Cette bande-dessinée presque docu-bd nous fait partager la vie de deux femmes : Monika sage femme en Grèce et Mona jeune femme enceinte qui a quitté la Syrie et se retrouve à Athènes en pleine crise migratoire.
Un lien tisse le destin de ces deux femmes, leur rapport est touchant. Elles ont chacune leur crises existentielles mais à des niveaux bien différents. Il y a beaucoup de point commun également entre les deux malgré leur horizon divers : la plus émancipée n'est pas celle que l'on croit.
On comprend que le livre est très documenté, un dossier en fin d'ouvrage nous explique le travail des ONG, de la construction de cette BD témoignage avec des portraits de femmes réelles.
Une lecture plein d'émotion et un rendu sympathique au niveau du dessin tout en nuance de bleu et de rouge.
Commenter  J’apprécie         10
L’histoire développée dans ce roman graphique s’inspire d’une étude anthropologique consacrée aux relations entre les femmes enceintes migrantes et le personnel médical, dans des zones frontières telles que Melilla, Lampedusa, la Guyane française, Mayotte ou encore Athènes, où se passe cette histoire. L’autrice, Sandrine Martin, a ainsi accompagné sur le terrain Cynthia Malakasis, une chercheuse, et s’est nourrie des récits, des rencontres, des parcours de ces femmes en exil et des nombreux humanitaires qui luttent malgré le manque de moyens, pour venir en aide aux migrant.e.s.
Mona, jeune exilée syrienne, est enceinte. Avec son époux, ils espèrent pouvoir trouer refuge en Allemagne. En attente à Athènes, leur quotidien est rythmé par les démarches administratives, lourdes et compliquées, la cohabitation dans des camps de fortune (ici un ancien aéroport) et bien sûr, le suivi obstétrical de la jeune femme.
Monika, sage-femme grecque, travaille pour Médecins du Monde. Enlisée dans une vie de couple qui se délite, elle croise un jour le chemin de Mona et c’est le début d’une amitié entre elles.
Un très beau roman graphique documentaire, qui témoigne d’une réalité difficile sans sombrer dans le pessimisme. Le dessin, au crayon et pastel dans une bichromie bleu/orange, donne force et émotion au récit.
Coup de coeur !
Commenter  J’apprécie         20
Mona quitte sa Syrie natale avec son mari pour chercher un futur pacifique en Europe. Pour cela elle traverse la Méditerrannée dans des conditions dramatiques, elle est sauvée par un navire grec in extremis. Elle restera 3 mois dans un camp sur le port du Pirée d'où elle cherchera à sortir. Entre temps, Mona tombe enceinte et c'est aussi l'histoire de sa grossesse qui est raconté, une grossesse dans ces conditions insalubres et d'insécurité permanente.
En parallèle on suit aussi l'histoire de Monika, sage-femme, qui suit ces réfugiées en Grèce et les accompagne avec bienveillance dans leur parcours.
C'est aussi en filigrane bien sûr l'histoire de la maternité, quel futur pour les enfants, quelle éducation, quelles racines ? C'est un très beau livre dessiné.
Commenter  J’apprécie         00
Mona est enceinte. Son bébé devrait voir le jour en décembre. Elle a sept mois pour quitter Athènes et atteindre l’Allemagne. Sept mois de paperasses, de files d’attente, de refus, de passeurs, de promiscuité et de malnutrition.
Monika n’est pas réfugiée mais très précaire dans une Grèce qui se reconstruit difficilement après une crise sans précédent. Elle travaille en tant que sage-femme pour Médecins du monde et son utilité est peu reconnue.
Mona la Syrienne et Monika la Grecque croisent leurs chemins le temps de cette grossesse; amitié et sororité se tissent entre les deux femmes.
Quel courage! Quel instinct de survie!
Cette BD est absolument superbe avec son alternance froid/chaud au crayons de couleur.
Le scénario est bien construit et donne un aperçu très intelligible du parcours des Syriennes mais aussi de la fragilité de la vie en Grèce.
Atteindre l’Europe de l’Ouest, c’est l’eldorado.
La grossesse, le bébé à venir sont le centre du récit. C’est à ce bébé que s’adresse Mona tout au long du récit. Parce que c’est autour de ce petit être qu’il faudra tout reconstruire.
Bravo pour cette BD, ces mois de recherches. Bravo aux associations sans qui rien ne serait possible.
Commenter  J’apprécie         60
"Chez toi" fait partie de la sélection du prix UNICEF de littérature jeunesse 2024 ayant pour thème la pauvreté.
L'histoire de cette bande dessinée est particulière car Sandrine Martin s'est inspirée des témoignages recueillis par Vanessa Grotti pour ses recherches anthropologiques pour le projet EU Border Care (qui étudie les trajectoires des femmes enceintes dans les pays frontaliers de l'UE).
C'est cet aspect "réel" qui m'a le plus convaincue. Les situations subies par Mona, qui quitte certes un pays en guerre mais aussi sa famille, sont atroces. On ne peut qu'être saisi par leur véracité.
J'ai aussi particulièrement apprécié le lien que noue Mona avec Monika. Cette dernière, sage-femme grecque, a beau avoir un quotidien moins dramatique que Mona, la bédéaste n'hésite pas à montrer que sa vie n'est pas rose pour autant. Tout cela est fait avec beaucoup de délicatesse et d'humanité.
