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Citations de Sarah Koskievic (42)


Aux fêlées, aux cassées, aux déchues, aux maudites, aux damnées, à toutes celles qui peinent à trouver leur place dans ce monde.
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Je dois aussi me souvenir de respirer plus souvent, et plus lentement, car maintenant, je sais que Ian respire avec moi. Il faut que je me souvienne, souvent, qu’il existe un chemin, qui, quand je tournoie, plonge, glisse, et me noie, me ramènera à la surface
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Longtemps je n'ai été qu'une ombre, une oubliée. On n'en parle pas, on ne la voit pas. Tout a changé si vite, un matin. De petite fille, je suis devenue une femme. La transition a été violente. Le monde m'était dèjà hostile, il était devenu sans pitié
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Et pourtant, je la cherche aujourd'hui dans tous les visages.
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Tout a changé si vite, un matin. De petite fille, je suis devenue une femme. La transition a été violente. Le monde m’était déjà hostile, il était devenu sans pitié. La veille, je me trouvais sur le chemin de l’école. Le jour d’après, j’étais sifflée dans la rue, harcelée, « donne‑moi ton numéro », esquivant habilement, déjà, les mains au cul dans le métro. Comment supporter d’être la cible préférée de la moitié du genre humain ? D’être une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l’objet de l’abject désir. Ils repèrent, ils veulent, ils prennent, ils jettent. Tout n’est que violence.
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Mon talent n’échappait à personne et les rumeurs avaient vite fait le tour de l’agence. "Elle ne restera pas longtemps stagiaire. On les connaît les filles comme ça , elles s’imposent à la force du poignet", entendais‑je les hommes dire dans un rire gras. La force du poignet, ça voulait dire que j’avais dû coucher pour être la plus jeune collaboratrice de l’agence. Ça dérangeait que je sois la seule femme dans la cour des grands.
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(dédicace)
Aux fêlées, aux cassées, aux déchues, aux maudites, aux damnées, à toutes celles qui peinent à trouver leur place dans ce monde.
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- On s'casse de ce rade pourri, a dit Lou. J'en ai ma claque qu'on aille toujours dans vos bars de snobs. Faut faire quoi pour avoir un verre de vin, ici ?
- Tu veux aller où ? demandé-je à Lou. C'est partout pareil, c'est Paris, ma veille, si t'es pas snob et méchante, t'habites en banlieue.
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On n’est pas les meilleures, mais on n’est pas les pires. On se connaît depuis dix piges, on ne se cache rien, on sait tout sur toutes. On s’est mis des races, on est parties en vacances, on a fait des études parfois ensemble, souvent ailleurs. On connaît tous nos ex, les bons et les pires. On a survécu à tout : les mariages, les divorces, les grossesses, les ruptures, le coma. Et la mort qui semble toujours nous frôler sans jamais nous faucher. Trajectoires parallèles et pourtant qui s’entremêlent au fil des ans. Même équipe, mêmes cadavres dans le placard. Amitié d’irremplaçables qui entendent les malaises et comprennent les non-dits. On n’est pas les meilleures, mais on n’est pas les pires.
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Ian avait tenté sa chance de designer free-lance, ça n’avait pas fonctionné. Depuis qu’on vit la start-up nation, tout le monde essaie, tout le monde se plante. On nous vend que les CDI, c’est has been, que nous, on doit être de jeunes entrepreneurs, que le monde est à nous, pour peu qu’on ait des idées. Tu parles. Le monde est à personne. On avale des couleuvres et on doit s’en rengorger. La start-up nation. Banale histoire de la France macroniste.
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(Les premières pages du livre)
Romain
« Sympathy For The Devil »
J’ai replacé le voile sur ses cheveux. Finalement ça lui allait bien ce blanc virginal, comme quoi on peut grimer une putain en ange. Hazel a glissé son bras sous le mien et nous avons remonté l’allée doucement. J’ai senti ses muscles se raidir sous les miens, j’entendais même ses dents grincer. Me lâche pas, a-t-elle murmuré, me laisse pas faire ça et je me suis retenu d’exploser de rire et d’interrompre cette mascarade.
