m'égarer dans un récit aux multiples personnages, tous plus mystérieux les uns que les autres.



Pourtant, à mon grand regret, sur la durée, ça a plutôt fini par m'agacer et c'est avec soulagement que j'ai pu enfin sortir du noir en terminant le livre. J'ai hélas fini par me désintéresser de ce trop plein de personnages qui ont fini par me paraître de moins en moins incarnés.



J'avais beaucoup aimé le premier ouvrage du même auteur, Claustration, qui avait follement fonctionné sur moi. Peut-être trop bien d'ailleurs car, du coup, les ficelles utilisées dans ce roman-là, me sont apparues comme déjà connues et la chute ne m'a pas offert l'effet voulu.



Je ressors donc de ma lecture plutôt indemne mais pas foncièrement très convaincu. Il reste un roman dans lequel on pénètre comme on tombe en plein cauchemar, où on veut malgré tout connaître le fin mot de l'histoire. Il pourra peut-être surprendre beaucoup d'entre vous !


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Claustrations

Claustration.



« Etat de quelqu’un qui est enfermé dans un lieu clos. »



C’est la première définition que je trouve en cherchant sur le net.



Ce mot. Mais ce mot. Il me fait déjà trembler. Avant même de commencer ma lecture. Il promet des choses troubles.



Je creuse un peu. Le net est capricieux.



« Réclusion volontaire pathologique, par opposition à la séquestration, qui est imposée. »



J’arrête là. Ce mot tient toutes ses promesses. Il me terrifie.



Et je me suis quand même lancé dans cette lecture.



Grand bien m’a pris.



Chapitres brefs. Différents protagonistes. Enfermés. Contre leur gré ? De leur plein gré ? Chaque cas est différent. Chaque situation est terrifiante. Et plus on avance, plus on se perd …



C’est une lecture plaisir qu’on ne lâche pas. On veut connaître la suite car Salvatore Minni nous prend par la main, au départ, puis nous pousse d’un grand coup dans le dos à fond de train dans son récit.



Je n’ai pas pu m’arrêter de lire. Jusqu’à cette fin …



Page turner efficace et inquiétant où l’auteur manipule ses personnages et son lecteur de façon brillante, ce livre est une belle surprise.



Si vous aimez les bons thrillers, les romans que l’on ne peut lâcher, je ne peux que vous conseiller de foncer sur ce livre !



Laissez vous enfermer entre ces pages, vous ne voudrez jamais en sortir …

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Désobéissance

Au retour d’un voyage, Guillaume trouve son ex-femme et sa fillette Mia assassinée suite çà un cambriolage. Fou de douleur, il va perdre pied et tenter de reconstruire sa vie de père à travers une autre fillette qui lui ressemble.

Des bouffées de son enfance lui reviennent épisodiquement. Son père, manipulateur et violent, tyrannisait toute la famille. Lui seul, en tant que fils avait droit à quelque répit dans la folie du père. Ce passé hypnotique et traumatisant le hante au point de le transformer en monstre manipulateur comme son propre père.

Guillaume, qui nous émeut au début du roman par l’expression de sa souffrance et son deuil d’une enfant, va très rapidement nous glacer par son attitude déconnectée des réalités (enfin, c’est le but recherché par l’auteur, non ? Parce qu’il peut finir aussi pas nous agacer sérieux, le dangereux psychotique)

D’autres personnages traversent cette histoire terrible ou règnent la folie, la séquestration et la maltraitance.

Mia est bien morte des suites de sa blessure et pourtant, le lecteur s’y perd un peu lorsqu’on assiste à la réapparition de la fillette aux yeux de Sarah. Celle-ci entame une thérapie sous hypnose afin de se délivrer de ces apparitions dérangeantes. Pourtant, des similitudes entre les propos de Mia et la réalité vont l’intriguer.



De cette descente aux enfers et dans la folie, on ressort terrifiés. C’est normal, c’est un thriller. Tant pis si le fantastique vient au secours d’un scénario un peu poussif. On peut tout se permettre dans un thriller et il fallait bien donner un coup de pouce à Sarah afin de faire avancer l’intrigue.

On trouve beaucoup de morts dont on ne se soucie pas trop dans ce thriller. D’accord, c’est un thriller et ça doit nous dresser les cheveux sur la tête. Bon, les miens sont restés bien en place. Ce psychopathe à la double personnalité peu convaincante m’a plutôt ennuyée. Et les autres personnages n’ont pas réussi à me convaincre avec leur personnalité un brin stéréotypée.

Quant au dénouement bien noir et cynique, sensé « cueillir » le lecteur », il est vraiment tiré par les cheveux (ceux-là même qui étaient censés se dresser sur nos têtes, vous vous souvenez ?)

En résumé, l’auteur a pris de bons ingrédients du thriller qui ont fait leurs preuves, il les a mélangés, saupoudrés de fantastique pour lier la sauce, puis d’une histoire d’amour invraisemblable (y a des filles amoureuses que l’amour rend idiotes !) Et voilà ! On obtient « une histoire sombre dans une ambiance à la fois oppressante et mystérieuse » (ce n’est pas moi qui le dis, c’est écrit en quatrième de couv !) Et cette histoire échevelée se noie dans un style convenu qui manque de mordant et de rythme.

Donc, en bref, je n’ai pas du tout aimé (Ah ! vous aviez compris ?)





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Désobéissance

Je suis de près la carrière de Salvatore Minni, depuis qu’il s’est lancé dans l’écriture de thrillers. Ma première rencontre avec sa plume s’est déroulée lorsque son premier manuscrit a été soumis à la lecture via le site Nouvelles Plumes. Après ce passage réussi, il a été publié par les Editions Nouvelles Plumes, en version retravaillée. Depuis lors, je ne manque pas ses parutions et les attend avec une certaine impatience.



« Désobéissance » est déjà son troisième roman pour adultes (+ un opuscule). En effet, Salvatore Minni est aussi auteur d’une série de livres pour enfants, sous le titre, « Mystère en Belgique », qui compte déjà quatre tomes.



