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Citations de Sarane Alexandrian (63)


La religion dit aux angoissés : il suffit de prier Dieu et de s'abandonner à la Providence. Mais une prière n'apporte pas la certitude d'être entendu, tandis qu'une bonne disposition de cartes, même si l'on n'y croit qu'à demi, procure des heures de quiétude. On ne supprimera la pensée magique que lorsqu’on aura supprimé l'angoisse, et l'angoisse subsistera tant qu'il y aura devant l'homme la perspective de la douleur et de la mort.
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Au Moyen Age, ce furent des médecins qui imposèrent l'astrologie dès le XIIe siècle ; eux seuls osaient braver les interdits de l'Église, en prétextant qu'il fallait connaître les propriétés des astres aussi bien que celles des plantes.
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La pronostication, art de pronostiquer les évènements à venir durant une période limitée (...), la prophétie, annonce des bonheurs et des catastrophes attendant l'humanité jusqu'à la fin des temps, ont été dans l'Antiquité la spécialité des sibylles, prêtresses répondant sous forme d'énigmes en vers ou en prose, les oracles, aux interrogations de leurs consultants. A Rome, on conservait avec vénération au Capitole le livre des oracles sibyllins, mais l'empereur chrétien Théodose le fit brûler en l'an 400.
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Ce ne furent donc pas des libertins et des athées qui convoquèrent dans un cercle magique Lucifer, ou son premier ministre Lucifugé Rofocale, mais des croyants ténébreux détournant la foi au profit d'une volonté de jouissance et de puissance.
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La cartomancie est un art divinatoire postchrétien et typiquement occidental. On se tromperait moins en affirmant que le tarot a été inventé par Dante (car ses arcanes ont été conçus à son époque et reflètent des préoccupations proches des siennes) qu'en l’attribuant à l'Égypte ou à la Kabbale. Son auteur fut un humaniste italien imprégné des idées de la Gnose, comme le prouve la Papesse, cet arcane si scandaleux qu'on le remplaça par la Foi dans le tarot de Visconti et par Junon dans celui de la Révolution française : jamais un kabbaliste juif, refusant le rôle sacerdotal de la femme, n'aurait imaginé une Papesse, et n'aurait admis non plus qu'on symbolisât le Monde par une femme nue entourée d'une guirlande de fleurs en forme de mandorle, et la Force par une jeune fille fermant la gueule d'un lion.
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"C'est chose usitée parmi les laboureurs de prédire qu'il y aura autant de tempestes pluvieuses en esté qu'il y aura eu de jours nébuleux en Mars. (...). Ils ont une reigle, que si parmi la fiente des poules l'on trouve des vermisseaux, cela promet fertilité ; si ce sont des mouches, c'est signe de guerre ; s'il y a des araignées, c'est présage de peste."
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(...) le terme de rabdomancie a donc été maintenu, mais on doit préciser que le procédé usité dans l'Occident chrétien ne ressemble à rien de connu dans l'Antiquité païenne. Les sourciers antiques cherchaient des sources d'après les indices naturels, au témoignage même de leurs contemporains Vitruve, Pline l'ancien et Cassiodore : des nuées de petites mouches volant à ras de terre à certains endroits, ou des vapeurs observées avant le lever du soleil, en se couchant à plat ventre et en appuyant le menton sur le sol, leur indiquant les lieux où il fallait fouiller. Ils faisaient ensuite des "épreuves", comme de creuser le soir un trou au point désigné, d'y enfouir un vase d'airain renversé, frotté d'huile en dedans ; si au matin on trouvait des gouttes d'eau dans le vase, cela signifiait qu'il y avait une source proche. Aucune rabdomancie chez ces païens, mais un naturalisme contrastant avec le surnaturalisme de l'ère chrétienne.
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L'Église catholique a établi une longue liste de saints ayant sauvé des agonisants par imposition des mains ou par leurs prières, en spécifiant bien que seule la sainteté permet la thaumaturgie. Un vulgaire mégalomane ne saurait y parvenir. L'Église protestante, niant les miracles des saints, admit ceux des simples particuliers, si bien que les membres de toutes sortes de sectes - les Vaudois, les Frères Moraves, les Camisards des Cévennes, les Covenantaires d'Écosse, les Mormons d'Amérique, etc. - se crurent investis de dons surnaturels sans les mériter par des vertus ascétiques.