En réalité, ce sont les illustrations qui m'ont le moins emballée. Malgré quelques belles trouvailles (la fumée des cigarettes Al-Hamra, le temps qui passe représenté par du linge étendu, l'accumulation des pièces d'identité, la ligne de contour qui devient une carte ponctuée d'étapes...), j'ai eu parfois du mal à identifier les personnages tant les visages sont peu caractérisés. Mais la force de ce témoignage vaut la peine de passer outre ce petit bémol !
Commenter  J’apprécie         90
C’est en compilant les témoignages de 5 femmes rencontrées en Grèce que Sandrine Martin parvient habilement à faire vivre les histoires de Mona et Monika. L’une est réfugiée, enceinte et vient de Syrie, l’autre est sage-femme dans l’humanitaire. 2 femmes, 2 vies différentes, 2 parcours qui vont se croiser, se rejoindre.
Le talent de Sandrine Martin est de faire vivre ces 2 vies avec pudeur, tendresse par la voix à la première personne des 2 femmes. Elle nous raconte sans misérabilisme, sans cacher non plus la peur, les douleurs, les espoirs. Bien sûr ses dessins délicats et colorés de crayons de couleurs bleus et rouge, sa mise en page libre apportent beaucoup de sensibilité à ces histoires douloureuses. Chez toi, c’est où ? Là d’où tu viens…là où tu veux aller ….là où tu es ?! Aspirer à une autre vie, c’est le point commun de ces 2 femmes.
A la fin du livre, les textes des anthropologues éclairent le travail de Sandrine Martin, un travail remarquable, qu’il faut lire et méditer.
Commenter  J’apprécie         50
Si j’ai pu lire auparavant des parcours de réfugiés, fictifs ou réels, celui-ci se distingue tant sur le plan graphique que sur le parti pris de l’histoire, avec ce choix de croiser le parcours d’une femme enceinte fuyant la Syrie et celui d’une sage-femme grecque. En s’adressant à son futur enfant, Mona lui transmet son histoire et sa rencontre avec Monika met en lumière les difficultés propres aux Grecs touchés par la crise. Les interviews présentes à la fin de l’ouvrage éclairent la démarche qui a présidée à la réalisation de ce livre et les croquis et photographies permettent d’ancrer un peu plus ce récit dans la réalité. La gamme très restreinte de couleurs complémentaires, la grande liberté dans l’utilisation des cases, qui parfois disparaissent, apportent de l’originalité à ce roman graphique.
Commenter  J’apprécie         30
Mona est syrienne. Elle est enceinte et avec son mari, ils décident de fuir vers l'Allemagne. Monika est grecque. Elle est sage-femme et travaille pour une organisation humanitaire qui apporte une aide médicale aux femmes réfugiées. Ces deux femmes vont se rencontrer à Athènes lors du voyage de Mona. C'est toujours un sujet bouleversant que celui des réfugiés : leur fuite, leurs conditions de vie, d'accueil, la considération qu'ils rencontrent à leur égard, les démarches administratives, leurs espoirs, leurs doutes, leur arrivée : il faut tout recommencer. Toutes ces difficultés sont très bien représentées. Les dessins apportent incontestablement un plus à cette œuvre litteraire. Un beau livre, facile à lire, pertinent, que tout adulte, ado, devrait lire pour se rendre compte de la chance que nous avons.
Merci à Babelio et à son opération masse critique qui me permet toujours de découvrir de belles oeuvres.
Commenter  J’apprécie         30
Une BD touchante qui nous montre la dure réalité des demandeurs d'asile. Des dessins forts et deux femmes issues de milieux totalement opposés ! J'ai bien aimé cette Bd et je la recommande autant pour les dessins que pour les thématiques soulevées. Merci pour cette belle découverte.
Commenter  J’apprécie         30
Sandrine Martin a choisi les crayons de couleur, et majoritairement le bleu, pour dessiner l'histoire de Mona, réfugiée syrienne enceinte, et de Monika, jeune femme grecque qui exerce le métier de sage-femme, auprès d'une ONG puis d'une association. Inspiré de recherches effectuées par une étudiante doctorante sur la prise en charge des grossesses des femmes réfugiées, et sur le statut fragile des personnels de santé en Grèce, ce roman graphique est riche en informations et en humanité. De la rencontre entre Mona et Monika naîtra une amitié qui les rapproche et qui permettra au lecteur de percevoir les difficultés de l'une et de l'autre dans leur couple, dans leur situation précaire et dépendante. Une belle lecture avec un choix narratif et graphique réussi.
Commenter  J’apprécie         40
Cette BD permet de comprendre ce que peut être l’exil et la patience nécessaire avant d’espérer retrouver une situation décente. Le récit est ponctué des souvenirs, des odeurs qui persistent dans l’esprit de Mina. La BD offre également un aperçu du système médical grec, de certaines habitudes prises par les gynécologues et de la situation économique du pays.
Le lien qui se tisse entre les deux femmes est assez touchant. D’âge proche, elles sont nées dans deux pays différents et n’ont pas eu la même chance. Pourtant, elles se lient d’amitié. Chez toi est un récit réaliste, presque un témoignage. L’angle choisi est original, celui d’une femme qui vit sa grossesse dans l’exil. J’ai parfois eu un peu de mal à entrer dans le récit mais je ne peux que reconnaître la douceur des illustrations. J’ai donc un ressenti un peu en demi-teinte.
Commenter  J’apprécie         30