Revenons à « Désobéissance » qui m’a énormément plu. J’ai trouvé que c’était le plus abouti, tant par l’écriture que par la construction de l’intrigue. C’est agréable de constater qu’un auteur tient compte des remarques bienveillantes de ses lecteurs et qu’il sait se renouveler, sans rester confortablement dans ses acquis. Je trouve qu’il s’agit d’une certaine forme d’intelligence dont Salvatore Minni fait indubitablement preuve.



L’aspect « analyse psychologique » de ses personnages reste bien présent et c’est important car on ne change pas une équipe qui gagne. Ce thriller addictif vous emportera dès les premières pages. Ensuite, plus moyen de s’en séparer !



Pour ceux qui seraient peut-être un peu réticents quant au côté un brin fantastique, n’ayez crainte car il se marie parfaitement à l’intrigue.



Tout au long du livre, un sentiment oppressant d’angoisse vous étreindra et vous allez adorer comme cela a été mon cas parce que l’auteur se joue véritablement de ses lecteurs.



Malgré une fin un peu trop abrupte selon moi, cela a été un excellent moment de lecteur et j’en redemande !
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Claustrations

"La colère vide l'âme de toutes ses ressources, de sorte qu'au fond paraît la lumière" (Nietzsche)





Voilà un roman, un thriller psychologique, qui ne manque pas susciter de nombreux questionnements jusqu'à révélation de l'intrigue à la toute dernière page du roman.



Salvatore Minni, "Claustrations (PHÉNIX NOIR, 2019) écrit, depuis tout petit, des textes lyriques et des nouvelles.



Qu'en est-il exactement de ce roman ? Une femme séquestrée dans un lieu répugnant, infesté de rats et d'insectes, inquiétants et sinistres. Un homme interné à la demande de son épouse pour, prétendument, une atteinte à ses capacités cognitives et psychiques. Une femme médecin, oeuvrant en territoires étrangers, - en manque de soins et de médicaments -, enlevée par un groupe inconnu et séquestrée, un homme âgé de 65 ans qui se cache dans sa cave, parce que que le gouvernement a décrété l'élimination physique des citoyens ayant atteint la limite, afin de lutter contre la surpopulation !





Quels liens unissent ces quatre personnages captifs aux quatre coins du monde ?





La fin de l'ouvrage tient sa promesse, il restitue, sans combine ni faux-fuyants, la solution rationnelle, mais très surprenante. Accrochez-vous !





Bonne lecture.





Michel.




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Storia 2022



Paru le même jour que le dernier 13 à table, ce recueil de nouvelles n'inclue que des auteurs de la grande famille du noir et du polar. Il s'agit du troisième dont les droits seront reversés à l'association ELA ( Association Européenne contre les Leucodystrophies ) après Phobia paru chez J'ai lu en mars 2018 et Storia 2021 paru aux éditions Hugo poche il y a un an. Une façon de faire une bonne action, de sensibiliser les lecteurs à ces maladies infantiles ( elle se déclinent sous de multiples formes ) et de se faire plaisir puisque des recueils de cette qualité, même si vous boudez les nouvelles en règle générale, je n'en n'ai pas lus souvent.

Mais avant de passer au contenu je vais peut-être parler de cette maladie, même si des familles le font beaucoup mieux que moi au travers de leur vécu, sous forme écrite ou de vidéo accessible par un flashcode en fin d'ouvrage. Confirmant que les aides de l'association parrainée par Zinedine Zidane va certes en grande partie à la recherche mais également aux familles : le budget requis en matériel médical adapté est en effet extrêmement onéreux.



Le témoignage ému d'une mère s'interrogeait sur la faculté du gouvernement à dégager des fonds abyssaux lorsqu'il a fallu s'adapter au covid 19, rechercher un vaccin, aider les entreprises. Et à ne rien faire pour elle ou son fils de dix ans hospitalisé à domicile, ayant perdu toutes ses facultés motrices, devenu aveugle, mettant des couches. Il entend encore, mais c'est provisoire. Et pourquoi est-il dans cet état presque végétatif, aux portes de la mort, alors que tout allait bien à la naissance ? Parce qu'il a hérité de mauvais gènes.

Moins d'un enfant par jour naît en France avec cette pathologie qui ne sera détectée au plus tôt qu'au bout de quelques mois, souvent après plusieurs années. Cette maladie neurodégénérative, on peut désormais en ralentir les effets destructeurs via des effets cliniques, des structures adaptées. Quelques années de gagnées avec la chair de votre chair que vous n'aimez que davantage pour son courage. Mais au final ses premiers pas seront du passé quand ramper deviendra son unique moyen de déplacement, ses premiers mots ne seront plus que des borborygmes, et une paralysie totale finira par vous l'ôter avant l'arrivée de la grande faucheuse.

Votre vie sociale en souffrira, le regard d'inconnus sera souvent gêné, parfois déplacé. Pour se faire des amis il faut taire son quotidien et simuler une joie de vivre sans trop mentionner les visites aux hôpitaux et les batteries d'examens qui rythment votre quotidien. Parce qu'il ne faut surtout pas mettre mal à l'aise nos interlocuteurs.



Il est devenu coutumier de donner une thématique désormais aux recueils de nouvelles. Je ne sais pas qui a instauré cette mode. Des textes courts sont commandés pour figurer dans une anthologie particulière. Les noms des auteurs sont probablement plus vendeurs que la qualité des textes. Cela dit, ça n'est pas non plus inintéressant de voir comment peut se décliner un même sujet, certains écrivains en profitent pour sortir de leur zone de confort et surprendre leurs lecteurs. Mais la qualité est rarement régulière. On lit frénétiquement un petit bijou d'inventivité et après on se fait chier comme un rat mort. C'est peut-être pour ça que les nouvelles n'ont pas toujours l'accueil qu'elles mériteraient.

C'est à nouveau Damien Eleonori, auteur de la mort n'existe pas, qui réunit de nombreux auteurs pour faire parler de cette association ELA. le premiers des thèmes proposé était la phobie, les contes de fée dans une version détournée et plus moderne l'année dernière, et j'ai beaucoup aimé celui-ci : Les auteurs doivent se mettre en scène dans une anecdote, un fantasme, un cauchemar. Quasiment tous les narrateurs et narratrises seront donc les écrivains eux mêmes qui vont entraîner le lecteur dans d'insoupçonnés délires.

Parce qu'il est bien connu que les auteurs de romans noirs ne sont pas bien dans leur tête.

