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Citations de Sandro Veronesi (156)


P85 : " Sa soeur, qui ne supportait pas sa présence, comme du reste elle ne supportait celle de personne, enfin, personne de la famille, raison pour laquelle à 18 ans elle était déjà devenue une croix pour ladite famille, sans parler des malheurs qu'elle avait toujours semés dans son son sillage (...) qui prospéraient dans le climat de pitié et de patience dont tout le monde l'entourait et que seul Marco, unique en cela, avait toujours refusé d'entretenir, continuant à la comprendre, à la justifier, à prendre son parti, à l'aimer, y compris face aux sales coups qu'elle accumulait.
(...) la petite qui grandissait, ressemblait à ses deux parents, (...) parlait, marchait sans crier gare, avait un fil dans le dos - et donc les premiers problèmes, affrontés toutefois avec sérénité, détermination, confiance dans l'avenir, et sens du sacrifice afin que leur couple en sorte renforcé, parce que, unis, on triomphe de tout et qu'il n'y a rien de mieux pour souder une famille que régler ensemble les problèmes.
P257 : "Les enfants sont incroyables, vous savez. Ils perçoivent davantage ce qu'on tait que ce qu'on dit. "
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Le temps n'est pas un palindrome : en partant de la fin et en le parcourant à l'envers dans son entier, il semble prendre d'autres significations, inquiétantes, toujours, et il ne faut pas se laisser impressionner.
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Dans le chant XIII du Purgatoire, Dante se trouve dans la deuxième corniche, en présence des âmes des envieux. Elles sont serrées les unes contre les autres, vêtues de drap grossier couleur du rocher contre lequel elles sont adossées et elles invoquent l’intercession des saints et de la Vierge.
Virgile invite Dante à les regarder de près, et Dante voit que toutes ont les paupières cousues d’un fil de fer et que leurs larmes s’écoulent par la couture. Alors le poète a un geste merveilleux, empreint de compassion et de modernité : « Il me semblait, en marchant, faire outrage / à regarder autrui sans être vu ; / je me tournai donc vers mon conseiller sage. »
C’est-à-dire qu’il détourne le regard, le dirige vers Virgile, non pas parce que la vue de ce supplice l’horrifie, mais pour ne pas outrager, en les regardant, ces âmes qui ne peuvent pas lui rendre son regard. C’est comme s’il disait qu’on ne tire pas sur des gens désarmés, qu’on ne frappe pas des personnes dans l’incapacité de se défendre.
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Or sais-tu que la description de notre amour tient dans cette façon, à moi de ne jamais être là où tu es, à toi de ne jamais être là où je suis ?
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Contrairement à l’hindouisme, à l’islam et au christianisme où le destin après la mort (réincarnation, paradis, enfer) dépend de la façon dont on a vécu, chez les Aztèques, à l’exception des rois qui étaient des dieux, le destin de chacun après la mort dépendait de la façon dont on était passé de vie à trépas.
Le destin le moins enviable était mourir de vieillesse ou de maladie : l’âme était précipitée au neuvième niveau des enfers, le plus bas, dans le sombre et poussiéreux Mictlan, où elle restait jusqu’à la fin des temps.
Ceux qui mouraient noyés ou foudroyés allaient à Tlalocan, royaume du dieu de la pluie Tlaloc, où ils vivaient entourés de mets délicieux et de richesses inépuisables. Les femmes qui mouraient en couches, c’est-à-dire en donnant le jour à de futurs guerriers, s’unissaient au soleil pendant quatre ans, mais ensuite devenaient des esprits terrifiants qui erraient la nuit à jamais de par le monde.
Enfin les guerriers morts au combat et les victimes immolées en sacrifice s’unissaient aux aides du soleil dans sa bataille quotidienne contre les ténèbres. Mais au bout de quatre ans, ils se transformaient en colibris ou en papillons.