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Franz Anton Mesmer (...) étudia la théologie à l'université d'Ingolstadt avant d'entrer à l'école de médecine de Vienne. Il y soutient, en 1766, sa thèse "De inflexu planetarum in corpus humanum" (dont il ne reste plus qu'un seul exemplaire, conservé à l'Oesterreischiche National Bibliothek de Vienne), décrivant l'influence des planètes sur le corps humain d'après les lois de l'attraction universelle. Il disait que le Soleil et la Lune, notamment, exerçaient une action directe et continue sur le système nerveux, au moyen d'un fluide s'insinuant dans la substance des nerfs. L'individu soumis à cette action subissait des effets alternatifs d'intension (tension interne ou moment d'intensité) et de rémission, comparables aux flux et aux reflux des marées. Mesmer attribuait à ce magnétisme planétaire le cycle menstruel des femmes et la périodicité de certaines maladies chroniques.
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... La pensée magique entre en action chaque fois qu'intervient un problème devant lequel la pensée pragmatique reste impuissante.
(...) La pensée magique est une fonction réparatrice du Moi.
(...) La pensée magique recèle deux principes indispensables à la vie humaine, et dont la pensée pragmatique ne sait pas se servir : la connaissance par intuition et le raisonnement analogique.
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Les allusions à la mythologie antique sont nombreuses, car les alchimistes croyaient que les Anciens avaient caché sous leurs fables, notamment celles du Minotaure, des travaux d'Hercule, leurs propres connaissances alchimiques.
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Le gnosticisme, comme phénomène historique, s'est terminé au Ve siècle, quand le triomphe du christianise sur la paganisme, sous les empereurs chrétiens succédant à Constantin, abolit notamment le rêve d'une Gnose conciliant les religions anciennes et la religion nouvelle. Ce fut alors que commença la véritable histoire des hérésies, ou ruptures à l'intérieur d'une Église toute puissante, entre ses membres divisés sur un point de doctrine.
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La règle générale de tous les gnostiques était le refus de la procréation ; ceux qui prônaient la continence, l’abolition du mariage, le faisaient dans cette intention ; ceux qui s'adonnaient aux rapports sexuels les rendaient inféconds au moyen de la contraception et de l'avortement. Ils croyaient que le Démiurge avait dit : "Croissez et multipliez" afin de perpétuer le malheur de l'humanité sur terre, et qu'il fallait rompre la chaine de l’évolution, ramener définitivement les âmes vers le huitième ciel, en s'abstenant de faire des enfants.
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Les gnostiques se trouvèrent donc placés entre les chrétiens, faisant du serpent le synonyme de diabolos et de satanas, et les Égyptiens, les Grecs, les Persans qui y voyaient une divinité chtonienne plutôt favorable. En Égypte, l’uræus de la coiffure du Pharaon assurait sa domination sur ses ennemis, et l'image de l'univers était représentée sous le Bas-Empire par un cercle ayant pour diamètre horizontal un serpent étoilé, l'Agathodaïmon (ou "Bon Génie"), l’Âme du Monde. Les gnostiques concilièrent les deux tendances antagonistes en adoptant un symbole ambivalent, bien à eux, le serpent Ouroboros ("qui se mord la queue"), tantôt exprimant les ténèbres, tantôt le Temps infini, mais de toute façon marquant la limite circulaire du monde humain.
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Le gnostique, lui, se sert de la Gnose comme d'un filtre avec lequel il tamise les religions et les philosophies, afin de n'en garder que ce qu'il juge le meilleur. Il se forge une religion intellectuelle, savamment élaborée, au lieu d'une religion révélée, dont on justifie les invraisemblances par des visions, des extases, des hallucinations auditives.
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Pour déraciner le paganisme, les auteurs chrétiens employèrent la propagande par le merveilleux, opposant aux mythes païens où les dieux agissaient, des vies de saints où les hommes de la vraie foi accomplissaient facilement tout ce qui est impossible. La conséquence inattendue fut de remplacer les anciennes superstitions par de nouvelles. (...)