Et c'est ainsi que nous retrouvons quelques uns de nos auteurs préférés, et quelques inconnus également, dans des mises en abîmes où ils incarnent un jumeau virtuel, lui même écrivain, racontant ses déboires avec son éditeur, mettant un point final à son roman, en plein salon du livre avec ses lecteurs. Certains prennent plaisir à jouer les monstres, d'autres préfèrent parler de leurs proches ou encore de leurs souvenirs.

Certains par contre n'ont pas vraiment joué le jeu, incarnant juste n'importe quel personnage lambda, se contentant de lui donner leur prénom ou de parler de lui à la première personne du singulier. Ce qui ne veut pas dire pour autant que sa nouvelle était ennuyeuse.



L'une de mes préférées a été celle du Québecois Hervé Gagnon. Son alter ego, un auteur répondant au nom d'Edgard Wagner, est abasourdi en entendant aux informations que Blanche Neige et les sept nains allait être interdit sous toutes ses formes, le film portant préjudice aux personnes de petite taille. Alors Edgard se met à rédiger un long pamphlet libérateur en se posant des questions humoristiques sur ce qu'ont devrait interdire par mesure de tolérance, pour ne heurter personne. Retirer Obélix et le père noël qui pourraient offusquer les obèses ? Ne plus vendre les chaussures par paire par respect pour les unijambistes ? Si le bikini est aujourd'hui considéré comme sexiste alors la burka peut-elle être le symbole de la libération de la femme ?

"On réécrit Barbe bleue pour cause de violence conjugale ?"

Et son discours n'en finit pas de parler de toutes les minorités, de tous les courants sexuels si nombreux qu'il n'y comprend plus rien, et ce qui en ressort avec un humour acide c'est que la tolérance ne se demande pas pour tout et à n'importe quel prix, et qu'il ne faut pas rendre l'homme blanc hétérosexuel responsable de tous les maux.

Je l'ignore mais j'emets l'hypothèse qu'Hervé Gagnon a été probablement énervé après les accusations de racisme à l'encontre d'Annie Cordy, d'Hergé, ou d'Agatha Christie qui s'était appuyée sans aucune arrière-pensée sur une vieille comptine de 1869 quand elle rédigea les dix petits nègres. Ou encore des accusations de pédopornographie complètement infondées auprès d'un de ses confrères écrivain, Yvan Godbout, dont le livre Hansel et Gretel avait été interdit provisoirement.



Ils sont deux à rêver du prix Goncourt dans ce recueil.

D'abord il y a Victor Guilbert, persuadé qu'Urinoirs pour dames fera un très bon titre pour le prochain prix et qui, sous l'effet de psychotropes, écrira frénétiquement l'histoire de Solange, dame-pipi à l'aéroport de Roissy, pleinement épanouie par son métier, sa vocation. Il apprendra parallèlement que son richissime voisin n'est autre que Guillaume Musso, et se mettra en tête de lui voler son manuscrit. Quiproquos et sourires garantis !

Si vous l'ignoriez, Fred Mars, auteur de la lame mais aussi de nombreux manuels de sexologie, et Mö Malö, auteur bien français de polars nordiques, ne font qu'un. Mais ils se dissocieront dans "Le point G" et accueilleront à leur table Emma, romancière de livres érotiques, afin de réunir leurs talents respectifs pour régiger le futur Goncourt à six mains. Ce qui est bien sûr formellement interdit. Arriveront-ils à écrire le texte parfait sous une seule identité ?

Là encore, un texte qui détend, à lire avec beaucoup de second degré. Mais on y apprend aussi plein de petites choses sur le Goncourt.



Autre auteur aux multiples identités, avec lesquelles il va d'ailleurs jouer tout en s'amusant avec le lecteur, Ian Manook et Roy Braverman, son alter ego qui écrit désormais des thrillers à l'américaine. Lui va voir son appartement se remplir peu à peu des personnages issus de son imaginaire alors qu'il est en pleine crise de la page blanche. Et ses personnages ont des exigeances. Blanche par exemple en a assez de se faire défoncer le cul dans une scène mièvre que l'auteur n'a de cesse de réécrire. Son amant se rebelle également et exige un twist dans lequel il tomberait amoureux d'un homme d'église, même s'il n'y en n'a pas le moindre dans le livre en cours.

Paradoxalement, l'auteur se défend ainsi : "C'est moi qui décide de qui vit et qui meurt dans mes romans", autrement dit il est le seul maître à bord.

Mais il explique aussi en conférence de presse que "Ce sont mes personnages qui décident de mes romans." Encore une nouvelle totalement barrée d'un auteur qui s'en donne à coeur joie en donnant vie à ses personnages.

Marlène Charine choisira une formule approchante puisqu'un soir trois de ses personnages récurrents ( Tombent les anges et Inconditionnelles sont publiés chez Calmann Levy ) prendront corps sur la banquette arrière de son véhicule et auront eux aussi des exigences, notamment de faire partie de son quotidien comme des personnes à part entière. Mais comment les présenter à sa famille ?



Quelques uns ne s'éloigneront pas de leur terrain de jeu favori et resteront dans le polar, au sens large du mot.

C'est le cas de Damien Eleonori qui va mettre en scène un double interrogatoire, celui du couple Barent interrogé par un commandant suite à la disparition d'une jeune femme à proximité de leur domicile, peu après y avoir été invitée. Mais où est donc l'auteure dans tout ça ?

Même question dans la nouvelle "dernière limite" de Ludovic Lancien, où il est question d'un cauchemar onirique dans lequel Lucie croise le jeune Adam dans un état de putréfaction avancé, qui la maudit avant de s'enflammer sous ses yeux. Elle se verra également dans un cimetière s'arracher les ongles pour creuser dans la terre sous laquelle repose le corps de sa mère. Et ainsi se succèdent les épisodes anxiogènes de Lucie, enfermée dans son imaginaire infernal.

Et Angelina Delcroix, qui a été criminologue et psychothérapeute, reprend le temps de son histoire sa casquette de psy. Parmi ses patients, Maxine, seule au monde et qui manque cruellement de confiance en elle. Alors que la déontologie l'interdit, Angelina va nouer un lien très fort, presque amical, avec cette femme. Elle se sent également responsable parce qu''il semblerait qu'un autre de ses patients, peu avenant, peut-être psychopathe, les ai pris pour cibles Maxine et elle.