Et aujourd’hui où la civilisation aztèque a sombré tout entière dans le Mictlan, nous nous demandons encore quel était ce peuple dont la plus grande satisfaction après une mort héroïque était de devenir un colibri. 
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Je me suis réveillé en sursaut, il y a cinq minutes, je t’ai écrit tout de suite, parce qu’il n’y a pas d’autre façon de te dire comment je me sens. Et je suis encore partagé, Luisa, même réveillé je suis coupé en deux : d’un côté, je suis heureux qu’il y ait dans le monde un endroit où tu recevras cette lettre, de l’autre je suis malheureux parce que cet endroit n’est pas ici, où je me suis réveillé, où je t’écris, où chaque jour je vis et vivrai.
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Le quartier Trieste à Rome est, disons-le, un des centres de cette histoire qui en compte de nombreux autres. Ce quartier a toujours balancé entre l’élégance et la décadence, le luxe et la médiocrité, le privilège et la banalité, et pour l’heure nous nous en tiendrons là : inutile de le décrire davantage parce qu’une description en début d’histoire pourrait s’avérer ennuyeuse, voire préjudiciable. Du reste la meilleure description qu’on puisse donner d’un lieu, c’est de raconter ce qui s’y passe, et il va se passer ici un événement notable.

Prenons les choses par ce bout : un des épisodes de cette histoire qui en compte de nombreux autres se déroule dans le quartier Trieste, à Rome, un matin de la mi-octobre 1999, plus précisément à l’angle de la via Chiana et de la via Reno, au premier étage d’un de ces immeubles que nous ne nous attarderons donc pas à décrire et où se sont déjà déroulées des milliers d’autres scènes. Sauf que ce qui va s’y passer est décisif et, disons-le, potentiellement fatal pour le héros de cette histoire, le docteur Marco Carrera, ophtalmologue comme l’indique la plaque posée sur la porte de son cabinet – cette porte qui, pour un court instant encore, le sépare du moment le plus critique de sa vie, laquelle en compte de nombreux autres.

(INCIPIT)
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Contrairement à l’hindouisme, à l’islam et au christianisme où le destin après la mort (réincarnation) dépend de la façon dont on a vécu, chez les Aztèques (…) le destin de chacun après la mort dépendait de la façon dont il était passé de vie à trépas. (…) Les guerriers morts au combat et les victimes immolées en sacrifice s’unissaient aux aides du soleil dans sa bataille quotidienne contre les ténèbres, mais au bout de quatre ans, ils se transformaient en colibris ou en papillons. Et à présent que la civilisation aztèque a sombré tout entière dans le Mictlan, nous nous demandons encore quel était ce peuple dont la plus grande satisfaction après une mort héroïque était de devenir un colibri.
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(...) mais il ne faut jamais oublier que le temps ne s'écoule que dans un sens, et que ce qu'on voit en le remontant est trompeur. Le temps n'est pas un palindrome: en partant de la fin et en le parcourant à l'envers dans son entier, il semble prendre d'autres significations, inquiétantes, toujours, et il ne faut pas se laisser impressionner.
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[...] et il était arrivé ce coup de téléphone que tous les parents redoutent, mais qu'un petit nombre seulement reçoivent, quelques malheureux marqués, prédestinés, pour qui, dans de nombreuses langues, le mot n'existe même pas, mais il existe par exemple en hébreu, shakul, issu du verbe shakal qui signifie justement "perdre un enfant", et il existe en arabe, thaakil, avec la même racine, et en sanscrit, vilomah, littéralement "contraîre à l'ordre naturel", et il existe dans de très nombreuses variantes des langues de la diaspora africaine, et dans un sens moins univoque il existe aussi en grec moderne, charokammenos, qui signifie "brûlé par la mort", désignant de façon générique une personne frappée par un deuil, mais on l'emploie presque exclusivement pour désigner un parent qui perd son enfant, d'ailleurs, sur ce fait de perdre ses enfants, un des oracles de notre frère Marco dans sa jeunesse s'était déjà exprimé de façon définitive, "Savez-vou que j'ai perdu deux enfants / Madame vous êtes bien distraite", parce qu'en effet à bien y réfléchir ça ne tient pas cette histoire de perdre une personne quand elle meurt, [...]