Cet acharnement à faire triompher la pensée religieuse contre la pensée magique apportait des aperçus excellents, qu'aucun philosophe antique n'avait jamais eus ; mais il s'accompagnait d'une campagne de dénigrement des trois mille ans de civilisation précédant l'ère chrétienne. C'est pourquoi il se forma une résistance pour maintenir l'esprit de ces cultes chtoniens où l'on voulait voir des vérités qu'il ne fallait pas laisser perdre. (...) Il s'ensuivit, chez les philosophes en révolte, une tentative de récupération idéologique du paganisme dans le cadre chrétien, qui est précisément ce qu'on doit entendre par philosophie occulte. Pas de magie occidentale sans l'héritage de la magie assyro-babylonienne, je l'admets à condition que l'on ajoute : pas de magie occidentales sans la fondation du christianisme, dont elle fut tantôt la contestation, tantôt l'interprétation surérogatoire.
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Mon principe initial est que l'histoire de la philosophie occulte ne commence qu'avec le début du christianisme : j'étaye ce postulat de nombreux exemples, et d'une analyse des rapports entre le sacré, le religieux et le magique. Ordinairement, on ne fait pas la différence entre la magie des Orientaux et des Occidentaux, comme si, depuis les temps antiques jusqu'aux temps modernes, elles appartenaient au même système. Or, on ne peut les mettre en balance, pour la simple raison que dans l'Orient ancien et dans l'Antiquité gréco-romaine, le sacré dépendait d'un ensemble où la magie et la religion se confondaient. (...) Un Égyptien du Nouvel Empire attachant à son poignet quelque amulette, soit un « oeil d'Horus » ou un « pilier djed », n'encourait pas le blâme des prêtres de Karnak. (...) Tandis qu'un chrétien des premiers siècles usant de talismans, d'incantations, de procédés divinatoires, agissait à l'encontre des constitutions apostoliques, des interdits contre l'astrologie et les charmes décrétés en 366 par le concile de Laodicée, puis par les conciles ultérieurs d'Agde, d'Orléans, d'Auxerre, de Narbonne. Les pères de l'Église veillèrent à montrer que le sacré ne s'identifiait pas au magique, mais qu'il était exclusivement le fait du religieux ; si bien que la magie, dissociée de la religion, rejetée à part, tenta de s'allier avec la philosophie pour justifier de son importance et se muer en idéologie d'opposition.
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... La manie de l'exotisme est devenue telle qu'on croit tirer plus d'enseignement de l'autobiographie d'un sorcier Hopi, Don Tayalesva, que de celle d'un mage de la Renaissance, Jérôme Cardan. Même les essais d'hérésiologie sur les sectes européennes négligent l'apport des doctrines occultistes du XIX° siècle, et ne citent guère Fabre d'Olivet et Papus. Il y a là, partout, une lacune persistante dans l'appréciation des fondements de l'esprit occidental, qui justifie ma tentative pour la combler.
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Les auteurs rationalistes tiennent le domaine occulte pour un ensemble d'errements idéologiques dont on s'est délivré à force de raison discursive et de science ; (...) Mon point de vue admet, au contraire, qu'on n'est pas entièrement sorti des des croyances magiques, et qu'on n'en sortira probablement jamais : l'homme le plus raisonnable du monde les conserve affaiblies et travesties en lui. Elles ne tendent pas à s'effacer, mais à se dissimuler de plus en plus profondément sous des apparences logico-pragmatiques. Au lieu de considérer ces croyances magiques comme lettres mortes, on doit y voir les signes vivants d'un état d'esprit en perpétuelle évolution au cours des âges. Elles correspondent à des ressources psychiques permanentes de l'humanité, que la philosophie occulte prétend définir, augmenter, utiliser pour le mieux de l'individu, ce qui rend son étude indispensable, parmi d'autres, à une bonne appréciation du devenir de l'être humain.
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... Pour moi - et c'est là une des lignes directrices de mon étude -, la philosophie occulte est nécessité par la constitution de l'esprit humain comportant inévitablement la pensée magique et la pensée pragmatique. La pensée magique est inhérente à l'inconscient, la pensée pragmatique résulte du conscient. La philosophie occulte est de tous les temps parce qu'elle systématise la pensée magique que chacun porte en soi, qu'il l'accepte ou la nie, qu'il la cultive ou la réprime. Cette pensée magique apparaît sans entraves dans la fabulation enfantine, dans le rêve et dans la névrose. Tout homme a été enfant, tout homme rêve la nuit, tout homme peut traverser une névrose d'angoisse relative à un traumatisme moral ; tout homme est donc susceptible, à chaque instant de sa vie, d'assister à l'émergence en lui des paradigmes de la magie ancestrale.
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