Les salons littéraires et les fans perturbés serviront de terrain de jeu à Barbara Abel, Amélie Antoine et Salvatore Minni.

Sous forme d'anecdotes, les trois auteur(e)s se souviennent de rencontres un peu particulière.

-"Comment une si charmante personne peut-elle imaginer des trucs pareils ?" Nous rigolons souvent, mon amie et consoeur Karine Giebel et moi, de cette phrase récurrente qui semble nous définir comme deux monstres déguisés en romancières cordiales et sympathiques - écrit Barbara Abel, souvent en compagnie de la Varoise et du farceur François-Xavier Dillard dans les salons. Un jour elle fera la rencontre plus originale d'une lectrice prénommée Bérénice et de fil en aiguille, les deux femmes se rendront compte que l'imagination littéraire de l'une coïncide avec la vie bien réelle de l'autre. Leurs prénoms, celui de leurs conjoints, leurs professions et bien d'autres détails encore. Et connaissant Barbara Abel, pas toujours tendre avec ses personnages, la lectrice veut s'assurer qu'il ne va rien lui arriver de grave. Comme si sa vie était dictée par la Belge. Alors ? Simple coïncidence ? Piège ? Et dans le cas contraire quelles concessions faire sans dénaturer son style ? Un petit bijou !

Amélie Antoine nous relate quant à elle son quotidien avec son conjoint et leurs enfants, ainsi que ses angoisses qui perturbent son comportement et la rendent agressive, invivable.

Elle a en effet reçu l'inquiétant message "Souviens-toi l'été dernier" dans sa boîte aux lettres. Ou plus précisément "Je sais ce que tu as fait. Il est temps de payer." Même chose sur messenger. Un véritable harcèlement. Et ça n'est pas le premier puisqu'un fan obsessionnel ( je précise ici quand même que ça n'était pas moi ) se rendait à chaque salon pour la rencontrer et passer du temps avec elle où que ce soit, imprimait chacune de ses photos disponibles sur internet ou ailleurs après l'avoir fait agrandir. D'abord flattée, elle a ensuite appréhendé chacune de ces rencontres. Est-ce qu'il serait de retour ? Quel secret cache Amélie ? En dépit d'une fin un peu convenue encore une réussite que cette nouvelle où la Lilloise nous confie un peu de son quotidien, tout en nous livrant une autre facette d'elle-même.

Monsieur Concerto. C'était le nom d'un des principaux personnages du roman Claustrations de Salvatore Minni. Qui vient de finir de rédiger son troisième "one-shoot". Ses romans ne sont pas destinés à avoir de suite ou d'enquêteurs récurrents. Lui aussi reçoit d'inquiétants courriers. "Tu sais ce que j'attends de toi."

Jennifer est une fan, et quand il la rencontre à un salon du livre elle est particulièrement insistante : Elle veut retrouver ce fameux Concerto dans un prochain livre. Et l'auteur a beau lui expliquer que ça ne sera pas le cas elle continue à insister lourdement. Victime de vandalisme, Salvatore Minni se demande forcément si tout ne serait pas lié.



Passé, présent et futur : Trois choix pour des auteurs qui incarnent leur propre personnage dans des versions légèrement différentes.

Ainsi Vincent Radureau, entré au service des sports de Canal + en 1992, se souvient d'un des premiers matchs qu'il a commenté. Lady Diana était encore en vie, le tunnel sous la Manche toujours en cours. Et ce jour-là à Manchester s'affrontaient les deux équipes de la ville ( City et Chelsea ). Y jouait alors un petit français du nom d'Eric Cantona. Et le journaliste également auteur de deux romans noirs raconte dans une version peut être un peu exagérée comment il a failli arriver en retard en négligeant le décalage horaire ... et en étant poursuivi par des hooligans dont il avait percuté la voiture en oubliant un instant de quel côté on roulait en Angleterre. Pas alléchant dit comme ça mais au final on a un véritable petit thriller.

Petite scène de famille au présent pour Nicolas Druart ( L'enclave, Nuit blanche, Jeu de dames ). Il incarne son propre rôle de papa d'une adorable fillette de trois ans à qui il va acheter un tipi à la brocante, elle qui adore jouer aux indiens. Et ce malgré les avertissements du vendeur qui ne voulait pas mettre l'objet réputé maléfique en vente. Pas la nouvelle majeure du recueil.

Guillaume Ramezi se projette quant à lui en 2049 où il sera en mission spatiale, et bientôt le premier homme à mettre le pied sur mars. Si du moins tout se passe comme prévu.



Les deux dernières nouvelles, signées Mathieu Parcaroli et Ophélie Cohen, ont trait à la violence conjugale. Et on peut vraiment les rapprocher à plus d'un titre.

L'un commence par un meurtre, le second par un enterrement dans le jardin.

Tous les deux racontent l'escalade dans l'horreur.

"Pour tout et surtout pour rien, il me frappait, m'injuriait, me rabaissait." ( Parcaroli )

"Où que 'aille, il allait. J'étouffais mais je ne pouvais pas le quitter." ( Cohen )

Dans les deux on retrouve le cheminement habituel du pervers narcissique qui prive sa victime de liens extérieurs. Les amis disparaissent.

Les auteurs ne sont pas vraiment présents. L'auteur de "Le cri des corbeaux" a été témoin au mariage qui s'annonçait pourtant heureux. Quant à Ophélie Cohen, elle raconte une histoire à la première personne du singulier mais cette nouvelle ayant remporté un prix et clôturant le recueil, j'imagine qu'il faut la voir comme un cadeau aux lecteurs.

Et dans les deux cas, il ne s'agit pourtant pas de la violence domestique au sens où on l'entend habituellement. En particulier le couple dans "Lui et moi" signé par l'auteure d'Héloïse. Encore deux écrits de qualité.



Et c'est d'ailleurs le cas, honnêtement, des trois quart de ce recueil, il n'y a que quatre ou cinq textes qui n'ont pas remporté ma totale adhésion mais ils ne m'ont pas non plus ennuyé pour autant. Et c'est vraiment très rare une telle homogénéité sur cinq cent pages et dix-sept nouvelles. Il n'y a pas beaucoup d'auteurs connus mais il ne suffit pas de commander des histoires aux dix écrivains les plus vendus pour assurer la valeur d'une anthologie. Bien au contraire.