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Un jour, il cita une habitude que Marco trouva éclairante pour comprendre le choix de sa fille : en Occident, pour enfiler le fil dans le chas de l’aiguille, on le pousse vers l’extérieur, tandis qu’au Japon, on fait le contraire, le fil est guidé de l’extérieur vers la poitrine. Toute la différence, dit Miette, était là : Occident = dedans-dehors, Japon = dehors-dedans.
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On devrait tous savoir – et ce n’est pas le cas – que le sort d’une relation entre deux personnes est toujours fixé dès le départ et une fois pour toutes : pour prévoir la fin qui l’attend, il suffit de regarder son début.
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Les objets sont innocents, Giacomo.
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Il y a des êtres qui se démènent toute leur vie, désireux d’avancer, connaître, conquérir, découvrir, progresser, pour s’apercevoir qu’en définitive ils n’ont jamais cherché que la vibration qui les a jetés dans le monde : pour ceux-là, les points de départ et d’arrivée coïncident. Puis il y en a d’autres qui parcourent une longue route aventureuse tout en restant immobiles, parce que c’est le monde qui glisse sous leurs pieds et qu’ils se retrouvent très loin de leur point de départ
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Le fait est qu’on comprend sans mal que le mouvement obéit à un motif alors qu’il est plus difficile de saisir qu’il en va de même pour l’immobilité. Mais c’est parce que notre époque a attribué une valeur croissante au changement, y compris quand il est une fin en soi, et que tout le monde veut le changement. Si bien que, rien à faire, au bout du compte, celui qui bouge est courageux et celui qui reste frileux, celui qui change est inspiré et celui qui ne change pas obtus. Notre époque en a décidé ainsi. C’est pour cela que j’apprécie que tu te sois rendu compte (si j’ai bien compris ta lettre) qu’il faut aussi du courage et de l’énergie pour rester immobile.
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- C'est ce que je dois faire pour retrouver l'envie de vivre? Aller jouer au tennis en emmenant Miraijin?
- Je ne dis pas que vous retrouverez la joie de vivre. Vous ne la retrouverez probablement pas. Mais en attendant, vous vivrez. Et vous ferez une chose que le deuil voudrait censurer, parce qu'elle vous procure du plaisir.
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On devrait tous savoir – et ce n’est pas la cas – que le sort d’une relation entre deux personnes est toujours fixé dès le départ et une fois pour toutes : pour prévoir la fin qui l’attend, il suffit de regarder son début. En effet on connaît toujours, à l’aube d’une relation, un moment d’illumination où on la voit dans un même mouvement fleurir, s’installer dans la durée, devenir ce qu’elle deviendra et finir comme elle finira. Et on voit tout parce que, en réalité, la relation entière est contenue dans son commencement, de même que la forme de toute chose est contenue dans sa première manifestation.
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Même choisi, le malheur reste du malheur et si le moment arrive où il constitue le seul et unique fruit d'un mariage, on le transmet aux enfants.
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Elle, elle cherchait un abri, c'est tout, un discours pour faire encore un peu de chemin; lui, il cherchait rien moins que le bonheur. Elle lui avait toujours menti, c'est rai, et c'est mal, très mal, parce que le mensonge est un cancer qui se propage, s'enracine et se confond avec la substance même qu'il corrompt - mais lui, il avait fait pire. Il l'avait crue.
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La psychanalyse était comme le tabac, il ne suffisait pas de ne pas fumer, il fallait aussi se protéger des fumeurs. Sauf que la seule façon connue de se protéger de la psychanalyse des autres était d’en suivre une soi-même, et sur ce point, il n’entendait pas céder.
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