Sarah Marquis

Chaque livre m’a fait grandir, évoluer, je me repositionne constamment et apprends encore et toujours. Mon dernier défi a été d’écrire un roman pendant la pandémie, un vrai challenge. Écrire un roman, il s’est avéré que c’est encore un autre métier, que j’ai dû apprendre. J’ai investi un an pour l’écrire. Vous tenez le neuvième de mes ouvrages entre vos mains.

Les mots ont une mélodie, un rythme à eux. Et si je n’arrive pas à résoudre un problème avec une phrase, je vais la lire à haute voix pour tester sa mélodie. On attribue à Victor Hugo cette petite phrase qui expliquerait tout (rires) :
« L’orthographe est la science des sots. »

Quand on arrive à toucher un cœur, c’est comme la vibration d’une mélodie, elle voyage dans le vent et se répand partout. Un livre sait faire ça, il a sa propre vie et se passe de main en main. Mais un livre de bibliothèque est bien plus mystérieux et intrépide, c’est un voyageur professionnel.

J’avais à ma manière compris que les dés étaient les miens et que je devais faire avec, que la justice avait plusieurs vitesses et que j’étais la seule responsable de mon destin. Mais aussi, je savais que la vie et ses injustices pouvaient frapper à ma porte à tout moment, la seule différence étant que désormais je savais qui j’étais ! Et quand on sait qui on est, peu importe ce qui se passe à l’extérieur, le cœur reste solide et vibrant, laissant passer les mécréants, les imposteurs, les arnaqueurs et les faussaires.

Je suis très compatissante à l’égard de ce corps de métier, car si la vie ne leur a pas appris l’importance du cœur et de la créativité, comment vont-ils pouvoir enseigner la vibration de la « vie » ? Parce que, voyez-vous, tout part du cœur : les grands mathématiciens, les plus grands peintres, écrivains et poètes ainsi que les musiciens et tous les hommes et femmes qui ont laissé une trace sur cette Terre en nous livrant l’œuvre de leur vie vibrent avec le reste du vivant ; c’est cela qui nous différencie des autres espèces.

Ce que j’ai pu constater, en outre, pendant ces neuf années d’école, c’est que nos maîtres enseignaient des matières qu’ils ne connaissaient pas, comme l’allemand qu’aucun d’eux ne maîtrisait ; on s’acharnait sur les abats d’un pauvre bœuf à chaque leçon de cuisine parce que c’était le dada de l’enseignante et l’on considérait comme normal d’abuser de son pouvoir sur un pauvre gamin.

Mes problèmes étaient, selon mes professeurs de français : la structure et l’orthographe. En réalité, j’appellerais plutôt ça « l’habillage » parce que le corps de l’histoire était bien là. Mais les enseignants continuaient de me noter sur la propreté de la dissertation que l’on appelait alors composition.

Un plaisir rapide peut coûter la vie dans ce genre d’environnement… On ne m’y reprendra plus à manger quoi que ce soit d’inconnu sans passer par les étapes de détection de toxicité.

Sans eau, il n’y a pas de vie, et c’est un risque que je dois prendre. Je m’engage alors dans une combe asséchée composée de gros rochers ronds oxydés par un lichen rouge, pour atteindre le sommet de la crête. De là-haut, j’ai la vue sur la vallée suivante en contrebas qui s’étend sur des centaines de kilomètres. Tout est brun clair, brûlé par le soleil. Mes cartes annoncent des points d’eau mais comme je l’ai compris, ces informations ne sont plus fiables avec la sécheresse. Je n’ai pas le choix, je descends.

Aimer quelqu’un n’est pas un pass qui justifie tous les abus et conneries possibles, et ce matin-là, ce petit renard magnifique n’était autre qu’un messager m’indiquant la voie à suivre. J’ai donc fini par essuyer mes larmes, j’ai vu mon petit renard partir nonchalamment, faire quelques pas puis se retourner ; nos regards se sont croisés une dernière fois… Il semblait me dire : « Ne t’inquiète pas, tout ira bien. » Et il avait raison.

Quand on était enfant, il brûlait avec tant de ferveur ! Et si tu ne sais pas de quoi je parle, c’est qu’il est certainement éteint à l’heure actuelle. Il y a une simple et logique explication à cela. C’est probablement qu’il y a trop de vent où tu te trouves. Tu n’es donc simplement pas au bon endroit. Il faut changer d’environnement et le rallumer au plus vite, ce feu, c’est aussi simple que cela.

On est là pour déguster chaque seconde et la vivre, faire des expériences, grandir encore et encore, sans jamais s’arrêter jusqu’au dernier souffle… On vit une expérience spirituelle dans un corps d’humain. Il ne s’agit pas de se laisser endormir par le paraître, de croire que la réussite a un seul chemin, une seule odeur ; l’essence de qui nous sommes n’est pas calculable ni compréhensible, parce que nous sommes « sans limite », et toutes et tous EXTRAORDINAIRES.

« Toutes les grandes choses s’effectuent un pas après l’autre. »

Pour moi en tant qu’exploratrice, le monde a toujours été une gigantesque chasse aux trésors. La plupart du temps, je pars sans savoir ce que je cherche vraiment. Je sors des sentiers battus, explore, m’expose à l’imprévu, aux choses que je ne connais pas. Je me mets toujours à nu, comme une débutante, face à la seconde qui s’écoule, puis un jour, à un moment précis, une découverte s’offre à moi, sans que je puisse définir comment elle est arrivée… J’ai pourtant vécu des centaines d’histoires où ma vie aurait pu prendre un autre chemin. Je connais bien ces croisements où aucun sentier ne semble le bon et où cependant il faut faire un choix…

Ces gens vivent ici comme des fourmis ; je suis si loin du bush australien, de mes déserts, du silence. Je souris tout en me laissant guider par la foule… N’avais-je pas rêvé de voyager et de signer mes livres de par le monde ? Je me rends compte que je suis en train de réaliser ce que j’avais projeté sur mon « écran de vie ».

Je veille à ce que ma marche s'accompagne de magnifiques rencontres animales.

Je ne me lasse pas de voir, ou encore, plus important pour moi, de sentir la nature se réveiller. J'y puise l'énergie qui soigne mes blessures invisibles.

Le mot clé est équilibre. Il faut que nos corps et esprits retrouvent la lumière de vie. Mais comment faire? Je propose de petits changements, un pas après l’autre. Dirigeons nos choix de vie, lieux de vie et d’occupation en conséquence. Nous devons arrêter de nous “autolaver” le cerveau avec des images sortant d’un cube cathodique avant d’aller au lit.
Écoutons plutôt nos corps respirer, faisons quelques pas conscients par jour, sourions, regardons les nuages l’espace de quelques minutes, saluons un passant, touchons l’écorce d’un arbre. Vous le voyez : rien de trop compliqué et coûteux. Le seul luxe que je vois est du “temps”.

J’ai sur ce téléphone quelques clichés des paysages des montagnes que je viens de traverser, qui ont été pris en Mongolie. Je fais défiler les images au ralenti, pour découvrir que toutes les photos de Chine ont été soigneusement effacées : ne restent que celles de Mongolie. Comme j’en suis choquée !

Ma tente arrive au bout de quelques semaines, chargée d’une taxe douanière de 1200 dollars. Ce qui en fait n’est autre que la TVA officielle de la Mongolie plus communément appelée ici corruption.