Si vous êtes convaincu de ne pas aimer les histoires courtes, trop souvent déçu, accordez leur une dernière chance avec Storia 2022. Au pire des cas vous aurez fait une bonne action.

Son seul défaut au final c'est que si vous avez déjà comme moi un an de lecture devant vous, vous allez avoir envie de découvrir encore d'autres auteurs.

Avouez qu'il y a pire comme reproche.



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Anamnèse

Ce que j’ai ressenti:



▪️Dans l’obscurité…



Fais tes prières avant de dormir, parce que c’est toujours au cœur de la nuit que l’on affronte ses plus grands démons. Marie, Jack, Paul, Rosalie, Sophie vont l’apprendre à leurs dépens. C’est la nuit qui révèle les peurs et les traumatismes enfouis et ces personnages ont quelques soucis de sommeil qui ne vont cesser de s’empirer…Les cauchemars commencent à empiéter sur les jours, l’obscurité gagne du terrain et les inconscients se réveillent. Jour et Nuit deviennent de plus en plus mouvementés et étrangement hantés. Anamnèse de Salvatore Minni explore les limites de l’inconscient et nous balance de sanglants cauchemars à faire ou à refaire, chaque nuit…



▪️ »N’oublie jamais qui tu es… »



Oui, c’est vrai, n’oubliez pas qui vous êtes. Il se pourrait que la folie ou l’horreur viennent perturber vos perceptions. Mais s’il ne faut pas oublier qui nous sommes, en revanche, je me suis un peu perdue dans la multitude de personnages et de liens qui interagissent dans cette histoire bien sombre. Les twists-révélations m’ont semblé quelque peu maladroits. Alors que l’idée de départ était prometteuse, que c’est vraiment ce genre particulier de thriller psychologique que j’affectionne habituellement, je me dis que mes attentes étaient sans doute trop fortes, et je regrette de ne pas avoir plus accroché à l’univers de Anamnèse.



▪️Et à la fin, le bout du tunnel?



Heureusement, j’ai trouvé que la fin venait relever un peu cette sensation de demi-teinte. C’est un domaine tellement intéressant et plein de possibles, et sur les dernières pages, l’auteur a réussi à me surprendre avec ces revirements de l’esprit. J’ai compris quelques ombres qui s’étaient glissées dans ses pages, mais il y en a encore qui m’ont laissée perplexe. Le mieux étant de vous en faire votre propre avis, d’aller voir de plus près si des envies de cauchemars vous tenteraient, et si vous aimez réveiller votre passé à coups de sang…A vos prières, maintenant! Je m’en vais voir si j’arrive maintenant à dormir sereinement…



Ma note Plaisir de Lecture 6/10
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Claustrations

Bonjour amis lecteurs,

Aujourd’hui je vous propose le livre de Salvatore Minni « Claustrations ». Coup de cœur pour ce thriller psychologique et machiavélique. Le lecteur est invité à suivre quatre histoires complexes de personnes enfermées qui ne se connaissent pas mais portent le même tatouage. L'effroi est au rendez-vous lorsque sont évoquées les souffrances, douleurs, angoisses et terreurs des personnages. Leurs tentatives de s’échapper sont tout aussi dramatiques et soulignent leurs personnalités quelquefois attachantes mais toujours complexes et tortueuses. L'intrigue est diabolique, le roman est oppressant à souhait, captivant et envoûtant. L’auteur m’a séduite avec sa plume habile, incisive et percutante. Une très belle découverte et un auteur à suivre de près !

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Anamnèse

Membre du comité de lecture des éditions “Les Nouveaux Auteurs”, j’avais découvert la plume de Salvatore Minni lorsque j’avais choisi, lu et noté son manuscrit anonymisé de son premier livre, « Claustrations », qui fut ensuite publié par IFS.



Salvatore Minni aime les thrillers psychologiques et faire que ses lecteurs remuent leurs méninges et tirent leurs cheveux à la lecture de ses livres. Encore ici, l’histoire fait qu’il vaut mieux le lire de manière reposée pour en comprendre toutes les subtilités.



Même si j’ai respecté cette atmosphère, j’en ressors un peu mitigée malgré tout. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé mais la fin m’a laissée de marbre. Je n’ai pas eu l’impression d’être surprise par le final et finalement, cela a eu un peu un effet flan (ça monte, ça grime bien et puis en fin de compte, cela s’écrase).



Je ressens vraiment un petit goût de trop peu. Il est vrai que lorsqu’un écrivain place la barre très haute avec son premier opus, il est parfois difficile et éreintant de tenir la distance en produisant une oeuvre qui soit aussi bonne ou à tout le moins au même goût que la première. Peut-être que j’aurais souhaité un peu plus de piquant, surtout que la quatrième de couverture m’en promettait en quelque sorte.



Contrairement à certains blogueurs ou blogueuses, je ne veux pas démolir ce livre, tout comme son auteur. Tout d’abord, pour la simple et bonne raison que je n’en vois pas du tout l’intérêt. Cela arrive lorsque les lecteurs d’un précédent bouquin adorent votre premier mais qu’à la parution, ils en ressortent déçus. Cela m’est déjà arrivé avec des auteurs mais ce n’est pas pour autant que je ne retenterai pas l’expérience et que je ne le suivrai plus dans le futur. Un auteur se doit aussi de se renouveler, d’essayer de tenter de toucher un autre type de lectorat. Donc, sans rancune Salvatore, la prochaine cela marchera peut-être mieux entre nous deux 🙂



Comme je vous l’ai déjà dit, quand j’écris une chronique sur un livre que je n’ai pas aimé ou pour lequel je reste avec un sentiment mitigé, je ne peux que vous conseiller de le lire aussi et ainsi, vous en faire votre propre opinion. Cela sera l’occasion d’en discuter et de partager nos avis 😉



Lu dans la cadre du Prix des Lecteurs des librairies Club.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Désobéissance

Rentrant à Bruxelles, Guillaume trouve son ex femme et sa fille entre la vie et la mort, victimes d'un cambriolage. Celui-ci souffrant d'instabilité mentale grave, ce drame aura des conséquences tragiques et irréversibles.