J’avais de la gueule dans mon smoking Yves Saint Laurent et elle aussi avait mis les petits plats dans les grands : c’est elle qui habillait la robe et non l’inverse. Elle arborait fièrement le blanc, la traîne, le voile et ses cicatrices.
Devant l’autel, j’ai frôlé ses lèvres pour la première fois, elles avaient un goût de sel, de peur et de défiance. Plus vite que je ne l’aurais voulu, j’ai dû me résoudre à la donner à quelqu’un d’autre.
Je l’ai laissée partir avec une pointe dans le cœur.
Si on m’avait dit qu’un jour je serais le témoin du mariage d’Hazel, je n’y aurais jamais cru.
Jamais.
Mais elle était là, dans cette église protestante, et je m’attendais à la voir se consumer par le feu à tout moment. Elle ne croit même pas en Dieu.
À la place de la marche nuptiale, « Sympathy For The Devil » a retenti et les gens se sont levés. Y a pas à dire, Hazel avait réussi un coup de maître.

2
Romain
« Heal Tomorrow »
Je l’attends au comptoir comme je l’ai toujours fait et elle est en retard. J’aime les choses linéaires et immuables.
Propres. Stables. Précises.
C’est pour ça que je me refuse à décaler ce dîner au vendredi ou à l’avancer au mercredi. Impossible aussi de changer de resto. On va chez Sam le jeudi, c’est une adresse qu’on ne partage pas, on se la refile sous le manteau, rue du Faubourg-Saint-Denis. On a commencé à venir quand on était au lycée et qu’on n’avait pas les moyens de se payer autre chose que le plat du jour, c’est normal qu’on perpétue la tradition.
On a trente ans, on est architectes et on gagne du fric. Beaucoup trop aux yeux de certains. Bien sûr, j’en gagne plus qu’Hazel, je suis un homme. Quinze pour cent de plus, pour être exact. Elle n’a pas l’air de m’en vouloir.

Au fil des années, Sam a apporté quelques améliorations. Les murs en crépi couleur rouille ont été repeints, les tables en Formica ont été remplacées par du vieux chêne à l’aspect faussement abîmé et les prix ont doublé. Sam a son bouclard au milieu des Turcs, des Indiens qui tiennent les manucures du passage Brady, des putes chinoises et des souteneurs du boulevard Saint-Denis, de la mafia sri-lankaise qui règne en haut, côté gare de l’Est.
Dans le bas de la rue, on trouve encore quelques réminiscences des Turcs qui ont investi le quartier au milieu des années 1980. Le Lahmacun a été rebaptisé Street Food et la Pizza Grill Istanbul a dû adapter sa carte au flot incessant de nouveaux clients qui se bousculent dans le coin.
Le patron a investi son argent pour se payer un webmaster. Il lui a fait un joli petit site qui promet des pizzas à la viande hachée et des grillades aussi bien adaptées à un déjeuner sur le pouce qu’à un dîner d’affaires. Comme si les pontes des grandes banques allaient asseoir leur cul en argent massif dans un resto oublié des services d’hygiène. Reste qu’il a quatre étoiles sur Google, que les affaires tournent mieux que jamais et que maintenant au Pizza Grill, on voit tous ces jeunes couples pleins d’avenir qui se lâchent le jour de leur cheat meal.

La junk food, c’est chic qu’une fois par semaine, faut pas charrier.
Plus loin, sur le même trottoir, le PNY ne désemplit pas. Pour les riverains, l’ouverture de ce resto a été le signal : le quartier va enfin prendre de la valeur. Pour Sam, la concurrence fait rage et les affaires vivotent depuis que 5 Pailles a ouvert à droite de son troquet. On y bouffe bio et vegan.
