Citations de Samantha King (13)
-Oui... En résumé, j'étais une perchée qui a fini par tomber de sa branche, dis-je ironiquement.
Mais elle restera toujours une petite fille ; elle ne grandira jamais.
Cette pensée me donne un coup au cœur, en écho au bruit sourd de son corps heurtant le sol.
[...] ma belle petit fille ne peut pas être morte le jour de son anniversaire sans avoir su que ses dix années passées sur terre ont été les plus belles de ma vie, sans avoir su que sa maman l'aimait.
[...] je leur avais donné la vie, et ils étaient toute ma vie.
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas éprouvé autant de sensations physiques, tant j’étais anesthésiée par le chagrin. Maintenant, au moins, je suis consciente de la douleur. C’est une sorte de progrès, même si je m’en inquiète. Mon système immunitaire étant affaibli par le stress, j’ai peut-être développé une espèce de maladie débilitante.
Je n’ai pas besoin de l’avis d’un médecin : c’est le stress post-traumatique qui m’a privée de ma voix. « Mutisme sélectif », le terme me revient de mes cours de psychologie à la fac, il y a… une éternité ! Cela explique mon silence. De plus, le traumatisme a créé un dysfonctionnement anxieux qui inhibe ma mémoire – en même temps que mon appétit, mes sensations physiques, mon énergie…
Tout cela, je le sais et je le comprends, mais je n’ai pas le pouvoir d’agir dessus. J’ai l’impression d’évoluer en permanence dans un brouillard épais ; tout est flou, cotonneux, assourdi. Tout, sauf mes émotions ; elles n’ont jamais été aussi intenses.
Son amour pour elle n’avait d’égal que la haine qu’il me porte aujourd’hui. Non, « haine » est un mot trop fort, trop actif. La vérité, c’est que je n’existe plus pour lui et que lui-même existe à peine.
C’était nouveau, cette timidité ; elle qui d’habitude aimait tant être le point de mire ! Décidément, elle grandissait… Bientôt, elle serait rattrapée par la pudeur physique des préadolescents, et les câlins deviendraient complètement tabous.
Ma tête est un maelstrom d’émotions et de soupçons que j’ai du mal à admettre, ne serait-ce qu’à moi-même.
En effet, c’était mon père qui avait toujours fait la loi à la maison et, après sa mort, j’avais vu ma mère se débattre lamentablement au quotidien sans ce mari qui l’avait toujours définie. C’est dire que les hommes dominateurs ne revêtaient aucun attrait à mes yeux ; or, Dom semblait justement être le genre de garçon à aimer tout contrôler. Alors, pourquoi son arrogance me plongeait-elle dans un tel trouble ? J’en devenais même irritable, ce qui ne me ressemblait pas.
Mon fils était toujours dans mes jupes, il s’accrochait à moi jusqu’au dernier moment, tandis que ma fille, elle, se dégageait avec impatience, pressée de quitter le nid, de voler de ses propres ailes.
Et voilà..parfait! Inconsciente de la tragédie qui se nouait, du mal qui guettait notre famille ordinnaire et sans histoires, j'ai même souri en enfonçant la dernière bougie dans le glaçage bleu de l'énorme gâteau d'anniversaire en forme de piscine(...).Ce serait le clou de leur piscine party, cet après-midi.p.10
Je me souviens du bleu perçant des yeux de Shay, mais si je veux accéder au déroulement précis du meurtre de ma fille – aux derniers instants de sa vie qui, pour moi, n’avait pas de prix –, c’est le noir total. Tel est le paradoxe de l’esprit humain. Et dire que les gens s’imaginent que c’est le cœur, le siège de nos émotions les plus complexes…