Puis, il y a Sarah, une jeune femme, qui après un accident l'ayant conduite à l'hôpital, va bien malgré elle être impactée et mêlée à cette sordide histoire.



Thriller psychologique qui nous emmène au confins de la folie. Encore une fois, une enfance et une adolescence fracassées par un père violent, toxique, qui causent des ravages à l'âge adulte.



On y trouve des séances d'hypnose, un soupçon de surnaturel avec les morts qui reviennent hanter les vivants. Les personnages sont bien travaillés, il y a quelques répétitions, mais dans l'ensemble, avec une écriture fluide, une construction simple, c'est une lecture aisée, rythmée, addictive.



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Désobéissance

En route pour Bruxelles, Guillaume rentre d'un déplacement et n'a aucunes nouvelles de son ex-femme ni de sa fille Mia, il est très inquiet car dans le quartier où elles résident sévit une vague de cambriolage…

Il va apprendre très vite que les nouvelles ne sont pas bonnes…



Un homme complètement détruit par la perte de sa fille et de son ex-femme, Il en devient fou de douleur..

Cet homme c'est Guillaume, il est atteint de troubles de la personnalité. Il faut dire qu'il n'a pas été gâté avec un père violent envers sa maman, une sœur avec bien des soucis de santé et tout cela dans une ambiance très catholique toujours imposée par ce père despote.



Sarah est une jeune femme victime d'un accident et depuis celui-ci, elle voit la petite mia pourtant morte.

Cela va devenir une obsession pour elle. À tout prix Sarah veut savoir et surtout comprendre mais est-elle prête ?



J'ai un sentiment perplexe à un moment donné car le fantastique et moi cela fait dix mais il est très vite balayé car cela se suit et s'enchaîne super bien. Tout est cousu de fil blanc, pardon de fil noir.



Je me suis fondue complètement parmi les protagonistes, ai fouillé, essayé d'anticiper, de comprendre où l'auteur voulait aller mais à chaque fois un détail ébranle ma soi-disant certitude et oui je ne peux m'empêcher de vouloir cerner à tout prix.

Puis il y a cette fin qui aura eu raison de mes prémices de détective.



Un thriller addictif c'est certain, angoissant pour sûr avec une construction des personnages très bien échafaudées.

Une spirale de sentiments complexes...

Salvatore Minni se révèle être excellent auteur dans ce que nous attendons d'un thriller du genre et si je peux me permettre, un petit cocorico et oui nous aussi on a un coq car il est belge mais je précise que si cela ne m'aurait pas plu, je l'aurais exprimé aussi.
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Désobéissance

Guillaume perd sa femme et sa fille de façon horrible.

Sarah, victime d'un accident de voit aider une petite fille.

Malgré elle cela va l'emmener dans un véritable enfer !



Le destin de Guillaume et Sarah est il de les réunir ? Pourquoi ? Comment ?



J'ai adoré la plume de cet auteur.

Le sujet traité est un sujet qui m'intrigue énormément !

Tout le long du roman, un sentiment de panique, d'angoisse ce dégage.

Les chapitres courts donnent un certain rythme à l'histoire.

Une fois plongé dans ce livre il est bien difficile d'en sortir !

L'auteur s'amuse à nous balader et ça personnellement, j'adore !

C'est donc un grand oui pour ce roman !
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Désobéissance

Bonjour amis lecteurs,

Aujourd’hui je vous propose le nouveau livre de Salvatore Minni : « Désobéissance ». Coup de cœur pour ce thriller psychologique captivant saupoudré de paranormal. L’auteur nous emmène à Bruxelles où, suite à un accident, la fille de Guillaume va mourir. Nous suivons ce père dévasté et prêt à tout pour reconstruire une vie de famille. La psychologie des personnages est parfaitement étudiée, leurs émotions déroulent douleurs, souffrances et terreurs. L’atmosphère est sombre, glaçante, angoissante et saisissante. L’auteur m’a séduite par une écriture addictive, incisive et percutante. Un excellent moment de lecture.



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Iniquité



Davantage connu pour ses romans Claustrations ou Amamnèse, Salvatore Minni est également l'auteur de différentes nouvelles parmi lesquelles iniquité, son texte le plus intime et personnel.



On connaît davantage l'adjectif inéquitable, mais le nom iniquité, antonyme d'équité, renvoie également à l'injustice extrême. Celle que l'on ne comprend pas. Contre laquelle on a envie de hurler et de rendre notre propre jugement, beaucoup moins tolérant.

Et qu'y a-t-il de moins juste que la condamnation à mort d'une innocente ?

"La sentence venait de tomber. Coup de massue. J'étais sonné. Abasourdi. Incrédule. Effrayé."



La femme qui compte le plus aux yeux du narrateur, prénommé Lucas ( mais derrière lequel on devine l'ombre de Salavatore Minni ), est atteinte d'une maladie incurable. Probablement un cancer - même si les mots ne sont jamais prononcés - à seulement quarante-six ans.

Quelle autre saloperie expliquerait sa lente dégradation ?

"Ne plus assister à sa déchéance. Trop dur. Chaque partie de son corps l'abandonnait."

Mais contre qui retourner toute sa colère quand la grande faucheuse s'en prend ainsi à vous ou à votre famille ? Comment rétablir l'équité quand l'injustice frappe ainsi, au hasard ?

"Ça n'arrive qu'aux autres. Cette fois les autres c'était nous !"



Le plus frappant dans iniquité, c'est le style.

Les phrases se réduisent parfois a de simples mots qui expriment toute la rage et tout le désespoir de Lucas.

"Ne me l'enlevez pas. Pas maintenant. Je ne suis pas prêt ! Peur. Angoisse. Prière. Colère."

Ces mots sont jetés sur le papier comme un ultime appel au secours et font ressentir l'état d'urgence permanent de ce combat perdu d'avance.

Pourtant chaque seconde compte.

"Douche rapide. Vite. Se préparer. Pas le temps de prendre mon petit déjeuner."

"Le temps... Mon pire ennemi. le plus impitoyable. Celui qui remporte chaque bataille."