Des graines, des pousses, le tout dans des bols en bambou recyclables, pas l’ombre d’un Coca, mais du thé matcha verdâtre infâme. La faune d’instagrammeuses se bouscule pour le boire, un peu et le prendre en photo, beaucoup. Impossible de croire qu’à une rue près, les rabatteurs de Château-d’Eau attendent la cliente pour la traîner vers un salon de coiffure afro. Les tresses, les extensions, les ongles… Ils suivent les femmes jusqu’à l’usure, jusqu’à ce qu’elles acceptent enfin. Devant le Lidl du boulevard de Strasbourg, les daronnes africaines côtoient les petites vieilles historiques du quartier, armées de leurs caddies et de leurs cannes. Dans les rayons, les nouvelles habitantes de Strasbourg-Saint-Denis, Stan Smith aux pieds dans leur jean 7/8 juste au-dessus des chevilles viennent acheter une centrifugeuse Silvercrest pour presser les fruits qui accompagnent leur morning routine. Les moins connes téléchargent le catalogue sur leur iPhone avant de se déplacer et se retrouvent en file indienne devant la vitre du magasin le jour de la promo. Chéri, ce soir on bouffe des pâtes aux truffes, c’est semaine italienne chez Lidl.
Avant de rencontrer Hazel, je n’avais jamais bu un verre « juste comme ça » avec une meuf. Une amie. Le terme me filait la gerbe. Chez moi, on est des hommes. Des bonshommes, des mecs, des vrais, on fait régner la loi, on n’a pas d’« amies ».
On a des plans cul, des rencards, des meufs à ne plus savoir qu’en faire, mais pas une nana avec qui on partage réellement quoi que ce soit, et sûrement pas tout.
La première fois que j’ai vu Hazel, c’était en terminale. Elle venait d’intégrer le lycée en milieu d’année après s’être fait virer de son bahut précédent, on ne sait pourquoi. Elle a échoué sur la chaise à côté de moi, la seule de libre. Elle ressemblait à Keira Knightley avec son ossature frêle, ses pommettes saillantes, ses cheveux longs et noirs.
Ses yeux sans expression qui lui donnaient un air fantomatique. Quand elle a sorti ses stylos et les a alignés sur le bord de la table, j’ai compris qu’elle était flinguée. J’ai prié pour la détester, j’ai tout fait pour ça, mais quand personne ne la regardait, elle esquissait un drôle de sourire de morte qui me plaisait beaucoup trop.
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Baiser est l'acte féministe le plus sous-côté du monde.
Le corps comme arme de destruction massive, ouvrir ses jambes pour ne pas avoir à fermer sa gueule.
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Les filles comme quoi ? J'avais envie de hurler que je faisais ce que je pouvais, que je suis comme ça et pas comme d'autres. Que n'importe quelle autre meuf à ma place se serait déjà tiré une balle mais que moi je ne peux pas parce que je sais que c'est trop compliqué de se foutre en l'air.
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Comment supporter d'être la cible préférée de la moitié du genre humain? d'être une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l'objet de l'abject désir. Ils repèrent, ils veulent, ils prennent, ils jettent.
Tout n'est que violence.
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Je prends et je déchire. Je ne reste pas. Je ne laisse jamais l'occasion à quelqu'un de me comprendre. Je traine ce spleen comme d'autres trainent des kilos en trop, consciente mais incapable de m'en débarrasser
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De toute façon, on est tous le toxique de quelqu'un.
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Le point commun de nos rencontres, c’est l’alcool ou un mec ou les deux
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Olivia n'aurait jamais pensé tomber amoureuse. L'amour, ça n'a jamais vraiment été son truc, d'ailleurs. ça lui paraissait bien trop emmerdant et les gens heureux n'ont jamais rien à raconter.
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En réalité, elle se sentait oppressée par mon non-désir de faire un môme, opinion que je ne me privais pas de crier haut et fort. Elle me trouvait très moderne, presque progressiste, de pouvoir assumer cette opinion en public alors même que la société tend à faire des femmes des utérus sur pattes et ostracise celles qui s'y refusent, les pointant du doigt.
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Il n'y a rien de moins sexy que la perfection. Moi je cherchais un mec imparfait, sur lequel on peut lire les chapitres de sa vie.
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