Quand la colère deviendra une incommensurable haine et que le monde entier deviendra coupable toutes les souffrances endurées par Lucas, des blessures morales par oppositions aux dommages physiques subis par la femme qu'il aimait par dessus tout, alors la nouvelle passera dans des tons plus noirs encore.

"J'en veux au monde entier. Il n'y a rien de plus insupportable que de se rendre compte que chacun continue sa petite vie merdique alors que la mienne s'est arrêtée."

Il faudra inventer des coupables et les punir comme ils le méritent, le poids de la douleur s'en retrouvera peut-être allégé ?



Dans cette collection Opuscule adaptée aux personnes de petite taille, il s'agit de la seconde nouvelle d'affilée de très bonne facture que je lis. Il y en a une qui est publié chaque semaine, avec une possibilité d'abonnement.

Le texte de Salvatore Minni est rédigé avec beaucoup de pudeur, mais on devine aisément que lui aussi a été amené à veiller une personne très proche et condamnée.

Concernant la colère démentielle qui rongera son personnage principal, Lucas, j'imagine que l'écriture a davantage tenu lieu d'exutoire.

Avec une écriture parfaite, vraiment, pour distiller les impressions d'injustice, les envies de vengeance, la haine contre tous qui vient remplacer l'amour pour une seule défunte.

La folie n'est pas loin dans cette nouvelle qui commence mal, qui continue son chemin dans la noirceur et qui ne pouvait avoir de fin heureuse.



Si comme le veut l'expression l'espoir fait vivre, alors que fait le désespoir ?

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Anamnèse

Bonjour amis lecteurs,

Aujourd’hui je vous propose « Anamnèse » de Salvadore Minni. Un thriller psychologique complexe, troublant et addictif. Nous suivons Marie, une psychanalyste en proie à des cauchemars et son patient tourmenté. Le récit a pour toile de fond Bruxelles. Les personnages sont émouvants, perturbants, angoissants, mystérieux. L’intrigue est passionnante et regorge de multiples rebondissements; le twist final est fort réussi. L’écriture de l’auteur est envoûtante, incisive et addictive. Un excellent thriller m’a totalement emportée !
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Désobéissance

Désobéissance ? DésobéissanceS ? (Des)ObéissanceS ? ou plutôt (Dés)Obéissance… comme écrit sur la première page ?

De quoi s’y perdre amis lecteurs… une chose est certaine, il va s’agir d’Obéir ou de Désobéir !

Guillaume voit sa vie se fracasser au retour d’un voyage d’affaires : son ex-épouse Nathalie et sa fille Mia baignent dans leur sang, entre la vie et la mort, victimes d’un violent et sordide cambriolage.

Dans le même temps, nous faisons connaissance avec Sarah qui sort difficilement d’un léger coma après avoir été percutée par une voiture alors qu’elle traversait la rue sans regarder.

Guillaume ne peut supporter cette absence et va peu à peu sombrer dans un délire obsessionnel : reconstruire sa famille anéantie…

Sarah va se retrouver contre son gré embarquée dans la spirale machiavélique minutieusement élaborée par Guillaume… son « nouvel univers » n’aura d’autre option que d’Obéir sans broncher au risque de voir ressurgir la violence héréditaire qu’il était parvenu à contenir jusqu’à l’inacceptable…

Obéir ou souffrir… c’est le seul choix qu’il offre à son entourage.

Avec ce thriller psychologique angoissant, Salvatore Minni explore les confins de la folie qu’engendre un drame inconcevable. Saupoudré d’une pincée de « fantastique », ce roman vous prend plutôt brutalement par la main et vous embarque jusqu’au bout sans que vous ayez votre mot à dire… pas question de « désobéir » ! Difficile de le lâcher avant la dernière page… impossible d’abandonner les protagonistes à leur sort peu enviable !

C’est mon 1° roman de cet auteur belge et je compte bien en découvrir d’autres 😊

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Anamnèse

Cette chronique se veut objective, et constructive. Je n’aurais pas la prétention de tenter de résumer ce roman, mais je veux dire merci à l’auteur d’entrée de jeu de m’avoir appris un nouveau mot. « Anamnèse », retour à la mémoire passée vécu et oublié, ou refoulé. Oui, j’ai ouvert un dictionnaire, j’aime au moins comprendre le titre du roman que je lis.



Ceux qui me suivent savent que je n’avais pas aimé le premier roman de Salvatore Minni « Claustrations ». Je suis de celles qui pensent que le subjonctif imparfait alourdit considérablement un récit même si, il est certes beau à l’emploi, je ne le conteste pas. Et pourtant, contrairement à un commentaire de l’auteur sous une chronique de la blogueuse Jessica Blet, blog livresaddict (lien plus bas) et je cite : « Mais si déjà le premier vous avait plu moyen, il y avait de gros risques… Votre impatience m’étonne d’ailleurs. », je m’étonne moi aussi et en voici les raisons. Je n’ai pas de partenariat avec les éditions Slatkine, j’ai donc utilisé mes propres deniers pour acheter ce livre, malgré la déception du premier. Oui, je suis de celles qui laissent une seconde chance, toujours, et qui aiment découvrir la progression d’un auteur, particulièrement dans le domaine du noir. Ce commentaire laisse supposer que lorsqu’on n’accroche pas au premier livre d’un auteur, on n’accrochera pas au second… De facto, cela laisse supposer aussi que lorsqu’on aime un roman d’un auteur, on aimera tous ceux qui suivent. Cela est, à mon sens, une hérésie.



Le roman fait 282 pages. Voici les noms des personnages que le lecteur trouve dans les 48 premières : Rosalie, Jack Lee, Ingrid, Madame Lee, Émilie, Lily, Victoria, Marie, Mathieu, Paul, Vanessa, Sophie, Sonia, François, Rebecca, Virginie, soit 16 personnalités différentes, et j’emploie ce mot à dessein. Comprenez que je me sois sentie un peu déroutée par l’ampleur de prénoms parfois très ressemblants et qu’à cette liste vont se rajouter Luc Simon, Joséphine, et Éléonore. En ce qui me concerne, cela m’a obligée à prendre des notes et à griffonner des remarques dans le livre lui-même. Ensuite, j’ai une remarque à faire sur l’espace-temps, car il me semble que nous ne sommes pas dans le même espace-temps à chaque chapitre, mais cela n’est pas précisé. Fin du chapitre 3, Paul se rend au tribunal pour commencer sa journée de travail. Début du chapitre 4, François lui « eut une subite envie de l’appeler, mais il se ravisa. Il était tard. Elle dormait certainement déjà », il termine sa journée. Désolée, mais là, je suis « Lost in translation ».



J’ai relevé des passages et surtout des enchaînements, notamment dans les dialogues qui m’ont semblé surréalistes. Page 47, Marie raconte ses cauchemars avec force détails pour se retrouver devant un mur de silence et un « Bon, le dîner est presque prêt, tu vas te régaler. », ça me semble en effet très à propos… Oui, c’est de l’humour…



Parlons maintenant de quelques incohérences. Chapitre 6, François part pour le Tibet, prend le taxi pour l’aéroport de Bruxelles. « Deux heures plus tard, François est confortablement installé dans l’avion. » Non ! Pour avoir traversé la planète dans tous les sens, aucune chance de mettre deux heures entre la montée dans le taxi et le décollage d’un avion à l’international. Cela est juste impossible. Vous me direz, ce n’est pas très grave… C’est vrai, sauf que cela altère de façon significative la crédibilité du roman après les 56 pages précédentes où je tentais désespérément de raccrocher les wagonnets. Je pose d’ailleurs la question de la pertinence du chapitre 6 qui ne sert vraiment à rien… puisqu’on n’y apprend rien !



Je passe sur des répétitions très irritantes du type description de la fillette dans le viseur de Jack Lee, de dialogues d’introspection de quelques personnages auxquels je n’ai personnellement rien compris, et des raccourcis surprenants : page 97, « À bout de souffle, Jack Lee se leva et considéra son œuvre. Habitué aux scènes de crime, il gomma toute trace qui aurait pu attirer sur lui l’attention des enquêteurs. »… Ben voyons, ne nous embarrassons pas de détails, et de quelques dialogues irréalistes (page 100), de téléphone qui sonne sans que personne ne décroche malgré la gravité de l’état de Marie (page 119).



J’arrive à la seconde partie, la trame de fond et la mise en place des clés nécessaires à la résolution d’un thriller psychiatrique, « aux frontières de l’inconscient ». Mais, je suis définitivement perdue… Paul qui voulait à tout prix se venger de Vanessa ne lui veut finalement plus aucun mal… alors que toute la première partie évoquait cette soif de vengeance. Un homme s’introduit chez Marie, mais elle décide de ne pas appeler la police, elle préfère se reposer d’abord. Je ne comprends plus… Page 159 et suivantes, le dîner surréaliste entre Paul et Sophie où les réactions de Sophie sont si peu vraisemblables que j’ai presque eu envie de rire, partagée entre agacement croissant et opacité flagrante et d’autres exemples de cet acabit que je ne vais pas énumérer ici.



Force est de constater que plus j’avance dans le récit, plus je suis perdue. Loin d’être une sensation agréable, ou même excitante, je commence franchement à perdre patience. Je me perds totalement dans les actions ou les paroles des différents personnages, je ne sais plus qui est qui, et quand je crois enfin savoir, finalement je m’aperçois que je n’en sais en fait rien. Pour moi, l’intérêt de ce genre d’exercice est de donner des clés et de surprendre le lecteur, mais en créant une construction plausible et réaliste (cf. « les refuges » de Jérôme Loubry) avec une fin où tout devient limpide . Ou alors, en lisant la fin, de reprendre le livre à rebours pour en analyser les indices, comprendre les enchaînements et être en capacité de faire les liens qui s’imposent, ce que j’ai fait. Compilant mes notes, la fin, les chapitres précédents, je n’ai pas réussi à visualiser le plan de construction de la trame.



Alors quoi ? Ayant lu et relu la fin, compris de quelle thématique l’auteur a voulu nous parler, je n’ai strictement rien compris au montage du roman. Les nombreuses incohérences, la trop forte volonté de l’auteur de vouloir perdre son lecteur fait qu’il m’a bien perdue… sans me retrouver. Les personnages manquent cruellement de profondeur pour que j’aie pu m’y attacher, les scènes manquent de précision et de vraisemblance, les dialogues sont souvent creux. Ceci est mon ressenti, il n’engage que moi, mais il est le reflet exact de mes émotions de lecture. Je ne peux que me targuer d’être une lectrice passionnée, qui a lu énormément de romans de littérature noire et qui peut vous livrer un retour honnête que j’espère constructif. J’engage vivement d’autres lecteurs à tenter l’aventure pour que nous puissions par exemple en discuter sur le groupe « A livres ouverts ».


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Claustrations

Ils portent le même tatouage sur le bras, mais ne ce connaissent pas.

Quel lien peut il les unir ?

Ils sont tous enfermés, pourquoi? Comment ? Par qui ?



Je connaissais peu l'auteur, j'ai souvent vu ce livre passé avec des bons retours, j'ai donc voulu tenter...

Et quelle belle surprise ! Des chapitres courts qui donnent un bon rythme, un véritable page turner, pleins de questions, on ce demande bien ou l'auteur veut nous emmener !

Même si j'ai n'ai pas ressentit grand chose pour les differents personnages, cela n'a pas entaché ma lecture, tellement ce livre est prenant.

Nous sommes emportés dès les premières pages et jusqu'à la fin, je n'ai rien vu venir !
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Anamnèse

Chronique de Flingueuse : Le Chat Pitre de Sophie pour Collectif Polar

Avec ce livre Salvatore Minni nous donne un conseil. N’oubliez jamais qui vous êtes…😉

Chaque nuit, Marie fait d’épouvantables cauchemars dans lesquels une femme poignardée implore son pardon.

La psychanalyste tente de comprendre le sens de ses rêves et met au jour des secrets qui bouleversent son existence.

Thriller psychologique. Difficile de parler de ce livre sans spoiler.

C’est un page Turner efficace, Méfiez-vous des apparences, la manipulation et la folie n’est jamais très loin ..😉

NDLR : Issue des mots àna (remontée) et mnémè (souvenir), l’anamnèse signifie « rappel du souvenir ».

#thriller #polar #lecture #livre Salvatore Minni Officiel
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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